RECHERCHES SUR LES SITES DE CHATEAUX ET DE LIEUX FORTIFIÉS EN HAUT-POITOU AU MOYEN AGE
La partie orientale du Poitou dite Haut Poitou était autrefois séparée de la partie occidentale dite Bas Poitou par les rivières Autise et Thouet. Au point de vue physique on peut la considérer comme formée principalement par la Gâtine de Parthenay la Plaine de Niort et de Melle et le Seuil du Poitou.
La présente étude fondée sur une enquête menée sur le terrain a pour objet de montrer dans quelle mesure des liens peuvent être établis entre l'implantation des châteaux et des lieux fortifiés de l'époque médiévale et la topographie. Elle est volontairement limitée aux ensembles dont le caractère défensif est indiscutable. Qu'on ne s'attende pas, donc, à y trouver mentionnés tous les « châteaux » de la zone étudiée. Le cadre adopté, le département de la Vienne, est parfaitement arbitraire ; mais il pourrait être retenu pour d'autres recherches qui couvriraient l'ancien Poitou dans la mesure où il est facile de lui assigner des limites très précises en dehors de celles du diocèse ou des ressorts administratifs d'ancien régime.
Dans un pays de relief modéré tel que celui-ci, les accidents topographiques les plus évidents sont les vallées, les rivières qui les ont façonnées et les pentes qui les encadrent. Elles sont séparées les unes des autres par des étendues généralement peu accidentées que, pour la commodité du vocabulaire, nous considérerons comme des plaines.
Ces surfaces planes font partie du seuil du Poitou sauf les confins sud-est du département où, du fait de la nature cristalline des roches et d'une élévation sensible du relief, elles sont comme la préface des plateaux de la Marche et du Limousin, annonciateurs du Massif Central. Si l'on met à part la portion du cours de la Charente qui, dans la partie méridionale du département, constitue un réseau hydrographique à part, les autres rivières obéissent directement ou indirectement à l'attraction de la Loire.
Elles ont façonné leurs vallées en direction générale du Sud au Nord ou du Sud-Est au Nord-Ouest. En outre, dans la partie nord du département, nous aurons à tenir compte de légers accidents de relief déterminés par la zone de contact entre les assises jurassiques qui couvrent le sud de la région étudiée et les assises crétacées qui se présentent au nord.
Celles-ci apparaissent au long d'une ligne de côtes dont on suit assez bien le développement à l'Ouest de Châtellerault, par Vendeuvre, Mirebeau et Moncontour. Les vallées des rivières recoupent cette ligne ou en suivent la base. Une autre ligne reparaît à l'extrême nord aux environs de Roiffé. Il en résulte une multiplicité de points élevés et de points bas qui n'ont pas manqué d'offrir une assez grande variété de sites plus ou moins propices à l'installation de positions fortes (1). Ceci n'exclut cependant pas la fixation d'un certain nombre de châteaux et de maisons fortes dans des parties du département qui ne présentent pratiquement aucun accident de relief. La défense y a été surtout assumée par des ceintures de douves dont l'approvisionnement en eau, du fait de la perméabilité des assises calcaires, risquait d'être assez problématique.
Pour la commodité de l'exposé, nous prendrons une à une les vallées des rivières tributaires de la Loire en passant de l'une à l'autre par les plates-formes ou plaines intermédiaires et en allant d'Est en Ouest. La zone méridionale parcourue par la Charente et ses affluents sera étudiée à part. Une synthèse finale montrera l'importance relative des divers types de sites.
1 — VALLEE DE LA CREUSE
Elle n'intéresse le département que pour une brève portion de son cours entre la Roche-Posay et son confluent avec la vallée de la Vienne en aval de Port-de-Piles et seulement par sa rive gauche, la rive droite étant tourangelle. Dès l'abord, le site de la Roche-Posay retient l'attention. La forteresse encore marquée par un donjon quadrangulaire et par son enceinte a été implantée sur la rive gauche en haut d'une falaise crayeuse abrupte à la pointe d'un éperon dégagé par un petit affluent de la rivière. Cette position domine le confluent de la Creuse et de la Gartempe. La falaise constitue une protection naturelle relativement sûre du côté nord.
Ajoutons que la Roche-Posay apparaît dans l'histoire dès le XIe siècle comme étroitement liée à la baronnie de Preuilly-sur-Claise appuyée sur la forteresse qui domine de haut la vallée de la Claise et qui relevait, elle, de la Touraine. Les détenteurs de ces deux points d'appui reliés dès le Moyen-âge par un pont se trouvaient ainsi associés aux destinées de deux grandes entités féodales. Dans le vallon de la Luire, affluent de gauche de la Creuse, le manoir de la Vervolière (Commune de Coussay-les-Bois) occupe le haut de pentes boisées lui donnant des vues assez étendues. Plus bas, Alogny (Commune de Lésigny), apparaît comme une maison forte de la fin du Moyen-âge en retrait dans un petit vallon découpé dans le coteau de la rive gauche. On pourrait penser que, du fait de son nom, la Tour-aux-Sarrasins citée en 1493 près de la Grange (commune de Mairé), dans un vallon affluent de la Creuse à environ un kilomètre de la vallée majeure pourrait représenter une forteresse notable. Il n'en demeure malheureusement plus rien.
Aux abords de Saint-Rémy-sur-Creuse, les falaises plus abruptes dans lesquelles sont creusées des habitations troglodytiques revêtent une valeur stratégique plus accusée. Au sud du bourg, le pittoresque manoir de la Chaise, cité à partir de 1435, est installé à mi-pente. La cour est entaillée dans la roche crayeuse.
En dépit de son attrait pittoresque, son intérêt historique est beaucoup moins grand que celui de la Tour de Ganne. Il n'en subsiste plus que d'assez pauvres restes à côté de l'église en haut de l'à-pic des falaises, dans une excellente position dominante.
Des textes précis donnent l'initiative de cette construction à Richard Cœur-de-Lion, donc avant 1199. La position faisait face aux forteresses tourangelles de la rive droite, surtout la Haye, plus tard la Haye-Descartes (2). Rien ne subsiste du donjon que l'abbé Lalanne signale à Buxeuil et qui, dit-il, aurait été emporté par une crue en 1530.
Un souterrain aurait débouché sur la Creuse (3). Si ces faits étaient vérifiables, ils démontreraient que le château aurait appartenu à un type de forteresse dont nous trouverons d'autres exemples. Au lieu d'être implantées en haut des coteaux d'une vallée, elles tiraient leur force de la protection fournie par l'eau de la rivière.
On est également ici face à la Haye, forteresse tourangelle citée dès le xe siècle, les deux localités étant reliées dès le Moyen-âge par un pont de pierre assurant un trait d'union entre le Poitou et la Touraine. Plus en aval, la Roche-à-Menon pour laquelle un certain Emeno de Rocha rendait hommage en 1260 n'est plus représentée que par une belle maison aux champs des temps classiques implantée, elle aussi au bord de l'eau (4). C'est encore l'eau et, ici, un site exceptionnel, le confluent de la Creuse et de la Vienne dit le Bec-des-Deux-Eaux, qui avait fixé le castrum de Grouin cité vers
1050 (Pl. I, B). Il était situé à même sur la rive gauche de la Creuse à deux pas du confluent. Les textes qui le concernent en font un point d'appui tourangeau sur les lisières du Poitou. Il avait été construit par Hugues 1er de Sainte-Maure au temps de Geoffroi Martel. Il n'en reste malheureusement plus rien de visible. Notons qu'au XVIII" siècle, on l'appelait la Motte-Grouin, du fait de la présence d'une motte encore signalée en 1586 dans une estimation de la terre de Puygarreau relative aux bâtiments de la métairie de Grouin « .avecq une grosse mothe faicte en forme de forteresse entienne » (5).
II — VALLEES DE L'ANGLIN ET DE SES AFFLUENTS ET PLAINES INTERMEDIAIRES
La partie sud-est du département est parcourue, aux confins de la Marche limousine et du Berry, par un faisceau assez serré de rivières, la Vavre, la Bénaise et son affluent l'Asse, puis le Salleron qui vont rejoindre l'Anglin, lui-même tributaire de la Gartempe.
A la sortie sud des Hérolles (Commune de Coulonges), le château du Pin est implanté en haut de la rive gauche d'un petit vallon affluent de la Vavre. Celui de la Brosse (Commune de Thollet) occupe une position comparable dans un vallon tributaire de la Benaise. L'un et l'autre sont des maisons fortes de la fin du Moyen-âge. Il en est quelque peu de même pour Fleix et Mareuil (Commune de Brigueil-le-Chantre) tous les deux riverains de l'Asse.
Cependant, Fleix occupe un petit éperon de la rive droite découpé par deux ravins. Mareuil, cité comme « hostel et maison forte en 1494 » est un peu plus enfoncé dans un vallon débouchant sur la rive gauche (6). Particularité remarquable, Bourg-Archambault apparaît plutôt comme un robuste château de plaine tirant surtout sa protection de douves en eau profonde et ceci malgré la proximité de la vallée du Salleron qui, à quelques centaines de mètres à l'Ouest, trace un sillon assez accusé dans des assises rocheuses.
Par contre, dans la vallée de la Benaise, le château de la Tri mouille, cité dès le XIIe siècle et appelé à devenir le berceau d'une famille illustre, occupait un site très caractéristique. Un vallon affluent a découpé, dans les pentes de la rive gauche, un éperon ovoïde allongé du Nord au Sud, tout proche, à l'Est, de la rivière. Ce mamelon, appelé dans le parler local la Moutte, nom significatif, domine d'environ 5 m les rues actuelles qui le contournent et qui doivent correspondre à l'enceinte de cette puissante forteresse malheureusement détruite (7). Dans la même vallée, mais en amont, la tour et maison forte de Régnier citée en 1436 dominait la rive gauche.
Par contre, en aval, la Rivière, également citée en 1436 est au fond de la vallée, à quelques mètres de l'eau sans que celle-ci, semble-til, lui apporte un supplément notable de défense (8). Courtevrault (Commune de Liglet), rive gauche, occupe un site très caché dans le creux d'un vallon affluent. Inversement, le Verger est bâti sur un éperon découpé, dans les coteaux de la rive droite par la vallée du Corchon. Celle-ci est marquée, sur sa rive droite, par la maison forte de Fontmorond installée sur une croupe à la jonction d'un petit vallon. Dans la vallée du Salleron, s'échelonnent, sur les pentes de la rive droite, la Bertolière (Commune de Saint-Léomer) et la Braudière (Commune de Journet), ce dernier encore marqué par d'importants terrassements. Rien de ceci n'est comparable au site très évocateur de la forteresse épiscopale d'Angle-sur-l'Anglin citée dès 1025, hardiment campée sur un éperon abrupt découpé dans les falaises de la rive droite par un ravin affluent et tranché de main d'homme pour en accroître la valeur défensive (9). N'oublions pas que nous sommes ici sur un passage important du Poitou au Berry et au berceau de la famille noble qui a fourni successivement au siège épiscopal de Poitiers quatre évêques de 963 à 1115, famille que nous retrouvons à Chauvigny (Pl. V, C).
