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PHystorique- Les Portes du Temps
3 mars 2019

La vie d'Aliénor d'Aquitaine, reine d’Angleterre à Chinon et à Fontevraud l'Abbaye

TIME TRAVEL Château de Chinon, la vie d'Aliénor d'Aquitaine visite virtuelle

Aliénor d'Aquitaine est incontestablement la première des grandes pécheresses du Val de Loire, non seulement dans l'ordre chronologique, mais encore par ses titres royaux vraiment exceptionnels. Elle eut, en effet, pour époux deux rois, celui de France et celui d'Angleterre ; deux de ses fils furent rois d'Angleterre, deux de ses filles reines de Sicile et de Castille ; l'une de ses petites filles fut reine de France, elle était la mère de saint Louis ; un de ses petits-fils fut empereur d'Allemagne.

La beauté d'Aliénor était célèbre et surtout ses admirables cheveux ; « elle avait cette beauté fatale qui fascine et envoûte comme Hélène et Cléopâtre ; elle inspirait le désir et les fureurs de l'amour dont elle brûlait elle-même ». Elle mérite encore le titre de première pécheresse par son inconcevable inconduite qui, au XIIe siècle, fit scandale dans l'Europe entière. Cette aïeule des Plantagenets était d'après Michelet, « moitié femme moitié serpent » ; par contre, à la fin de sa vie, elle prit le voile et sa bonté et sa piété firent l'admiration de tous ses contemporains que ses dérèglements et son inconduite avaient si longtemps scandalisés.

Bien qu'originaire d'Aquitaine, Aliénor se rattache étroitement à l'Anjou et à la Touraine par ses nombreux séjours à Fontevrault où elle devait finir sa vie et où, selon sa volonté formelle, son tombeau fut édifié dans l'église abbatiale où nous pouvons encore l'admirer aujourd'hui.

(la vie d'Aliénor d'Aquitaine - Château de Chinon visite virtuelle)

C'est à la suite de son second mariage avec Henri II Plantagenêt qu'Aliénor est attirée dans le Val de Loire.

Le roi avait fait de Chinon la capitale de ses possessions continentales qui, par suite de son mariage, s'étendaient jusqu'aux Pyrénées.

Aliénor aimait cette seigneurie de Chinon. Elle avait été séduite par la douceur du climat qui lui rappelait celui d'Aquitaine et le charme des horizons que l'on découvre du haut des terrasses de ce château que son mari avait fait reconstruire et agrandir.

 Actuellement, ces ruines émouvantes par tant de souvenirs historiques, ne donnent qu'un faible aperçu de ce qu'étaient, à l'époque d'Aliénor, les trois grandes forteresses qu’Henri II avait réunies en un unique château-fort.

Pendant les absences de son mari qui étaient fort longues, Aliénor donnait à Chinon des fêtes splendides, le faste était à la mode ; il avait été rapporté par les seigneurs au contact de la brillante civilisation du Proche-Orient.

Après ces fêtes et les cours d'amour, Aliénor aimait aller se recueillir à l'abbaye de Fontevrault toute proche de son château.

 Cette abbaye se rattache au Saumurois qui n'est pas seulement le pays des sites pleins de charmes et des gracieux châteaux, c'est également celui de nombreuses et puissantes abbayes. Citons, parmi les plus importantes, celles, de Saint-Florent et d'Asnières ; mais Fontevrault a toujours été de beaucoup la plus célèbre. On l'a considérée, à juste titre, comme l'une des plus belles et des plus riches de la France entière.

Son fondateur, Robert d'Arbrissel, le plus fameux novateur des règles monastiques de son époque en assura la création, à la fin du XIe siècle. Elle attira jusqu'à 5.000 moines et moniales, étant tous sous la crosse d'une abbesse, car, dans cet ordre unique, les hommes obéissaient aux femmes.

