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PHystorique- Les Portes du Temps
14 mai 2019

Les Origines de l'Absie et de son Abbaye. (L'ABSIE détruite par les Normands)

Chassés de leur île par les Normands en 836, les bénédictins de Noirmoutiers s'étaient enfuis à Déas (Saint-Philbert-de-Grand-Lieu)

Chassés de leur île par les Normands en 836, les bénédictins de Noirmoutiers s'étaient enfuis à Déas (Saint-Philbert-de-Grand-Lieu), où Louis le Pieux leur avait assuré un refuge. Ces pirates savaient qu'à piller les monastères il y avait généralement grand profit et petit danger. Ils saccagèrent donc Saint-Philbert (1), et les moines émigrèrent à Cunaud, à quinze kilomètres environ en aval de Saumur.

Quelques années plus tard, solidement installés à Noirmoutiers, les Normands remontèrent chaque année la Loire, pillant ou rançonnant les villes prospères, les riches abbayes dont ses rives étaient garnies.

En 853 ils mirent à sac l'abbaye de Saint-Florent-de-Montglonne (2). On ne sait si Cunaud reçut leur visite. En tout cas on devait y craindre de les voir apparaître d'un jour à l'autre. Inquiets à juste titre, l'abbé Hilbod et ses moines demandèrent à Charles le Chauve de leur concéder quelque domaine où, à l'abri des incursions, ils pourraient prier en paix.

Par une charte donnée à Orléans le 19 janvier 854, le roi leur octroya plusieurs villas situées au comté de Poitou, dans les régions de Thouars et d'Herbauge, notamment Messais (3) où ils séjournèrent quelque temps, et l'Absie, avec ses deux églises (4), onze manses et trois quarts, telles que de son vivant les avait possédées Otbertus (5).

« vitam beati Philiberti atque miracula in ejus translatione declara.. claritudini vestre mitte curavi, quatinus talia recolentes, de ejus iterum transpositione consideretis, quia, sicuti, optime nostis, propter Normannorum infestationem ad (li.s) nullo ei prebetur officium. Presertim cum nec ibi consistere, nec alicubi locum quo transferri possit obtinere valeamus »

Cette charte paraît être le plus ancien texte où il soit question de l'Absie. Besly n'a pas hésité sur l'identification de l'Absie avec Apciacum et, de même que pour Mesciacum (Messais), il a transcrit en marge de la charte le nom actuel, alors qu'il n'a pas cru devoir traduire les autres noms de lieux qu'elle contient. Le R. P. de la Croix et M. René Poupardin n'hésitent, ni l'un, ni l'autre, à interprêter Apciacum et Alciacum par l'Absie (6).

Mais le texte d'Ermentaire soulève une autre difficulté à propos de l'identification de l'Absie. Au lieu de l’Apciacum de Besly et de Juénin il parle d'Alciacum, que M. Etienne Clouzot veut assimiler à Azay-le-Brulé ou à Azay-sur-Thouet (7). « L'Absie, dit-il, est un nom de formation savante dû probablement aux bénédictins qui avaient là leur abbaye. Les formes anciennes sont l'Assye et l'Assée qui dérivent très normalement du prototype  « latin absida, au sens de sanctuaire. Alciacum n'a pu donner en Poitou qu'Aizai ou Azai. »

On observera tout d'abord que, dans le cartulaire de Saint-Maixent, Azay-le-Brulé est dénommé en 948 « Abziacum in vicaria Afriacense in pago Pictavo » (8). De même que Abziacum a pu donner Azay, Atciacum a pu donner l'Absie.

Abse se disait d'une terre inculte ou privée de colons. De ce mot abse vient le nom de l'Absie.

Vestue signifiait une terre en bon état avec ses récoltes ou sa culture. (Polyptique de l'abbé Irminon, par M. Guérard.).

 

Aux variantes données pour l'Absie par M. Clouzot on peut ajouter Absida (Chr. de Maillezais), Assia, la Sye, Lasie, la Sec (9).

Ce qui est certain c'est que Absia n'est pas un nom de formation savante dû aux bénédictins. Tel ils l'ont entendu prononcer, tel ils l'ont transcrit.

C'était celui d'un domaine qui avait été le chef-lieu d'une paroisse et dont le sanctuaire, dès la fin du xie siècle, était tombé en ruines. Les cartulaires publiés par Ledain ne laissent aucun doute à ce sujet.