III — ENTRE LE SALLERON, L'ANGLIN ET LA GARTEMPE
Il y a là un ruban de terres plates occupées par des brandes ou des étangs semé, dans sa partie méridionale, de blocs cristallins superficiels. C'est l'un de ceux-ci qu'ont utilisé, faute de site plus élevé, les bâtisseurs de la maison forte du Cluzeau (commune de Lathus), citée comme forteresse dès 1404 (10). Cette curieuse plateforme naturelle a transmis, à la construction, l'irrégularité de son plan. La Ferrandière (Commune de Jouhet) est, dans son délabrement actuel, un exemple typique de château de plaine perdu dans les brandes, en terrain plat et argileux (Pl. II, A). Des douves aujourd'hui en partie comblées cernaient son enceinte grossièrement elliptique contenant le donjon cylindrique et la chapelle dont les parties les plus anciennes peuvent remonter au XIIIe siècle. Villemort, très modernisé, qualifié autrefois de tour, chastel et forteresse (11) occupe également un site de plaine indépendant de tout accident de relief.
IV — VALLEE DE LA GARTEMPE
Dans sa traversée du département, la Gartempe trace un vigoureux sillon du Sud au Nord, de Lathus à la Roche-Posay. Par ailleurs, elle oppose, à la circulation d'Ouest en Est ou vice-versa, un obstacle notable. Rien d'étonnant, donc, à ce que sa vallée ait fixé un certain nombre de lieux fortifiés d'importance inégale. A vrai dire, les premiers que nous rencontrons en la suivant s'en tiennent un peu à l'écart. Beaupuy (Commune de Saulgé) est situé sur les pentes d'un petit affluent de gauche. Lenet (Commune de Saulgé), d'allure beaucoup plus fortement militaire avec son donjon à quatre tours d'angle occupe les croupes de la rive droite et jouit de vues dominantes assez étendues.
Les bâtisseurs du château de Montmorillon avaient choisi un site assez abrupt dominant à pic la rivière sur sa rive gauche et surveillant un point de passage concrétisé encore aujourd'hui par un pont médiéval. Le château de Pruniers (Commune de Pindray) est situé lui, par contre, tout au bord de l'eau, rive gauche, mais, semble-t-il, au-dessus du niveau des crues de cette rivière fantasque. Il en est de même, rive droite, pour la Contour (Commune de Jouhet) que Louis XI avait permis à Jean de Moussy de fortifier en 1471 (12). Pindray est à l'écart dans un vallon affluent de gauche. Boismorand (Commune d'Antigny) domine de plus près et de plus haut la rive gauche de la Gartempe. C'était une autre possession de Jean de Moussy qui en a achevé la construction à la fin du XVe siècle (13). L'Epine occupe une position comparable haut placée également sur les pentes de la rive droite.
On ne saurait passer sous silence du fait de sa haute ancienneté le castrum cité dans les textes relatifs aux origines de l'abbaye de Saint-Savin au IXe siècle.Il devait être situé au bas des pentes de la rive gauche. Une rue du château en perpétue le souvenir non loin de la Grande Rue qui mène au vieux pont. Il est mentionné dans les aveux et dénombrements du temporel de l'abbaye aux xve et XVIe siècles.
En aval, Nalliers est directement au bord de l'eau, rive gauche, l'une des tours dominants la rivière à-pic. Beauvais occupait le haut des pentes de la rive gauche. La Bertholière, logis fortifié en aval de la Bussière, est plus nettement au-dessus du fond de la vallée en haut des pentes de la rive gauche. En aval, les escarpements deviennent plus abrupts. Là, se sont fixés la Guitière et Jutreau, sur ceux de la rive gauche et, surtout, la Roche-àGuet, sur ceux de la rive droite sur un à-pic très accusé. Tous trois (Commune de Saint-Pierre-de-Maillé) ne semblent pas antérieurs au XIVe. siècle.
V - ENTRE LA GARTEMPE ET LA VIENNE
La bande étroite au relief indécis qui sépare les deux rivières ne nous offrira qu'une assez maigre moisson, d'autant qu'aux abords de la Vienne, elle est burinée par de petites vallées, celles des deux Blourde et de l'Auzon tributaires de la grande rivière, à droite. Avec celles de gauche — sauf celle du Clain et de ses affluents — nous les retrouverons avec le grand couloir qui, de même que celui de la Gartempe, traverse le Haut-Poitou du Sud au Nord. C'est cependant dans cette zone que nous noterons deux exemples remarquables de mottes défensives. La mieux conservée est celle de Montcerand, près d'Asnières (Pl. I, C). Elle a partiellement conservé son fossé en eau. La seconde, au lieu-dit Chez Georges (Commune de Luchapt) présente une hauteur d'environ 6 m et un diamètre d'environ 30 m. Elle est également ceinturée d'eau. Elle est connue sous le nom de Motte des Voleurs ou Motte aux Brigands (14). Il ne faut voir en elles que des refuges d'ordre local.
L' « hostel et maison forte » de Jarige (Commune de Leignes-surFontaines), très modernisé, est en plaine découverte (15). Il en était de même pour celle des Champeaux (Commune de Pouzioux) qu'Urbain de Lanet, écuyer, avait été autorisé à élever en 1482 (16) et pour celles de Clerbaudières (Commune de Paizay-le-Sec) et de Fougerolles (Commune de Sillars), citée en 1497 (17). Il ne reste que peu de choses de la petite forteresse de Siouvre située, elle aussi, en plaine horizontale et découverte à 2 km à l'Ouest de Saint-Savin, donc de la Gartempe.
Plus près de la Vienne, mais néanmoins à l'écart de la vallée, la Tour d'Ardaine est un autre exemple de maison forte de plaine. Beaucoup plus au Nord, aux abords de Châtellerault, la Tour d'Oyré (Commune d'Availles) maison forte assez bien conservée, occupe un creux de terrain assez indécis entre l'Auzon et la Vienne. On la mentionne dès 1226 (18). Dans les mêmes parages, le Bornais (Commune de Sénillé) où un castrum est cité dès 1123 occupe des croupes calcaires au Nord-Est du bourg avec des vues assez limitées (19). Il en est à peu près de même pour Villaret (Commune de Sénillé). L'ancienne tour médiévale qui précède l'élégant château néo-classique de Pleumartin marque le site primitif, pratiquement un site de plaine, à la naissance d'un minuscule ruisselet tributaire de la Gartempe.
VI — VALLEES DE LA VIENNE, DE LA GRANDE ET DE LA PETITE BLOURDE, DE LA DIVE DE MORTHEMER ET DE L'AUZON
Dès son entrée dans le département, la Vienne vient baigner sur sa rive gauche ce qui subsiste des remparts du château et du noyau ancien d'Availles-Limouzine, exemple typique de forteresse de fond de vallée. Le château de l'Isle-Jourdain, ou plus exactement, son souvenir nous ramène au fond même de la vallée au moins en ce qui concerne la forteresse jadis plantée dans la rivière sur un îlot granitique. Celui-ci est encore désigné sous le nom de château.
Jourdain de l'Isle, peut-être son fondateur, est cité vers 10471088 (20). Ajoutons que, de par sa situation, ce château contrôlait un passage de la Vienne concrétisé par un pont de pierre dit pont Saint-Sylvain appuyé sur l'îlot rocheux. En outre, en haut des pentes de la rive droite, près de l'église, la tour dite de Calais était le siège d'une puissante baronnie (21).
Vers l'aval, le robuste donjon de la Messelière (Commune de Queaux) occupe, lui aussi, une position dominante en haut des pentes de la rive gauche rendues plus abruptes par une belle courbe de la rivière. Les maisons fortes de Ressonneau, de Chamousseau et de Beauregard (Commune de Queaux) toutes plus ou moins marquées par le style de la fin du XVe siècle, sont plus modestement nichées à la tête ou dans le creux de vallons affuents de gauche. Avec l'Escorcière (Commune de Gouëx), nous revenons en haut des pentes abruptes de la rive gauche.
A hauteur de ce site, la vallée s'élargit quelque peu à la rencontre du faisceau de petits affluents de droite qui réunit la Grande et la Petite Blourde. Aux abords de ce site, Persac groupe plusieurs châteaux ou maisons fortes de la fin du Moyen-âge. La permission de fortifier Oranville niché dans les bois au creux d'un vallon affluent de la Petite Blourde a été accordée en 1447 à Antoine de Feydeau (22). Le même personnage était possesseur du château de la Mothe, fortifié vers 1440 et situé au cœur du bourg de Persac.
C'est pratiquement un .manoir ou château de plaine qui, en dépit de son nom, ne garde plus trace d'une surélévation artificielle du sol (23). A la lisière nord du bourg, en haut des pentes de la rive droite de la Grande Blourde, la Brulonnière a été fortifiée vers 1465-1474 par Guichard Brulon (24). Elle y occupe une position beaucoup plus dominante que la Mothe. En aval du confluent, sur la rive droite de la Vienne, Villars, dont un seigneur est cité en 1462 occupe également un haut de pentes à vues étendues (25).
Par contre, les bâtisseurs du château de Lussac-les-Châteaux cité dès 1065 se sont postés volontairement en retrait par rapport à la vallée au débouché très étranglé d'un petit ravin affluent côté rive droite. Le gros du château se trouvait sur les pentes calcaires abruptes du côté sud de l'étranglement. Un pont porté par les hautes piles carrées qui, seules, subsistent le reliaient à un ouvrage avancé implanté sur le côté nord. L'étang formé par le ruisselet barré n'aurait été aménagé qu'en 1492 par Geoffroi Taveau, maire de Poitiers, nouvel acquéreur de la forteresse (26). Puis, voici, accrochée aux pentes de la rive droite et surveillant la rivière en vis-à-vis de Civaux, la Tour-aux-Cognons environnée d'un certain mystère. En effet, si les textes ne la citent qu'en 1443, son style permet de la faire remonter à l'époque romane (27).
Un peu en aval, débouche, de gauche, la Dive de Morthemer. Presque à la tête du vallon, la grosse tour de la Rigaudière (Commune de Bouresse) en occupe les penles peu accusées de la rive droite. Le site de Morthemer où un puissant donjon domine de sa masse malheureusement trop restaurée le bourg et la rivière du haut des coteaux de la rive gauche est beaucoup plus impressionnant. Le château est cité dès 1077 (28). Bien que situé un peu à l'écart de la vallée de la Vienne, le donjon permet, du fait de sa hauteur, d'en découvrir une partie. Beaucoup plus modeste, la tour de Cognac ou de Coignac est relativement très enfoncée dans un petit vallon débouchant dans celui de la Dive, rive gauche.
De l'autre côté de la Vienne, Fressine (Commune de Salles-en-Toulon) occupe la tête d'un vallon rocailleux assez à l'écart et sans grandes vues.