Au cours des âges, son rayonnement ne cesse de s'accroître ; au XVIIIe siècle, Louis XV la choisie pour faire l'éducation de ses filles ; il y va d'ailleurs souvent pour les visiter et participer aux magnifiques chasses à courre que l'abbesse organisait en son honneur.

A la Révolution, les religieuses se trouvent contraintes de fuir et de se disperser ; c'est la vente à l'encan du magnifique mobilier, des tableaux de maîtres et objets d'art qui constituaient un ensemble d'une inestimable valeur. Napoléon Ier transforma l' abbaye en prison qui compta jusqu'à 1.200 prisonniers et ce n'est que tout récemment que la suppression de la maison de force à permis à l'administration des Beaux-Arts de reprendre possession des locaux de l'abbaye, dont la remise en état est désormais assurée dans les meilleures conditions.

Or, la belle Aliénor avait toujours témoigné une dilection particulière pour ce monastère où elle avait choisi son chapelain et les précepteurs de ses enfants ; elle y avait séjourné fréquemment, traduisant par maintes donations toute sa gratitude.

Une de ses filles y était nonne. Son second mari et un de ses fils y étaient enterrés ; elle tint à terminer dans cette abbaye une carrière particulièrement orageuse.

Si on voulait retracer dans tous ses détails la vie d'Aliénor, ce serait, en réalité, faire l'historique de la France et de l'Angleterre pendant la plus grande partie du XIIe siècle.

Je voudrais simplement tenter d'évoquer la trame des événements les plus marquants qui la décidèrent à finir son existence à l'abbaye dans la pénitence et l'isolement et à l'ombre de cette splendide église qui devait abriter son tombeau.

Aliénor avait dans l'ordre passionnel une hérédité lourdement chargée ; sa mère était morte très jeune et son père, le duc Guillaume, avait été excommunié pour son inconduite et son insoumission à saint Bernard et au pape Innocent II. Sa seconde femme, après peu de temps de mariage, l'ayant quitté pour suivre son amant ; Guillaume comprend que c'est une punition du ciel et, pour mieux expier ses fautes, il se retire à Saint-Jacques-de-Compostelle où il finira ses jours comme un pieux ermite. Il avait confié sa fille Aliénor à son jeune frère, Raymond de Poitiers, qui était à peu près du même âge que sa nièce et le jeune oncle en tomba amoureux.

Le roi de France Louis le Gros est tenté par la dot magnifique que représentent la Guyenne et le Poitou et il obtient d'Aliénor, qui n'a que dix-sept ans, qu'elle épouse son fils qui en a vingt.

Peu de temps après le mariage, Louis le Gros décède. Roland Engerand nous décrit l'atmosphère créée par Aliénor lors de son arrivée à Paris : « Elle apporta sous le ciel réservé de Ile-de-France les gaités, l'éclat et l'animation de son pays natal. Les fêtes succèdent aux fêtes ; elle aime le rire, le plaisir et les jeux. Elle fit de la Cour capétienne, pendant les douze ans qu'elle y régna, le lieu le plus brillant et le plus galant qu'il fût alors. Elle rénova la mode, encouragea le luxe et les hardis décolletés ».

Dans cette Cour frivole, le fils de Louis VI demeurait à l'écart ; c'était un prince grave et pieux qui préférait prier en son oratoire et chanter l'office que de s'étourdir en ces divertissements plus ou moins équivoques où se plaisait la reine.

Les goûts de ce froid et sérieux homme du Nord ne pouvaient s'accorder avec ceux de cette trépidante méridionale. La vie conjugale, qui avait commencé par de petites brouilleries, devait très mal se terminer.

 

Retour de croisade, c’est l’annulation du mariage.

Henri Plantagenêt fut, comme l'avait été Louis le Gros, tenté par la fortune d'Aliénor ; celle-ci, de son côté, s'éprit du beau duc qui était plus jeune qu'elle de dix ans ; aussi, deux mois jour pour jour après son divorce, elle se remaria avec le bel Henri. Cette union causait sur le plan politique les plus graves soucis au roi de France.

