Dossier Samuel de Champlain- 1618 février. « Champlain au roi et à son conseil, sur la découverte de la Nouvelle-France »
Dossier Samuel Champlain
À Québec, le mois de juillet rime avec Champlain.
En marge des fêtes du 410e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, on a lancé le plus récent numéro de la revue Cap-aux-Diamants. Cette édition thématique est de premier intérêt pour Québec puisqu'il porte sur Samuel de Champlain. Comme le dit l'historien François Droüin en présentation, avec la publication de la «biographie définitive» de David Hackett Fisher en 2008, on croyait que tout avait été dit sur le fondateur de Québec. Pourtant, les sept articles de fond qui y sont publiés prouvent le contraire. Éric Thierry fait un peu de lumière sur le mystère entourant l'origine de Champlain; Marcel Fournier fait le point sur la naissance du Saintongeais; Mathieu d'Avignon critique le mythe de la fondation de Québec; Denis Vaugeois parle du vrai rêve de Champlain, celui du passage vers la Chine; Michel De Waele nous parle de l'intermède britannique de 1629-1632 en Nouvelle-France; Pierre Cloutier nous présente le fort Saint-Louis de Champlain; Alex Lamarche raconte l'origine de l'hommage au fondateur rendu à Québec chaque 3 juillet. Un numéro que les amateurs d'histoire de la ville de Québec devront se procurer sans faute.
Le 3 juillet 2018, la ville de Québec fête le 410e anniversaire de sa fondation,
Une messe en musique a été célébrée à la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec à 10 h. Elle a été suivie du traditionnel salut au monument Samuel-De Champlain situé sur la terrasse Dufferin.
Le 2e Bataillon du Royal 22e Régiment a ensuite exercé son Droit de cité en paradant devant l’hôtel de ville.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1110592/410-anniversaire-ville-quebec-ceremonies-activites
1618 février. « Champlain au roi et à son conseil, sur la découverte de la Nouvelle-France »
Au roy et à nos seigneurs de son conseil.
SIRE,
Vous remonstre très humblement le sieur de Champlain (1) que, depuis seize ans, il auroit travaillé avec un'soing laborieux tant aux descouvertures de la Nouvelle-France que de divers peuples et nations qu'il a amenez à nostre cognoissance, qui n'avoient jamais esté cognues que parluy; lesquels luy ont donné telle et si fidèle relation des mers du nord et du sud, que l'on n'en peut doubter, qui seroit le moyen de parvenir facilement au royaume de la Chine et Indes orientales, d'où l'on tireroit de grandes richesses, oultre le culte divin qui s'y pourroit planter, comme le peuvent tesmoigner nos religieux récollés (2), plus l'abondance des marchandises dudict pays de la Nouvelle-France, qui se tireroit annuellement par la diligence des ouvriers qui s'y transporteroient.
Que sy ce dict pays estoit délaissé et l'habitation abandonnée, faulte d'y. apporter le soing qui seroit requis, les Anglois ou Flamans, envieux de notre bien, s'en empar[er]oit en jouissant du fruict de nos labeurs, et empeschant par ce moyen plus de mille vaisseaux d'aller faire pescherie de poissons sec, vert, et huiles de baleynes, comme ils ont desjà faict au nord [des] habitations du sieur de Poitrincourt (3), que des Jésuites [avoient établies et] qu'ils [ont] prises et brullées, comme l'a faict veoir ledict Champlain à messieurs de la chambre du commerce, qui se sont bien et duement informés sur chasque point des articles cy attachés.
Et considérant le bien et utilité qui en peut revenir, tant à la gloire de Dieu que pour l'honneur de Sa Majesté et bien de ses subjects, elle auroit donné son advis pour le présenter à sadicte Majesté et nosdicts seigneurs de son conseil les moyens qu'elle doibt donner pour une si saincte et glorieuse entreprise.
A ces causes, ledict Champlain supplie très humblement sadicte Majesté et nosdicts seigneurs de son conseil luy donner moyen de fortiffier et augmenter son desseing.
