La France du Moyen Âge, le blason fleurs de lys des Rois (origine) Clovis recevant la fleur de lys

(Cathédrale Notre Dame de Reims, un lieu hautement historique et symbolique)

La féodalité présente deux choses qu'il faut bien distinguer, le régime féodal de la propriété foncière, antérieur à l'établissement même de la monarchie française, et le régime féodal de la seigneurie, né sous les faibles descendants de Charlemagne.

L'usage des armoiries était inconnu en France sous les Mérovingiens, comme sous les Carlovingiens, et même sous les six premiers rois de la troisième race; il ne s'y est introduit qu'à l'époque de la seconde croisade, où la puissance des seigneurs féodaux avait déjà perdu beaucoup de son poids.

Comme les chefs militaires et leurs hommes d'armes étaient alors couverts de fer, on sentit la nécessité, pour se distinguer et se reconnaître, de prendre une marque extérieure. Les différentes couleurs des riches étoffes de l'Orient, ou des belles fourrures de la Russie, que nos guerriers avaient eu la fantaisie de mettre par-dessus leurs cuirasses, servirent donc à les distinguer entre-eux, et ces couleurs composèrent depuis celles du blason.

Chaque famille les fit passer dans ses armes, en y ajoutant des signes symboliques propres à fixer et conserver le souvenir de leurs dignités, de leurs hauts faits, de leurs alliances.

Puisque toutes les familles nobles prenaient des armoiries, il était naturel que la famille royale eut aussi les siennes.

 Après la défaite de Syagrius, et quand Clovis eut poussé ses conquêtes jusqu'à Paris, tout le pays renfermé entre la Seine, la Marne, l'Oise et l'Aisne, prit le nom de France, et ce nom s'étendit un peu plus tard à une assez grande partie du territoire situé entre la Seine et la Loire.

 A l'époque de l'invasion des Gaules par les nations appelées barbares, les Francs, qui étaient alliés des Romains, firent de grands efforts pour défendre le territoire de l'empire, mais toute leur valeur fut inutile; ils ne purent empêcher les Barbares de passer le Rhin, à Bâle, le 51 décembre de l'année 406.

En leur qualité d'alliés des Romains, les rois Francs ont été souvent en possession de dignités que leur conféraient les empereurs. Le roi Childéric, père de Clovis, était maître de la milice romaine dans les Gaules, et tout fait voir que Clovis lui-même, quand il prit les armes contre Syagrius, agissait dans l'intérêt de l'empire; rien ne le prouve mieux que la dignité de consul qu'il reçut plus tard de l'empereur Anastase, dignité qui mettait sous son commandement, tant au militaire qu'au civil, toutes les provinces gauloises; mais qui ne lui en donnait pas la souveraineté. Les empereurs d'Orient, après la révolte d'Odoacre, roi des Hérules, qui se fit proclamer dans Rome, en 476, roi d'Italie, ayant succédé à tous les droits des empereurs d'Occident, regardaient les Gaules comme étant de leur domaine; aussi les disputèrent-ils longtemps aux Bourguignons et aux Visigoths : ce fut Justinien, qui, par l'éloignement où elles se trouvaient de Constantinople, siége de l'empire d'Orient, prit enfin le parti d'en faire cession pleine et entière, vers la fin de 540, aux enfants de Clotaire 1er, fils de Clovis.

Pas plus que ses prédécesseurs, Clovis ne prit le titre de roi de France. Après sa mort ses états furent partagés entre ses quatre fils, Childebert, Thierry, Clotaire et Clodomir, et il y eut un roi à Paris, un autre à Metz, un autre à Soissons, un autre à Orléans.

A la mort de Clotaire, roi de Soissons, qui fut, pendant trois ans, seul chef de l' empire des Francs, par la mort de ses frères et de ses neveux, un nouveau partage eut lieu entre ses quatre fils, Charibert, roi de Paris, Gontran, roi d'Orléans, Chilpéric, roi de Soissons, et Sigebert roi de Metz.

Depuis la mort de Charibert jusqu'au dernier prince mérovingien qui fut déposé par Pepin-le-Bref, l'empire des Francs présenta trois royaumes, la Neustrie, la Bourgogne et l'Austrasie, royaume en grande partie composé de provinces allemandes, conquises par les Mérovingiens, ou par les maires de leurs palais. Les princes mérovingiens n'ont donc été que des rois Francs, et non des rois de France.

Charles Martel, qui, pendant près de trente ans, exerça le pouvoir suprême dans les trois royaumes, prenait, à l'exemple de son père, le titre de duc et prince des Francs : à sa mort, Pepin-le-Bref, pendant environ neuf ans que dura le règne de Childéric III, gouverna les trois royaumes sous le même titre que son père.