Nous voici en présence de l'admirable site de Chauvigny, excellent exemple d'éperon formé par la rencontre de la vallée de la Vienne et du vallon du Talbat avec des pentes dissymétriques abruptes vers le ruisseau, plus douces vers la grande rivière dont il domine la rive droite en même temps qu'il en commande un très ancien passage. On sait qu'il porte les restes imposants du château des évêques de Poitiers, cité dès 1025, du château d'Harcourt et du donjon de Gouzon auxquels il faut ajouter les pauvres débris du château de Mauléon et la tour de Flins (Pl. V, A). Les défenses particulières à ces forteresses barraient l'éperon que ceinturait, au surplus, une enceinte (29). A quelques kilomètres en aval, le site de Touffou est défini par les pentes raides de la rive gauche entamées par un minuscule ravin grâce auquel on se trouve aussi en présence d'une sorte d'éperon. C'est là qu'ont été implantés dès l'origine les gros donjons jumeaux qui forment la partie essentielle de l'ensemble (Pl. V, D). En haut des coteaux de la rive droite, le Teil (Commune de Bonnes) occupe une autre position dominante en un lieu cité dès le début du XIe siècle (30) ; mais le château, entièrement détruit de nos jours, était loin d'atteindre la force de celui de Touffou.
Plus bas, les manoirs du Grand-Félin (Commune de Bonnes) et de la Roche (Commune de Bellefonds) occupent le bas des pentes de la rive droite. La Tour de Ganne de Bonneuil-Matours était un bon exemple de forteresse élevée au ras de l'eau sur la rive gauche en un lieu où le terme de castrum apparaît dès la fin du XIe siècle (31).
Dès avant le XIIIe siècle, il y avait sur le haut des pentes de la rive droite, à Chitré, une tour dont la démolition est mentionnée vers 1243-1245 (32) en attendant que le site fût marqué par le château embelli, au XVIe siècle, par Charles Tiercelin de la Roche-du-Maine sans perdre pour autant son apparence militaire.
La Vienne ne va pas tarder à recevoir, du côté droit, l'Auzon dont la vallée entame assez profondément les plates-formes qui, à l'Est, la séparent de la Gartempe. Le site le plus expressif est celui du château de Monthoiron installé au fond de la vallée et cerné par les prairies humides de la rivière. Il en émerge une motte artificielle qui porte les ruines d'une tour cylindrique de gros diamètre. Le castrum de Monthoiron est cité dès 1086 (33). Quant à Targé, hardiment campé à la pointe d'un éperon crayeux audessus du confluent de l'Auzon et de la Vienne, il jouit, tout à l'inverse de Monthoiron, de très larges vues sur le bassin au milieu duquel Châtellerault s'est implanté. Faut-il redire qu'on se trouve, à Châtellerault, en présence d'un site féodal important, siège d'une vicomté liée au comté de Poitou ? Le berceau en a été ce Castrum Airaldi cité dès 1025 et dont une motte encore visible derrière l'église Saint-Romain doit fixer le site primitif. On est ici au fond de la vallée de la Vienne singulièrement élargie, rive droite, pas très haut au-dessus du niveau de l'eau dont on pense qu'elle jouait un rôle notable dans la défense du château, pour en alimenter les douves avec le concours d'une source voisine. D'autres constructions traduiront la volonté des vicomtes de s'éloigner un peu de la motte primitive. Il n'en reste pas moins que le site est étroitement lié à la rivière qu'un pont cité vers 1060 permettait de franchir. Le système sera complété par la construction, entre 1157 et 1175, d'un autre château, Châteauneuf, sur la rive gauche, lui aussi lié à la rivière (34). Ce château a totalement disparu ; mais le cadastre de 1834 mentionne un lieu-dit Château Fort, nom également appliqué à une ruelle derrière l'église Saint-Jean-l'Evangéliste. Plus à l'écart de la Vienne, rive droite, au bas des premières pentes, le château du Verger d'Antoigné peut avoir été fortifié par Jean du Vergier qui en reçut permission du roi Philippe le Bel en août 1312 (35). La maison forte de Charlay (Commune de Châtellerault) jouit de vues très étendues du haut des croupes qui dominent à l'Est la vaste vallée. Celle de Valençay (Commune d'Antran) est à mi-pente, rive gauche, là où le coteau est entamé par un petit ravin. D'autres se succèdent sur la rive droite aux abords d'Ingrandes : le Petit et le Grand-Marigny, cité comme forteresse en 1446 (36), sur les pentes, la Groie, très engagée dans le vallon du ruisseau qui vient d'Oyré et fortifiée vers 1458-1470 (37), Saint-Ustre en haut des pentes ainsi que le Chêne.
Il ne reste rien de celle de Puymilleroux (Commune de Dangé), citée en 1443 également en haut des pentes (38).
VII — ENTRE LA VIENNE ET LE CLAIN
Le ruban de plaines qui se développe entre ces deux systèmes hydrographiques est plus large et plus accusé que celui que nous avons parcouru entre la Gartempe et la Vienne. De Chauvigny à Poitiers, il s'étend sur 25 km d'Est en Ouest sans accident notable de relief. Il ne peut donc nous offrir que des châteaux de plaine à vrai dire peu nombreux et de dimensions assez modestes. Vernon est plutôt une maison forte très remaniée au XVIIe siècle. La Clielle (Commune des Roches-Prémarie) a dû relever du même parti : il reste peu de choses de Saint-Julien-l'Ars du fait d'une reconstruction presque totale. Les maisons fortes ou manoirs de Marigny et de Normandoux (Commune de Tercé), de Lavoux-Martin, la Caborne et la Brosse (Commune de Lavoux) ou des Meurs (Commune de Liniers) présentent des sites comparables. Le Bois-Dousset en est un type plus moderne (XVIe-XVIIIe siècles) cerné de douves sèches, faute de mieux, et sans grand appareil militaire. Il en est de même pour Moulins (Commune de Sèvres). Montlouis (Commune de Jardres) avait dû être fortifié par permission accordée en 1447. Il n'en reste rien de cette période (39). La Tour et Motte de Jardres est beaucoup plus expressive. D'une part, elle semble remonter au XIIIe siècle. D'autre part, la tour cylindrique est très exactement implantée sur une motte (Pl. I, D). Il n'est plus possible de dire si celle-ci avait été ou non entourée de fossés. Si tant est qu'il y en ait eu, il est douteux, compte tenu de la nature du sol, qu'ils aient été abondamment pourvus d'eau. Non loin de là, Talmont (Commune de Bonnes) était un château de plaine d'assez grandes dimensions. Ses ruines embroussaillées sont entourées de douves sèches. Château-Fromage (Commune de Bignoux) apparaît encore comme un donjon de plaine des environs du XIIIe siècle. C'est l'ancienne domus de Castro Casei cité en 1258. La Roche-de-Bran (Commune de Montamisé) complètement refait depuis sa dévastation en 1944, occupait un site un peu plus mouvementé aux approches des vallées sèches qui s'ouvrent vers le Clain.
VIII — VALLEES DU CLAIN, DU PAYROUX, DE LA BOULEURE, DE LA DIVE DE COUHE, DE LA CLOUERE, DE LA VONNE, DE LA BOIVRE ET DE L'AUXANCES ET PLAINES INTERMEDIAIRES
Une large portion de la partie occidentale du département est assez fortement burinée par tout un réseau hydrographique recueilli par le Clain. Celui-ci, venu des confins charentais, draine ces eaux vers la Vienne qu'il rejoint au Sud de Cenon. La multiplicité des vallées et des vallons réduit singulièrement les surfaces planes.
Du même coup, elle propose à notre attention une assez grande variété de sites qui ont été occupés à des époques variables par les bâtisseurs de châteaux de diverses époques et d'inégale importance.
Le château de Saint-Martin-l'Ars domine légèrement la vallée du Clain, côté rive gauche, du haut d'un terre-plain ceinturé de douves. Le Clain est rejoint peu après par le Payroux. La maison forte de Mauprevoir, au Nord du bourg, construite entre 1444 et 1477, au temps de Jean Chaperon, abbé de Charroux (40), a été édifiée au bas des pentes de la rive gauche afin que ses douves soient alimentées par le ruisseau. Celle de l'Age Pariolle (Commune de Mauprevoir) est également sur la rive gauche. Quant à celle de Fontboué, totalement ruinée, elle était nichée dans le creux d'un vallon affluent (Commune de Mauprevoir). Celle de la Faugeraie (Commune de Payroux) est en haut des pentes de la rive droite du Clain tandis que celle de Joussé lui répond sur la rive gauche. Le château de Monchandy (Commune de ChâteauGarnier) fournit, par contre, un excellent exemple de petite forteresse de fond de vallée dont l'enceinte est largement baignée par les eaux du Clain (Pl. IV, B). Elle apparaît dans l'histoire en 1452 (41). Inversement, Sommières, reconstruit au XVIIe siècle, est vigoureusement campé sur un éperon découpé dans les pentes de la rive gauche par un ruisselet, le Bé. On comprend mieux ainsi son ancien nom, la Roche-de-SOlnmières (42). La maison forte de la Millière, (Commune de Romagne), très ruinée, occupait une plateforme calcaire en haut des pentes de la rive gauche au débouché d'un vallon pierreux, à proximité d'un passage encore marqué par un vieux pont.
Peu après, se présentent, à gauche, les deux vallées de la Bouleure et de la Dive de Couhé qui, réunies, se joignent à celle du Clain. Les maisons fortes du Peux (Commune de Brux) et de Monts (Commune de Ceaux-en-Couhé) étaient sur les pentes de la rive gauche de la Bouleure. Les restes du Château de Couhé sont sur un à-pic qui domine la rive droite de la Dive. Ils prolongent le souvenir du castrum du XIe siècle (43). La maison forte de Villenon (Commune d'Anché) est un exemple remarquable de l'utilisation d'un éperon taillé par la rencontre de la Bouleure, de la Dive et du Clain. Un peu plus en aval, le castrum de Sichard cité vers 1080 occupait une plate-forme abrupte au-dessus du Clain. A Cersigny (Commune de Vivonne), nous sommes en présence d'un château cerné par les eaux vives du Clain tout au fond de la vallée ; par contre, les restes de Vivonne qui prolongent ceux du castrum cité vers 1077 (44), s'accrochent à un éperon découpé par la rencontre des vallons de la Vonne et du Palais et dominant leur double confluent avec le Clain.
