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PHystorique- Les Portes du Temps
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27 septembre 2018

Viva Leonardo da Vinci 1519 - 2019

Viva Leonardo da Vinci 1519 - 2019

Le 2 mai 2019 marquera le 500ème anniversaire de la mort de l'artiste et inventeur Léonard de Vinci.

Stéphane Bern, ambassadeur de « Viva Leonardo da Vinci 2019 »

 

Sous l’impulsion de la Région Centre-Val de Loire et de son président, François Bonneau, 2019 sera l’année de « Viva Leonardo da Vinci, 500 ans de Renaissance en Centre-Val de Loire » où 500 incroyables événements mettront en lumière le territoire au niveau national et international.

https://renaissancelochoise.com/stephane-bern-ambassadeur-de-viva-leonardo-da-vinci-2019/

Leonardo da Vinci le Clos Lucé

(Leonardo da Vinci le Clos Lucé)

Depuis quelques années on s'est beaucoup occupé de Léonard de Vinci. On savait vaguement que ce grand artiste, avide de toute science, avait laissé de nombreux manuscrits, dont l'écriture renversée (de droite à gauche) semblait faite pour dérouter les curieux. On sait aujourd'hui que le savant est l'égal de l'artiste.

En 1797, Venturi avait lu, à la première classe de l'Institut National des sciences et des arts, quelques fragments qu'il avait déchiffrés et traduits. Près d'un siècle devait s'écouler avant que cet exemple fût suivi. En 1883, M. Jean Paul Richter donna deux gros volumes d'extraits choisis dans tous les manuscrits d'Angleterre, de France et d'Italie. Déjà M. Charles Ravaisson avait commencé la publication intégrale des 12 manuscrits de la Bibliothèque de l'Institut qu'il achève après dix ans de travail (août 1891).

Le premier fascicule du Codex Atlanticus vient de paraître (juin 1891). Enfin M. Uzielli a recueilli patiemment dans les Archives les documents qui se rapportent à la famille et à la vie du maître.

Léonard de Vinci, son parc, sa demeure ses ateliers et son jardin

(Léonard de Vinci, son parc, sa demeure ses ateliers et son jardin)

Pour marquer à Léonard de Vinci sa vraie place dans l'histoire des sciences; plus d'une étude de détail reste encore possible et nécessaire. C'est aux savants qui la cultivent de définir en toute précision ce qu'il a fait pour chaque science spéciale. Mais toutes ces recherches, toutes ces vérités ont été les pensées et les actions d'un homme. Laisser échapper l'homme, ce serait perdre le plus précieux de ce que nous offre de Vinci l'unité et la beauté de sa vie intérieure.

Les matériaux n'ont tout leur prix que par l'œuvre qu'ils permettent. L'occasion m'apparut propice de chercher dans les découvertes du savant et dans les œuvres de l'artiste l'unité d'un même génie, de dresser ainsi de toute sa hauteur cette grande figure humaine.

A dire vrai, je n'ai pas choisi ce livre, il s'est imposé à moi. M. Charles Ravaisson me demanda d'annoncer, dans un article de Revue, le troisième tome de sa belle publication, comme j'avais fait le premier. (Revue polit. et litt., 14 mai 1881.) Peu à peu, par un développement naturel, ce volume est sorti de l'article qui ne fut pas fait, comme du plaisir que j'éprouvais à m'y attarder.

 Dans un Essai sur le génie dans l'art, j'avais essayé de le rattacher aux lois générales de la vie et de la pensée; je voyais en un même individu le génie varier ses applications en tous sens, servir à la découverte de la vérité, à l'invention des machines, à la création de la plus rare beauté. Les œuvres du savant me reportaient à celles de l'artiste. Je vivais cette belle vie. N'est-elle pas cette union de la science et de l'art, de la réflexion et de la spontanéité, de la clairvoyance et de la sympathie qui, ne sacrifiant rien de l'humanité, marque sacrale destinée?

Le Clos Lucé où mourut Léonard de Vinci

Par la diversité de ses dons et de ses travaux, Léonard appartient à tous; il ne peut être revendiqué par personne. Les savants trouveront dans ses manuscrits un chapitre inédit de l'histoire des sciences. Non seulement les règles de la vraie méthode scientifique y sont exposées avec une admirable clarté, mais ils sont remplis d'observations, d'expériences, de vérités qui déjà en attestent la fécondité.