L'ermite Pierre de Bunt, dit le Cartulaire des Donations (10), « in loco qui dicitur Absia materias dirutas « veteris ecclesiae reperit. » Dès le temps du second abbé, Guillaume, un Giraud de l'Absie, fils de Guillaume de Vernoux, fait donation à l'abbaye d'une terre déjà occupée par les moines, relevant de Giraud de Gourgé et de sa femme Aelina (11).

Ce même Giraud de l'Absie intervient fréquemment comme témoin dans les donations sous les abbatiats de Guillaume et de Rainier (1135-1187) (12). Enfin il y avait un pont de l'Absie aux environs des Freigniers et de la Bourdandelière (13).

Time Travel Abbaye Absie Vikings, Pierre de Bunt, Giraud de Salle, roi Louis VII, Aliénor d'Aquitaine, Marais Poitevin

(Time Travel Abbaye Absie Vikings, Pierre de Bunt, Giraud de Salle, roi Louis VII, Aliénor d'Aquitaine, Marais Poitevin)

 

On objectera peut-être encore que ni dans les cartulaires, ni dans les chartes, on ne rencontre les formes Atciacum ou Apciacum. Ces documents ont été rédigés à une époque où la chute de la désinence acum tendait à se généraliser.

Si Parthenay apparaît une seule fois sous sa forme actuelle et, partout ailleurs, avec l'ancienne désinence (Partintacum, Parteniacum, Pertiniacum), Massigny (commune de Saint-Pompaire) ne revêt l'ancienne forme Massigniacum ou Masciniacum que trois fois et peut-être cinquante fois celle qui conduit à l'orthographe actuelle (Macinec, Moscinec, Macignec, Massignec, Mascigné, Massigné, Macinné, Mascinné, Mascinié).  

Le nom vulgaire chasse le nom latin. Grâce à sa forme latine Absia s'est maintenue dans tous les documents écrits en cette langue, sans que les scribes aient songé à recourir à l'antique Apciacum, dont ils ignoraient probablement l'existence (14).

Qui était cet Otbert dont Charles le Chauve attribuait les biens aux moines errants de Noirmoutiers ? Il serait oiseux de chercher à le déterminer. « Quondam Olberlus » se traduisant par « feu Otbert », celui-ci les aurait tenus du roi à titre de bénéfice viager.

Apciacum nous reporte plus loin peut-être jusqu'à l'époque gallo-romaine. Le créateur de la villa se serait appelé Apsius, d'où Apsiacos, puis Apciacus (15).

Que le territoire où se trouve l'Absie ait été fréquenté, sinon habité, dès l'époque gauloise, on ne saurait en douter. A quatre kilomètres environ au nord du bourg actuel, on rencontre un Château- Gaillard entre la Chapelle-Seguin et la Chapelle Saint-Etienne.

Plus au nord Largeasse, par son ancienne dénomination Rajacium, pourrait, d'après Ledain (16), revendiquer une origine gauloise. Il en est de même de Vernoux (Verno, de vernos = aulne), à quatre kilomètres à l'est de l'Absie.

Au nord et tout près de l'abbaye, au- delà du village de l'Audonnerie, à la lisière de la forêt, on rencontrait jadis l'étang de la Folie, desséché et transformé en prairie depuis bientôt deux cents ans. Au -dessous de la chaussée de cet étang, dans le pré de Tonnerel, au nord, se trouve une fontaine ferrugineuse (17). Ce nom de « Folie est vraisemblablement une réminiscence du culte dont la fontaine voisine aurait été l'objet et d'assemblées qui, à certains jours, se seraient tenues autour d'elle.

Deux voies romaines se croisaient à l'Absie.

L'une, dite Chemin des Chaussées (Périgueux à Nantes, par Rom), entre sur le territoire de la commune à 850 mètres à l'ouest du village de la Limouzinière (Vernoux) (18), laisse à droite le village de la Bourdandelière (l'Absie), longe au sud le village de la Morinière, puis suit à peu près la crête de la colline sur laquelle le bourg est construit, rejoignant à travers champs et jardins la route de Niort, au point où se trouvait jadis le champ de foire du Jeudi Saint (19), continue vers l'ouest par une ruelle servant autrefois de limite aux communes de Scillé et de l'Absie, puis se dirige vers les moulins de la Taillée (20), où elle sépare l'Absie de Saint-Paul-en-Gâtine, pour rejoindre plus loin la lisière sud-ouest de la forêt de Chantemerle (21). Sur la commune de Saint-Paul, avant d'entrer en Vendée, elle longe quatre pièces de terre partant le nom caractéristique de la Bonne (22).