Cette rencontre des trois rivières nous conduit à regarder ce qui se passe aux abords et au long de la Vonne. Dans les pays de brandes entre la Vonne et la Dive de Couhé, Laugerie (Commune de Rouillé) est une maison forte de plaine dont on ne peut plus dire si elle a été ou non ceinturée de fossés. Aux environs de Sanxav, Marconnay en est une autre dont les douves sont alimentées par un minuscule ruisselet qui, barré, forme un étang proche du logis fortifié (Pl. II, B). La Coindardière et Forzon sont dans des sites comparables. Dans la vallée de la Vonne, Cursay occupait primitivement une motte édifiée sur le promontoire du méandre que forme la rivière, rive droite, là où s'est maintenu le bourg tandis qu'une autre résidence seigneuriale a été édifiée plus en aval sur les pentes de la rive droite. C'est sans doute celle que Jacques Rataut obtenait permission de fortifier en 1462 (45). A Jazeneuil, le manoir de la Cour occupe également une pointe de méandre, rive gauche. C'est un très modeste exemple à côté du site que le grand château de Lusignan occupait à l'extrémité d'un éperon découpé dans les coteaux de la rive droite par le vallon du ruisselet alimenté par la Font-de-Cé. Il y a là une position dominante bien placée sur le vieil itinéraire routier de Poitiers à Saintes et relativement facile à défendre. On le voit occupé par Hugues II dit le Cher ou le Bien-Aimé dès la première moitié du xe siècle. On sait quels développements il était appelé à prendre par la suite (46).
Mauprié, au Sud de Lusignan, n'a été qu'une maison forte de plaine ceinturée de douves. Rien ne subsiste de la résidence épiscopale de Celle-l'Evescault qualifiée de forteresse en 1496 (47). Elle devait occuper, avec le bourg, les pentes de la rive droite de la Vonne. Le lieu dit la Roche (Commune de Marigny-Chémereau) s'étage sur les pentes de la rive gauche. Rédet y signale un château en ruines qui a disparu. Le château de Marigny-Chémereau qui lui a succédé est au bas des pentes de la rive droite.
Nous voici revenus au Clain pour y noter, en haut des pentes de la rive gauche, au débouché d'un court vallon, la maison forte de la Planche qui domine assez largement la vallée. Selon toute apparence, elle date du xve siècle en dépit des modifications importantes dont elle a bénéficié en 1559 (49). Presque en vis-à-vis, la vallée de la Clouère débouche dans celle du Clain. Dans sa partie supérieure, en haut des faibles pentes de la rive gauche, la robuste maison forte d'Artron (Commune d'Usson) est plutôt un château de plaine. Elle a été ceinturée de fossés. Par contre, la Boissière (Commune de Saint-Secondin) est pratiquement au bord de l'eau, rive droite ainsi que la Tour (rive gauche). De la Motte (Commune de Saint-Maurice), il y a surtout lieu de retenir le nom et le site dans une courbe de la rivière tout comme celui du Pin. A l'écart de la Clouère, la Vacherie était une maison forte de plaine. A la rencontre de la Clouère et de la Belle, un éperon caractérisé porte les ruines imposantes du château de Gençay (Pl. V, B). Un fossé creusé de main d'homme le barre selon les procédés classiques de la fortification médiévale. Au-delà, se trouvait la tour de Moncabré.
Qu'il nous suffise de rappeler ici que le site de Gençay était occupé par une forteresse dès la fin du xe siècle (50). A la source de la Belle, Puyrabier (Commune de Magné) est une maison forte de plaine.
Dans la même vallée, la Roche occupe un site de haut de pentes, rive droite, en contact avec la plaine. Quant à la Vergne (Commune de Marnay), c'est un exemple très caractéristique de château de fond de vallée sans vues dominantes mais tirant sa valeur défensive des eaux et des fonds marécageux de la Clouère au milieu desquels il a été implanté sans doute dès le XIIe siècle quitte à être reconstruit, ainsi que les ruines semblent l'indiquer, au siècle suivant (Pl. IV, D). Inversement, Château-Larcher où un castrum et une tour sont cités dès 888 et 969 occupe un promontoire de méandre assez comparable à un éperon (51).
Dans la vallée du Clain, un éperon calcaire de la rive gauche porte la maison forte de la Gruzalière (Commune d'Iteuil) jadis pourvue d'une motte et de fossés secs. Un autre, découpé du même côté par le ruisseau de Ruffigny, est marqué par la maison forte d'Aigne qui, bien que trop restaurée, occupe un site très caractérisé. Plus loin, Bernay est en haut des pentes de la rive gauche.
De l'autre côté, débouche un vallon à la tête duquel, sur les pentes sud, le château des Roches-Prémarie se dresse à la lisière des plaines entre le Clain et la Vienne. Il résulte de l'autorisation accordée par Charles VII, le 26 mai 1443, aux religieux de Montierneuf de Poitiers, de continuer à fortifier leur domaine (52). La haute vallée du Miosson qui débouche plus loin à droite abrite le château de Chambonneau (Commune de Gisay), édifié vers le milieu du xv" siècle dans le lit même du ruisselet qui alimente ses douves (53).
Peu après cette jonction, le Clain amorce la série de grandes courbes qu'il décrit autour du mamelon qui porte Poitiers, mamelon découpé, d'autre part, par la vallée de la Boivre. Le sommet de cette croupe complété par une motte artificielle, dont les assises sont antérieures à la conquête romaine, a porté l'ensemble fortifié qui a servi de siège très tôt à l'autorité comtale (54). Peu à peu complété par le puissant donjon dit Tour Maubergeon puis par les travaux des Plantagenets et de Jean de Berry, il y occupe une position dominante au cœur de la ville dont il constitue le pivot central de surveillance et de défense en même temps qu'il permet de contrôler les abords immédiats. Il a été doublé sans doute au commencement du XIIe siècle par la tour élevée par Guillaume VII en 1104 in urbis ingressu (55). Il s'agit sans doute du noyau primitif du château édifié au confluent du Clain et de la Boivre, au fond de leur vallée commune et tirant sa valeur défensive de la ceinture d'eau qui l'entourait à l'entrée de la cité pour qui vient de la direction de Tours.
Quant à la vallée de la Boivre, elle a offert, en dépit de ses proportions modestes, des positions fortes non négligeables. C'est Montreuil-Bonnin en haut des pentes assez raides de la rive gauche déjà doté d'un castrum aux mains des comtes de Poitiers dès le début du XIe siècle (Pl. III, B) (56). C'est la Tour de Béruges dans une position comparable où les Lusignan tenaient un puissant donjon pentagonal cité dès 1124 dans un site d'accès plus difficile que celui de Montreuil-Bonnin (57). ==> Le Château de Montreuil-Bonnin dans le comté du Poitou.
Presque parallèle à celle de la Boivre, la vallée de l'Auxances doublée avant Chiré-en-Montreuil par celle de la Vandelogne prête également à quelques remarques. La grosse maison forte de Tréguel (Commune de Chalandray) est sur le haut des pentes de la rive droite de la Vandelogne. Celle d'Ayron est dans une position comparable sur la rive gauche. Celle de Chiré-en-Montreuil occupe la pointe de l'éperon que forme la rencontre des vallons de la Vandelogne et de l'Auxances. La Tour du Poile, disparue depuis 1962, s'élevait sur les pentes de la rive gauche de l'Auxances audessus du fond de la vallée. Elle était accompagnée d'une enceinte carrée. Le bourg de Vouillé lui-même était fortifié ainsi que son église depuis les environs de 1436 (58). La maison forte de Masseuil (Commune de Quinçay) construite vers 1435-1443 d'un commun accord entre le chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers et les habitants du village domine, du haut des pentes de la rive droite, les courbes de l'Auxances (59). Par contre, c'est au fond de la vallée et en profitant de la rivière pour en alimenter les fossés que Jean Rabateau et plus tard Jean Mérichon ont fait construire vers 1434-1474 avec permissions de Charles VII puis de Louis XI la puissante forteresse d'Auxances (Commune de Migné) dont il subsiste aujourd'hui un important donjon ; mais il est visiblement dominé par les pentes voisines (60).
Il nous reste à suivre la vallée du Clain depuis sa rencontre avec celle de l'Auxances jusqu'au confluent avec la Vienne. Sur la rive droite, Vayres (Commune de Saint-Georges-les-Baillargeaux) est une sorte de maison forte d'époque assez tardive au bas des pentes au contact des prairies humides du fond de la vallée.
Jaunay en est une autre au bas des pentes de la rive gauche. Rive droite, Dissay est à l'échelle d'un véritable château dû à l'initiative des évêques de Poitiers à partir de Hugues de Combarel (1435) et surtout de Pierre d'Amboise (1481-1505). Plus que Vayres et que Jaunay, il est au fond de la vallée et ceint de douves alimentées en eau par des dérivations du Clain (61). Assez à l'écart .mais lié cependant à la vallée du Clain grâce aux vues dont il jouit vers elle, le Fou (Commune de Vouneuil-sur-Vienne) occupe le versant ouest de croupes forestières dont le versant opposé s'incline vers la Vienne. Comme Dissay, il date de la seconde moitié du xve siècle La maison forte dite la Tour de Traversay (Commune de SaintCyr) nous ramène au bas des pentes de la rive droite. En face, la Tour de Beaumont conserve fière allure et commande des vues très étendues sur la vallée aussi bien vers l'amont que vers l'aval (62). Il s'agit vraisemblablement du castrum Belli Montis cité en 1123. Tous ces parages ont été, d'ailleurs, peuplés de maisons fortes ou de châteaux, Château-Gaillard, la Tour Nègreteau considérée déjà comme vieille en 1434 (63), Rouhet et Baudiment.
Bien qu'assez en retrait dans les coteaux de la rive gauche, dans lesquels il est en partie entaillé, Rouhet jouit de vues étendues vers le Clain, le confluent avec la Vienne et le bassin de Châtellerault.
Les travaux de fortification remontent à 1470 (64). Baudiment est dans une situation très comparable. Il en est de même pour la Tour de Naintré qualifiée en 1446 d'hostel et forteresse (65). A la jonction des deux vallées, le petit castrum du Vivier près de Montgamé (Commune de Vouneuil-sur-Vienne) cité dès 1017 a sans doute été le premier de ces postes de surveillance ou de refuge qui ont presque ceinturé le bassin de Châtellerault. C'est peut-être pour suppléer à sa ruine que le chapitre cathédral de Poitiers obtenait de Charles VII en 1428 la permission de restaurer et de fortifier Montgamé (66).
IX — PLAINES, COTES ET VALLEES DU NORD-OUEST
Le quadrilatère irrigulier jalonné par Port-de-Piles, Poitiers, Chalandray et Saix se distingue des pays que nous venons de parcourir par plusieurs traits. D'une part, les vastes étendues relativement plates et découvertes y tiennent une place exceptionnelle.
D'autre part, il est traversé par des lignes de relief crayeux qui correspondent à ce que les géographes appellent des « côtes » au contact entre des assises de résistance inégale. Ces plaines et ces côtes sont découpées par un réseau hydrographique qui obéit encore à l'attraction du Clain et de la Vienne (la Pallu, l'Envigne, le ruisseau de Vellèches, la Veude) ou à celle du Thouet par la Dive de Moncontour vers laquelle s'en vont le Prepson, la Briande et le Martiel.
