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PHystorique- Les Portes du Temps
5 avril 2018

La Gabelle des Ducs d’Aquitaine

la route du sel plantagenet la gabelle

La France du moyen-âge comprenait un grand nombre d'états à peu près indépendants, sur lesquels les rois de Paris n'avaient qu'une suzeraineté souvent imaginaire. Ces divers états sont venus peu à peu se grouper autour du centre commun et former la monarchie compacte de Richelieu et de Louis XIV.

On ne doit donc pas considérer comme possessions françaises les pays que le grand pacte féodal en avait détachés, ceux qui s'en séparaient par les armes ou le droit d'hérédité : ceux, enfin, dont la conquête n'avait été qu'éphémère. Les Francs et les Aquitains furent pendant bien longtemps des peuples bien distincts : La razia de Clovis avait épouvanté et ruiné les populations au-delà de la Loire mais ne les avait pas détruites ; elles se relevèrent, vigoureuses encore après la tempête et résistèrent aux barbares du Nord avec une énergie toujours nouvelle.

Il n'y eut pendant six siècles aucune alliance entre les hommes des deux pays, rien de commun entre eux, excepté la haine.

La Guienne fut une des dernières provinces réunies à la France ; sous ses ducs elle avait été un royaume puissant; soumise aux rois anglais héritiers d'Éléonore, elle augmenta ses forces d'une partie des forces de l'Angleterre, conserva ses lois et ses coutumes; et ses soldats, car ce fut aux Gascons que les Anglais durent leurs succès, firent souvent trembler le roi de France sur son trône mal assuré.

Devenue française, la province obéit le moins qu'elle le peut : malgré la fusion qui paraît s'être opérée, l'esprit national se conserve longtemps parmi les populations, se plie difficilement au joug qu'on lui impose, c'est la Pologne en face de la Russie.

Les gouverneurs traitaient souvent les Aquitains en peuple conquis, et leur conduite arbitraire entretenait l'inimitié, poussait à la révolte et aux séditions.

Aussi nous voyons la Guyenne se soulever contre la puissance des Français, chaque fois que ses privilèges sont attaqués, et la grande lutte du Midi et du Nord, commencée entre Waifre et Pépin le bref, continuée pendant quatre cents ans en passant par Roncevaux et par Poitiers, n'est que suspendue depuis Charles VII.

Les populations, fatiguées, se sont arrêtées, mais elles s'observent, elles sont toujours prêtes à se ruer l'une sur l'autre. Cette longue guerre de nation à nation n'est véritablement terminée que lorsqu'Henri IV monte sur le trône qu'il a conquis et où les Gascons l'ont fait asseoir.

Ce prince est le roi de tous, il représente l'Aquitaine par sa mère Jeanne-d'Albret reine de Navarre, il est, par son père Antoine de Bourbon, l'héritier des rois francs Hugues Capet et Saint-Louis. Les Gascons sont alors satisfaits, ils partagent la puissance à leur tour, ils sont Français sans humiliation.

La plupart des auteurs ont cru remplir un devoir en regardant comme traîtres et rebelles les provinces qui tenaient le parti de l'Angleterre, lorsqu'elles étaient au contraire les soutiens et les défenseurs de leur nationalité ; lorsqu'elles étaient fidèles au pacte juré avec le seigneur féodal.

Ce dévouement tout français des historiens de la monarchie absolue, les a fait tomber dans de graves erreurs, qu'une juste impartialité aurait dû repousser.

Les faits présentés toujours pour l'honneur et l'unité du royaume de France, s'écartent souvent de la vérité, et on se trompe volontairement quand on change en Anglais, des Gascons et des Poitevins.

Mais ces faits ont été répétés de génération en génération, nos premières études les ont ainsi gravés dans notre mémoire, on aura de la peine à les enseigner d'une autre façon. Les deux duchés formaient cependant deux pays séparés du royaume d'Angleterre, ils étaient régis par des lois bien différentes, et quoique soumis au même chef, au même seigneur, ils avaient, une administration à eux, des armées, des finances, des privilèges, bien avant que les barons anglais eussent forcé Jean-Sans-Terre à signer la grande charte, ce boulevard des libertés de l'aristocratie.

Leur position était celle du Hanovre sous les Georges. Parce que la maison d'Hanovre régnait en Angleterre, parce que le roi anglais était en même temps duc de son domaine paternel, s'ensuit-il qu’on n’ait jamais considéré les Hanovriens comme des Anglais.

Le peuple et la bourgeoisie étaient quelque chose en Guienne quand les Anglo-Saxons n'étaient encore que les esclaves des seigneurs normands.

La position des deux états ne fut jamais la même, les rois tenaient l'Angleterre du droit de leur épée, la Guienne leur était venue par héritage.

Henri Plantagenet, époux d'Éléonore, jure à Saint-André devant tout le peuple, de conserver ses lois, ses coutumes, ses privilèges ; Guillaume, poursuit les Saxons comme on chasse des bêtes féroces : ils se réfugient en vain dans la profondeur de leurs forêts, le Normand les y relance, et tout ce qui ne trouve pas la mort devant lui ne peut échapper à la servitude.