Henri avait comme apanage la Normandie, l'Anjou, le Maine et la Touraine et, par son mariage, il gagnait l'Aquitaine et le Poitou, Deux ans après, il devenait roi d'Angleterre, ayant réussi à se faire reconnaître par le roi Etienne, prince régnant. Aliénor, avec ce nouvel époux, eut au cours d'une dizaine d'années cinq fils et trois filles ; la guerre entre la France et l'Angleterre, un moment interrompue, recommença et elle devait durer un siècle ; on sait qu'Aliénor fut une des causes de ce conflit.

Cette guerre causa bien des soucis à Henri Il Plantagenêt. Il en eut d'autres d'ordre spirituel après l'assassinat, provoqué par lui, du primat d'Angleterre, Thomas Becket.

Henri II tenta d'oublier ses déceptions politiques et religieuses dans les bras de jolies maîtresses. Engerand nous évoque sa liaison amoureuse avec une jeune et blonde Anglaise dont la beauté était irrésistible ; elle se nommait Rosemonde Clifford. « Elle lui inspira la plus fougueuse passion. Pendant des années il l'adora, la comblant de tendresse et de présents. Elle, en revanche, lui donna deux fils et d'habiles caresses puis, comme il se faisait- vieux et qu'elle était très jeune, jolie et fort courtisée, il en devint jaloux et résolut de la claustrer. Il lui fit bâtir, non loin d'Oxford, un palais en forme de labyrinthe, sur le modèle de ceux que l'Egypte et la Crête ont jadis connus ; mais Aliénor, furieusement jalouse, trouva sans doute un nouveau fil d'Ariane et, avec une petite armée, elle parvient à rejoindre la belle Rosemonde ; la ravissante blonde était encore au lit ; l'épouse outragée l'empoigna violemment par ses cheveux dénoués et transperça de son épée le beau corps impur de la maîtresse de son époux ; puis elle s'en revint par le même chemin, fort satisfaite de son acte. Elle rentra dans ses domaines en chassant allègrement de petits oiseaux. ».

Je dois signaler que cette version dramatique a été contestée par plusieurs historiens, les coups portés par Aliénor n'auraient pas été mortels et Rosemonde aurait encore survécu dix-huit ans et ne serait morte qu'en 1172, alors qu'Henri Il l'avait déjà, depuis longtemps, oubliée et remplacée. En l'absence de documents certains, il est difficile de prendre parti.

Quoi qu'il en soit, cette sanglante aventure désunit définitivement le ménage royal et c'est ainsi qu'Aliénor incita son fils, Richard Cœur de Lion, à se coaliser avec le roi de France contre le roi d'Angleterre.

1171-1189.–Chinon, Aliénor d’Aquitaine donne Droit de marée et sel pour le monastère de Montierneuf.


A(1). regina Anglorum et ducissa Aquitanorum et Normanorum et comitissa Andegavorum, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, comitibus, baronibus, senescallis, prepositis, baillivis et omnibus fidelibus regis et suis tocius Aquitanie, salutem.
Aliénor Reine des Anglais et duchesse d'Aquitaine et des Normands et comtesse des Andes, aux archevêques, évêques, abbés, comtes, barons, sénéchaux, préfets, baillis, et à tous les fidèles du roi et de ses hommes d'Aquitaine.


 Sciatis quod ego et Ricardus filius meus volumus, concedimus, atque precipimus quod prior Sancti Aniani (2) et homines sui de maresio Sancti Aniani teneant et possideant maresium suum libere et quiete, reddendo justas et antiquas consuetudines, que fuerunt tempore patris mei et antecessorum meorum.
Sachez que moi et mon fils Richard accorderons et ordonnons que le prieur de Sancti Aniani (2) et ses hommes détiennent et possèdent leur marais librement et tranquillement, en rendant les coutumes justes et anciennes qui existaient au temps de mon père et mes ancêtres.