Le secteur sud-ouest de cette zone est remarquablement pauvre en accidents de terrain. C'est, par excellence, le pays des maisons fortes et des châteaux de plaine. C'est, par exemple, Avanton, d'époque tardive, Brin (Commune de Jaunay) élevé sur une croupe largement découverte, Etables (Commune de Blaslay), fortifié en 1433 (67), Furigny (Commune de Neuville), ceinturé de douves sèches, en terrain parfaitement plat, le Peux (Commune de Cissé), qualifié de chastel en 1397 et déclaré fondé sur les ruines d'une forteresse plus ancienne (68), la Porcherie (Commune de Cissé), Maillé, fortifié en 1443 (69), Gely (Commune de Champigny-leSec), cité au XIVe siècle avec une tour et une enceinte de murs et de haies (70). C'est encore Vouzailles, forteresse mêlée aux épisodes locaux des guerres anglaises des XIVe et xve siècles (71).
Elle était ceinturée de douves, de murailles et de tours. Plus queles précédentes, la forteresse de Gherves, édifiée sur une croupe à versant ouest assez accusé jouit de vues assez étendues vers la Gâtine. Ambrette (Commune d'Amberre) où un hôtel et forteresse est signalé au xve siècle, est par contre, en terrain rigoureusement plat (72) ainsi que Guhon fortifié en 1437-1439 (73).
C'est un ensemble du même genre qu'on voit dans un très grand état de délabrement à Abain (Commune de Thurageau) sur une croupe de plaine. D'un tout autre ordre de grandeur, voici Mirebeau, château et ville forte ceinturée de remparts sur une croupe de plaine à vues largement étendues comme le nom l'indique, surtout vers l'Ouest et le Sud-Ouest. On sait que Mirebeau figure parmi les forteresses élevées par Foulques Nerra comte d'Anjou et, dans ce cas précis, comme une pointe avancée vers le cœur du comté de Poitou, à sept lieues à peine de sa capitale (74).
Non loin de Mirebeau en direction de Lencloître, Rochefort est une maison forte élevée, elle aussi, sur une croupe de plaine et fortifiée vers 1475 (75). Coussay, d'époque un peu plus tardive, a été implanté, toujours en plaine, en haut de légères pentes qui dégagent des vues vers le sud. Des sources permettent l'alimentation en eau des douves. Plus au Nord, les maison fortes de Dandesigny (Commune de Verrue) et de la Roche-de-Chizay (Commune de Saint-Jean-de-Sauves) sont engagées dans des replis d'une croupe qui, comme celle de Mirebeau, ménage de larges vues vers le Sud-Ouest. Avant d'être occupée par le beau château actuel édifié au XVIIIe siècle, la croupe de Purnon (Commune de Verrue) inclinée vers le Nord-Est a porté une forteresse cernée de fossés. (76).
A travers ces pays de plaines, des ruisseaux ou des rivières tracent des zones humides plus que de véritables vallées. Suivons d'abord la Pallu qui, née vers Blaslay, va rejoindre le Clain vers Longèves. La forteresse du Breuil (Commune de Blaslay) citée en 1445 et remplacée par une construction moderne occupait, à la tête de la vallée, une croupe de plaine offrant des vues assez étendues vers l'Est (77). Délibérément installé pratiquement dans le lit du ruisselet, Chéneché se rattache à un castellum cité dès 1080 (Pl. IV, A). Le souvenir en est triple. C'est, d'abord, une motte assez bien conservée, haute de 8 ou 10 m, et traversée par un souterrain.
C'est ensuite, légèrement au Nord de la motte, un robuste château du XIIIe siècle ceinturé de douves baignant le pied de sept tours de gros diamètre. Il est également fait mention de la tour de Grisse à l'Est du bourg baignée, elle aussi, par les eaux de la Pallu (78).
En aval, l'élégant château des Roches (Commune de Vendeuvre) a été construit au xve siècle dans un site de fond de vallée. La Valette (Commune de Marigny-Brizay) occupe le bas des pentes de la rive gauche.
En fait, la Pallu souligne le front sud d'une ligne de côtes crayeuses. Elles commencent à la vallée du Clain dans les parages de Beaumont et s'abaissent d'Est en Ouest. Leur front sud est tourné vers la Pallu. Au Nord, elles s'inclinent vers le sillon de l'Envigne. Ainsi, entre les deux rivières, elles forment une sorte d'arête frangée de découpures. Il s'est effectué là une implantation remarquable de châteaux et de maisons fortes. D'Ouest en Est, c'est la Baron (Commune de Chéneché), installée sur le versant sud. C'était ensuite l'illustre Bonnivet (Commune de Vendeuvre) dont les précoces magnificences manquent si gravement au patrimoine monumental poitevin. Avec ses tours et ses douves, sa position dominant largement dégagée vers le Sud, il restait encore dans la tradition médiévale des châteaux voisins. La Tour-Signy (Commune de Marigny-Brizay), disparue, s'adossait à un versant tourné vers l'Ouest. Montfaucon (id.) est sur le haut du versant sud. La Mailleterie et les Roches (id.) regardent, au contraire, vers le Nord.
Il en était sans doute ainsi pour le castrum de Colombiers cité dès 936 comme il en est encore pour la Tour-Savary (Commune de Colombiers), citée comme fortifiée en 1443 (80).
Au Nord de cette ligne si remarquable, le sillon tracé d'Ouest en Est par l'Envigne entre les environs de Coussay et Châtellerault où la rivière rejoint la Vienne, répète, en plus large, celui de la Pallu. Presque aux sources de la rivière, la maison forte de la Tour-de-Ry (Commune de Coussay) est baignée de douves dans un creux insensible de la plaine. Celle de Doussay, fortifiée vers 1430, était implantée sur une croupe dominant légèrement la rivière (81). Dans les bas-fonds d'un vallon affluent, celle d'Abain (Commune de Saint-Genest d'Ambierre) a conservé quelques restes du XVe siècle. On atteint bientôt, en aval de Lencloître, la magnifique motte de Gironde à la lisière de la forêt du même nom et des terres basses baignées par l'Envigne (Pl. I, A). Elle était, au XIe siècle, le siège de la seigneurie dont Lencloître a été démembré après la fondation du prieuré fontevriste au début du siècle suivant.
Plus à l'Est, Clairvaux et Scorbé-Clairvaux offrent une précieuse occasion de confrontation de deux sites. Les ruines altières du Haut-Clairvaux qui englobent celles d'une élégante chapelle romane occupent le haut des pentes qui bordent, au Nord, la vallée de l'Envigne sur laquelle elles ménagent des vues très étendues (Pl. III, D). Vers 1182-1183, Richard Cœur-de-Lion y avait fait effectuer des travaux de fortification, la forteresse étant un objet de discorde entre lui et ses fils (82). Vers 1470, une autre discorde ayant opposé les possesseurs de la terre alors aux mains des Maillé de la Tour-Landry et des Chabot, ceux-ci bâtirent un nouveau château au fond de la vallée dans les prairies spongieuses de l'Envigne dont les eaux lentes alimentent les fossés. Il va sans dire que le nouveau château appelé à connaître aux XVIe et XVIIIe siècles de grands développements relève d'un tout autre style que celui qui marque la forteresse plantée en haut des pentes (83).
Au Nord du sillon de l'Envigne, le relief de côtes et de petits vallons reste assez vigoureusement marqué. A Thuré même, les évêques de Poitiers ont eu un château implanté sur le versant sud du coteau qui porte le bourg. Aux alentours, Jean de Marconnay avait obtenu, en 1443, le droit de fortifier son hôtel de la Barbelinière et d'en faire une maison forte située à la tête de source du ruisseau du même nom (84). Celle de la Massardière, retouchée par les élégances de la Renaissance, est en haut des pentes douces d'un vallon boisé d'un affluent de l'Envigne. La Tour de Pouillé ceinturée de douves embroussaillées s'élevait sur une croupe de plaine avec des vues assez étendues vers l'Ouest. Elle est citée en 1444 (85). Le bourg d'Usseau est dominé, du haut d'une croupe crayeuse, par le château de la Motte d'Usseau qualifié, en 1452, d'hôtel et forteresse. Il porte, dans son architecture, la marque de ce temps (86). Les Mées (Commune d'Usseau) porte la même appellation en 1432 (87) et occupe un site comparable.
On atteint, à l'extrême Nord du département, aux lisières de la Touraine, un autre sillon transversal, celui que trace le ruisseau de Vellèches, tributaire de la Vienne. C'est sur les croupes escarpées de ses pentes nord que se dresse fièrement la forteresse de Marmande citée déjà en 1061 et bien des fois remaniée. Du haut de l'échauguette qui dépasse de plusieurs mètres la toiture du donjon, on jouit de vue immenses (Pl. III, C) (88).
En revenant vers l'Ouest, on se trouve dans un secteur modérément accidenté dont les eaux superficielles s'écoulent lentement vers la Veude et le Mable. Jean Barbin, seigneur de Puygarreau (Commune de Sossais), a été autorisé par Charles VII, le 31 octobre 1434, à fortifier la tour carrée qu'il possédait en ce lieu situé sur une légère croupe de plaine (89). C'est un site comparable qu'occupe la Touche (Commune de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers) signalée en 1464 comme forteresse ancienne environnée de douves (90). La Tour de Germigné ou Saint-Bonnet (Commune de Sérigny) occupe une croupe dominant la rive droite du Mable. Elle est citée en 1397 (91). Celle de Chougne (Commune de Saint-Christophe), citée en 1459, est située quelque peu de même par rapport à la rive gauche d'un affluent de la Veude (92). La maison forte de Pouet est installée sur des pentes peu accusées.
A vrai dire, les aspects ne varient guère en remontant au Nord vers la région de Loudun sauf, peut-être, un mélange plus complexe de surfaces découvertes et d'étendues forestières. Les maisons fortes de Puy-de-Saires (Commune de Saires), de Vayolles (Commune de Berthegon) et de la Haute-Porte (Commune de Prinçay) tiennent toutes des hauts de croupes à vues étendues vers les pays de Guesnes, au Sud-Ouest, ou de Richelieu, au Nord-Est. Il en est de même de celle de Baslou (Commune de Dercé) dite forteresse et tour de Baslo en 1434 (93). A tout prendre, la Roche-du-Maine connue sous le nom de Rocha Dominica depuis 1252 devait avoir une allure identique dans un site très comparable avant que Charles Tiercelin ne lui donne, au commencement du XVIe siècle, consistance de château tout en lui conservant les allures militaires convenables à un homme de guerre de son importance (94). La grosse tour du Haut-Maulay (Commune de Maulay) donne surtout des vues vers le Sud, du haut d'une autre croupe de plaine. Il n'est plus possible de dire si, dans l'état qu'elle revêtait au xv. siècle, elle était ou non ceinturée de douves. Il y en a encore, dépourvues d'eau, sans doute du fait de la nature du sol autour de la maison forte de la Chapelle-Bellouin (Commune de Claunay).