Il faut renoncer au préjugé qui fait tout commencer à Bacon ou à Descartes. La science moderne est née en Italie, cent ans avant Galilée. Ses origines doivent être reculées jusqu'au XVe siècle. Elle n'est pas née de rien, elle se rattache par Archimède à la tradition de l'antiquité, voilà la vérité historique qu'imposent la lecture et l'étude des manuscrits.

Mais dans ces découvertes et dans ces œuvres ce: qui surtout nous intéresse et nous passionne, c'est l'âme même du Vinci. Quelle bonne fortune pour le psychologue que la rencontre de cet. Homme en qui conspirent sans s'affaiblir toutes les facultés humaines Il ne faut pas se détourner de parti pris des formes les plus hautes de la vie spirituelle. L'étude des dégénérés, des idiots et des fous est devenue l'un des moyens d'information les plus chers à la psychologie contemporaine. Je ne m'en plains pas. En décomposant l'esprit, la maladie l'analyse. Un trouble pathologique n'est que l'exagération d'un phénomène normal. La maladie fait ainsi l'office d'un instrument qui tout à la fois isole et grossit l'élément observé. Mais peut-être ne serait-il pas sans danger de n'étudier de l'homme que ses déchéances de le chercher seulement dans le sauvage où il n'est pas encore, dans le dégénéré où il n'est plus ?

Le Château du Clos Lucé Parc Leonardo da Vinci à Amboise dans le Val de Loire

(Le Château du Clos Lucé Parc Leonardo da Vinci à Amboise dans le Val de Loire)

Savoir n'est pas seulement détruire et décomposer,-à propos de chaque chose et de chaque être retourner au néant. Que serait une science qui nous ferait perdre tout sentiment de la réalité et de la vie? Savoir, c'est comprendre. On ne sait qu'à la condition de garder l'intelligence des harmonies réalisées. Le génie d'un Michel-Ange, d'un Newton, d'un Gœthe est un fait est-il négligeable ?

Savoir jusqu'où la nature peut descendre en l'homme est excellent, à la condition qu'on apprenne en même temps jusqu’où elle peut s'élever par lui.

Léonard de Vinci est un homme achevé il ne dépasse la mesure de l'humanité que parce qu'il la remplit. Il est beau, élégant et fort. Un est un grand savant et un incomparable artiste. L'art et la science semblent en lui les deux moments d'une même activité qui ne décompose l'œuvre de la nature que pour en pénétrer le secret et la poursuivre en tous sens.

C'est un curieux problème que celui de cette âme complexe. En quelle mesure l'artiste collabore-t-il à l'œuvre du savant, le savant à celle de l'artiste ?

La découverte scientifique n'est-elle pas, par l'hypothèse, une invention véritable ? L'art ne repose-t-il pas sur une étude approfondie de la nature ?

Le spectacle d'une bielle vie nous apprend à vivre. Par un privilège de son temps, et plus encore de son génie, Léonard de Vinci ne sacrifie rien en lui de l'humanité. Si parfois il semble exagérer le pouvoir de la science, sa vie corrige les excès de son enthousiasme.

Notre division du travail morcelle l'esprit. L'individu n'est plus qu'une petite machine arrogante qui ne sait qu'elle-même et ses rouages. Un organe s'exagère, les autres s'atrophient; de cette collection de monstres se compose le colosse de nos sociétés modernes.

Chacun de ces êtres déformés volontiers se croit le type unique. Il proclame que tout va disparaître, excepté lui-même. Il affirme qu'il est au vrai point, qu'il voit ce qui est, que rien n'est que ce qu'il voit. A regarder un homme véritable, nous prendrons une idée plus juste de l'homme que nous devons aimer et vouloir.

Atelier Léonard de Vinci Clos Lucé

(Atelier Léonard de Vinci Clos Lucé)

Léonard trouve la vérité morale sans la chercher, dans l'équilibre heureux de ses facultés. Sa grâce franchit, sans les voir, les mauvais pas où notre pédantisme s'empêtre.

-Peintre, il étudie en savant tontes les sciences qui peuvent le rendre maître des procédés de son art; mais c'est pour conquérir la liberté de l'invention et pour donner aux créations les plus audacieuses de sa fantaisie l'apparence de la réalité même. Son réalisme n'est que la puissance technique de donner la forme et la vie à l'idéal qu'il rêve.