Et si Radulphus de Faia sive atii senescalli vel baillivi aliquas exactiones aut injustas consuetudines, salem eorum capicndo, eis imposuerunt, omnino cassentur et cessent, nec amplius exigantur; ita quod predictus prior et homines sui in pace teneant et possideant suum maresium, ad illas justas et antiquas consuetudines, que jurata fuerunt a nostris servientibus, et ab antiquis et legitimis hominibus terre illius, in curia nostra, coram Radulfo de Faia, tunc senescallo nostro.
Et si Raoul de Faye, ou les sénéchaux, ou les baillis, leur imposaient des exactions ou des coutumes injustes, en saisissant leur sel, ils devraient cesser et s'abstenir tout à fait, et ne devraient plus être exigés; afin que ledit prieur et ses hommes puissent tenir et posséder leur marais en paix, selon ces coutumes justes et anciennes qui ont été jurées par nos serviteurs et par les hommes anciens et légitimes de cette terre, dans notre cour, devant Raoul de Faye , puis notre sénéchal .


Testibus Johanne comite Vindocinensi (3), Radulfo de Faia tunc senescallo, Lancelino filio predicti comitis, Petro capellano, Jordano clerico.
 Apud Chinonem.
Témoins Jean, comte de Vendôme (3), Raoul de Faye alors sénéchal, Lancelin fils dudit comte, Pierre l'aumônier, Jourdain le greffier.
 A Chinon.

 


Archives de Loi-et-Cher, original en parchemin muni d’une double queue en parchemin, sceau perdu. Manuscrit Phillipps 25.058, f.185. « Ex originali sano et integro ». Manuscrit 13.820, f.314 v° ; Manuscrit 373 de Vendôme

 

==> Chinon 1179, Aliénor d’Aquitaine confirme une charte que son fils Richard a accordé au service de Pierre Ruffec de La Rochelle


 

Furieux, à juste titre, Henri Plantagenêt s'empara de la personne de sa femme qui restera sa prisonnière pendant près de quinze ans, et c'est dans un de ses cachots qu'elle apprit la mort de son premier mari et la victoire du second sur ses fils révoltés.

Par suite du décès de l'aîné de ses fils, Henri Courmentel (11 juin 1183), la couronne britannique revenait à Richard Cœur de Lion qui s'attaqua à son puîné, Jean sans Terre ; c'est alors qu'Henri II se proposait de prendre la tête d'une nouvelle croisade lorsqu'il mourut, solitaire, au château de Chinon, loin de son épouse retenue prisonnière et abandonné par ses enfants rebelles.

Néanmoins, ceux-ci lui firent d'importantes funérailles, et il fut inhumé à l'abbaye de Fontevrault qu'il avait choisie de son vivant pour sépulture.

Richard, devenu roi d'Angleterre, combla sa mère de faveurs.

Il partit en Terre-Sainte et, après avoir signé un armistice avec Saladin, il dut rejoindre son royaume ; mais, de passage en Allemagne, il est fait prisonnier par le duc d'Autriche. Aliénor remue ciel et terre pour obtenir sa libération et elle n'hésite pas à payer une énorme rançon.

Richard libéré repart en guerre contre Philippe-Auguste ; il assiégeait Chalus, en Limousin, lorsqu'un archer le blessa mortellement.

Aliénor, qui se trouvait alors à Fontenault, parcourut précipitamment cinquante lieues, en marche forcée, pour assister aux derniers moments de son fils qui fut enterré dans l'abbaye auprès de son père.

 

Après de bien pénibles démêlés avec Jean sans Terre, Aliénor se décide à se retirer a l'abbaye de Fontevrault, on sait qu'elle avait toujours témoigné une dilection particulière pour ce monastère où elle avait fréquemment séjourné et y avait fait d'importantes donations. Une de ses petites-filles y était religieuse ; son second époux et son fils Richard y étaient enterrés.