L'autre, allant d'Angers à Saintes, suit une direction franchement nord-sud venant du Breuil-Chaussée elle descend directement par Clazais et Courlay sur l'Absie, pour passer ensuite entre Saint-Laurs et Ardin (23). Sans craindre de trop se tromper on peut lui faire franchir le ruisseau des Mothes, séparant le Breuil-Bernard de Largeasse, tout près de son confluent avec la Sèvre Nantaise, au pont de la Buchellerie (24) sur Largeasse la faire passer tout près et à l'est du village de la Haye, par les pièces de terre dites Champs de la Haye, de l'Elrangle-Voie, Trou de la Voie, Champ de la Garde, Pré de la Rue (25), puis, après lui avoir fait longer à l'ouest plusieurs pièces de terre dénommées le Châlellier (26), la diriger par l'ouest du village de la Morelière, les champs de la Route et du Chamin (27), vers l'ancien moulin de la Sable où, traversant la Sèvre en amont du pont actuel de la Chapelle-Seguin, elle pénétrerait sur le territoire de l'Absie.

De la Sable cette voie, après avoir suivi l'ancien chemin de la Chapelle-Seguin aux Fréigniés, devait se diriger par le terrain vague des Jinchères vers les très anciens villages du Grand et du Petit Freignié, seules agglomérations existant dans cette partie de la paroisse de la Chapelle-Seguin lors de la fondation de l'abbaye (28).

Elle passait sans doute par le Maupas (29), au sud du premier de ces villages, et par le tènement des Basses-Rues (30). Elle rejoignit vers la Morinière le chemin des Chaussées, puis continuait vers Saint-Pompain et Benet, par le Busseau et le village de la Rue, situé à la pointe sud de cette commune.

C'est elle certainement qui est décrite, dans une note présentée par Lary au Congrès Archéologique de Niort de 1840 (31), comme traversant le bras nord de la Sèvre Niortaise à deux kilomètres en amont de Coulon et le bras sud de la même rivière au village du Gué, pour se diriger ensuite vers les villages d'Epannes, d'Usseau et de Marsais.

Outre ces deux voies, assez nettement définies pour qu'il ne puisse guère subsister de doute sur leur parcours, on doit en signaler deux autres la première allant d'Ingrandes-sur-Vienne aux Sables-d'Olonne par l'Absie et Mareuil (32) la seconde reliant Poitiers à la Gachère, celle-ci ne traversant pas l'Absie sa direction est-ouest la ferait passer par la voie, commune de Saint-Pardoux, le Belvéder, commune d'Allonne, où elle croiserait le Chemin des Chaussées, le Busseau (5 kilom. au sud de l'Absie), où elle rencontrerait la voie d'Angers à Saintes, et le Plessis, commune de Saint-Hilaire-de-Voust (33).

Des postes militaires surveillaient ces voies à Saint Paul-en-Gâtine un Chaslelard (34), à Largeasse, près du Fay, un Châlellier (35), à Vernoux une Tourelle (36), etc. Ce qui dans de telles conditions peut étonner, c'est que l'on n'ait jamais oui parler de vestiges gallo-romains à l'Absie. Au Congrès archéologique de Niort, en juin 1840 (37), Charles Arnauld a bien signalé l'existence de substructions gallo-romaines, sans spécifier leur situation exacte. Mais, tout, de suite, un autre archéologue, Cardin, de Poitiers, a exprimé l'avis qu'il s'agissait des restes de l'abbaye (38)., Vers 1875 on a trouvé un denier d'argent d'Adrien (39), dans les environs immédiats du bourg.

La charte de Charles le Chauve attribue aux moines de Noirmoutiers, outre la villa de l'Absie, ses deux églises et onze manses.

Les deux églises seraient celles de l'Absie, que Pierre de Bunt trouvera ruinée deux cent quarante ans plus tard, et de la Chapelle-Seguin, disparue peu après la Révolution. L'utilité de deux églises ou chapelles pour desservir la villa s'explique aisément. Son territoire était divisé en deux fractions bien distinctes par une forêt dont la traversée, à cette époque reculée, pouvait présenter quelque danger.

L'église de l'Absie pourvoyait au service religieux de la villa (40) et des manses situés comme elle au sud de la forêt, notamment des Freigniés. Celle de la Chapelle-Seguin, sur la Sèvre Nantaise, était fréquentée par les serfs affectés à l'exploitation de la partie du territoire au nord de la forêt (41).