Voici maintenant l'exemple typique de forteresse de croupe de plaine fourni par Loudun. Plus encore que Mirebeau, il est à l'échelle d'un puissant point d'appui de la féodalité angevine. Le castrum primitif cité dès l'époque carolingienne remonterait même à une époque antérieure à l'élaboration du système féodal. Une tradition tenace attribue la construction de la haute tour carrée actuelle à Foulques Nerra, comte d'Anjou donc à la fin du Xe siècle ou tout au commencement du XIe. Il faut bien dire qu'elle ne repose sur aucun texte, Loudun ne figurant pas sur la liste des forteresses édifiées par ce turbulent personnage. Pour ce qui nous intéresse ici, cette tour, visible de très loin, commande un très vaste horizon circulaire. Elle fut doublée, sur le flanc sud de la butte, par un gros donjon cylindrique datant du règne de Philippe-Auguste et dont les substructions furent mises à jour en 1946-1947. Il avait certainement des vues moins étendues. Dans les plaines horizontales qui s'étendent à l'Est de la ville, Boisrogue (Commune de Rossay), cité en 1397 à travers l'un de ses seigneurs est en terrain plat (95).
A Messemé, le château de la Motte n'a rien conservé, dans son aspect actuel, très remanié et modernisé, de la butte artificielle à laquelle, sans doute, il doit son nom. Artigny (Commune de Ceaux), très restauré, est également un château de plaine entouré de douves sèches. Avec beaucoup plus d'authenticité, Bois-Gourmond (Commune de Véniers) dresse son gros donjon flanqué de tours d'angle en terrain plat (Pl. II, C). Il est cité en 1410 (96) : mais certaines des constructions qui l'environnent semblent remonter au siècle précédent. Le tout semble avoir été entouré de douves sèches.
Villiers-Boivin (Commune de Vézières) est dans un site aussi plat encore que plus boisé (Pl. II, D). Il en est de même, étendues boisées en moins, pour la Grande-Jaille (Commune de Sammarçolles) à peu près démuni, aujourd'hui, d'appareil militaire.
A l'extrême Nord du terroir étudié, une autre ligne de côtes annonce les confins angevins. En haut des pentes, la Roche-Marteau (Commune de Roiffé) jouit de larges vues, au Sud, vers le Loudunais.
Le site de Pas-de-Loup et d'Eterne (Commune de Saix) est sensiblement comparable.
La pauvreté en eaux de surface des plaines loudunaises est atténuée sur leur bordure occidentale par la présence de ruisselets qui créent, d'une part, des zones humides à tendances marécageuses et, d'autre part, des groupes plus ou moins accusés. Il s'agit du Prepson, de la Briande et du Martiel qui prend naissance au Sud de la butte de Loudun, la contourne par l'Ouest et contribue dans une certaine mesure à son façonnement. Il prend ensuite le nom de Petite-Maine. Ces ruisseaux sont tributaires de la Dive de Moncontour qui est accompagnée, sur sa rive droite, par une ligne de côtes qui retiendra notre attention. Il y a dans cette zone assez nettement caractérisée une grande diversité de sites, les unes dans les parties basses et les autres sur les pentes parfois assez accusées.
Dans les parages du Prepson, Marçais (Commune de Chouppes) était un château de plaine, ceinturé de douves, aujourd'hui complètement ruiné. La Tour de Billy (id.), qualifiée en 1508 de chastel et maison forte (97), était installée dans le lit même du Prepson de même que le Pas.
Dans les parages de la Briande, le grand château de Monts-sur-Guesnes, en majeure partie réédifié au xve siècle, occupe un site caractéristique au sommet d'un mamelon d'où l'on découvre de très vastes étendues. La maison forte de Martaizé, au cœur du bourg, est baignée par des douves alimentées par un ruisselet tributaire de la Briande tandis que celle du Doëmont domine le même petit cours d'eau du haut d'une croupe de plaine. Le donjon de Saint-Cassien ceinturé de douves a été édifié sur des pentes inclinées vers l'Ouest et dégageant de larges vues vers la vallée de la Briande.
La vallée de la Dive se dessine à partir de Maisonneuve. Sur les pentes qui la dominent à droite, le chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers obtint, en 1437, le droit d'élever la forteresse de Cuhon et de l'entourer de fossés (98). Celle de Marconnav (Commune du Verger-sur-Dive) était déjà qualifiée d'ancienne en 1508 (99). Ceinturée de douves sèches, elle occupe le haut des pentes de la rive gauche. Il en est de même pour celle des Mées (Commune de Mazeuil) qui fait l'objet de mentions identiques. Il ne subsiste plus rien du château de Saint-Chartres qui, d'après une description ancienne, voisinait avec l'église sur les pentes de la rive droite (100).
Dressé sur une butte isolée, culminant sur de vastes horizons de plaines, le donjon de Moncontour appartient à la série des points fortifiés alignés sur la rive droite de la Dive (Pl. III, A). Le castellum apparaît dans les textes en 1118 (101). Ranton, entouré de douves sèches, occupe une position typique en haut des pentes de la rive droite. Vient ensuite Curçay marqué par un donjon élevé vers 1350 moins important que celui de Moncontour mais dans un site comparable (102). Un peu plus en retrait mais toujours sur la même ligne de hauteurs, Ternay a été construit dans sa forme actuelle de 1439 à 1444 par Bertrand de Beauvau et Françoise de Brézé très largement en vue de la Dive (103). La série se poursuit par la maison forte de Savoie (Commune de Berrie) et surtout par l'important château de Berrie qui date, comme celui de Ternay, du xve siècle. Un peu en arrière, les maisons fortes de la Roche et de Salvert (Commune de Saint-Léger-de-Montbrillais) étaient incrustées dans les coteaux crayeux en pente vers la Dive et la Petite Maine. A en juger par ce qui subsiste des communs fortifiés, Verrières (Commune de Bournand) relève plutôt de la catégorie des châteaux de plaine tirant leur valeur défensive d'une zone humide.
Il en est de même pour la maison forte de Chant-d'Oiseau (Commune des Trois-Moutiers) en bordure du Martiel. Dans son état premier et, au surplus, à l'échelle de château médiéval avant sa modernisation excessive, la Motte-Chandeniers cerné par les eaux de la Petite Maine, appartenait à la même catégorie de sites fortifiés.
Au sud de cette zone basse, la Roche-Vernaise (Commune des Trois Moutiers) est installée sur des pentes inclinées vers les plaines loudunaises.
X — DU CLAIN ET DE LA BOULEURE A LA CHARENTE VALLEE DE LA CHARENTE
Il nous reste à parcourir l'extrême sud-ouest du département et, tout d'abord, les plaines calcaires sans grand relief qui séparent la haute vallée du Clain et celle de la Bouleure de la portion poitevine de celle de la Charente. La maison forte de la Maillolière occupe une légère éminence de plaine où elle était ceinturée de fossés. Celle du Magnou (Commune de Linazay) est en terrain parfaitement plat et découvert.
Aux abords de la Charente, Fond-le-Bon (Commune de Chatain) est nichée dans un vallon affluent près d'un étang qui alimentait les douves. Laleu (id.) est dans une situation comparable (Pl. IV, C). Par contre, Tralbot est installé en haut des pentes de la rive gauche du Transon. Plus en aval, Beauregard et Montlorier (Commune d'Asnois) dominent les courbes de la Charente, rive gauche.
Il ne s'agit ici que de maisons fortes de la fin du Moyen-âge. Tout autre devait être le château des comtes de la Marche à Charroux.
Il s'élevait dans la partie haute des pentes nord du vallon du Merdanson dominant le bourg et la célèbre abbaye. Il a totalement disparu, son souvenir subsistant seulement à travers le nom du Pré du Château. Dans la vallée de la Charente, le castrum Rocameltis du XIe siècle a été remplacé au XVIIe siècle par le gros château de Rochemaux en haut d'un éperon abrupt de la rive droite (104). Aux mains des comtes de la Marche, il commandait une courbe de la rivière, un pont sur celle-ci et, en même temps, la route reliant Charroux à Civray.
Dans cette dernière ville, les coteaux assez médiocres de la rive gauche portent les restes du castrum Sivriacum cité dès 1010-1020, également aux comtes de la Marche. Il n'est pas impossible que la Charente ait contribué à sa protection. Il en commandait aussi un passage concrétisé par le vieux pont des Barres. Une autre courbe de la rivière est surplombée à pic par Leray (Commune de Saint-Pierre d'Exideuil) dont les agrandissements du xvr siècle ont sauvegardé le caractère du site. Sur la rive gauche, la Feuilleterie très modernisée, occupe une position comparable.
Dans la boucle décrite par la Charente, la maison forte du Cibioux (Commune de Surin) n'a pas été totalement effacée par les charmants embellissements du début du XVIIe siècle. Elle est campée sur les pentes du ruisseau du même nom, qui s'écoule vers la Charente. Près de la jonction des deux rivières, Bois-Seguin occupait le haut des pentes. La Roche-d'Orillac (Commune de Saint-Gaudens) appartient, par contre, au groupe des résidences fortifiées de plaine.
XI — CONCLUSIONS
Si long et si fastidieux qu'il ait été pour le lecteur — l'auteur, quant à lui, ayant pris un vif plaisir à l'établir par ses enquêtes sur place — ce dénombrement est certainement incomplet. A peu d'exceptions près, il ne tient guère compte que de ce qui subsiste sur le terrain et qui peut être vu et interprêté. Il a existé certainement beaucoup d'autres lieux fortifiés qui ont disparu en ne
laissant d'autres traces que celles que fixe la toponymie. Le précieux dictionnaire de Rédet dont on ne dira jamais assez l'ampleur des services rendus peut en donner une idée. Il offre plus de 80 toponymes dans la composition desquels entrent les mots Château, Châtelet, Châtillon ou la Châtre. Quelle que soit la prudence avec laquelle il faut manier ce vocabulaire, celui-ci donne à réfléchir (105). Rédet a noté 43 toponymes formés à partir de la Motte et une trentaine à partir de la Tour. Sept pages de l'ouvrage sont garnies sur deux colonnes de lieux dits Roche ou la Roche. Sans doute, ne faut-il pas, malgré l'exemple de la Roche-Posay, céder à la tentation de les considérer tous comme des lieux fortifiés.
Nous sommes dans un pays de carrières ou d'habitats partiellement souterrains dont le nom n'implique pas nécessairement une organisation défensive. Le fait mérite cependant réflexion.
Il est grand temps maintenant d'aborder un essai de conclusion.
Le pire danger serait de la fonder exclusivement sur un déterminisme étroit qui ne tiendrait compte que des facteurs topographiques. La valeur des sites fortifiés ne découle pas seulement de ce que la nature a créé. Elle procède du choix que l'homme en a fait et des aménagements qu'il leur a apportés. Or, ce choix a dû être dominé par des facteurs psychologiques qui relèvent du comportement des hommes, donc de l'histoire. A ce sujet, quelques remarques s'imposent. On imagine parfois que l'implantation des châteaux et des lieux fortifiés procède d'un plan systématiquement arrêté impliquant, en particulier, le respect des distances entre ces forteresses et leur échelonnement en fonction de lignes stratégiques dans le cadre des grandes unités féodales et des voisinages inquiétants.