 Elle restera à l'abbaye jusqu'à sa mort et ne s'absentera qu'une seule fois.

Bien qu'âgée de quatre-vingts ans, elle voulut se rendre en Espagne, car elle tenait essentiellement à assister aux fiançailles de sa petite-fille, Blanche de Castille, avec Louis VIII ; c'est de cette union que devait naître le grand roi saint Louis.

 

A Fontevrault, Aliénor y a pris le voile ; elle mène une vie cloîtrée faite d'austérité et de pénitence ; elle distribue généreusement de larges aumônes aux pauvres de la paroisse, comme devait le faire, au XVIIe siècle, une autre grande pécheresse, Mme de Montespan.

La reine fit beaucoup pour embellir le monastère : c'est à elle que nous devons la décoration des magnifiques chapiteaux de l'église ; elle dédia une chapelle à saint Laurent ; aussi les moines ne tarissaient pas d'éloges sur sa générosité et sur sa conduite si édifiante.

Toutefois, Aliénor s'était réservée une détente à cette rude vie claustrale ; pendant toute son existence elle avait passionnément aimé les belles lettres ; de ses doigts roses elle avait manié la plume avec infiniment de charme ; d'autre part, son influence sur la poésie et la vie intellectuelle et artistique de son époque fut considérable elle encouragea le bel élan dont jaillirent les cathédrales ; elle fut la protectrice et l'inspiratrice des troubadours, spécialement de Bernard de Vantadour, celui qui, au XIIe siècle, chanta le mieux l’amour courtois donnant ainsi un peu de charme et de douceur à une époque particulièrement rude.

Aliénor fut la créatrice de ces célèbres cours d'amour dont le déroulement, réglé d'abord en Aquitaine, s'est renouvelé à Poitiers et à Chinon sur le même rythme ; le sol est jonché d'herbes odoriférantes de la campagne pour que les pas des hommes d'armes s'y assourdissent. Aliénor préside sous un dais ; elle est entourée de gracieuses dames et demoiselles, d'écuyers et de troubadours ; les joueurs de cythare s'accroupissent sur la jonchée ; on récite des poèmes, on chante des ballades, on évoque des problèmes sentimentaux, on rend des arrêts en se fondant sur un code d'amour aux multiples et savoureux articles. Les galants troubadours dressent en l'honneur d'Aliénor des couronnes de roses qu'ils jettent à ses pieds. Ils étaient enthousiastes de sa beauté, émus et touchés par la longue captivité que lui avait fait endurer son second mari.

Retirée à l'abbaye, Aliénor continua jusqu'à sa mort à s'intéresser aux poètes ; elle les aidait de ses subsides et de ses conseils ; elle les incitait, après avoir tant chanté l'amour charnel, à célébrer maintenant l'amour de Dieu.

Puis un jour, terrassée par la maladie, elle s'étendit sur sa maigre couche, elle rabattit sur ses yeux son voile de religieuse et quitta la terre en suppliant le ciel d'être indulgent à son égard.

On l'enterra dans l'église du monastère, suivant le vœu qu'elle en avait maintes fois exprimé, de reposer près de son mari et de son fils préféré.

L'abbesse, très touchée par la vie exemplaire d'Aliénor, par toutes ses oeuvres pies et ses dons généreux, n'hésita pas à mentionner son décès sur le cartulaire en indiquant « que par sa vie sans reproche, elle surpassa en vertu toutes les reines du monde ».

Ce jugement de cette vie aussi aventureuse mérite certes d'être plus nuancé. Disons, avec Félix Magne, un autre de ses biographes, « qu'elle fut une gallo-romaine avec ses nerfs, ses sens, son imagination ; qu'elle fut la treille d'Aquitaine transportée en Anjou au parfum capiteux qui enivre ». Rendons hommage à la sincérité de son repentir et aux multiples services rendus par elle dans le domaine des lettres et des arts.