Dom Fonteneau fixe à l'année 1095 l'arrivée de Pierre de Bunt à l'Absie (42). C'est donc au cours des deux cent quarante années qui ont suivi la concession de Charles le Chauve, qu'a été détruite la première église. Il est impossible de déterminer, même approximativement, l'époque de cette destruction.

En 855 les Normands établis à l'embouchure de la Loire, marchèrent droit sur Poitiers mais, au dire de Besly, ils furent battus et presque détruits par les Aquitains aux portes de la ville (43).

Cet échec ne les découragea pas. Grâce cette fois à la connivence de Pépin II d'Aquitaine, ils mirent Poitiers à sac en 857 puis, opérant seuls en 863, ils brûlèrent Saint-Hilaire de Poitiers et rançonnèrent la ville.

En 865 ils la saccagent de nouveau à une dernière attaque, en 868, ils sont repoussés par les habitants (44). L'abbé Lacurie nous les montre solidement établis à Maillezais (45).

 Bien qu'aucun chroniqueur n'ait signalé leur passage en Gâtine, dans leurs marches sur Poitiers, qu'ils vinssent de l'embouchure de la Loire ou de Maillezais, les Normands ont dû traverser cette région. La destruction de l'église de l'Absie semble devoir leur être imputée avec d'autant plus de raison que, depuis' leurs incursions, aucun trouble sérieux ne paraît s'être produit dans le nord de la Gâtine (46).

 

 Carte de la Gatine du Poitou comprenant ses anciennes circonscriptions jusqu'en 1789 <==.... ....==> Fondation de l’Abbaye Royale de l’Absie - Pierre de Bunt ; Giraud de Salle ; Louis VII le Jeune ; Aliénor d’Aquitaine

 

Les tribulations de Saint Florent du Mont-Glonne (fuyant l'invasion des Normands vers le Berry) <==

Nous étions Vikings... l'histoire des Vikings dans le Poitou  <==

Etude des voies de communication en Bas Poitou <==

Antiquité d’Ardin sur la Voie Romaine de Saintes à Angers<==

 

 


 

(1) Le 30 mars 847 (R. P. DE LA Croix, Elude sur l'église de Saint-Philbert-de-Grandlieu, Mém. Soc. Ant. Ouest, 2e série, t. XXIX, p. 24).

(2) Aujourd'hui Saint-Florent-le-Vieil

(3) Canton de Moncontour (Vienne), sur la limite des Deux-Sèvres. Le corps de saint Philibert, transféré à Déas, en 836 (BESLY, Hist. des Comtes de Poictou, Paris, Dumoulin, 1840, p. 18), de Déas à Cunaud en 858, fut transporté à Messais en 862.

Un second diplôme dû à l'intervention du roi breton Erispoë, daté de Louviers et du 10 février 856, paraît avoir augmenté la dotation des moines fugitifs. De là les divergences qui vont être signalées entre les documents énumérant les biens donnés (Ibid., p. 7). A propos de l'Histoire des abbayes de Saint-Philibert, le Moyen Age, 2e série, t. X (mars-avril 1906), p. 617 du tirage à part).

(4) On trouve d'autres exemples de localités, aujourd'hui de minime importance, ayant autrefois possédé plusieurs églises. Dans son Histoire de la Ville et Baronnie de Bressuire, LEDAIN cite (p. 51) une donation faite vers 1039 par Raoul la Flamme à l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers des quatre églises de Boismé. De même, on voit, en 1107, un seigneur de la cour du vicomte de Thouars, nommé Chaslon, et sa femme Théophanie donner à l'abbaye de Saint-Laon de Thouars les trois églises de Rothais (Roussay, Maine-et-Loire). V. Hugues IMBERT, Hist. de Thouars, Mém. de la Soc. de Stat. des Deux-Sèvres, 2e série, t. X (1870), p. 51. Cartulaire de l'abbaye de Saint-Laon de Thouars, ibid., 2e série, t. XIV (1875), p. 5 et 10.

(5) Orléans, 19 janvier 854.