Sans dénier toute valeur à cette conception, on doit la nuancer.
Pour l'admettre, il faudrait pouvoir démontrer l'existence d'une réelle autorité exercée par les comtes de Poitou et capable de faire surgir aux bons endroits et non ailleurs les forteresses nécessaires exclusivement occupées par des hommes à eux. Les spécialistes de l'histoire poitevine ne nous en donnent pas la preuve. Certains faits semblent aller à l'encontre d'une telle notion. Le comportement des évêques de Poitiers plantant de puissants donjons sur les éperons de Chauvigny et d'Angle ne paraît pas témoigner en faveur d'un grande soumission à l'autorité comtale.
Celui des comtes d'Anjou posant sur l'échiquier féodal des pions aussi impressionnant que les donjons de Loudun et de Mirebeau, ce dernier à moins de sept lieues de Poitiers, donne également à réfléchir. Même remarque en ce qui concerne les trois châteaux échelonnés par les comtes de la Marche au voisinage ou le long de la Charente, Charroux, Rochemaux et Civray. Les notions de frontières s'atténuent si l'on considère que le donjon de la Roche-Posay, sur la rive poitevine de la Creuse, était tenu par des mains tourangelles, celles des barons de Preuilly-sur-Claise. Il en était de même pour le castrum ou motte de Grouin également sur la rive poitevine de la Creuse à proximité immédiate de Port-de-Piles où on passait la rivière pour aller et venir de Poitiers à Tours.
Quant à l'idée selon laquelle l'espacement entre les forteresses n'aurait pas été laissé au hasard des initiatives individuelles, elle s'évanouit au spectacle des cinq forteresses entassées parfois à moins de cinquante mètres les unes des autres sur l'éperon de Chauvigny. Certes, le plan adopté dans cette étude fait une large part aux vallées. La tentation serait grande de leur accorder une valeur déterminante dans le choix des sites. Convenons, certes, que celles de la Vienne, du Clain ou de la Creuse ont pu s'offrir à l'homme comme des couloirs de circulation aisément utilisables ; mais convenons aussi que nous nous sommes appuyés, pour la clarté de l'exposé, sur des cours d'eau extrêmement modestes dont l'intervention n'a pu jouer que pour des avantages d'ordre strictement local. Ne nous hâtons pas non plus, comme on l'a fait parfois, d'établir un lien entre la distribution des châteaux et le cheminement des pèlerins. Sans sous-estimer l'importance de ce facteur, force nous est de constater qu'il n'est intervenu qu'après la mise en place d'un nombre appréciable de grandes forteresses.
Une dernière remarque sera inspirée par l'ampleur de la période sur laquelle a porté notre enquête. Elle nous a permis d'enregistrer, d'une part, les plus anciennes forteresses du Haut-Poitou, celles qui surgissent dans les textes au xe siècle ou au début du XIe. A première vue, elles semblent avoir occupé quelques-unes des meilleures positions stratégiques dans l'une ou l'autre des catégories de sites que nous avons définies.
Ces remarques valent pour Poitiers, Chauvigny, Mirebeau, Loudun, Châtellerault, Gençay, la Roche-Posay, Grouin, etc. Encore faut-il ajouter que, pour aucune d'entre elles, nous n'avons un acte de naissance précis. Elles apparaissent déjà toutes faites sans que nous sachions très exactement dans quelles conditions elles ont été fondées ni comment, ni par qui ni pourquoi elles ont été implantées en tel point plutôt qu'en tel autre ; mais il est évident qu'elles ont été conçues pour affirmer le pouvoir seigneurial, parfois des pouvoirs seigneuriaux discordants ou adverses et pour leur servir de points d'appui au double point de vue politique et social. Mais d'autre part, notre enquête englobe aussi un nombre considérable de forteresses d'époque relativement tardive, XIVe et surtout xve siècles.
Pour nombre d'entre elles, nous avons les actes de naissance que sont les autorisations de fortifier généreusement distribuées par Charles VII et, dans une moindre mesure, par Louis XI. Dans certains cas, elles s'appliquent à des maisons nobles dont il est dit parfois qu'elles comportaient par avance, une certain appareil défensif. Dans d'autres, il semble qu'il s'agisse d'une pratique nouvelle. Elle ne risquait guère d'affaiblir l'autorité monarchique beaucoup mieux assise à cette époque qu'au début de l'ère féodale. Elle assurait aux bénéficiaires une protection sans doute efficace contre le brigandage. Il n'est pas interdit d'y voir aussi une manière de satisfaction de l'amour-propre de toute une catégorie sociale faite de propriétaires plus ou moins récemment anoblis et désireux d'agrémenter leurs résidences de tout un appareil d'allure militaire dont l'efficacité serait parfois à démontrer (106). Dans certains cas comme Vayres, Villenon ou la Clielle, l'enceinte n'est plus qu'un mur de clôture assez mince long de plusieurs dizaines de mètres. Les tours qui s'élèvent aux angles, même pourvues de meurtrières ou de canonnières, sont séparées par de telles distances qu'on se demande à l'aide de quelle garnison — constituée avec quels moyens ? — elles auraient pu être pourvues de défenseurs (107).
En bref, il y a là les germes d'une nouvelle floraison de lieux fortifiés liés à des facteurs d'ordre social au moins autant qu'à des facteurs topographiques. Une constatation identique aurait pu être formulée avec plus de vigueur si nous avions cru devoir englober dans notre enquête les abbayes, les prieurés et les églises fortifiées a posteriori. Nous ne l'avons pas fait parce que, dans ces cas précis, il n'y a pas eu choix du site à doter d'éléments guerriers mais addition de ces éléments à des constructions ayant une tout autre origine.
Ces précautions étant prises. le bilan de notre enquête s'établit à peu près ainsi. Sur environ 300 sites répertoriés, la moitié environ comporte l'utilisation de pentes naturelles fournies soit par des versants de vallée de diverse importance, soit par des accidents topographiques tels que les « côtes » particulièrement accusées dans les parages de l'Envigne ou de la Dive de Moncontour. En fait, cette notion de châteaux de pentes doit être extrêmement nuancée. On peut se trouver en présence d'à-pic abrupts comme le site de la Roche-à-Guet où l'approche du château est pratiquement impossible du côté de la rivière ou de pentes douces qui ont surtout l'avantage de ménager de larges vues comme celles dont jouissent Monts-sur-Guesnes ou la Mothe-d'Usseau.
Les sites d'éperons tels que Chauvigny, Angle-sur-l'Anglin ou Lusignan sont beaucoup plus expressifs d'un choix dominé par des préoccupations stratégiques. Dans ce pays où, malgré tout, le relief ne présente que rarement des traits vigoureux, ils ne fournissent qu'une vingtaine d'exemples. Une soixantaine de sites sont caractérisés par l'absence totale de relief. Elle a déterminé l'aménagement de châteaux en plaine tels que ceux de Talmont, de Jardres ou de la Ferrandière. Le creusement de douves devait être rigoureusement indispensable, même si la nature perméable du sol se prêtait assez mal à leur approvisionnement permanent en eau. Inversement, il est tout de même très remarquable qu'une quarantaine de sites soient caractérisés par l'implantation des châteaux dans le lit de rivières, les plus notables étant l'Isle-Jourdain, Poitiers, Cersigny ou la Vergne.
Ces châteaux sont privés de vues lointaines. Ils sont dominés plus que dominants ; mais ils jouissent d'une protection naturelle dont la valeur n'est pas négligeable. Quant aux forteresses dotées de mottes, leur répartition, à n'en juger que par les témoins bien définis ne semble obéir à aucune règle. Ajoutons que, mise à part celle de Poitiers fouillée par M. Eygun, elles n'ont jamais été méthodiquement explorées. Celles de Montcerand et de Chez-Georges sont de petites dimensions. Il y aurait intérêt à étudier de près celles de Gironde et de Chéneché, sièges de seigneuries anciennes. Les exemples de la Gruzalière et de Poitiers montrent que des mottes ont pu être superposées à des lieux naturellement éminents sans qu'on puisse sérieusement soutenir que leur présence accroissait sensiblement la valeur du site initial.
Nous avions déjà des notions aussi exactes que possible relativement à l'aspect historique et institutionnel de la multiplication des lieux fortifiés. Il n'était peut-être pas inutile de transposer ces notions sur le terrain et de les mettre mieux en évidence dans le patrimoine si riche que le Poitou tient de son passé.
René CROZET
==> Patrimoine, à visiter en Vendée- Carte des Châteaux
==> Etude des voies de communication en Bas Poitou
Que reste-t-il du Poitou, si ce n'est un beurre d'appellation, des guides touristiques consacrés au marais poitevin et quelques chapitres dans les livres d'histoire ? Pas grand-chose, estime l'historien Jean-Marie Augustin : « Il n'y a plus de liens aujourd'hui entre les Vendéens et les gens de la Vienne. Plus de liens vivants, en tout cas ; ils appartiennent au passé.»
A croire que l'on peut effacer dix-huit ou dix-neuf siècles d'aventure commune en une Révolution. Dès l'époque des Gaulois, les Pictons occupaient en effet le territoire qui s'étend de la vallée de la Gartempe à la côte Atlantique en couvrant en grande partie les actuels départements de la Vienne, des Deux-Sèvres et de la Vendée. Ce même territoire qui a longtemps formé le comté puis la province du Poitou.
« La sénéchaussée était à Poitiers pour l'ensemble du Poitou, rappelle Jean-Marie Augustin. Plus tard, à partir de Louis XIII, le gouverneur qui était retenu à la cour était assisté de deux lieutenants généraux à Poitiers pour le Haut-Poitou et à Fontenay-le-Comte pour le Bas-Poitou. La limite entre les deux était formée par les cours du Thouet et de l'Autize.»Puis la Révolution a fait table rase des institutions de l'Ancien régime et marqué la fin du Poitou
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(1) J. ROBERT, Géographie de la Vienne, dans le Département de la Vienne, Richesses de France, Bordeaux, 1951, p. 14-29, ill. ; Jean PITIÉ, La Vienne, Poitiers, 1961, 32 p.
(2) A. BARDONNET, Comptes et enquêtes d'Alphonse, comte de Poitou, 1253-1269, Archives historiques du Poitou, t. VIII, p. 44-58 ; A. RICHARD, Histoire des comtes de Poitou, t. II, Paris, 1903, p. 230-231.
(3) Abbé LALANNE, Histoire de Châtelleraud et du Châtelleraudais, Châtellerault, 1859, t. I, p. 491.
(4) L. RÉDET, Dictionnaire topographique du département de la Vienne, Paris, 1881, p. 358.
(5) Cartulaire de l'abbaye de Noyers pub. par l'abbé C. CHEVALIER, Mém. de la Soc.
archéol. de Touraine, t. XXII, 1872, chartes n° 479 et 562 ; CARRÉ DE BUSSEROLLE, Dictionnaire géographique d'Indre-et-Loire, t. III, 1880, p. 260.