Il semblait qu'après tant d'épreuves Aliénor aurait dû, au moins après sa mort, goûter la paix dans ce cimetière royal de Fontevrault. On sait que celui-ci comporte quatre tombeaux : ceux d'Henri II, d'Aliénor et de Richard ; le quatrième est celui d'Isabelle d'Angoulême, la femme de Jean sans Terre, dont la vie fut un véritable roman.

Mais, en 1789, les révolutionnaires pillèrent les tombes royales et mélangèrent les ossements.

Lorsque l'abbaye devint une prison, les tombes furent mises dans des caves. L'Angleterre, scandalisée de ce manque d'égards, réclama les statues pour les placer à Westminster, mais la France s'y opposa.

Aujourd'hui l'abbaye va connaître une nouvelle et heureuse transformation : après le départ des détenus, la garde du cimetière des rois est désormais bien assurée, puisqu'elle est placée sous la sauvegarde des Beaux-Arts et, sans être troublés par les bruits insolites des prisonniers, les nombreux visiteurs pourront à loisir admirer les remarquables tombeaux, celui d'Aliénor est d'une particulière beauté ; son visage a une grâce exquise ; sa robe, qui tombe en plis ondulés, évoque les plus belles œuvres de l'antiquité.

Cette élite intellectuelle, que les splendeurs de l'abbaye restaurée ne manquera pas d'attirer, aura à cœur de conserver le parfum des couronnes de roses que les galants troubadours avaient tressées en l'honneur de la protectrice de la poésie courtoise et de la créatrice des cours d'amour qui firent le charme de tout le moyen âge.

 

 

A ceux qui ont ressuscité Fontevrault.

Merci d'avoir fermé cette triste prison Qui ceinturait de révoltes et de souffrances L'âme de Fontevrault : cette âme d'oraison, De solitude et de silence.

Merci d'avoir permis cet accomplissement : Cette fenêtre d'espérance Ouverte sur un firmament D'art, de sérénité et de recueillement.

Tous les rêves et les légendes vont fleurir Dans le cloître et dans les allées, Et l'on croira voir revenir, Marchant à pas feutrés les moniales voilées Chanter au chœur avec des voix de paradis ; L'abbesse, en manteau blanc, prolongeant sa prière ; Les trois filles du roi belles comme jadis, Et les Plantagenêts sous leur masque de pierre.

Nous croirons écouter « le carillon des anges » Descendre en ondes de clarté Pendant que monteraient les psaumes de louanges Si beaux dans leur pérennité.

Vous avez, réveillant un passé millénaire, Fait revivre en ces murs un centre culturel Comme la flamme d'or que Robert d'Arbrissel Alluma dans ce monastère Pour que rayonne encor, demain comme naguère, La présence de l'Eternel.

Magdeleine MORDACQ

 

VOYAGE DANS LE TEMPS DE CHINON ET DE NOTRE HISTOIRE <==

La vie d’Aliénor d’Aquitaine <==..... ....==> Chute de l’indépendance de l’état Poitevin-Aquitain et le conflit entre CAPÉTIENS ET PLANTAGENETS pour la possession du POITOU

....==> le Cimetière des Rois d'Angleterre à l’abbaye de Fontevraud

 

 

 

 


 

 

Fons-Ebraldi - Robert d'Arbrissel et La légende du bandit Evraud - PHystorique- Les Portes du Temps

(Fons-Ebraldi ou Fons-Evraudi, Fontaine d'Evraud. Roberti Damalioc Robert d'Arbrissel) On dit que Saint-Martin, le grand évangélisateur de la Gaule, avait annoncé que la sinistre forêt de Bort (Bornum), dite " forêt de Tranche-col ", se transformerait un jour en " forêt de prières ".

 

 

A propos des peintures de la chapelle Sainte Radegonde de Chinon - PHystorique- Les Portes du Temps

La scène représentée, une chevauchée royale représentant Jean sans Terre chassant en compagnie de sa femme Isabelle et de sa mère Aliénor d'Aquitaine. Au mois d'août 1964, on découvrait à Chinon dans la chapelle rupestre de Sainte-Radegonde les restes importants d'une peinture de qualité exceptionnelle, à la suite de quoi M.