Charles le Chauve, à la requète de l’abbé Hilbod et des moines de Saint-Philibert, leur concède, pour leur servir de refuge contre les invasions normandes, des biens en Poitou, en Thouarsais, et dans le pays d’Herbauge, à Marne (Deux-Sèvres arr Parthenay, Cart Airvault), Messay (Vienne, arr Loudun, cart Moncontour), l’Absie (Deux-Sèvres, arr Parthenay, cart Moncoutant), Messemé (Vienne, arr et cart Loudun), Anière (Deux-Sèvres, arr Melle, cart Brious-sur-Boutonne), Prinçais (Vienne, arr Loudun, cart Monts-sur-Guesnes), jadis possédés par feu Otbert. Data XIIII. Kalendas gloriosissimi regis. Actum in Aurelianis civitate in Dei nomine feliciter. Amen.

« … quasdam villas ad refugium habendas illis libenter concessimus, id est Messiacum cum capella, in qua sunt mansa 7, Apeiacum cum duabus ecclesiis et mansis 11 quartasque 3, et in villa Massiniaco mansas 3 ac medium et prœterea mansa 8 et villam Asneral, villamque Prisciacum mediam cum appenditiis harum, sicut habuit quondam Otbertus quae omnia sita sunt in comitatu Pictavorum, sive Thoarcensium, sive Herbadilici incolarum (BESLY, Histoire des Comtes de Poictou et ducs de Guyenne, éd. de 1647,preuves, p. 170).

Il est à remarquer que le texte de Besly diffère sur plusieurs points de celui donné par le R. P. DE LA Croix (d'après JUÉNIN, Nouvelle Histoire de l'abbaye de Tournus, Dijon, 1733, p. 84-85) dans le Bull. de la Soc. des Ant. de l'Ouest, 2e série, t. X, p. 631 (Une excursion faite à Messais) :« illis libenter concessimus id est Madernas (Marnes, (Deux-Sèvres) cum Ecclesiis, et cum decimis, et omnibus appendiciis suis et Mesciacum (Messais (Vienne) cum (capella, et cum decimis ejusdem Ecclesiae in qua sunt mansa septem Apciacum (l'Absie (Deux-Sèvres) cum duabus Ecclesiis, et mansis undecim, quartasque tres et in villa Massimiaco (Messemé, (Vienne) mansos tres acmedium, et praeterea mansa octo. Et villam Asnerias (Asnières, (Deux Sèvres), canton de Brioux), villamque Prisciacum (Prinçais, (Vienne)mediam, cum appendiciis earum. »

Le texte de Juénin, plus complet, parait devoir être préféré à celui de Besly. Ermentaire, moine de l'abbaye errante, analyse ainsi qu'il suit les donations consenties par Charles le Chauve « Hilbodus, abbas regem adiit • Karolum, atque ab eo partem aliquarum in pago Pictavo meruit obtinere villarum in Matronis (Marnes) (Deux-Sèvres) videlicet atque Mesciaco,  in Atciaco (l'Absie) (Deux-Sèvres) et Estivali (Etivault (Vienne), in Crusaco (sans doute Curçay, (Vienne) et Maximiaco(Messemé, (Vienne), ac Prisciaco Prinçay, (Vienne) partem, necnon et villam quam Asinarias (Asnières, (Deux-Sèvres) vocant, in territorio Briossensi (Brioux-sur-Boutonne) super Vultonnam, fluvium, cum omni integritate accipiens. » (René POUPARDIN, « Monuments de l'Histoire des abbayes de Saint-Philibert (Noirmoulier, Grandlieu, Tournus) publiés d'après les notes d'Arthur Giry. Collection des textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'Histoire, Paris, Picard, 1905, p. 68).

Ainsi Juénin ajoute Marnes, puis Ermentaire Etivault et Curçay,à à l'énumération de Besly. Le texte d'Ermentaire ne laisse subsister aucun doute sur deux points.

Le diplôme de Charles le Chauve attribue aux moines : 1° Massimiacum ou Maximiacum (Messemé, (Vienne) et non Massiniacum (Massigny, commune de Sainte-Gemme (Deux-Sèvres), ainsi que l'affirme le Dict. top. de LEDAIN et DUPOND, ou Massigny, commune de Saint-Pompain (Deux-Sèvres), le Masciniacum ou Massigniacum des cartulaires de l'abbaye de l'Absie, qui y posséda un important domaine)

2° Asnera ou Asinarise (Asnières, canton de Brioux (Deux-Sèvres). et non Asneral (les Anneroux, commune des Echaubrognes (Deux-Sèvres), d'après le même dictionnaire).

