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PHystorique- Les Portes du Temps
1 janvier 2020

Le mythe du retour du roi Arthur

Le mythe du retour du roi Arthur

En 1133, Geoffroy de Monmouth écrivit son Historia Regum Britanniae. Ce livre fut l'équivalent d'un best seller médiéval, et attira l'attention d'autres écrivains, tels que Wace et Layamon, sur ces histoires. Ces écrivains en profitèrent pour améliorer les histoires du roi Arthur.

Après ce que maistre Gautiers Map ot traitié des aventures dou Graal assez souffisanment, si come il li sambloit, si fu avis au roi Henri son seignor que ce que il avoit fait ne devoit pas soufire..., et por ce recomença il ceste des reaine partie, et quant il l'ot ensamble mise, si l'apela la mort le roi Artu, por ce que vers la fin de cest escrit est faite mention comment li rois Artus fu navrez en la bataille de Salesbieres... Un jour, le grand roi des Breton reviendra à la vie quand la Bretagne aura le plus besoin de lui.

Même si de nombreux érudits s'accordent sur le fait que Geoffroy a suscité l'intérêt médiéval pour le roi Arthur, une autre hypothèse existe. Les histoires concernant Arthur pourraient venir des traditions orales bretonnes, disséminées dans les cours royales et de la noblesse d'Europe grâce aux jongleurs professionnels. L'écrivain médiéval français Chrétien de Troyes raconta des histoires provenant de cette mythologie à la moitié du XIIe siècle, de même que Marie de France dans ses lais, des poèmes narratifs. Les histoires provenant de ces écrivains et de beaucoup d'autres seraient indépendantes de Geoffroy de Monmouth.

Ces histoires, réunies sous le vocable de matière de Bretagne, devinrent populaires à partir du XIIe siècle. Dans ces histoires, Arthur rassembla les chevaliers de la Table ronde (en particulier Lancelot, Gauvain et Galaad).

Le mythe du retour du roi Arthur

À la fin des œuvres composées par les premiers chroniqueurs bretons puis par Geoffroy de Monmouth et Wace est contée la bataille de Camlaan au cours de laquelle Arthur, après avoir été trahi par Mordred, est gravement blessé par lui.

Les récits s’accordent pour dire que le roi ne meurt pas de ses blessures mais que des fées l’emmènent dans une nef jusqu’à Avalon où il sera soigné.

La Vita Merlini de Geoffroy de Monmouth ajoute que c’est la fée Morgane, la demi-sœur d’Arthur, qui emmène le roi dans une île mystérieuse. Il était sans doute difficile de clore le récit et d’affirmer la mort d’un héros devenu légendaire.

On raconte alors que le roi Arthur reviendra un jour et que les Bretons doivent espérer son retour.

 Les rois de Bretagne du XIIe siècle ont besoin quant à eux d’un héros prestigieux, mais qui ne soit pas susceptible de revenir et de ranimer éventuellement le désir des Gallois, voire des Bretons de Petite Bretagne, de ne pas reconnaître la légitimité des Plantagenêts.

Rien ne pouvait ébranler la confiance enthousiaste qu'il inspirait au peuple breton. Ceux d'Armorique, après ceux de Galles, le prouvèrent au roi, comme nous l'avons vu, à la naissance d'Arthur. Henri le comprit, et pour vaincre sûrement le prophète, il s'avisa d'un stratagème par lequel il répondait, sans le savoir peut-être, aux ruses qu'une imagination patriotique avait suggérées aux bardes cambriens.

Un de ses neveux était abbé de Glastonbury, monastère élevé dans la petite île que les Bretons nommaient l'île d'Avalon, et où leurs poètes populaires avaient fait conduire Arthur blessé mortellement. Henri de Sully (ainsi se nommait l'abbé) commença dans son couvent des fouilles sur l'ordre de son oncle : le roi prétendait tenir d'un chanteur de Pembroke qu'Arthur avait été enterré à Glastonbury, mais, en réalité, il avait pris à l'avance ses mesures pour donner raison à ce chanteur contre Merlin.

Les fouilles ne manquèrent pas de réussir. On découvrit à une certaine profondeur un sarcophage contenant les os d'un homme d'une grandeur extraordinaire, et ceux d'une femme dont la tête était encore couverte d'une magnifique chevelure blonde.

Sur une croix en plomb, placée près du sarcophage, on lisait, en beaux caractères du douzième siècle, cette inscription :

HIC JACET SEPULTUS IKCLITUS REX ARTHURUS IN INSULA A VUALLONIA.

Les cheveux blonds, qui étaient nattés avec un art infini, indiquaient naturellement que la reine Genièvre n'avait pas voulu être séparée de son mari après sa mort, quoiqu'elle n'eût guère tenu à sa compagnie pendant sa vie.

Le roi d'Angleterre, prévenu de la découverte, se rendit sur les lieux, et, après avoir constaté de l'oeil et du doigt la mort d'Arthur, si bien démontrée par ses restes et son épitaphe, il ordonna qu'on fit de magnifiques funérailles à l'illustre monarque. « Il ne dut pas plaindre la dépense, observe finement Augustin Thierry, car il se croyait amplement dédommagé par le tort que devait faire aux Gallois la perte de leur rêve le plus cher 1. »

Toutefois le stratagème du roi échoua comme avait échoué son audace au pont de la pierre qui parle.

La découverte, non moins simulée, de l'épée d'Arthur qui fut offerte à Richard Coeur-de-Lion, et celle de son prétendu diadème, aussitôt déposé dans le trésor des rois d'Angleterre pour prouver aux Bretons la vanité des prophéties de Merlin; rien ne put faire triompher la politique anglo-normande de la superstition celtique, pas même le couronnement dont j'ai parlé, de l'héroïque Lywélin, cérémonie odieuse, destinée à ridiculiser à jamais le prophète qui avait prédit qu'un monarque breton porterait à Londres la couronne de la Bretagne.

 

Myrdhinn, ou l'Enchanteur Merlin, son histoire, ses oeuvres, son influence, par le Vte Hersart de La Villemarqué,...

Voir dans le curieux ouvrage du. savant M. Beale Poste, intitulé Britannia antiqua, p. 177,178,179, et 180, le texte, jusqu'ici inédit, concernant cette prétendue découverte.

 http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/03_3.htm

 

 

 

 


 

 

1 Merlino fallacissimo quis de caetero fidem faciet ? (Girald. Camb., éd. Camden, p. 778.)

2 Tu autem non es ille ! (Ibid.)

 

 

 

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