Jamais il ne sépare la science de l'action, ni l'action de l'idéal. Nos dilettantes nous offrent les joies de la stérilité. Le grand effort universel est fait pour fournir des spectacles variés à leur curiosité. Ils se vantent de tout comprendre, de tout aimer, et de ne rien faire.

- Leur sympathie n'est qu'un égoisme raffiné ce sont des indigents qui s'imaginent naïvement qu'ils donnent aux autres le peu qu'ils en reçoivent.

Le génie est dans l'esprit la fécondité de la nature. Il s'unit à tout, il est riche pour tous. Il ne cherche pas l'originalité dans la grimace. Il est « différent », sans effort, en restant humain. Sa libéralité fait la preuve de sa richesse.

Mona Lisa, by Leonardo da Vinci Clos Lucé

(Mona Lisa, by Leonardo da Vinci Clos Lucé)

Léonard passe sa vie à des œuvres impersonnelles qui font sa personnalité inoubliable.

Dégoûtés de l'égoïsme félin et doux de nos dilettantes et de la platitude utilitaire de nos demi-savants, quelques-uns se laissent tenter par l'ivresse du sacrifice. Résoudre le problème de la vie par la douceur, ne plus discuter, ne plus lutter, trouver en soi-même dans une mort anticipée la joie de vivre par la conscience d'être dès ici-bas dans l'éternel, n'est-ce pas l'apaisement, ce bonheur que les hommes cherchent vainement dans l'agitation et le tumulte de leurs désirs anarchiques! Une réaction n'est jamais qu'un excès en sens contraire de celui qui la provoque. Je me défie de la morale du sacrifice à outrance, morale d'iconoclastes qui s'acharnent sur la nature, voudraient en abolir les formes. Le sacrifice n'est pas bon par ce qu'il détruit, mais par ce qu'il permet.

La science n'a pas été un vain effort. Une morale qui ne tient compte ni de son existence, ni de ses progrès n'est plus une morale humaine.

Ne laissons pas obscurcir le rayon du soleil de la Grèce qui se mêle aux clartés de l'esprit français.

Léonard de Vinci ne dédaigne pas la science, il la fonde. Il ne se jette pas hors du réel, il s'en empare. Il accepte toute la vie, mais il la veut vraiment humaine. Sa morale n'est ni la morale de l'inertie orgueilleuse et contemplative, ni la morale du sacrifice, elle est la morale de l'effort. Mettre l'idéal hors de la réalité c'est; qu'on le veuille ou non, le réduire à n'être qu'une abstraction vaine. Il faut lui donner pour assises les lois fondamentales de l'être et de la vie. Léonard ne détroit pas la nature, il s'unit à elle intimement. Il vent savoir ce qu'elle fait et comment elle le fait, non pour la répéter, mais pour la dépasser. Il nous apprend la valeur de la science et son rôle. Par la connaissance des causes, la science nous permet de poser les effets, d'en imaginer même des combinaisons nouvelles. Mais elle nous donne des moyens, elle ne nous instruit pas sur notre fin.

Elle décompose ce qui est, elle n'invente pas ce qui doit être. Elle crée des organes d'une singulière puissance, elle n'éclaire ni ne fortifie la volonté. Elle ne montre la route qu'à celui qui sait où il veut aller. Elle n'a tout son prix qu'unie à l'art et à la morale par elle seule il est possible de relier, l'idéal au réel. Arrivée à l'esprit, la nature ne s'arrête pas, elle ne suspend pas le mouvement et la vie; présente à l'esprit, elle poursuit par, lui son ascension vers des formes plus hautes. La science n'est que la conscience qu'elle prend des procédés qu'elle a suivis dans ses créations antérieures pour en trouver des applications nouvelles. La tâche de l'homme n'est pas de se défaire lui-même et tout ce qui est, mais de créer l'idéal par la pensée et de le faire entrer, par la science du réel, dans la trame des faits.

 

Barbison, août 1891.

Léonard de Vinci et sa sépulture en la chapelle Saint-Hubert d'Amboise

==> 2 mai 1519 – 2019 les 500 ans de La mort de Léonard de Vinci au Clos-Lucé


La région Centre-Val de Loire et la Toscane ont officialisé aujourd’hui à Orléans leur coopération dans le cadre de la signature d’un protocole d’accord pour le 500ème anniversaire de la Renaissance et de la mort de Léonard de Vinci.

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