plan général du château, jardin, térraces de THOUARS, en poictou à sept lieus de Saumur 1699

Il n'est pas aisé de déterminer, d'une manière précise, l'antiquité de la ville de Thouars. Les Anglais, dans le douzième siècle, ont transporté dans la tour de Londres, ses titres, chartres et monuments historiques, avec ceux de plusieurs autres villes du Poitou (1).

Ce que l'on peut avancer de plus vraisemblable, c'est qu'antérieurement à la conquête des Gaules par Jules-César, dans le temps que les Pictones étaient gouvernés par des rois de leur nation, Thouars était une place extrêmement forte, connue alors sous le nom de Childoac (2), qu'un auteur a traduit par les mots berceau d'enfant; je ne sais sur quel fondement une pareille traduction est appuyée.

 

(1) Voyez Mémoires sur l'origine des Poitevins, par Jean de la Haye, page 24.

(2) Voyez Nicole Gilles, dans sa Chronique de France, édition de Paris, 1621, page 58.

Il y a des auteurs qui placent le règne du Paramont ou roi Groffarios, peu de temps après la ruine de Troie par les Grecs. Sans remonter aussi loin, on peut dire que l'Aquitaine a été civilisée d'assez bonne heure, sous le rapport des mœurs, et non des sciences. L'Angleterre a joui beaucoup plus tard de cet avantage.

A l'époque de la fondation de Rome, elle n'était peuplée que de hordes sauvages, revêtues de peaux de bêtes et logées dans des huttes de terre. Ces barbares, qui se donnaient le nom de Cumris, immolaient, à leur déesse Audate, ceux qui faisaient naufrage sur leurs côtes. Leurs femmes se barbouillaient le visage avec du pastel, par le même motif qui engageait, il y a 40 an , les Taïtiennes à se peindre le derrière en bleu. On voit partout la coquetterie assise auprès des berceaux des Sociétés.

Il y a loin sans doute de ces pauvres Cumris, à cette opulente nation Anglaise dont les vaisseaux sans nombre couvrent aujourd'hui toutes les mers, et dont la puissance colossale pèse sur les cinq parties du monde.

« Comment en un or pur » Le plomb s'est-il changé? »

Voyez Annales d'Aquit., et Hist. d'Angleterre, par Rapin Thoiras, tome 1.er

 

 

 

Sous le règne de Tibère, cette ville prit un nom latin de la rivière qui l'arrose et que les Romains avaient nommée Tueda, d'où se forme le nom de Tuedae arx, et par corruption de Tuars, Toarcium, Tuarcium, Touars, et Thouars.

Tuedae arx signifie citadelle du Thoué, et non pas du Thouet, comme l'écrivent mal-à-propos plusieurs auteurs.

Fournier, dans sa géographie, appelle cette ville Duratium Lemovicum, et prétend qu'elle a été bâtie en 424, par des Limousins retirés en Bretagne, Lemovices veneti.

Cette conjecture est trop dénuée de preuves pour que l'on puisse s'y arrêter. Je me bornerai à dire que le mot Duratium que l'on trouve dans quelques dictionnaires modernes, ne se lit dans aucun des auteurs des huitième, neuvième et dixième siècles.

Dans une chartre de l'an 954, dont Jean de la Haie nous a conservé le texte (page 24), Guy, vicomte de Thouars, nomme sa ville Thoarcium, ego guidio de Thoarcio, ce qui ne laisse aucun doute sur le véritable nom de cette ville. Dans les chartres du même siècle, Bressuire est nommé Bresurium ; Argenton, Argentonium ; Montreuil, Monasteriolum ; Parthenay, Parthenacum.

Depuis la conquête des Gaules par les Francs, il n'est fait mention, dans nos chroniques, de la ville de Thouars qu'en 759 de l'ère chrétienne, sous le règne de Pépin Ier d'Aquitaine.

Ce prince vint à Thouars, avec une nombreuse armée, pour réduire Gaïfre, ou Waïfre, duc d'Aquitaine.

En 754, suivant la chronique de Richard de Poitiers (1), Pepin prit Limoges, le château de Thouars (castrurn Thoarz) et Loches.

En 762, le même roi détruisit ce château qui était le plus fort de l'Aquitaine (2). Vers le même temps Thouars devenait le chef-lieu de l'un des trois archidiaconés du diocèse de Poitiers.

TOARECCA (Toarec castrum). Buste drapé à carreaux avec une tête diadémée, couverte de cheveux hérissés, à droite.

