Monument commémoratif à Samuel Champlain à Hiers Brouage (1878)
A l'occasion des fêtes de Québec, la Société de géographie de Rochefort, se rappelant que Champlain est un Saintongeais des plus voisins de Rochefort et dont elle-même n'a jamais manqué de fêter le souvenir, a cru devoir, par l'intermédiaire de son Bureau, adresser la lettre ci-jointe:
27 juin 1908.
A Monsieur le Président et Messieurs les Membres du Comité des fêtes du tri- centenaire de la fondation de Québec.
Messieurs,
Il y a trois siècles, Samuel Champlain - un Saintongeais - débarquait à Tadousac : peu après il fondait Québec, et lorsqu'il mourut la « Nouvelle-France »existait; elle avait ouvert l'admirable carrière qui l'a conduite à la prospérité d'aujourd'hui.
Québec va solenniser ce souvenir.
La Société de géographie de Rochefort (Charente-Inférieure, ancienne Aunis et Saintonge), fière des liens de famille qui la rattachent au Canada, sollicite l'honneur de s'associer, au moins par ses hommages et par ses vœux, et cette glorieuse commémoration.
En 1891, la Société a conduit le Congrès national des Sociétés françaises de géographie en pèlerinage au monument de Champlain, à. Brouage ; la Ville de Rochefort a tenu à décorer l'une de ses places du grand nom de Champlain. C'est donc un devoir pour nous, et peut-être même un droit, de nous unir à la pieuse cérémonie qui va glorifier de nouveau le nom cl l'œuvre de l'un des nôtres, dont le souvenir fait notre orgueil.
Permettez, Messieurs, que nous joignions à cette manifestation, l'expression cordiale de notre fraternel attachement, avec nos vœux les plus sincères pour la prospérité toujours croissante de Québec et du Canada.
Les membres du bureau
A l'heure où les peuples de la vieille Europe tournent leurs regards vers ces contrées lointaines qui attendent encore la lumière de la civilisation, et cherchent, à l'envi l'un de l’autre à y faire pénétrer leur influence et leur drapeau, il est juste de glorifier les hardis navigateurs, les colonisateurs intrépides qui, aux siècles passés, apprirent an nouveau monde à connaitre et à respecter leur patrie.
Au premier rang de ces hommes d'action, se placera pour la France le fondateur de Québec, Samuel Champlain. Champlain a déjà reçu le plus magnifique hommage qui puisse éterniser une mémoire: un des grands lacs de l'Amérique du nord porte son nom.
Mais la ville de Québec a voulu élever dans ses murs mêmes un monument au père de la Nouvelle-France. La province qui a vu naitre Champlain avait le devoir de s'associer à cette œuvre de pieuse gratitude; aussi, la société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, gardienne vigilante des gloires du passé, a-t-elle cru, en cette occasion, devoir prendre l'initiative d'une manifestation patriotique en l'honneur de Champlain, avec d'autant plus de raison que c'est sur la proposition d'un de ses membres que fut naguère élevée à Brouage, aux frais du département, la colonne commémorative rappelant que Champlain y est né.
La fête projetée, à laquelle furent conviés le représentant du gouvernement canadien à Paris, M. Hector Fabre, et le lieutenant-gouverneur de Québec, M. Chapleau, en ce moment en France, puis le premier ministre du Canada, sir John Thompson, et le ministre de la marine, sir Charles-H. Tupper, devait primitivement avoir un caractère exclusivement privé et littéraire.
Grâce au concours de la ville de Saintes et du clergé, de l'autorité militaire et de l'administration des chemins de fer de l'état, elle a eu un éclat, un retentissement, qui a dépassé nos espérances.
