Time Travel 27 février 1594, Sacre du roi Henry IV dans la cathédrale Notre-Dame de Chartres
Henry IV ayant fait son abjuration dans l'église de Saint-Denis, le 25 juillet 1593, le roi avait résolu de se faire sacrer, mais la ville de Reims était au pouvoir de la Ligue. Son conseil décida que cette cérémonie aurait lieu dans l'église de Chartres, pour la particulière dévotion que ses ancêtres, ducs de Vendomois, comme diocésains et principaux paroissiens, y avaient toujours portée. - La sainte ampoule était aussi au pouvoir des ligueurs.
On écrit aux religieux de Marmoutiers près -Tours pour leur emprunter «la sainte Ampoule qui renfermait la sainte chrême apporté du ciel par des anges pour guérir les blessures de saint Martin». Les religieux apportent la précieuse relique en l’église archiépiscopale de Saint-Gatien, au-devant de laquelle les chanoines vont processionnellement jusques au faux bourg Saint-Symphorien; une procession s'organise en grand appareil, et le Parlement y figure en robes rouges; puis Mathieu Giron, secrétaire du couvent, apporte la relique à Chartres.
Cette miraculeuse origine, attestée par Sulpice - Sévère, Fortunat, Paulin et Alcuin, est, dit l'historien de Thou, plus certaine que celle de la sainte ampoule de Reims, dont n'ont parlé ni saint Remi, ni Grégoire de Tours.
Le sacre de Henri IV eut lieu avec une grande pompe le 27 février. L'église avait été disposée magnifiquement; les princes et les seigneurs qui assistèrent à la cérémonie y déplorèrent un grand luxe.
Dans les derniers mois de 1593, Henri IV était venu faire ses dévotions à Notre-Dame de Chartres, pour prouver au peuple chartrain sa sincère conversion :
Le samedi, 2 octobre, environ cinq heures du soir, arriva en ceste ville le roy de France Henry de Bourbon IIIIe, lequel entra dedans l'esglise, et fut receu à la porte Royalle par Mr dp Chartres en son pontificat et Messieurs de l'esglise revestuz de chappes de soye, et fut conduict jusques dedans le choeur, où il y avoit une oratoire pour le roy avec un ciel qui estoit pendu à la perche, auquel lieu feist sa dévotion, et fut chanté Te Deum laudamus; à l'issue duquel le roy s'en alla à l'évesché; et le lundy ensuyvant, le roy est parti de la ville. (Registre du Clerc de l'œuvre; Arch. départ.)
Les évêques de Nantes et de Maillezais, représentant les évêques de Laon et de Beauvais, absents, étaient allés chercher le Roi à l'évêché. Sa Majesté avait revêtu pour la circonstance une chemise fendue devant et derrière, une camisole de satin cramoisi et une grande robe de toile d'argent ; elle arriva à la cathédrale par la porte royale, précédée des archers du grand-prévôt de l'Hôtel, du clergé, des Suisses, des hérauts d'armes, des chevaliers du Saint-Esprit, des Écossais, des gardes-du-corps, et du maréchal de Matignon portant l'épée de connétable.
Après Henri marchaient le chancelier de Cheverny, le comte de Saint-Pol, grand-maître, le duc de Longueville, grand-chambellan, le sieur de Bellegarde, premier gentilhomme de la Chambre.
A l'appel des douze pairs de France, le prince de Conti répondit pour le duc de Bourgogne; le comte de Soissons, pour le duc de Normandie; le duc de Montpensier, pour le duc d'Aquitaine; le duc de Luxembourg, pour le comte de Toulouse; le duc de Retz, pour le comte de Flandre; le duc de Ventadour, pour le comte de Champagne ; l'évêque de Chartres , pour l'archevêque duc de Reims ; l'évêque de Nantes, pour l'évêque duc de Laon ; l'évêque de Digne, pour l'évêque duc de Langres; l'évêque de Maillezais, pour l'évêque comte de Beauvais ; l'évêque d'Orléans, pour l'évêque comte de Châlons, et l'évêque d'Angers, pour l'évêque comte de Noyon. Le Roi marcha droit à l'autel; il y fit déposer pour offrande une châsse d'argent doré et vint ensuite occuper le fauteuil qui lui avait été préparé au bas des marches.
