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PHystorique- Les Portes du Temps
3 février 2019

Faux testament de Guillaume X, père d’Aliénor d’Aquitaine en faveur des Seigneurs du Bas-Poitou (Chroniques de Saint-Maixent)

Faux testament de Guillaume X, père d’Aliénor d’Aquitaine en faveur des Seigneurs du Bas-Poitou (Chroniques de Saint-Maixent)

 Le premier volume, qui embrasse une période de 185 ans (de 778 à 993) jette une vive lumière sur l’époque la plus obscure de nos fastes, et fait regretter que le second, qui devait nous conduire jusqu’à l’avènement d’Aliénor de Poitou au trône ducal d’Aquitaine, en 1137, ait été interrompu par la mort des deux auteurs.

 

1131-1137. Charte par laquelle Hugues II du Puy du Fou, chambrier de Louis VI, fils de Guillaume, chambellan de Philippe I, et Théophanie de Craon, son épouse, surnommée la Bourguignonne, concèdent à l'abbaye de Mauléon dispense de toutes les coutumes sur ce qu'elle acquérerait dans le fief du Puy du Fou.

Don fait au profit des ames de Guillaume et d'Adèle de Beaumont, père et mère de Hugues ainsi que de celles de Maurice I de Craon et de Théophanie, surnommée l'Anguille, père et mère de Théophanie parmi les témoins Hugues de Craon, frère de Théophanie.

Ce don fut approuvé par les deux fils d'Hugues Hugues et Renaud, et par Théophanie (Note des Chronicorum comitum Pictaviae, dans Historiens des Gaules, XII, 409.

Hugo vero camerarii Willelmi filius, et Theophania conjux, Burgundia nuncupata, considerantes ante diem obitus, quod divina pietas invitat nos in dies, dicens : « Facite vobis amicos de Mammona iniquitatis, ut cum defeceritis, recipiant vos in aeterna tabernacula » ac etiam quod eleemosyna liberat a morte perpétua ; idcirco pro Dei omnipotentis amore, et B. Mariae virginis angelorumque omnium et sanctorum, donaverunt abbati virisque religiosis de Maloleone, illisque concesserunt, ut quidquid de feodo de Podio-Fagi dono vel emptione acquirere possent, possideant in perpetuum absque cosduma ; in remedio quoque animarum Willelmi atque Adelliae, patris et matris Hugonis ejusdem, ac etiam Mauricii, qui tenuit in vita sua Credonium in pago Andegavensi, atque Theophaniae, Anguillae nuncupatae, patris et matris ejusdem Theophaniae-Burgundiae, filiorumque eorumdem atque amicorum : huic dono adhibitis testibus, Hugone de Credonio fratre Burgundiae Thophaniae, Eble de Monteleone, Willelmo de Podio Augusti, Rainaldo de Vieriis, Roberto Camaliacense et Johanne de Haia, regnante Ludovico VI, Francorum rege, Willelmo duce in Aquitania atque Pictavia et Willelmo Pictavensi episcopo.

 Hoc donum denique concesserunt Hugo de PodioFagi et Rainaldus, Hugonis ejusdem filii duo, atque Theophania.

 

Je classerai ici un travail lu aux séances de la Société académique de Poitiers, dans le cours de l’année 1837 et imprimé sous ce titre : Recherches sur les Chroniques du Monastère de Saint-Maixent, in-8e, de 70 pages, Saurin, Poitiers, 1838.

Après avoir relevé la valeur de notre Chronique nationale, dite de Maillezais, qu’il attribue à Pierre Raymond, abbé de Saint-Maixent, de la Fontenelle argue de faux la seconde chronique que les continuateurs de dom Bouquet appellent Fragmentum Chronicorum, et qui a été adoptéé pour vraie par les doctes Bénédictins, par la plupart des historiens du Poitou, par Drouyneau de Brie et Berthre de Bourniseaux.

Ce manuscrit établit une liste de vicomtes de Thouars, que notre critique attaque comme étant inventée à plaisir, puisque quelques-uns de ceux qui y sont dénommés n’ont jamais existés, il dresse, d’après les chartes contemporaines, une nouvelle généalogie de ces puissants princes, et renverse les séries des seigneurs du Bas-Poitou que le moine anonyme de saint-Maixent fait descendre de la maison vicomtale. Des preuves, placées en regard, constatent la fausseté de ces documents. Enfin, d’accord avec Besly, il tient pour supposé le testament de Guillaume X, duc d’aquitaine, et s’étonne que les savans religieux, éditeurs du recueil des Historiens de France, aient adopté cette pièce apocryphe.

Dans la seconde chronique de St Maixent, dans laquelle se trouve le testament prétendu de Guillaume X. il a été établi dans l’intérêt de la maison du Puy du Fou et des familles du bas Poitou qui lui étaient alliées. Or, c’est cette maison du Puy du Fou qui distribua des copies aux différentes autres familles qui, comme elle, y puisaient une origine fabuleuse.