A la mort de Pépin, Charlemagne son fils aîné, prit possession des royaumes de Bourgogne et de Neustrie, et Carloman, son second fils, régna sur l'Austrasie. Carloman ne porta la couronne qu'à peu près quatre ans, au bout desquels il mourut, laissant deux fils au berceau qui ne succédèrent point à leur père; les grands d'Austrasie déférèrent la couronne à Charlemagne qui se trouva, par- là, maître unique et absolu dans les trois royaumes. Après avoir triomphé des Lombards, des Saxons, des Bavarois, des Huns, des Maures d'Espagne, des Bretons et des Aquitains, ce grand homme, qui ne prit jamais le titre de roi de France, fut proclamé dans Rome empereur d'Occident.

(1) Avec les Mérovingiens finirent les rois francs. Pépin d'Héristal, maire du palais du roi d'Austrasie, était allemand, de même que Charles Martel, son fils, Pepin-le-Bref, son petit-fils, et Charlemagne, son arrière-petit-fils, né dans un château, près de Saltzbourg. Le caractère et les goûts tudesques des princes carlovingiens n'ont pas peu contribué à les faire descendre du trône.

A la mort de Louis-le-Débonnaire, fils de Charlemagne, l'empire fut partagé entre ses trois fils : Lothaire, qui eut la couronne d'Italie; Louis, celle de Ravière, et Charles-le-Chauve, qui fut roi de Neustrie, de Bourgogne et d'Aquitaine.

Après la fameuse bataille de Fontenay, un nouveau partage eut lieu en 843, entre les (rois frères : Charles conserva non seulement la Neustrie et l'Aquitaine, mais il eut en outre de grands territoires situés entre la Loire et la Meuse; Louis eut toute la Germanie, et le nom d'empereur demeura à Lothaire, avec l'Italie, la Lorraine, la Franche-Comté, la Bourgogne, le Lyonnais, le Dauphiné, la Savoie, la Provence, enfin toutes les contrées qui se trouvent enclavées entre le Rhône, le Rhin, la Saône, la Meuse et l'Escaut.

Charles-le-Chauve ne prit point le titre de roi de France, et ce fut sous son règne que les ducs, les marquis et les comtes, officiers commissionnés par le souverain, et révocables à sa volonté, commencèrent à obtenir la possession héréditaire des provinces et des villes placées sous leur commandement : de là prit naissance le régime féodal de la seigneurie, régime qui fit de si grands progrès sous Louis-le-Bègue et ses descendants, que Louis V, dernier prince de la race Carlovingienne, race véritablement Allemande, se trouvait réduit à ne posséder en propre que la ville de Soissons et celle de Laon.

A cette époque, l'empire des Francs était réellement partagé entre les grands vassaux de la couronne, lesquels, à la vérité, étaient liés au roi par un serment de foi et hommage ; mais ce serment était souvent pour eux très peu de chose, et ils ne le tenaient qu'au gré de leur caprice, ou selon la mesure de leurs intérêts.

Les feudataires ou grands vassaux de la couronne, à la mort de Louis V, étaient les ducs de France, de Normandie, de Bretagne, de Bourgogne, d'Aquitaine, de Gascogne, les comtes de Vermandois, de Flandre, de Champagne, de Poitiers, de Toulouse et de Barcelonne.

Le plus puissant de tous les grands vassaux, à la mort de Louis V, le plus illustre, à cause des alliances de sa famille avec celle des Carlovingiens, était assurément Hugues-Capet, fils aîné de Hugues-le-Grand (1) ; il était duc de France, comte de Paris et d'Orléans, et il possédait en outre de grands domaines dans la Champagne et dans la Picardie.

En montant sur le trône, il réunit toutes ses possessions à la couronne, et ce fut alors que commença véritablement le règne de la maison de France, maison qui, par la longue suite de rois qu'elle a donnés, a fait prendre son nom à tout le pays sur lequel aujourd'hui règne Louis-Philippe.

La maison de France et la monarchie vraiment Française sont donc le fait réel de l'intronisation de Hugues-Capet, dont la sage politique rendit le sceptre héréditaire de mâle en mâle, et par ordre de primogéniture; dont les habiles successeurs travaillèrent sans relâche à la destruction du régime féodal de la seigneurie; parvinrent, par de belles alliances, ou par d'heureux traités, à réunir de grandes provinces à la couronne, et vinrent à bout d'établir à jamais l'unité et l'indivisibilité du royaume.

Etienne Pasquier, illustre avocat général de la Cour des comptes de Paris, sous les règnes de Henri III et Henri IV, dit dans ses savantes recherche, que Clovia; premier Roi chrétien de France, changea ses armoiries, dans lesquelles il y avait alors trois crapauds, et choisit les fleurs de lys qui se continuent jusqu'à nous.

Clovis, premier Roi chrétien, laissant l'écu à trois crapauds, prit celui d'azur aux fleurs de lys d'or envoyé divinement ; et passant ensuite à la troisième rase, ajoute que les armes que portait le Roi Robert, fils de Robert le Fort et grand oncle paternel de Hugues Capet, étaient d'azur semées de fleurs de lys d'or à la bordure de gueules (I)

Jean du Tillet dans son Recueil des Rois de France dit que l'Écu de France fut changé après le baptême du Grand Clovis, premier Roi chrétien, et que ses prédécesseurs Rois, selon les chroniques, portaient auparavant trois crapauds en leur écu.