« Nous vous demandons, dit au Roi l’évêque de Chartres, que vous nous octroyiez à chacun de nous et aux églises desquelles nous « avons la charge, les privilèges canoniques et droits lois et justice, et que vous nous défendiez comme un roy en son royaume doit à tous les évêques et leurs églises. »
Ce serment prêté, les évêques, se levant, et montrant le prince debout aussi, « demandent aux assistants s'ils l’acceptent « pour roy » ; après quoi, « recogneu par l’unanime consentement de tous les ordres pour le prince légitime »,
L'évêque de Chartres, après avoir tiré l'huile sainte du reliquaire, prit l'Évangile et invita Sa Majesté à prêter le serment du sacre. Alors Henri, debout, la main droite sur le livre saint, prononça les paroles suivantes :
« Je vous promets et octroye (aux évêques) que je vous conserverai en vos privilèges canoniques, comme aussi vos églises, et que je vous donnerai de bonnes loix et vous feray justice et vous défenderai, aidant Dieu par sa grâce, selon mon pouvoir, ainsi qu'un Roi en son royaume doit faire par droit et raison à l'endroit des évêques et de leurs églises.
Je promets, au nom de Jésus-Christ, ces choses aux chrétiens à moy sujets : Premièrement, je mettray peine que le peuple chrétien vive paisiblement avec l'Église de Dieu ; Oultre, je tâcherai faire qu'en toutes vacations cessent rapines et toutes iniquités ; Oultre, je commanderai qu'en tous jugements, l'équité et miséricorde ayent lieu, à celle fin que Dieu clément et miséricordieux fasse miséricorde à moy et à vous ; Oultre, je tâcherai à mon pouvoir, en bonne foy, de chasser de ma jurisdiction et terres de ma sujétion tous héréticques dénoncés par l'Église.
Promettant, par serment, de garder tout ce qui a esté dit. »
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Puis l’évêque de Chartres, lui prenant la main, lui dit :
« Sta et rétine statum quem hue usque paterna successione tenuisti, liereditario jure tihi delegatum per auctoritatem Dei omnipoientis, et per traditionem nostram, omnium scilicet episcoporum, ccetero »
Le roi fut sacré par Nicolas de Thou, évêque de Chartres
Aux yeux de la plupart des assistants, ce n'était pas la moins importante partie du cérémonial qui venait de s'accomplir.
Après le serment, l'évêque de Chartres, aidé par les pairs ecclésiastiques, fit à Henri les onctions saintes ; puis, il prit la couronne, la leva au-dessus de la tête du monarque, la donna à soutenir aux ducs et pairs, la bénit et la déposa sur le front royal.
Sa Majesté fut ensuite conduite processionnellement au trône qui lui avait été dressé dans le jubé, en vue de tout le peuple ; le prélat officiant lui donna le baiser de paix et cria par trois fois : Vive le Roi! Les pairs en firent autant, les acclamations de la foule leur répondirent, et le Te Deum, entonné par la musique de la chapelle, retentit sous les voûtes de la vieille basilique.
Pendant la messe qui fut célébrée par l'évêque de Chartres, l'abbé de Sainte-Geneviève, diacre d'honneur, remit le livre des Évangiles à l'archevêque de Bourges, grand-aumônier, et ce prélat le fit baiser au Roi. Sa Majesté descendit du jubé pour aller à l'offrande, et lorsqu'elle eut baisé la paix, M. de
Sourdis présenta le vin dans un vase d'or ciselé, M. de Souvré un pain d'argent, et M. d'Entraigues un pain d'or; le Roi portait alors sa couronne, son manteau, le sceptre et la main de Justice.
L'office achevé, les évêques et les seigneurs reconduisirent Henri à l'évêché. Le duc de Montbazon marchait le premier, avec la couronne sur un coussin de velours ; M. d'O le suivait, avec le sceptre ; puis M. de Roquelaure, avec la main de Justice. Le maréchal de Matignon se tenait à la droite du Roi, l'épée royale au poing.
Le banquet du sacre eut lieu dans la grande salle de l'évêché, où l'on avait disposé une estrade. Le Roi occupa seul la table du milieu ; à sa droite et sur une autre table se placèrent les pairs ecclésiastiques, la table de gauche reçut les pairs laïcs, et, au bas de l'estrade, une autre table fut destinée aux ambassadeurs, au Chancelier, aux chevaliers de l'ordre et aux principaux officiers de la Couronne. Le soir, le monarque fit les honneurs d'un autre banquet à sa sœur Catherine, aux princesses de Condé et de Conti, et aux duchesses de Nemours, de Rohan et de Retz.
Le lendemain, 28, Henri reçut le collier de l'ordre du Saint-Esprit des mains de l'évêque de Chartres, et il partit quatre jours après, non sans avoir promis à la ville de réduire sa garnison aux troupes de la citadelle
Ces détails sont empruntés à Palma Gayet. « L'appui d'oratoire» pour le Roi était recouvert d'un drap de toile d'argent damassé à feuillages rouges; le connétable et le chancelier avaient chacun « une escabelle couverte de satin bleu semé de fleurs de lys d'or » .
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