Le Château fort de l'Ebaupinay Incendié au cours de la guerre de Vendée
En 1790, la ville d'Argenton dans le département des Deux Sèvres, fut érigée en chef-lieu de canton et attribuée au district de Thouars. Après la suppression des districts, elle passa à l'arrondissement de Bressuire.
Lorsqu'éclatèrent les guerres de la Vendée, sa situation dans le pays insurgé créa à ses habitants, la plupart partisans des opinions nouvelles, une position dangereuse.
Le 1er mai 1793, l'armée vendéenne, venant de Chollet par Vihiers, se présenta devant ses murs. Le vieux château, armé de plusieurs coulevrines et défendu par cinq cents hommes de troupes et les habitants, essaya de résister, mais il fut emporté en quelques heures. Maîtres de l'artillerie et des munitions, les Vendéens relâchèrent les prisonniers et continuèrent leur marche sur Bressuire, qu'ils occupèrent le 3 mai.
Leurs chefs, La Rochejaquelein, d'Elbée, Bonchamps, après la prise de Thouars, se partagèrent le commandement du pays. La division d'Argenton échut à Laugrenière, gentilhomme de la contrée, ancien mousquetaire.
Il eut bientôt à se défendre, à la fin de mai, contre une attaque du général Salomon qui entra à Argenton et poussa une reconnaissance jusqu'à la Fougereuse.
Comme il ne disposait que de quelques centaines de paysans, il eut quelque peine à se dégager. Mais l'approche de la grande armée vendéenne qui marchait sur Saumur fit replier Salomon vers Thouars.
Le nouveau généralissime royaliste, d'Elbée, porta son quartier général à Argenton le 23 juillet 1793.
C'est de là qu'il lança une proclamation en date de ce jour, arrêtée en conseil, par laquelle il annonçait qu'à raison des excès commis envers les prisonniers par les républicains, on userait désormais de représailles.
Après le départ de d'Elbée pour le centre de la Vendée, Laugrenière, toujours chargé de la défense du pays, fit avec une troupe de cavaliers une pointe hardie sur Thouars par la chaussée de Cravant, le 31 juillet, et réussit à en déloger pour un instant les républicains.
Un mois après environ, le 24 août, Dupuis, son lieutenant, ancien officier du régiment de Béarn, fut surpris dans la nuit à Argenton par le général Grignon arrivant de Doué avec cent vingt hussards et deux cents fantassins.
Dupuis, qui n'avait que soixante cavaliers, fut pris dans sa fuite. Il refusa, même sur la promesse de la vie, de révéler les ressources et la situation des insurgés et mourut sur l'échafaud, à Saumur, avec le plus grand courage.
Argenton, à la fin de 1793 et au commencement de 1794, devint le quartier général ordinaire de Grignon, l'un des plus féroces généraux des colonnes infernales, d'odieuse mémoire.
Dès le 19 janvier 1794, la colonne infernale dévaste la région.
c'est de là qu'il partit le 22 janvier 1794, à la tête de la colonne n° 2, pour exécuter à travers la Vendée cette promenade militaire où il se signala par d'abominables et inutiles massacres.
Non loin d'Argenton, dans la commune voisine du Breuil-sous-Argenton, un vieux château féodal dont l'aspect sévère et en même temps pittoresque rappelle un monde disparu, se dresse dans la solitude : c'est le château de l'Ébaupinaye.
Pendant la Révolution, il a été vendu comme bien national.
Il est entouré de douves, on y accèdait par un pont, ancien emplacement du pont-levis. A l'intérieur il reste de très nombreux éléments, fenêtres, cheminées, escalier.
Les charpentes et les planchers ont disparu, dévorés par l'incendie pendant les guerres de la Vendée.
Mais les murailles sont intactes et solides. Cette forteresse carrée est flanquée sur ses angles de quatre grosses tours et d'une cinquième sur sa courtine principale.