Et d'autant que ledict de Champlain, en ceste présente année, faict le voiage de la Nouvelle-France (4), il supplie humblement sadicte Majesté d'avoir pour agréable que le sieur baron de Roussillon, l'un des commissaires de ladicte chambre du commerce, aye le soing de vacquer aux choses nécessaires pour ladicte entreprise, et poursuivre l'accomplissement dudict advis de ladicte chambre du commerce près de sadicte Majesté et nosdicts seigneurs de son conseil, pendant l'absence dudict de Champlain; lequel continuera à prier Dieu incessamment pour le bien et accroissement de vostre dicte Majesté.
CHAMPLAIN.
==> L’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Brouage, vitraux de la Nouvelle-France.
==> Monument commémoratif à Samuel Champlain à Hiers Brouage (1878)
(1). « Samuel de Champlain, gentilhomme de Xaintonge, » dit Moréri, Dictionn., III, 456; né « à Brouage, d'une famille de pêcheurs, en 1567 », dit la Biographie saintongeaise de P.-D. Rainguet, p. 140; en 1567, dit la légende de son portrait, gravé par Moncornet; « vers 1570, » dit l'inscription commémorative placée, en 1878, à Brouage, aux frais du conseil général de la Charente-Inférieure, sur la proposition de M. Omer Charlet; « Samuel Champlain, premier gouverneur de la Nouvelle-France au Canada, né à Brouage, » dit la Biographie universelle de Michaud, VII, 461; «Samuel de Champlain, géographe et hydrographe français, fondateur de Québec et gouverneur de la Nouvelle-France, aujourd'hui Bas-Canada, né à Brouage, dans la dernière moitié du XVIe siècle, mort à Québec, en décembre 1635, dit, t. IX, col. 639, la Nouvelle biographie générale du Dr Hœfer; « Samuel Camplenius, eques, ex nauticis praefectis, » dit un Saintais, le P. François du Creux, dans son Historiae Canadiensis seu Novae Franciae libir decem (1664)
(2). Au printemps de 1615, Champlain était parti de France, emmenant avec lui quatre religieux récollets le P. Denis Jamay, commissaire, le P. Jean Dolbeau, le P. Joseph Le Caron, et un frère nommé Pacifique du Plessis.
Arrivés à Tadoussac le 25 mai, ils se rendirent bientôt à Québec, où Champlain détermina l'emplacement de la première église du pays et du logement des religieux.
Le 25 juin 1615, le P. Dolbeau disait sa première messe dans la chapelle nouvellement édifiée, et les offices continuèrent à s'y célébrer régulièrement tous les dimanches. OEuvres de Champlain, publiées par l'abbé Laverdière, tome I, p. LXI (Québec, 1870, in-4°, 6 volumes).
(3). Poitrincourt, ou plutôt Poutrincourt, est un fief de Picardie, sur le chemin d'Eu à Saint-Vallery; il a donné son nom à une famille noble de cette province, ainsi que le fief de Biencourt. Lainé, Archives de la noblesse de France, III, Nobiliaire de Soissonnais, p. 2, donne pour armes à cette famille : De sable au lion d'argent, lampassé, armé et couronné d'or. Saint-Allais, t. XIV, p. 1-42 du Nobiliaire universel de France, en a publié la généalogie.– Jean de Biencourt, seigneur de Poutrincourt, de Marsilly-sur-Seine, baron de Saint-Just, et du Guérard on Brie, chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, mestre de camp de six compagnies de gens de guerre, était le quatrième fils de Florimond de Biencourt, chevalier, seigneur de Poutrincourt, et de Jeanne Salazar. Honoré de la confiance particulière de Henri IV, il fut au nombre des volontaires, qui, en 1604, partirent pour la découverte de la Nouvelle-France, sous les ordres de Pierre du Gua de Mons, vice-amiral et lieutenant général de toute l'Amérique.
A son retour en France, le roi le nomma gouverneur de Méry-sur-Seine, ou il périt, le 5 décembre 1615, en défendant cette place. De son épouse, Claudine Pajot, il eut plusieurs fils et filles, entre autres Marie de Bieneourt, femme de Jacques du Bourg, arrière-petit-neveu d'Antoine du Bourg, chancelier de France.
(4). Les éditions originales des Voyages de Champlain sont d'une excessive rareté. La bibliothèque de Carpentras possède celle des Voyages de 1613, avec quelques planches de plus que celles que mentionne le Supplément de Brunet, et avec le quatrième voyage dédié au prince de Condé sous une pagination séparée.