L' histoire du Marais-Poitevin, les premiers dessèchement du Bas Poitou. (Moyen-Age)
Autrefois, il y a environ 8000 ans, la mer occupait les 96 000 hectares de l’actuel Marais poitevin. Maillezais était une île du golfe des Pictons Mais, avant la mer, qu’y avait-il ?
Un massif jurassique une plaine élevée qui se continuait au-delà de l’ile de Ré du Golfe Santone. Les alluvions déposées par les courants marins et par les fleuves ont peu à peu comblé le golfe des Pictons.
Du Néolithique à l’époque Gallo-Romaine, les richesses de ce qui n’était alors qu’un vaste marécage sont exploitées par l’homme : la pêche, le sel et déjà l’élevage sur les terres les plus hautes.
Façonnés par l’homme, les paysages du Marais poitevin résultent d’un subtil équilibre entre la terre et l’eau : la terre grise et noire accumulée par des millénaire d’alluvions ; l’eau ruisselant de la plaine alentour, maîtrisée en maillage dense et complexe de milliers de kilomètres de canaux.
Le marais n'est pas arrivé à son état actuel tout naturellement. Il aurait encore aujourd'hui l'aspect d'un vaste marécage si la main de l'homme n'y avait pratiqué des travaux de dessèchement.
Le dessèchement des marécages a toujours eu une triple importance : au point de vue de la salubrité, de la viabilité et de l'agriculture.
Les hommes ont connu et pratiqué, dans la haute antiquité, l'art des dessèchements.
On peut considérer Hercule comme le premier dessicateur dont l'histoire fasse mention. L'hydre de Lerne, dont les sept têtes renaissaient à mesure qu'on les coupait, n'est-elle pas, tout simplement, l'emblème des maladies causées par les émanations paludéennes et dont des travaux partiels n'arrivaient pas à détruire la cause ? Hercule tua le monstre. En termes prosaïques, Hercule amena l'écoulement des eaux stagnantes de Lerne : les maladies disparurent.
Les Romains connaissaient parfaitement l'art de dessécher les marécages.
Collumelle et Palladius donnent des conseils judicieux pour pratiquer les drainages, soit au moyen de fossés à ciel ouvert, soit au moyen de conduits souterrains, selon la nature du sol. Jules César pensa, le premier, à dessécher la masse d'eau, longue de 20 kilomètres et large de 11 kilomètres qui formait le lac Fucino, au pays des Marses. L'entreprise ne fut commencée que sous Claude.
D'après Suétone et Pline l'Ancien, 30.000 hommes y travaillèrent pendant onze ans. Un immense tunnel fut foré sous le mont Salviano, comme émissaire d'évacuation. Le projet fut repris en 1862 par des ingénieurs français ; l'épuisement complet du lac fut effectué en juin 1875.
Les Romains encouragèrent même les dessèchements par des lois. Nous trouvons, dans une constitution de l'empereur Valentinien, les premiers avantages faits aux entrepreneurs de dessèchements. Les terrains desséchés, marais ou pacages, ne pouvaient pas être revendiqués contre les dessicateurs, ni être vendus au profit du Trésor, ni être inscrits au cens comme terrains fertiles, ni même être astreints à aucune taxe.
Après cela, il nous paraît difficile d'admettre que les Romains, gens pratiques, pionniers incomparables, n'aient pas fait des tentatives de dessèchement dans notre Marais Poitevin, quoique nous n'en trouvions aucune preuve positive.
Il faut venir au haut moyen-âge pour trouver mention de travaux d'aménagement du marais.
En l'an 1002, la charrue avait retourné la terre sur la rive gauche de la Sèvre, dans une île dénommée Alons.
Un peu plus tard, à Angles, sur le bord du marais, on semait et on moissonnait ; un peu partout, à côté des terres arables, on ménageait de gras pâturages (2). Tout cela suppose, au préalable, des travaux de drainage.
Ces premiers dessèchements, dus à des initiatives individuelles, avaient été entrepris sans plan d'ensemble. On ne tarda pas à comprendre qu'un effort collectif devait amener de plus grands résultats.
Il faut attendre le Moyen Âge pour que s’organisent les premiers grands travaux d’aménagement et donner la réponse au défi hydraulique du Marais poitevin dans la constitution de deux grands ensembles complémentaires et indissociables :
les marais desséchés en aval et les marais mouillés qui jouent le rôle de vase d’expansion des crues en hiver et de réservoir d’eau douce en été en amont des vallées de la Sèvres Niortaise, du Mignon, de l’Autize, de la Vendée et du Lay.