 

Toarec castrum

REV. –  NONNO MO. Croix élevée sur un degré, ancrée par le haut. Cabinet de M. Motte notaire à Sarre-Louis. Ce tiers de sol a été publié par M. de Saulcy, dans la Revue numismatique, 1838, p. 273.

(1) Apud Martène Amplissima Collectio t. v col. 1159.

(2) Gloriosus rex Pippinus, tertia vice perfidum Waifarium ducem persequens, in Aquitaniam intravit. Destructisque castellis et munitionibus, ad ultimum Bituricam, munitissimam civitatem, conquisivit et Thoarcis castrum, quo in Aquitania firmior non erat. Annales Francorurn Metenses, apud Rerum Gallicarum Scriptores t. v p. 338. Tandemque apud Toarcense castrum, capto Waifario summa rorum ad Pippinum concessit. Ex miraculis sancti Maximini inter Àrta sanctorum urdinis S. Benedicti, seculi I, p. 601.

 

Ce duc était issu, comme nous l'avons dit, de Charibert, frère du roi Dagobert ; il était ainsi prince du sang des rois Mérovingiens, auxquels Pépin était, en quelque manière, étranger. Gaïfre ne voyait, dans le roi Pépin, qu'un heureux usurpateur, qu'un soldat couronné qui s'était emparé de l'héritage de Childéric son maître. Il résista longtemps avec courage et avec succès à tous les efforts de son compétiteur maître du reste de la France.

Trahi par son oncle Remistan, il perdit enfin la plupart de ses places fortes. Le traître, méprisé par Pépin, se retira vers son neveu, et rentra en grâce avec lui ; après avoir réuni toutes leurs troupes, ils osèrent livrer bataille au nouveau roi de France, près la foret de Ver, en Périgord.

Battus et écrasés par des forces supérieures, ils perdirent bientôt après leurs états avec la vie.

Remistan fut pendu par le vainqueur, Gaïfre fut assassiné par un traître qui fut comblé de présents. Pépin chercha à flétrir la mémoire de sa victime.

Il éleva un monument, dans l'église de Saint-Martial de Limoges, où il représenta le duc sous la forme d'un lionceau qui se révolte contre sa mère, avec cette inscription :

« Alma leona duces sævos parit atque coronat, » Opprimit hanc natus Waïfer male sanus alumnam, » Sed pressus gravitate luit sub pondere pœnas. »

Les historiens, les hommes de lettres ont vanté Pépin et célébré sa victoire, comme si la véritable grandeur consistait à s'emparer du bien d'autrui ; le vrai sage ne voit, dans ces brillants exploits, qu'un glorieux brigandage.

Il paraît que Thouars, en 759, se rendit à Pépin par une capitulation qui fut suivie d'un traité de paix désavantageux au duc d'Aquitaine, qui le rompit quatre ans après, en 762. Le duc, à la tête d'une armée de Poitevins, rentra alors dans Thouars, dont les habitants lui ouvrirent les portes sans coup férir.

Ce que rapportent les historiens, sur l'expédition de Pépin, paraît dénué de vraisemblance.

A les en croire, Pépin, indigné, rassembla une nombreuse armée, fit le siége de Bourges, et après la prise de cette place, il vint, en droite ligne, à Thouars qu'il emporta d'assaut, brûla, saccagea et rasa ; de-là il se rendit à Nevers pour y tenir son parlement.

Ici les objections se présentent en foule.

Comment Pépin vint-il directement d'Arvaricum ( Bourges ) à Thoarcium ( Thouars ) ; il y a entre ces deux villes une distance de plus de 45 lieues ?

Comment retourna-t-il de Thouars à Nevers, sans profiter de ses victoires pour réduire l'Aquitaine?

On pourrait répondre que le siége de Thouars qui avait duré quatre mois, cette ville n'ayant été prise que le 5 août 762, avait ruiné l'armée de Pépin, et que ce fut pour la refaire qu'il rentra dans ses états.

Thouars est situé au dix-septième degré dix- huit minutes de longitude, au quarante-sixième degré cinquante-neuf minutes de latitude septentrionale, ancien méridien. Sa distance de Paris est de quatre-vingt-quatre lieues communes, de Poitiers de douze lieues, de Saumur de sept lieues, d'Argenton de trois lieues, de Bressuire de cinq lieues, de Parthenay de sept lieues, de Niort de seize lieues.

 ==>  5 septembre 1104 : Le château de Thouars est incendié par les comtes d’Anjou

 


 

 

 

 

==> Thouars enceinte de la Ville et fortifications