Par exemple, une de ces copies fut trouvée, par dom Fonteneau, dans le trésor du château de l’Etenduère, près des Herbiers, appartenant à la famille des Herbiers de l’Etenduère, qui a grandement marqué dans la marine, et dont on fait figurer un des membres dans le faux testament du père d’Aliénor. Ce document avait été envoyé là, en 1673, par Gabriel du Puy du Fou, ainsi qu’on va voir.

Il me semble bon de lire ici le préambule placé en tête de cette copie de la deuxième chronique de Saint Maixent, parce qu’il est très-significatif.

Il est ainsi conçu : « Copie d’un fragment d’une chronique latine des ducs d’Aquitaine, comtes de Poitou, où l’on voit l’origine de la plupart de de ces maisons venues de cadets des anciens vicomtes de Thouars, seigneurs de Thouars à viage et par retour (en leur temps), suivant l’ancienne coutume et la loi de Poitou.  Ces cadets ayant pris leurs noms de leurs seigneuries (celui de Thouars n’étant pas héréditaire dans leur famille), et les armoiries desdits vicomtes n’étant portées que par celui qui était investi de ladite vicomté, ces cadets en prirent d’autres, comme le seigneur de Pouzauges qui porta de gueules au léopard d’or, à huit fleurs de lis aussi d’or, mis en orle. Le vicomte de Thouars portais l’or semé de fleurs de lis d’azur, au franc quartier de gueules.

 

 

Dans les additions de M. B. de Broussillon qui se trouvent à la fin de son second volume, il a intercalé parmi les premiers degrés de la généalogie de la maison de Craon une Théophanie, femme d’Hugues du Puy du Fou, dont l’existence lui aurait été révélée par le Recueil des historiens de France; or le document publié dans le Recueil est absolument apocryphe.

En 1838, M. de la Fontenelle de Vaudoré a publié chez Saurin, à Poitiers, ses Recherches sur les Chroniques du monastère de Saint- Maixent en Poitou. Dans cet écrit, le meilleur qui soit sorti de la plume de cet écrivain, il démontre d’une façon irréfutable la fausseté de la chronique fragmentée par les éditeurs des Historiens de France dans les tomes X, XI, XIII et XVIII de leur collection.

Il y prouve que ce document avait été composé de toutes pièces pour fournir des ancêtres à la famille du Puy du Fou, laquelle s’inspira du procédé qu’employèrent en 1581 les Sauzay lors de la mise au jour des Recherches de la Gaule aquitanique de Jean de la Haye, que l’historien Besly a si bien démolies.

La famille du Puy du Fou était originaire du Bas-Poitou et vivait dans une profonde obscurité quand un de ses membres s’attacha à la maison d’Anjou et la suivit en Italie où elle acquit de grandes richesses.

Elle contracta aussitôt de brillantes alliances et, comme complément, se chercha des ancêtres.

Gabriel du Puy du Fou vivait sous le règne de Louis XIV, fit composer la chronique latine paraissant remonter au XI siècle.

 Un Guillaume de Pousauge, fils d’un Trulle, vicomte de Thouars, au temps d’un Brice abbé de Saint-Maixent, qui sont tous des personnages controuvès, ce Guillaume apparut comme le fondateur de la famille; il reçut pour descendants un Guillaume du Puv du Fou dont on fit un chambrier de France du temps de Philippe I er , et un Hugues, aussi chambrier de Louis le Gros, auquel on donna pour femme une Théophanie de Craon Bourgogne; ce sont ces deux personnages absolument apocryphes, Hugues et Théophanie, que M. B. de B. a placés dans sa Maison de Craon, en accompagnant leur mise au jour de commentaires étendus appuyés par un extrait de la fameuse chronique. (Idem, n, pp. 317-353).

 Le hasard nous permet d’ajouter quelques détails à ceux consignés par M. de la Fontenelle dans sa Notice sur l’origine de cette fourberie. Il y a quelques années nous avons acquis à la vente de la bibliothèque de M. E. de Roziére le manuscrit inscrit au Catalogue sous le n° 1746 et qui porte ce litre : « La descente et filiation des seigneurs du Puy-du- Fou au Bas-Poitou, prouvée par titres, chartes, arrests, histoires et par le fragment de la chronique latine manuscrite qui est en ce livre icy. » In-4° de 16 feuillets, orné de grands blasons parfaitement dessinés à la plume, parmi lesquels on remarque celui d’Hugues du Puy du Fou et de Théophanie de Craon posés sur les deux clefs du chambrier du roi mises en sautoir !

Cet exemplaire était destiné à la marquise de Pisimieu, sœur du marquis Gabriel du Puy du Fou. Il se termine par la mention suivante, autographe, que nous reproduisons in extenso, car elle permet de se rendre compte des procédés employés pour propager la légende : « L’original de ce manuscrit, y est-il dit, a esté veu par plusieurs habilles hommes qui en ont fait grande estime et entre autres par Monsr Le Laboureur qui a fait et mis au jour de si belles histoires.

Original que je veux donner avec plusieurs fort anciens titres de ma maison à Madame la comtesse de Pisimieu, ma très honnorée sœur, à laquelle j’envoye cependant cet ouvrage cy pour m’acquitter de ma promesse en son endroit.