Dès le VIIème siècle, mais surtout à partir du XIIème, après l’implantation des abbayes, les moines commencent cet aménagement sur des parcelles concédées par les nobles, en échange de bénédictions et de prières pour leurs familles.
Aux XIIe et XIIIe siècles, plusieurs abbayes possédaient dans le Marais Poitevin, des biens, vastes territoires marécageux, improductifs, qu'elles avaient obtenus de la piété des seigneurs. Les travaux manuels étaient, de par la règle, fort en honneur chez les moines, Ceux du Bas-Poitou résolurent de pratiquer des dessèchements sur une grande échelle.
Les abbayes formèrent entre elles des associations, groupant ainsi leurs ressources et leurs bras. Elles s'adjoignirent l'aide bénévole des habitants des paroisses, lesquels recevaient, pour prix de leurs services, soit des portions de marais, à titre de propriété, à charge de creuser des Canaux autour de leurs terres, soit des droits d'usage, de pacage et de parcours sur les parties desséchées.
Pendant un siècle, les moines poursuivirent méthodiquement leur oeuvre.
Toute l’histoire du Marais poitevin s’organise autour d’un double défi sans cesse renouvelé : contenir les assauts de l’océan et organiser l’évacuation des eaux de ruissellement qui affluent dans ce vaste territoire en grande partie situé en dessous du niveau des hautes mers.
Ce système de terrasses, dont les altitudes concordent entre elles, nous donne une idée de l’aspect physique que présentait la région, avant le creusement des vallées et les dislocations qui ont isolé les îles du marais.
Ce régime d’alluvionnement fut suivi d’un cycle d’érosion Les eaux de ruissellement, burinant le sol, abaissèrent sensiblement le niveau de certaines surfaces. A l'extrémité occidentale des marais de la Sèvre Niortaise, le Lay, descendant tout droit du nord, s'attardait quelque temps à suivre les hautes terres et serpentait au milieu de vases et de sable jusqu'à la mer.
Sur les points les plus élevés de ces marécages, sur les îles entre les cours d'eaux, où croissait une luxuriante végétation, vivaient des hommes à demi sauvages qu'on nommait les colliberts.
C'est à l'industrie de ces hommes primitifs qu'est dû le premier essai de réglementation des eaux. Pour prendre le poisson destiné à leur entretien, ou exigé par la table monacale des abbayes, ils construisirent des barrages factices appelés écluses, qui, en établissant des différences de niveau, formèrent un premier régime des eaux.
Aux Xe et XIe siècles, le nombre des écluses échelonnées sur le Lay et les autres cours d'eau était assez considérable. Bientôt, à côté des pêcheries, s'établirent des moulins où l'on venait moudre le grain récolté sur les îles et sur les côtes. Les moines de l’abbaye de Maillezais dirigeront les travaux de construction du Marais Poitevin aidés par d’autres abbayes de la région.
Reliquat de l’antique golfe des Pictons, les vasières de la baie de l’Aiguillons comptent aujourd’hui parmi les bassins conchylicoles (moules et huitres) les plus réputés de la façade atlantique.
Pour approcher le marais, les promenades cycliste et pédestre ont été balisées d’un village à l’autre.
Mais la véritable découverte du pays des chemins d’eau passe évidemment par la barque.
....==> Le Marais Poitevin sous les Plantagenêt (Time Travel - Golfe des Pictons)
Le marais mouillé a suivi le cours de l’agriculture traditionnelle. Un délaissement progressif, la friche et l’envasement ont mis la « cathédrale de verdure en péril. Le signal de sa réhabilitation a été donné par l’opération des Grands Travaux, inaugurée le 4 février 1992 par François Mitterand, Président de la République.
Ainsi ont pu être restaurés le maillage hydraulique, les ports et les quais, les lavoirs et les fontaines, sur le territoire des dix-neuf communes du pays du Marais poitevin des Deux sèvres.
Entre actualités archéologiques et relecture des collections anciennes, l'exposition Sur les traces des Gaulois et des Romains en Vendée nous immerge dans le quotidien de la Gaule indépendante puis romanisée : habitat, pratiques funéraires, relations commerciales, agriculture, alimentation...
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==> MAILLIZIACUS (Maillezais en Vendée) Golfe des Pictons
==> Les colliberts, collibertus, culvert, huttiers et nioleurs des marais de la Sèvre du Bas Poitou
==> Embarquez dans l'histoire du Marais Poitevin - (cartes des ports et Histoire)