Pour une histoire des possibles

Pour une histoire des possibles
Analyses contrefactuelles et futurs non advenus

Et si l’histoire, ou la vie, avait suivi un autre cours ? Ce que l’on appelle le raisonnement contrefactuel surgit spontanément dans les conversations pour nourrir des hypothèses sur les potentialités du passé et les futurs non advenus. Il traverse la littérature, les réflexions politiques et toutes sortes de divertissements. Que serait-il advenu si le nez de Cléopâtre avait été plus court ? Si Napoléon avait remporté la bataille de Waterloo ?

Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou prennent la question à bras le corps. Ils mènent l’enquête au sein d’une vaste littérature pour saisir la diversité des usages de l’analyse contrefactuelle – des fictions uchroniques les plus loufoques aux hypothèses les plus sérieuses. Ils s’attachent à cerner précisément les conditions d’un usage légitime et pertinent pour les sciences sociales, repensant les enjeux de la causalité et de la vérité, des rapports entre histoire et fiction, entre déterminisme et contingence. L’enquête dévoile peu à peu la richesse d’un travail sur les possibles du passé, et ouvre sur des expérimentations dans le domaine de la recherche comme de l’enseignement.

Une réflexion ambitieuse et novatrice sur l’écriture de l’histoire, sa définition et sa mise en partage.

Maître de conférences à l’université Paris 13 (laboratoire Pleiade), chercheur associé au CRH (EHESS) et membre de l’Institut Universitaire de France, Quentin Deluermoz travaille sur l’histoire sociale et culturelle des ordres et des désordres au XIXe siècle (France, Europe). Il a publié au Seuil, dans la série « La France contemporaine », Le Crépuscule des révolutions, 1848-1871 (2012 ; « Points Histoire », 2014).

Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chercheur à l’UMR SIRICE et membre de l’Institut Universitaire de France, Pierre Singaravélou a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire du fait colonial aux XIXe et XXe siècles, et édité au Seuil Les Empires coloniaux, XIXe-XXe siècle (« Points Histoire », 2013). Il dirige les Publications de la Sorbonne et le Centre d’histoire de l’Asie contemporaine.

http://www.seuil.com/ouvrage/pour-une-histoire-des-possibles-quentin-deluermoz/9782021034820

 

 

Les uchroniques

Si l’on connaît en France le succès du Puy du Fou fondé en 1978 par Philippe de Villiers, on ignore (ou l’on méprise) le plus souvent la vitalité et l’extension de ces phénomènes de reconstitution historique aujourd’hui : aux États-Unis, les expériences de « Living History  » liées à la guerre civile représentent un budget d’1,4 milliard de dollars, soit le double des recettes annuelles de Broadway (p. 287) ! Le contrefactuel croise ce rapport au passé dans la mesure où à la restitution s’ajoute souvent l’issue inédite : le battle reenactment laisse la fin du combat ouverte à l’imagination des acteurs (comédiens professionnels ou, le plus souvent, amateurs regroupés en associations) libres d’en changer le scénario. De même, la pratique des jeux de rôles depuis les années 1970, ou l’univers du jeu vidéo – première industrie culturelle au monde – investissent largement l’univers historique ou fictivo-historique, comme le genre médiéval-fantastique (Heroic fantasy)........

http://www.laviedesidees.fr