 

(6) Quant aux dénominations « Thouarsais », « Herbauge », il semble que le rédacteur du diplôme de 854 les ait employées sans trop se soucier de leur valeur topographique. L'Absie pouvait se trouver à la limite du pays de Thouars, mais appartenait plus vraisemblablement au pagus Partiniacus existant dès 848 (Dom FONTENEAU, Histoire de l'abbaye de Saint-Maixent, Mém., t. XXXVI, p. 218). Pour Asnières, le texte d'Ermentaire ne laisse aucun doute cette localité était située dans le pagus Briocensis, bien loin du Thouarsais et de l'Herbauge.

(7) A propos de l'Histoire des abbayes de Saint-Philibert, Le Moyen Age, 2e série, t. X (mars-avril 1906), p. 22 du tirage à part.

(8) LEDAIN et DUPOND, Dict. top., v° Azay-le-Brûlé.

(9) Ibid., v° l'Absie. La Chronique de Maillezais emploie aussi le nom Absia (Mns. dom ESTIENNOT, Bibl. Nat., f. lat. 18.758, t° 438).

(10) Cartulaires, p. 7, n° 30. Gallia Christiana, t. M, col. 1.380. Bibl. JVal., f. latin, 13.816, f° 4.

{11)Carlulaires, p. 11, n» 52.

(12) ibid., p. 2, n°4 p. 9, n° 35 p. 10, n» 40 p. 14, n° 64 p. 18, n» 84 p. 19, n°90 p. 21,n°95.

(13) Ibid., p. 14, n° 66.

(14) [On trouve, chose remarquable, l'Absie orthographiée « lapsye dans un acte de 1601. Cf. chap. relatif au personnel de l'Abbaye, et aussi lapcie » dans un autre acte de 1723. Cf. visite du monastère par Mgr de Blacas M. G. ].

(15) A LONGNON, Les noms de lieu de la France, p. 75 et suiv.

(16) Gâtine hist. et mon., p. 14 et 15. Le rocher plat du Boussiniou, situé au sud-est de la commune, entouré de champs portant le nom de « Cœur-au-Loup » (Cad., sect. F, nor 579 à 581 et 583) avec ses cuvettes, la légende qui s'y rattache et le culte superstitieux dont il est l'objet, corroborerait l'opinion de Ledain.

(17) Accensement du 4 juillet 1757, p. d. Moreau et Mesnard, notaires à Coulonges. Arch. Dioc. Poitiers, par. de l'Absie, fonds Drochon. Dupin, Statistique du dép. des Deux-Sèvres, éd. de l'an X, p. 92. Cadastre sect. D, n° 26, pré de la Folie n° 27, pré de Tonnerel n" 15, le Chatonnerel. Dupin donne à la fontaine le nom de Tonneret. Ces dénominations, Tonnerel ou Tonneret, pourraient faire supposer que les Romains avaient établi un poste de surveillance sur ce point. Cette hypothèse semble néanmoins peu probable on ne conçoit guère un poste de ce genre construit en pleine forêt, au creux d'un vallon fangeux. La source ferrugineuse était autrefois surmontée d'un édicule de forme ronde, d'où le nom de Tonner et ou Tonnerel.

(18) Ch. ARNAULT et BAUGIER, Monuments religieux, militaires et civils du Poitou (Deux- Sèvres) (1843), p. 38-39. D'après cet ouvrage la voie, passe à 170 mètres au nord du village de la Limouzinière dont los terres, situées en grande partie sur le territoire de l'Absie (sect. C du cadastre), portent des noms qu'il convient de signaler la Ville (n° 339, tout près du village), champ de la Ville (n09 337 et 338), sous la Ville (n 341, 342, 346, 349).

(19) Cette foire aurait été établie par le comte de Châtillon, seigneur de Mauléon, si l'on en croit un mémoire de l'abbé de la Vieuville, de 1725 (Arch. Hôp. de Niort, dossier n° 60). Une partie du territoire de l'Absie, Chapelle-Seguin, relevait des seigneurs de Mauléon (V. Cartulaires, p. 142, Donation à l'abbaye par Savary de Mauléon d'une commendise sur les deux villas des Freigniés, du 28 juin 1212).

(20) Ce nom de Taillée apparaît fréquemment sur le parcours de cette voie à l'Absie (cadastre, sect. D, nos 185, 186) à Saint-Paul-en-Gâtine (cad., sect. B, nos 203 à 205, 209, 210, 212, 221, 891 à 892 bis sect. C, n° 402). On le rencontre également à Saint-Pierre-du-Chemin, où l'on a découvert, en 1888, non loin de la voie, dans le champ dit de la Grande-Taillée, les restes d'un hypocauste (R. VALLETTE, L'Archéologie en Bas-Poitou depuis 1864, Congrès archéologique de Poitiers, 1903, p. 166).

