Ce sont surtout les reliquaires et les instruments liturgiques qui se décorent de riches émaux. Un des chefs-d’œuvre de cette époque est le calice d’or qui, du cabinet des Antiques de la Bibliothèque impériale, a passé dans le trésor de Notre-Dame de Reims et est conservé au palais du Tau (palais épiscopal à côté de la cathédrale) dans le musée de l'Œuvre de Notre-Dame.
Le pied et la coupe sont bordés de filigranes ; à côté des émaux incrustés, on compte 7 émeraudes, 6 grenats, 5 saphirs, 9 agathes et beaucoup d’autres pierres précieuses. Ce vase sacré a toujours été désigné sous le nom de Calice de Saint Remi, sans doute parce qu’il fut exécuté pour remplacer celui que saint Remi avait légué à son église métropolitaine.
On lit sur le pied l’inscription suivante qui a dû contribuer à faire rentrer ce monument liturgique dans son vénérable asile, après une absence de soixante-dix ans : QUICUMQUE HUNC CALICEM INVADIAVERIT VEL AB ECCLESIA REMENSI ALIQUO MODO ALIENAVERIT ANATHEMA SIT. FIAT. AMEN.
« quiconque aura pris ou distrait ce calice de cette église de Reims, soit anathème ! Que cela soit ainsi ! Amen ! »
Testament de Saint-Rémi
je laisse au futur évêque, mon successeur, un mantel blanc pour l’office de Pâques, deux tentures bleues, et trois voiles qu’on suspend, les jours de fête, aux portes de la salle à manger, du cellier et de la cuisine.
D’après la volonté de Dieu, j’ai partagé entre toi, mon héritière, et l’Eglise de Laon qui appartient à la province, un vase d’argent de trente livres et un autre de dix-huit livres, dont on a fait, sur mon ordre, des patènes et des calices pour le saint ministère.
Le roi Clovis, d’illustre mémoire, dont j’ai parlé souvent, et que j’ai tenu sur les fonts de baptême, a daigné me donner un vase d’or de dix livres, pour en faire ce que je jugerais à propos.
J’ordonne qu’on en fasse pour toi, ô mon héritière, un ciborium en forme de tour et un calice orné de figures, et je veux qu’on y place l’inscription que j’ai fait mettre sur un calice d’argent de l’église de Laon. Ce que je ferai, si je vis assez longtemps ; et si je meurs, c’est vous, ô Loup, évêque, fils de mon frère, qui, par respect pour la dignité épiscopale, vous chargerez de ce soin ».
Avec ce vase d’or on fit donc un calice et un ciborium en forme de tour.me calice, d’après l’ordre de saint Remi, reçu l’inscription suivante, gravée sur le calice de Laon, et que rapporte Flodoard :
Hauriat hinc populus vitam de sanguine sacro
Injecto aeternus quem fudi vulnere Christus.
Remigius reddit Domino sua vota sacerdos.
« Que le peuple puisse ici la vie dans le sang précieux que le Christ éternel a versé de sa blessure. Remi, prêtre, offre ses vœux au Seigneur. »
Flodoard ajoute : « Ce vase a existé jusqu'à ces derniers temps, où il a été fondu et donné aux Normands pour la rançon des Chrétiens. » (attaque de Normands a l'automne 882)
Mais qu'est devenu le ciborium? Il devait être bien cher à l'église de Reims, bien plus cher encore depuis qu'elle avait été obligée de livrer le calice. Elle a dû nécessairement veiller sur cette précieuse relique avec un grand soin. Aussi croyons-nous que le ciborium a été transformé dans le calice, dit de Saint-Remi.
En 1791, le calice est confisqué par les révolutionnaires comme beaucoup d'objets des trésors liturgiques. Passé de Reims à Saint-Denis, déposé à la bibliothèque national en 1796, et rendu à Reims en 1858 par Napoléon III.
Les regalia du Royaume de France, objets symboliques de nos Rois <==.... ....==> La France du Moyen Âge, le blason fleurs de lys des Rois de France (origine)