Une découverte qui parait devoir être d'un grand intérêt vient d'être faite dans le département de la Vendée.

Il y a quelque temps, M. Julien Garos, l'un des hommes les plus studieux du département, m'informa qu'en 1838 plusieurs habitants de Vouvant avaient entrepris de curer le puits de l'ancien château de ce bourg, dans le but d'obtenir pour leur service journalier un puisage plus rapproché de leurs habitations, et qu'au fond de ce puits, qui avait été autrefois creusé dans le roc à une profondeur de 25 mètres, ils avaient trouvé, sous douze ou quinze mètres de décombres, un canon en fer d'une forme extraordinaire, canon qui avait été déposé dans une maison particulière.

Je communiquai immédiatement les renseignements que voulait bien me transmettre M. Garos à M. le préfet de la Vendée, qui s'empressa de prendre les mesures nécessaires pour assurer la conservation de ce monument, et pour le faire placer dans un dépôt public.

 Grâce aux soins de M. le préfet de la Vendée et à l'obligeance de M. le maire de Vouvant, le canon dont il est question a été transporté aux archives de la préfecture de Bourbon-Vendée, où il sera désormais conservé comme une propriété départementale.

Ce singulier canon a, de l'embouchure à la culasse, 2 mètres. 69 centimètres ; il a une queue adhérente dont la longueur est de 0 m. 69 c. ; la longueur totale de la pièce est de 2 m. 58 c.

Vers les deux tiers du canon sont deux tourillons qui servaient sans doute à le poser sur l'affût. Dans la culasse se trouvent deux ouvertures, l'une en dessus, l'autre en dessous, qui étaient destinées à recevoir un tube ou petit canon ayant lui-même sa culasse et sa lumière , et pouvant se démonter pour être chargé à la main.

A droite et à gauche de la culasse du grand canon sont deux petites ouvertures pour recevoir une clavette en forme de coin qui avait pour but d'assujettir le petit canon (1.).

Le tube qui s'introduisait dans le canon trouvé à Vouvant n'existe plus; l'espace qui le recevait est vide.

Une pièce d'artillerie tout à fait semblable, mais d'une moindre dimension, dont la description a été donnée dans la Revue anglo-française de septembre 1831, (2), a été trouvée le 1er juillet.1827 sur la côte de Calais. Un journal anglais considéra ce canon comme le « père de l'artillerie, et le plus vieux canon de l'Europe, »  et il fut établi, d'après les recherches les plus exactes, qu'il n'en existait de semblable ni en France ni en Angleterre. On n'en trouva la description dans aucun ouvrage d'artillerie, et on ne le vit figuré que dans trois gravures représentant le départ de Henri VIII  de Calais en 1554, le camp de Marquise, et le siège de Boulogne. » Les tableaux originaux de ces gravures sont la propriété du vicomte de Montagne, à Cowdray , comté       d'Essex.          

Beaucoup d'amateurs et d'étrangers allèrent à Calais examiner ce précieux carton. Plusieurs d'entre eux désirèrent l'acheter; le directeur du musée d'artillerie de Paris en promit une somme considérable. Enfin, en août 1829, il fut vendu à lord Middleton qui le fit transporter en Angleterre.

Il paraît donc certain que le canon trouvé à Vouvant, et que M. le préfet de la Vendée a fait déposer aux archives du département, est le seul de ce genre qui existe en France; il est parfaitement conservé.

 A quelle époque se rattache l'existence de ce canon dans le château de Vouvant ?

On a généralement pensé que le canon semblable qui a été trouvé à Calais en 1827 était contemporain de la bataille d'Azincourt, donnée en 1415, et qu'il avait été l'une des pièces de campagne des Anglais dans cette désastreuse journée.

Le château de Vouvant a été, dans le même temps, le théâtre d'événements qui peuvent avoir fait enfouir le canon dont il est question dans le puits d'où l'ont retiré les habitants du bourg. En effet, dans les guerres qui ont désolé la France au commencement du XVe siècle, Jean l'Archevèque, seigneur de Parthenay, de Vouvant, de Mervent, etc., avait pris parti pour les Bourguignons.

 En 1415, la guerre fut déclarée entre les Français du parti d'Armagnac, d'un côté, et les Bourguignons et les Anglais, de l'autre. Charles VI envoya contre le puissant seigneur de Parthenay un corps d'armée commandé par Artus de Richemond , et Vouvant fut au nombre des places qu'assiégèrent les troupes du roi de France , et dont elles s'emparèrent. Il est possible que les gens du sire de Parthenay, se voyant obligés de livrer le château de Vouvant, aient d'abord voulu soustraire à l'ennemi un instrument de guerre qui était encore fort rare, et cette pièce d'artillerie, jetée dans le puits du château, y sera restée ensevelie pendant plusieurs siècles sous les divers objets dont elle aura été successivement recouverte.

Guerre de Cent ans, Time Travel le 8 juin 1432 : prise du château de Mervent, Mort et obsèques du Bâtard Jean d'Orléans. <==.... ....==> Vouvant

  NOTICE SUR TROIS BOULETS DE CANON TROUVÉS A LUSIGNAN ; Le château de Lusignan a subi deux sièges sous l’usage de l'artillerie <==....