Est-ce à ce nom que correspond l'expression « terra tallea » employée dans une donation figurant au f° LXVII du cartulaire des chirographes de l'Absie (LEDAIN, p. 98) ? Elle porte: « Petrus de la Reate dedit quidquid « in borderia terrse quœ Villanera (la Vignelière-Vernoux) dicitur, sicut a • rivo qui descendit de fonte Bornezea usque ad terram Berauderii (la Braudière (Vernoux) et a terra Goffridi Airault usque ad terram talleam • quae dividit Gastinam et Buccolesium. » Les terres de la Vignelière et de la Braudière bordent la voie au nord de la Limouzinière. Le ruisseau qui descend de la fontaine « Bornezea (cadastre, sect. C, n° 310, Abreuvoir de la Bourdandelière) est celui de la Bourdandelière, jadis la Bournandelière (Etat-civil de l'Absie, sépulture du 27 août 1632) et sans doute la lerra de Bornazels (LEDAIN, cartulaires, p. 12) du temps de l'abbé Rainier, remontant au nord pour aller se jeter dans la Sèvre nantaise et séparant l'Absie de Vernoux. Cette fontaine existe toujours et sourd du talus de la voie romaine, à l'angle du chemin conduisant au village de la Bourdandelière.

La Gâtine s'arrêtait-elle alors sur ce point à cette voie ? Le territoire du Busseau (Bucol, Buccellum, cartulaires, pp. 27,79, 141) s'étendait-il jusque-là à travers Seillé 1 II paraît aujourd'hui difficile de trancher cette question.

(21) Ch. ARNAULT, Les Voies romaines dans le département des Deux-Sèvres, Mém. Soc. Stat. Deux-Sèvres, 2° série, t. II, p. 254. Ledain, Gâtine hisl. et mon., pp. 15, 16. Lièvre, Chemins gaulois et romains, p. 12.

(22) Cadastre, sect. C, noi 388 à 391.

(23) LIÈVRE, Ibid., pp. 23 et 24. C'est aux environs de Saints-Laurs qu'en 1851, on a découvert un bracelet ou collier celtique en or, conservé au Musée de Niort.

(24) Au débouché de ce pont, sur Largeasse, on rencontre le champ de la Poste (ou de la Porte) cadastre, sect. E, n° 27).

(25) Cadastre, sect. E, n°" 66 à 71, 226, 203, 184, 186, 290, 291, 306, 317, 318, sect. C, n°" 421.

(26) Cad., sect. C, noi 414, 417, 419 et 420. A l'Ouest des champs du Châtellier on trouve l'Ouche de la Folie (C. 410), puis entre le village de Tudet et le moulin de Jourdin, le Camp Vieux, de forme quadrangulaire (sect. E, n° 404) et l'Echo du Chemin (sect. E, n°' 415).

(27) Cad., sect. F, n08 266, 267 et 270.

(28) Cf. le récit de l'arrivée de Pierre de Bunt à l'Absie (Cartulaires, p. 7). L'un des habitants qui lui donne des renseignements sur l'église dont il vient de découvrir les ruines se nomme Arbert des Freigniés (de Frenneis).

(29) Cadastre de l'Absie, sect. C, nor 108 à 111. Au centre du Petit Freigné existait une construction dénommée la Maison de Ville », aujourd'hui détruite (cadastre, sect. C, n° 233).

(30) Ce tènement, dont on ne trouve pas trace au cadastre, était situé tout près du village du Petit-Freignié (vente passée devant Mesnard, notaire à l'Absie, le 15 janvier 1746. Arch. Dioc. Poitiers, par. de l'Absie, fonds Drochon). Ces Basses-Rues correspondent vraisemblablement au caminum sublus Frennes dont il est question dans une donation consentie par Merpin Benoît à l'abbé Guillaume (Cartulaires, p. 19, n° 90).

(31) Séance du 20 juin. Mém. Soc. Sial. Deux-Sèvres, t. IV, p. 170.

(32) Louis BROCHET, Les Voies romaines en Bas-Poitou, Congrès archéologique de Poitiers, 1903, p. 180.

(33) lbid., p. 183.

(34) Cadastre, sect. B, n01 434, 438 a 442.

(35) Cadastre, sect. C, n°» 414, 417, 419, 420. Aveux des 31 juillet 1759 et 7 mars 1761 (Arch. Dipc. Poitiers, par. de l'Absie, fonds Drochon).

