Archéologie au Château de Surgères – Motte féodale
La Ville de Surgères réalise depuis quelques années des travaux de réhabilitation et de restauration de l’enceinte et du parc du château. La première mission (2012-2013) concernait la porte nord, seule entrée entièrement conservée du site.
Dans le cadre de l’aménagement du parking du château, il a été procédé à des fouilles préventives réalisé par Madame Catherine Vacher de l’INRAP
Il apparaît que la porte de Surgères a vraisemblablement été construite avant l’enceinte castrale (1re moitié du xiiie s. ?). Le château est mentionné dès la fin du xe s. et plusieurs structures paraissent anciennes : la motte située à l’ouest de la porte mais aussi un grand bâtiment, interprétable comme étant l’aula du château, datable du xiie s., dont la mairie abrite les restes.
L'emplacement du château ne s'explique pas par une disposition favorable du relief. Dans un château de plaine, pas d'éperon facile à isoler par un fossé, pas même de dénivellation très sensible, de sorte qu'il a fallu édifier une motte pour que la construction primitive domine suffisamment les environs. Mais on pouvait utiliser les eaux du ruisseau, qu'il suffisait de détourner quelque peu pour alimenter des douves. Le cas n'est pas unique en Charente-Maritime : on peut citer en particulier la motte de Montélin (commune de Sainte-Gemme), sur un modeste ruisseau affluent de la Seudre, et celle de Malvau (commune de Bernay-Saint-Martin), près de la Trézence, qui ne bénéficient d'aucun relief. Ces mottes ont d'ailleurs été abandonnées assez tôt.
C'est dans un acte daté du 14 mars 992 qu'on découvre ce château, à l'occasion de la donation, à l'abbaye poitevine de Saint-Maixent, d'une terre sise au contact de la villa de Vouhé et d'une "terre du château de Surgères". Quelques années plus tard, en juillet 1003, le duc d'Aquitaine et comte de Poitiers Guillaume le Grand donne à l'abbaye de Maillezais "la moitié du péage du château appelé Surgères". On constate donc que le château est du domaine des comtes de Poitiers, ce qui n'est pas pour nous étonner, parce qu'on voit ces comtes maîtres de la région de Châtelaillon dès 934 et d'une grande partie de l'Aunis dans le courant du Xè siècle, au fur et à mesure que la documentation s'élargit.
Les successeurs de Guillaume le Grand conserveront la forteresse "en leur main" jusqu'à la fin du XIIe siècle, y entretenant des soldats chargés d'en assurer le commandement et la garde, et aussi, par périodes au moins, des prévôts, plus spécialement affectés à la gestion de leur patrimoine et à la défense de leurs droits et prérogatives. Au vrai, nous ignorons dans quelles conditions soldats gardiens et prévôts ont exercé leurs charges et le mode de rémunération de leurs services, probablement par concession de fief pour les premiers.
Au moins constate-t-on, ici comme ailleurs, que dès le XIe siècle la charge du commandement de la place est héréditaire de fait, quoique l'hérédité n'apparaisse comme de droit - "de coutume" comme on dit alors - qu'à la fin de ce siècle. Les soldats gardiens héréditaires, que les historiens d'aujourd'hui appellent "châtelains", apparaissent localement comme les "seigneurs", en l'absence des possesseurs des châteaux. Cependant on peut voir de temps à autre ces derniers séjourner en maîtres dans leurs forteresses, comme c'est le cas à Surgères à plusieurs reprises. Les dimensions ambitieuses qui ont été données à l'enceinte du château (600 mètres de circonférence, 20 tours, courtine de 4 m d'épaisseur) a de quoi surprendre. Un tel développement suppose une garnison nombreuse.
==> https://journals.openedition.org/archeomed/9351
Le château médiéval de Surgères (Visite Historique dans le Temps) <==.... ....==>