Un haut parapet crénelé reposant sur une élégante ceinture de mâchicoulis, couronnant sur tout le pourtour le sommet des tours et des courtines lui imprime un caractère belliqueux plein de charme.
Au-dessus surgissent les pignons qui portaient les charpentes avec leurs larges fenêtres à croisillons. Des fenêtres semblables sont percées dans les courtines, principalement dans celle de la façade ; mais les tours n'ont que de rares et étroites ouvertures.
Stofflet, le terrible adversaire de tous ces égorgeurs, après les avoir délogés de Cerizay et de Bressuire, marcha le 26 février sur Argenton.
Un détachement de la garnison voulut lui barrer le passage, mais il fut culbuté et poursuivi par le brave Millepied, de Trémentines, et ses cavaliers. Arrivé en vue de la ville, à la nuit tombante, Stofflet déploya ses volontaires sur une grande étendue de terrain et fit battre la charge par tous ses tambours. La garnison s'empressa de battre en retraite sur Doué. Stofflet, qui n'avait ni l'intention ni le pouvoir de conserver la ville, en fit enlever tous les approvisionnements, qu'il envoyait en même temps sur des charrettes dans son quartier de la forêt de Vezins.
Il fit aussi démolir une partie des vieilles murailles de fortification et incendier les magasins de fourrages, puis il gagna Vezins par les Aubiers.
Durant son séjour à Argenton, il montra par un acte éclatant de sévérité quelle discipline il entendait maintenir parmi ses soldats. Une femme convaincue d'espionnage venait d'être condamnée à mort. Un cavalier nommé Piquet ayant reçu l'ordre de la conduire à l'exécution, se livra contre elle à des excès coupables et la sabra lui-même sur la place. Stofflet ne pouvait laisser une pareille violence impunie. Il fit condamner Piquet par le Conseil et le fit fusiller sur la place, où il ordonna de laisser son corps après son départ.
Le général Grignon reparut à Argenton le 11 mars 1794, incendiant et massacrant tout dans les environs.
Le 14 il brûla la ville de Bressuire.
Mais battu par Stofflet, le 18, aux Ouleries, près de Saint-Aubin-de-Baubigné, il ramena en désordre à la Brissonnière, près d'Argenton, ses soldats démoralisés, harassés de fatigue, sans chaussures ni munitions. Il déclara lui-même que son armée refusait de se battre.
Dans cet état d'impuissance, il se retira le 22 mars vers l'Anjou par Somloire pour rejoindre les autres colonnes d'incendiaires.
Argenton, abandonné quelque temps à lui-même, ne devint cependant le théâtre d'aucune lutte importante. Il fut un instant envahi le 7 juillet 1794 par deux cents royalistes. Mais, jusqu'à la fin de la pacification, le passage incessant des colonnes républicaines et des Tassemblements royalistes sillonnant le pays environnant et se livrant à la guerre de partisans, le tint continuellement en alerte, répandant partout la misère et la dépopulation.
Une longue période de prospérité et de paix a fait disparaître depuis longtemps les traces des calamités de cette époque troublée, sans en effacer la mémoire. Des travaux utiles, parmi lesquels l'ouverture d'une grande route contournant la ville d'Argenton dont elle facilite l'accès, ont embelli et changé son aspect.
Mais son château historique, réduit à l'état de ruines par la longue occupation militaire de la Révolution, a été presque tout démoli vers 1830. Il n'en subsiste plus que la chapelle et quelques soubassements de tours et de bâtiments dont le triste aspect n'en évoque pas moins le grand souvenir de Commines.
voir ==> Le Château de la Mothe-Chandeniers sauvé de la destruction
Il est classé Monument historique en 1898
La Bataille de Thouars - Le pont des chouans (Guerre de Vendée 5 mai 1793) <==.... ....==> Le 24 janvier 1794, la colonne infernale dirigée par Grignon et l'adjudant-général Lachenay se retrouve à Bressuire.
==> Premières Journées du patrimoine au château fort de l'Ebaupinay