Bertelius est un de ceux qui rapportent que Saint Remy, prélat de l'Église de Rheims, baptisa Clovis, et l'oignit Roi d'une huile apportée du Ciel par un ange, et qu'il prit pour armes les fleurs de lys que Dieu envoya miraculeusement du Ciel, et que le symbole des crapauds fut alors délaissé.

Pierre Grégoire est du même avis que les Rois de France qui portaient les crapauds, prirent les fleurs de lys envoyées du Ciel.

Hoepingue  parle de l'oriflamme et de l'écu à trois fleurs de lys envoyé du Ciel à Clovis ; cet écu se montrait à l'abbave de Joyenval. Voici en quels termes il s'exprime :

Vexillum aureum auriflammam vocatum ccelitus ad Clodoveum in abbatid Jocavallensi, ubi scutum tribus floribus inspectent ostenditur, demissum.

Selon une légende, Clovis et son épouse Clotilde vivaient dans le Château de Montjoie dans la Forêt de Cruye (moderne Forêt de Marly à l'ouest de Paris).

La pieuse Clotilde à l'habitude de prier avec un ermite qui vivait près d'une fontaine située à proximité du château. Un jour, la reine Clotilde ayant vu en songe un ange apparut avec  fleurs de lys Elle persuada Clovis de remplacer l'écu ou figuraient les trois crapauds (un symbole païen).

 

Le nom fleur de lys apparaît sous le règne de Louis VII, dans Érec et Énide peu après 1160 et on peut remarquer que ce terme est phonétiquement identique, en tout cas très proche de « Flor de Loys » (Fleur du Roi Louis), Louis VII ayant en fait adopté comme blason l'Iris des marais mais l'assonance entre « Flor de Loys » (l'iris) et « Flor de Lys » a perpétué une équivoque historique. On appela donc ce symbole la  Fleur du roi Louis  = la fleur de Louis qui devint phonétiquement la  Fleurs de lys.

Philippe Auguste, fils de France, et marié à Isabelle de Hainaut, qui lui avait apporté en dot le comté d'Artois, séparé du comté de Flandre par la Lys, adopta pour ses armoiries, de petites fleurs jaunes, qui croissent abondamment sur les bords de cette rivière, lesquelles n'ont rien de commun avec le lis des jardins qui est blanc ; il plaça ces fleurs des bords de la Lys, sur un champ d'azur, et tous ses successeurs ont constamment gardé ces marques.

La Fleur de Lys est souvent utilisé au cours des siècles suivants, mais ne pas entrer officiellement sur les cotte d'armes royales avant le 12ème siècle. Dans l'origine, l'écu des rois de France était semé de fleurs de lys sans nombre : ce fut le roi Charles V qui les réduisit à trois en l’honneur de la sainte trinité.  

 

 

Dans son ouvrage Le Roman de Saint-Louis paru en 2013, Philippe de Villiers prête au roi Saint Louis ces paroles au sujet de la fleur de lys : « La Providence avait orné la France de trois pétales de l’esprit : foi, sagesse et chevalerie. A la différence, hautement symbolique, des royaumes voisins, notre emblème à nous n’était ni une tour crénelée, ni une gueule ouverte d’aigle aux serres éployées, ni un léopard affamé. C’était bien une fleur qui s’ouvrait, peinte sur mes armes et sur nos gonfanons, une fleur de lys trifoliée, comme si nous voulons dire à l’univers : la foi, la sagesse et la prouesse servent, de par la provision et la grâce de Dieu, notre royaume plus abondamment que toutes les autres vertus qui inspirent la crainte. Les deux feuilles du bas, qui symbolisent la sagesse et la chevalerie, gardent et défendent la troisième qui les surmonte et signifie la foi, car la foi est éclairée par la sagesse et défendue par la chevalerie. J’étais, au plus profond de moi-même, ancré en une ferme intuition : tant que ces trois vertus formeraient ensemble un heureux bouquet en le royaume de France, il en tirerait force et fermeté d’âme. S’il advenait qu’elles en furent séparées ou arrachée, le royaume tomberait en grande désolation. »

 

 

Notice sur l’antiquité et la Gloire des Lys Par M Le Chevalier H de Féraudy  

 

 Reims: Le calice du sacre des rois de France de Saint Remi <==.... ....==> Armoiries, étendards, bannières de Jeanne d'Arc


 

 

(1) Hugues Capet se trouvait, par sa mère, neveu d'Othon, roi de Germanie, d'Edouard, roi d'Angleterre, du roi Louis-d'Outremer : il était cousin germain du roi Lothaire, oncle à la mode de Bretagne du roi Louis V, dont il fut le plus ferme appui, frère de Henry, duc de Bourgogne, et beau-frere de Richard, duc de Normandie.

 

( I ) Cette conformité d'armes des Rois de la première race, avec ceux de la seconde et de la troisième, vient parfaitement à l'appui des assertions de plusieurs savants généalogistes qui assurent que Robert le Fort, tige de la maison régnante , était issu du sang des Carlovingiens, et ceux-ci de celui des Mérovingiens.