(36) Cadastre, sect. E, n08 28, 29, 132.

(37) Mém. Soc. Stat. Deux-Sèvres, ler série, vol. IV, p. 172.

(38) En 1840, sauf peut-être certaines portions des cloîtres, les bâtiments de l'abbaye étaient intacts. Ils ne pouvaient donc être qualifiés de restes.

(39) A. Buste radié à gauche J. HADIANUS pi. aug. tjl. Deux prisonniers enchaînés au pied d'un trophée Geumanicus MAXU.

(40) Le groupe d'habitations portant le nom de l'Absie était, avant l'extension prise par ce village, à partir de 1820, à cheval sur l'ancien chemin des Chaussées et dépendait, partie de la Chapelle-Seguin, partie de Scillé.

 (41) Les deux territoires étaient peut-être séparés par une ligne partant, à l'est, du confluent du ruisseau de la Bourdandelière avec la Sèvre et aboutissant, à 1’ouest au ruisseau descendant de l'étang de Pont-Porché et servant de limite aux communes de l'Absie et de la Chapelle-Saint-Etienne. Dans cette dernière partie, elle aurait suivi un ruisseau traversant le chemin de l'Absie à la Vialière, au bas de la rampe conduisant au village de la Prevézalière. Au sud de ce village et près du pontreau par où s'écoulent les eaux de ce ruisseau, on trouve deux parcelles dénommées l'Absie au cadastre (sect. E, n"' 190 et 191). Ces parcelles sont à près de trois kilomètres de l'ancien village de même nom, chef-lieu de la commune actuelle. Rappelleraient-elles que là, par rapport à la Chapelle-Seguin, commençait l'Absie ? Les dénominations des cartulaires retrouvées au cadastre sont assez nombreuses pour permettre de considérer cette hypothèse comme vraisemblable (Ex. L'AasiE, le Bois-Giraud, sect. C, nos 327, 328, 329, 331, 332, Boscus Giraudi, Cartulaires, p. 98. VERNOUX, le Chabirant (bois), sect. A, no, 189, 191, 199, 200, = f:em:M de Chabirant, Cartulaires, p. 161).

(42) Manuscrits, t. XXXVII, t" 194 v°. Etat de l'élection de Nyort en 1716.

(43) Histoire des comtes de Poictou et ducs de Guyenne, éd. 1840, p. 33. [Ann. Bert. a. 855. Pertz. SS. I. 449. M. G. ]

(44) LEDAIN, Gâtine hist. et mon., p. 28. [Ann. Bert. a. 863, 865, 868. M. G. ]

(45) Histoire de l'abbaye de Maillezais, p. 3.

(46) La lutte fratricide entre (elduin et Ebbon, seigneurs de Parthenay (1092-1094), se serait déroulée autour de Germond, sur les limites méridionales de la Gâtine (LEDAIN, op. cit., p. 59).

Dans un mémoire non daté paraissant avoir été rédigé vers 1825, relatif à la propriété de l'église abbatiale et de la place par laquelle on y accède (Arch. Dioc. Poitier, par. de l'Absie, fonds Drochon), les représentants de la commune de la Chapelle-Seguin énoncent que la première église paroissiale de l'Absie avait été détruite entre 1110 et 1118, au cours d'une guerre extrêmement violente entre le comte de Poitou, Hugues de Lusignan et Simon de Parthenay.

Une donation consentie par Giraud Bornazels, Ogier Eschot et plusieurs autres (LEDAIN, Gâtine, cartulaire, p. 19, n° 92), démontre que la destruction remonte à une époque antérieure à cette guerre elle est, en effet, confirmée par Ebbon, seigneur de Parthenay, mort peu après, avril 1108 (LEDAIN, Gâtine Historique mon., p. 63). La date assignée par dom Fonteneau à l'arrivée de Pierre de Bunt à l'Absie et à la découverte des ruines de l'église (1095) parait concorder exactement avec ce que l'on sait de la fondation de l'abbaye. Giraud de Salles est né en 1070 (Louis DUVAL, Cartulaire de l'abbaye des Châtelliers, Mém. Soc. stat. Deux-Sèvres, 2° série, t. VII, p. XII). Il avait alors 25 ans. Son disciple Pierre de Bunt devait avoir à peu près le même âge. La date de 1095 est donc très vraisemblable, bien que dom Fonteneau n'indique pas la source à laquelle il a puisé son renseignement.

 

 

 

 

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