RÉCEPTION A LA GARE
Le 2 juillet, à 6 heures 13 du soir, M. le président Audiat et les membres du bureau de la société attendaient, à leur descente de wagon, M. et Mm Fabre et leur fils. M. Chapleau avait été, au dernier moment, retenu par une indisposition. Pendant que la musique du 6 de ligne jouait l'air national canadien, A la belle fontaine, orchestré par son habile chef M. Tilly, ils étaient introduits dans une salle d'attente, élégamment décorée par les soins de l'administration, où le drapeau français s'unissait au drapeau canadien et au blason du Dominion. Là se trouvaient M. le comte Anatole Lemercier, député et maire de Saintes; M. Hélitas, préfet de la Charente-Inférieure; M. Delmas, député et maire de La Rochelle; M. Braud, député et maire de Rochefort; M. Duréault, sous-préfet de Saintes; MM. Dixmier, président du tribunal civil, et Genet, président du tribunal de commerce; Delrieu, procureur de la république; Albert Gaschet, colonel du 6 régiment d'infanterie; Guillet, Huvet, de Laage de Meux, conseillers généraux; Brunaud et Petit, adjoints au maire de Saintes; Me au me, conservateur des hypothèques; Burgaud, receveur particulier des finances; Tourgnol, principal du collège de Saintes; Aymard, sous-directeur des contributions Indirectes Pinasseau , président de la chambre des notaires; le pasteur Rouffineau; l'abbé Gellé; Faye, inspecteur principal de l'exploitation des chemins de fer de l'état; de La Messelière, inspecteur de la dite exploitation; Godineau, sous-inspecteur de l'enregistrement; le docteur Mongrand, président de la société des médecins; Crépol, receveur des postes; Héraud, sous-ingénieur des ponts-et-chaussées : des fonctionnaires, des officiers, des membres de la société, etc., qui, tous, répondant à l'invitation de la société des Archives, étaient venus saluer les représentants d'une nation amie.
Un piquet du 6 de ligne faisait la haie et maintenait l'ordre dans la foule.
Le président de la société des Archives souhaite en quelques mots lu bienvenue aux voyageurs.
ALLOCUTION De M. LOUIS AUDIAT
Monsieur le commissaire général,
Le 3 juillet 1608, celui que vous vénérez comme le père de la patrie, que nous admirons comme un dé nos plus grands hommes, Samuel Champlain, abordait avec vingt-huit compagnons au pied du haut promontoire de Québec et y fondait cette colonie aujourd'hui si puissante et si florissante, dont la perte nous cause un éternel regret.
En ce 285e anniversaire de la fondation de votre chère cité, vous débarquez, très gracieusement accompagné, dans cette contrée d'où partit jadis notre illustre pionnier, notre heureux: colonisateur. Il ne trouva personne pour le recevoir, si ce n'est des sauvages curieux: et méfiants. Vous voyez autour de vous, messieurs, avec la société des Archives, les chefs de nos diverses corporations ou sociétés, les représentants de la cité, de l'armée, du clergé, de la magistrature, de l'administration.
Ils sont venus spontanément saluer en vous nos compatriotes d'Amérique, nos amis de la Nouvelle-France, les descendants de ces hardis pionniers saintongeais dont vous retrouvez ici les noms encore vivants, qui s'en allaient là-bas, à l'aventure, sur une terre inconnue et barbare, planter la civilisation chrétienne avec le drapeau de la France.
Vous êtes, messieurs, pour nous Saintongeais, des parents qui venez après une longue absence revoir le foyer paternel, raviver les vieux souvenirs, parler des pères à leurs enfants; pour nous Français, vous êtes toujours, vous resterez quand même nos chers Alsaciens-Lorrains d'outre-mer.
Au nom de la société des Archives, et permettez-moi d'ajouter au nom de cette cité, au nom de cette province dont les représentants vous diront plus éloquemment les sentiments et l'affection, je vous salue par ce cri qui les résume tous et .qui est ici dans tous les cœurs: « Vivent les Canadiens! »>
Et tous crient : « Vivent les Canadiens ! »
La colonne fut érigée en son honneur en 1878.
==> Miracle de Saint Macoult à Broue (st Malo à Brouage- Portus Santonum )
==> Ciconia ciconia, les sentinelles des marais salants de Brouage (tour de Broue)
==>Le Corps royal des canonniers-matelots, démonstration de tirs de l’Hermione à Brouage
==> Les Mousquetaires de Richelieu, Brouage 1627