(1). Eléonore ou Aliénor avait épousé Henri II roi d'Angleterre en 1152 (18 mai). De ce mariage naquit Richard Cœur-de-Lion, vers 1157. En 1168 Henri II céda l’Aquitaine à Richard, qui en fit hommage au roi de France en 1171. Le nouveau duc nomma pour son lieutenant Raoul de La Faye, homme féroce, d'une insatiable avidité, etc. (Art de vérifier les dates, Ducs d'Aquitaine, tome 2, p. 362).
Or, dans notre charte, Richard était déjà duc d'Aquitaine, et encore mineur, car sa mère porte la parole pour lui. Raoul de Faye était son lieutenant en 1171, mais en 1171 Richard avait de 13 à 14 ans et touchait à sa majorité notre charte ne doit donc pas être de beaucoup postérieure à cette date de 1171.

(2). Le prieuré de Saint-Aignan remontait à la fondation même de l'abbaye, on le retrouve dans toutes les chartes de fondation, du moins comme possession le prieuré conventuel remonte donc aussi certainement avant 1171.
Une charte de l'abbé Robert, datée du 27 mai 1156 ou 1157, lui impose une redevance de 4 sois par an pour l'entretien de la bibliothèque de l'abbaye. Les prieurés de Saint-Georges et de Saint-Nicolas en Oléron, de Puyravault, de Saint-Sornin de Montierneuf, de Surgéres, d'Availles et d'Olonne, y figurent aussi pour des sommes variant entre 5 sols et 12 deniers.
En 1109, le célèbre abbé Geoffroy avait rendu une ordonnance semblable le prévôt d'Oléron devait payer trois bons bacons, le moine de Saint-Aignan deux, le moine de Puyravault, le prieur de Surgères, le moine d'Availles, le moine d'Olonne, le moine de Saint-Sornin, chacun un.
A cette époque, les prieurés avaient des revenus assurés et étaient bien près d'être entièrement constitués, s'ils ne l'étaient déjà. (Voir le Cartulaire de la Trinité de Vendôme, à ces dates).


(3).. Jean Ier de Preuilly (1110 † 1182) comte de Vendôme (1145-1182), fils de Geoffroy III Grisegonel et de Mathilde (ou Mahaut) de Châteaudun.
Le comté de Vendôme avait été donné en fief par Geoffroy Martel à Foulques l'Oison. La preuve de cette sujétion féodale nous est encore fournie par un acte du 21 février 1147, d'après lequel Jean Ier comte de Vendôme, avoue Geoffroy le Bel, comte d'Anjou, pour son seigneur et le qualifie de ce titre; il reconnaît qu'après Dieu il lui est redevable du comté de Vendôme 1.
L'abbé Simon, Histoire de Vendôme, tome Ier  p. 21 et suivantes et p. 89. Idem, p. 107.

 Il assura le gouvernement du comté dès le départ de son père en croisade en 1137 et devint comte à la mort de ce dernier à son retour de Terre Sainte.
Jean Ier épousa en premières noces Berthe du Puy-du-Fou, fille héritière de Geoffroi, châtelain du Puy du Fou en, en Anjou, d’où :
1° Bouchard IV ; 2° Lancelin († vers 1195) ; Geoffroy ; 4° Mathilde, mariée à Henri, comte de Trégor et de Goëlo
Veuf il se remaria avec Richilde de Lavardin, héritière de la seigneurie de Lavardin, d'où :  1° Jean ; 2° Geoffroy, qui fut tuteur de son petit-neveu Jean II, comte de Vendôme de 1202 à 1211 ; 3° Barthélémy, archevêque de Tours de 1174 à 1206 ; 4° Agnès, femme de Sulpice d’Amboise.




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