Escrit au châu de Pescheseul le 1 jour de décembre an de grâce mil six cens soixante huit par moy, Gabriel, marquis du Pux du Fou, 1668. »

 

Plus haut, le signataire de cette note raconte que le manuscrit original, « fait au temps que Gaultier estoit évesque de Poictiers en l’an mil trois cens, par un chanoine de l’église cathédrale de Poictiers » avait été égaré puis retrouvé en 1632 par le marquis de Sablé « chez un faiseur de batoüers », qui lui en avait fait don.

Mais il ne suffisait pas à M. du Puy du Fou de répandre dans sa famille des copies de sa fameuse chronique. Pour mieux faire accepter ses inventions il eut soin d’y intéresser les principales familles du Bas-Poitou qu’il fit sortir comme la sienne des vicomtes de Thouars. Il leur envoya des copies de sa généalogie portant aussi un certificat de sa main ; voici celui qui était apposé au bas de l’exemplaire envoyé à M. des Herbiers de l’Estenduère; « Transcrit sur l’original en parchemin du temps de Gauthier de Bruges, évêque de Poitiers, lequel est ès mains de Madame de Mirepoix, ma fille, et je promets à MM. des Herbiers de le leur communiquer. A Pescheseul, province du Maine, 31 mai 1672. Gabriel du Puy du Fou. » (La Fontenelle de Vaudoré, Recherches, p. 62.)

 Il résulte de ces faits que le fameux original annoncé à tout le monde n’était produit à personne; lors de la prétendue découverte, en 1632, il fut sans doute présenté à Besly, car on trouve dans ses œuvres une lettre qu’il écrivit à M. du Puy du Fou, le 25 juillet 1632, et où il apparaît que le savant historien évite de se prononcer sur le fond de la généalogie de cette famille, en déclarant ne pouvoir remonter plus haut qu’un Reginaldus de Podio Fagi, Rainaud du Puy du Fou, vivant en 1251, qui épousa Eustache de Montbail (Besly, comt. De Poitou, II, p. 195), elle s’est grandement illustrée plus tard, notamment sous Louis XII, Jean du Puy du Fou suivit en Italie Louis Ier, roi de Sicile et duc d’Anjou, à qui il rendit de si grands services, que ce prince lui donna le duché de Dixmille, au royaume de Sicile, par lettres-patentes de 1381.

Cet accueil dut rendre M. du Puy du Fou plus circonspect. Le Laboureur fut de meilleure composition, mais il ne fut sans doute pas mis en demeure de voir le fameux original, aussi bien que D. Martenne le premier éditeur de la Chronique, qu’il a insérée au tome V de son Amplissima collectif), col. 1147-1159, sous cette désignation: Fragmenta chronicorum comitum Pictaviæ ducum Aquitaniæ; il n’indique pas sa provenance et l’attribue à un religieux de Saint-Maixent.

Il est probable qu’il avait trouvé ce texte, ainsi qu’un extrait, qui est de même fabrication, d'une prétendue chronique de Saint-Michel-en- Lherm (col. 1159-1160) dans les manuscrits de Le Laboureur.

Pour ce qui est de l’introduction d’une personne de la maison de Craon dans la fausse généalogie de celle du Puy du Fou, on ne peut y trouver d’autre motif que la résidence du marquis Gabriel dans le Maine, Pescheseul étant, dit-il dans sa généalogie, éloigné de 10 ou 12 lieues seulement de Craon, berceau de la grande famille à laquelle il avait sûrement un vif désir de se rattacher.

 

François II du Puy du Fou servit François Ier, Henri II et Charles IX, tant en Italie qu’en France, et eut le gouvernement de la Rochelle, le titre de marquis, le collier de l’ordre, et, en 1568, un brevet de maréchal de France pour le premier emploi qui viendrait à vaquer, mais il mourut la même année.

Il y a une généalogie imprimé de cette maison, et Ronsard en a rédigé une autre qui se trouvait, en manuscrit, dans la bibliothèque de M. de Caumartin, évêque de Vannes.

 

Histoire littéraire du Poitou: De Dreux du Radier

Revue poitevine et saintongeaise : histoire, archéologie, beaux-arts et littérature.

 

 

La Conversion de Guillaume X d'Aquitaine, Mariage de Louis VII le Jeune, futur roi de France avec Aliénor de Guyenne  <==

La chronique de Maillezais du MONASTERE DE ST-MAIXENT, EN POITOU.  <==

 


 

 

La chronique de Maillezais du MONASTERE DE ST-MAIXENT, EN POITOU.Temps

Aujourd'hui que l'on s'occupe d'écrire l'histoire sur les documents originaux, et que les travaux historiques faits sur des livres n'ont plus guère de valeur dans le monde savant, il est utile d'exhumer de la poussière des bibliothèques ou des dépôts d'archives les chroniques de chaque province, d'en examiner la Valeur et d'en rechercher les auteurs, s'ils sont demeurés inconnus; et c'est ce que je me propose de faire pour le Poitou, Je commencerai par des Recherches sur les chroniques du monastère de St-Maixent.

 

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