(6) L. RÉDET, op. cit., p. 250.
(7) Renseignements obligeamment fournis par M. CHARRÉ, maire de la Trimouille.
(8) Pour Régnier et la Rivière (Commune de la Trimouille) , voir L. RÉDET, op.
cit., p. 347 et 365 ; G. JAROUSSEAU, Le guet, l'arrière-guet et la garde en Poitou pendant la guerre de Cent Ans, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 4e série, t. VIII, 1965-1967, p. 159-202.
(9) H. GAILLARD, Angle-sur-l'Anglin, la ville, le château, 3e édit., Poitiers, 1964 ; C. LORENZ, Le site fortifié de la chapelle Saint-Pierre d'Angle-sur-l'Anglin, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 4e série, t. VIII, 1965-1967, p. 301-310 ; M. GARAUD, Les Châtelains de Poitou et l'avènement du régime féodal, XIe et XIIe siècles Mém. de la Soc des Antiquaires de l'Ouest, t. VIII, 1964.
(10) L. RÉDET, op. cit., p. 128.
(11) Ibid., p. 440.
(12) Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la Chancellerie de France, XI, 1465-1474, pub. par P. GUÉRIN, Archives historiques du Poitou, t. XXXVIII, p. 281.
(13) J. SALVINI, Les ensembles décoratifs dans le diocèse de Poitiers entre la guerre de Cent Ans et les guerres de religion, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 3e série, t. XII, 1939-1941, p. 95-125.
(14) F. EYGUN, L'art des pays d'Ouest, Paris, 1965, p. 204.
(15) L. REDET, op. cit., p. 215.
(16) Recueil des documents XII, 1475-1483, Archives Historiques du Poitou, t. XLI, p. 488.
(17) L. RÉDET, op cit., p. 177.
(18) Ibid., p. 415.
(19) Ibid., p. 51.
(20) Cartulaire de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers, pub. par L. RÉDET, Archives historiques du Poitou, t. III, p. 243 à 245 : M. GARAUD. OD. cit.. D. 64.
(21) Baron d'HuART, Persac et la châtellenie de Calais, Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, t. X, 1867.
(22) Ibid., p. 259.
(23) Ibid., p. 226-228.
(24) Dom FONTENEAU, t. XXIV, p. 517 ; Baron d'HuART, loc. cit., p. 152 ; Recueil de documents ., Archives historiques du Poitou, t. XXXVIII, p. 309.
(25) L. RÉDET, op. cit., p. 439.
(26) Baron d'HuART, loc. cit.
(27) L. RÉDET, op. cit., p. 415.
(28) Ibid. p. 280.
(29) R. CROZET, Chauvigny et ses monuments, dans Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 4e série, t. III, 1958.
(30) L. RÉDET, op. cit., p. 405.
(31) Cartulaire de l'abbaye de Saint- Cyprien de Poitiers ., p. II ; renseignements amicalement donnés par M. Pierre Massé.
(32) Recueil de documents concernant la commune et la ville de Poitiers, pub. par E. AUDOUIN et P. BOISSONNADE, Archives historiques du Poitou, t. XLIV, p. 90.
(33) Cartulaire de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers ., p. 45.
(34) Abbé LALANNE, op. cit., p. 115-118 ; Cartulaire du prieuré de Saint-Nicolas de Poitiers, pub. par L. RÉDET, Archives historiques du Poitou, t. I, p. 31. Je dois les renseignements sur la motte de la rive droite et sur le Château Fort du Faubourg de Châteauneuf à M. BENOIST, professeur au lycée de Châtellerault que je tiens à remercier ici.
(35) Lettres de Philippe le Bel ., Archives historiques du Poitou, t. XX, p. 267.
(36) L. RÉDET, op. cit., p. 251.
(37» Registres du Conseil de ville de Châtellerault, dans Bull. de la Soc des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, t. V, 1889-1891, p. 137.
(38) Lr. JAROUSSEAU, toc. Cit., p. 171.
(39) Recueil de documents ., IX, 1447-1456, Archives historiques du Poitou, t. XXXII, p. 16.
(40) Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, t. II, 1883.1885. p. 383.
(41) P. HÉLIOT, La seigneurie - et le manoir de Monchandy, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 3e série, t. XII, 1939-1941, p. 230.
(42) L. RÉDET, op. cit., p. 400.
(43) Ibid., p. 137.
(44) Ibid, p. 399 à 444.
(45) Colonel L'HOTTE, La seigneurie, terre et château de Curzay, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 4' série, t. VI, 1961-1962, p. 447-465 ; Recueil des documents ., X, 1456-1464, Archives historiques du Poitou, t. XXXV, p. 356.
(46) M. GARAUD, op. cit., p. 17 et 19.
(47) L. REDET, op. cit., p. 79.
(48) Ibid., p. 358.
(49) P. RAVEAU et J. SALVINI, Le château de la Planche de Vivonne, Poitiers, 1935.
(50) M. GARAUD, op. cit., p. 19.21.
(51) Ibid., p. 17, 19, 61 et 62.
(52) Textes et documents relatifs à l'histoire des arts en Poitou (Moyen âge Début de la Renaissance), recueillis et publiés par René CROZET, Archives historiques du Poitou, t. LUI, p. 125.
(53) F. EYGUN, op. cit., p. 214.
(54) F. EYGUN, Rapport sur les fouilles effectuées du 2 juin au 26 août 1943 dans la grande salle du Palais de Justice de Poitiers, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 3e série, t. XIII, 1942-1945, p. 321-331, ill.
(55) Chronica de gestis andegavorum pub. par L. HALPHEN et R. POUPARDIN dans Chroniques des comtes d'Anjou et des seigneurs d'Amboise, Paris, 1913, p. 66.
(56) R. CROZET, Le château de Montreuil-Bonnin, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 4e série, t. II, 1952-1954, p. 507-514.
(57) R. CROZET, La tour de Béruges (Vienne), étude archéologique, ibid., 3e série, t. XII, 1939-1941, p. 276-282.
(58) Textes et documents ., p. 114 ; A. DERNIER, L'ancienne tour du Poile à Vouillé, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 4" série, t. IX, 1966-1967, p. 160, 1 pl.
(59) Textes et documents ., p. 117.
(60) Ibid., p. 116 et 162.
(61) Ibid., passim.
(62) R. CROZET, L'église et la tour de Beaumont, dans Bull. de la Soc des Antiquaires de l'Ouest, 4e série, t. VII, 1963-1964, p. 409-416.
(63) Textes et documents p. 116.
(64) Ibid., p. 126.
(65) L. RÉDET, op. cit., p. 415.
(66) M. GARAUD, op.cit., - p. 20 ; Textes et documents ., p. 110.
(67) Textes et documents D. 115-116 : G. JAROUSSEAU. loc. cit.. n. 170.
(68) Textes et documents .:.,A p. 88. 1 -- 7 1 - --
(69) Ibid., p. 126.
(70) Ed. de FOUCHIER, La baronnie de Mirebeau du XIe au XVIIe siècle, étude féodale, Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, t. I, 1877.
(71) R. CROZET, Un village poitevin pendant les guerres anglaises du XIVe siècle, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 3e série, t. XII, 1939-1941, p.677-682.
(72) Ed. de FOUCHIER, op. cit.. D. 126.
(73) Textes et documents ., p. 119 et 121.
(74) Ibid., p. 13.
(75) Ed. de FOUCHIER, op. cit., p. 232.
(76) Textes et documents p. 134.
(77) L. RÉDET, op. cit., p. 64. -
(78) M. GARAUD, op. cit., p. 20 ; il y est dit à tort que le castellum de Chéneché n'a pas laissé d'autre souvenir qu'une simple mention dans les chartes ; Claude VIGNON, Grandeur et décadence de Chéneché, Mémoire dactylographié, 1957.
(79) Ibid., p. 16 ; Cartulaire de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers ., p. 76.
(80) L. RÉDET, op. cit., p. 416 ; G. JAROUSSEAU, foc. cit., p. 171.
(81) Textes et documents ., p.
(82) Robert de TORIGNI, Chronique, édit. Léopold Delisle, t. II, p. 115 ; il s'agit encore ici d'un point de contact et de friction entre les comtés d'Anjou et de Poitou.
(83) R. DUVAU, Le château de Scorbé-Clairvaux, dans Congrès archéol. de France, CIxe session tenue à Poitiers en 1951, Paris et Orléans, 1952, p. 294-300.
(84) Recueil des documents ., VIII, 1431-1447, Archives historiques du Poitou, t. XXIX, p. 157.
(85) L. RÉDET, op. cit., p. 331.
(86) Ibid., p. 282.
(87) Ibid., p. 259.
(88) Marquis CTARGENSON, Notice sur le château et les seigneurs de Marmande (Vienne), dans Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, lre série, t. XX, 1853, p. 129-145 ; A. BARBIER, Lettres patentes de Charles VII autorisant l'abbesse de Sainte-Croix à fortifier son « moustier » de Saint-Romain-sur- Vienne, dans Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, t. VI, 1892-1894, p. 387-401.
(89) Textes et documents ., p. 116.
(90) L. RÉDET, op. cit., p. 412.
(91) Ibid., p. 372. -
(92) Ibid., p. 122.
(93) Ibid., p. 21.
(94) R. CROZET, Le château de la Roche-du-Maine, dans Congrès archéol. Poitiers, 1951, .p. 270-279.
(95) L. RÉDET, op. cit., p. 46.
(96) Ibid., p. 416. '-
(97) Ibid., p. 39.
(98) Documents pour l'histoire de l'église de Saint-Hilaire de Poitiers, dans Mém.
de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, lre série, t. XIX, p. 94 ; Textes et documents 1 p. 121.
(99) L. RÉDET, op. cit., p. 250.
(100) ARNAULT-POIRIER, Monuments de l'arrondissement de Loudun, dans Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, lre série, t. XIII, 1846, p. 267.
(101) Chartes de l'abbaye de Nouaillé antérieures à l'an 1200, pub. par le P. de MONSABERT, Archives historiques du Poitou. t. LXVI. p. 316.
(102) J. CHARBONNEAU-LASSAY, Les châteaux de Loudun, Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 3e série, t. VIII, 1915, p. 265.
(103) Paysages et monuments du Poitou, t. IV.
(104) L. RÉDET, op. cit., p. 360.
(105) P. HÉLIOT, Les châteaux-forts en France du xe au XIIE siècle, dans Journal des Savants, 1965, p. 483-514.
(106) Ed. PERROY, Les châteaux du Roannais du XIE au XIIIE siècle, dans Cahiers de Civilisation Médiévale, IX, janvier-mars 1966, p. 13-27.
(107) A tout prendre, la différence n'est pas tellement grande avec les pastiches d'allure féodale multipliés, dans leurs domaines, par tant d'enrichis du XIXE siècle sur des terres d'acquisition récente.