Pas un Saxon ne possède après la conquête ni un morceau de terre, ni une armure, ni un cheval : la robe du moine si vénérée alors ne sauve pas la vie : le clerc est tué comme le serf ou le chef. L'indomptable Cédric le Saxon du beau roman d'Ivanoé n'a eu son type que dans l'ingénieuse imagination de sir Walter-Scott.

Je voudrais donc qu'on écrivît l'histoire de la Guienne au moyen-âge, en se mettant à la place d'un Bordelais de ce temps-là. Au lieu de suivre pied-à-pied les historiens qui ont écrit depuis la réunion à la France, il faudrait fouiller avec attention les manuscrits qui nous restent, y chercher l'esprit de l'époque : tout en se dégageant de l'influence française on devrait s'éloigner aussi de la tendance britannique et se montrer Aquitain comme on devait l'être alors. Cette tâche me semble réservée à M. Mary-Lafon, auteur de l'Histoire du Midi de la France, dont nous attendons avec impatience les deux derniers volumes.

Si je n'ai point osé aborder de front le domaine de l'histoire, j'ai cherché à m'en rapprocher le plus que je l'ai pu. J'ai étudié pour ma modeste part quelques faits bien saillants, afin de les dramatiser et de les mettre à la portée de ceux qui cherchent un intérêt puissant, même dans des lectures sérieuses.

Si l'épisode de la Gabelle est lu sans ennui, cela m'encouragera : j'en donnerai d'autres du même genre, les sujets ne manquent point, et ce sera pour moi une tâche bien douce. Je ne reculerai point devant les recherches qui devront m'amener à la connaissance de la vérité, je la dirai sans crainte.

J'ai choisi pour première étude, pour premier fait à exploiter le drame sanglant de la Gabelle, parce que son souvenir s'est conservé dans la mémoire des Bordelais, et j'ai cherché à rappeler la législation municipale de ce temps, afin de la comparer avec celle du temps où nous vivons.

Les événements tragiques de l'année 1548 sont racontés partout ; j'ai pris chez les historiens ce que j'ai trouvé de plus important, et j'ai essayé d'animer leurs récits en mettant en scène quelques-uns des personnages, auteurs ou. victimes de la révolte.

La Gabelle, si odieuse aux populations riveraines de l'Océan, ne les avait point atteintes avant l'année 1542, où François Ier, le roi prodigue, les y assujettit.

Cet impôt, retiré bientôt à cause des murmures universels, fut rétabli par Henri II ; il devint, peu après, le motif et le prétexte des désordres les plus épouvantables ; la révolte fut générale, et les horreurs dont elle fut accompagnée, décrites avec un peu de cette imagination dont on nous accuse, nous Bordelais, de faire trop de dépense, auraient pu donner matière à de nombreux volumes.

J'ai préféré rapporter les faits sans rien ajouter à l'histoire, me contentant de donner à mes récits la couleur originale, d'après mes convictions. Ainsi, loin de présenter du nouveau, je n'ai fait que mettre un habit neuf à d'anciennes chroniques ; on se permet d'en faire autant tous les jours, sans montrer la même franchise.

Je crois devoir donner quelques explications sur deux de mes personnages. En parlant du maire de Bordeaux je ne l'ai point nommé: Guy de Chabot, seigneur de Jarnac, gentilhomme de la chambre du roi, si bien connu par son duel avec La Chataigneraie, était alors titulaire de la première charge de l'édilité bordelaise. Absent au moment de l'émeute, il était remplacé par un sous-maire.

Les registres de la jurade pour l'année 1548 manquent aux archives de la mairie : peut-être furent-ils brûlés par les ordres du connétable. On sait qu'une partie des titres de la ville fut jetée sur un bûcher, et ce qui nous reste fut sauvé par le zèle d'un jurat dont le nom n'est pas parvenu jusqu'à nous.

On dit même, que nombre de familles furent ruinées par la destruction des papiers de l'hôtel-de-ville. Nous devons regretter la perte de tous ces anciens manuscrits, ils nous auraient, sans doute, fourni des documents précieux et donné des détails dont les historiens n'ont pu qu'indiquer l'ensemble.

J'ai laissé à d'autres le soin d'écrire le nom du connétable ; il est des familles entourées de tant d'éclat, de tant de vénération, qu'on hésite, sur la foi d'un historien, à jeter une tache sur leur noble écusson.

On peut ne pas détourner la tête, quand on voit ces puissants seigneurs monter sur l'échafaud, pour crime de haute trahison envers un souverain, dont les ancêtres avaient été faits rois par leurs aïeux ; on répugne à les accuser de foi mentie, à rappeler qu'ils ont forfait à l'honneur et manqué à leur voeu de chevalerie.

Il me reste à dire pourquoi j'ai publié ce volume. Lorsque l'épisode de l'histoire de Guienne fut inséré dans la Revue Méridionale, je n'y avais attaché aucune importance, j'avais travaillé à la semaine et rempli tant bien que mal ma tâche de rédacteur bénévole. Plusieurs personnes accueillirent ma publication avec intérêt et en demandèrent une rédaction plus soignée. En réimprimant aujourd'hui , j'ai fait de mon mieux, mais ayant peu l'habitude d'écrire des livres, et auteur seulement par occasion, je crois devoir compter sur l'indulgence de mes compatriotes.

I.

Le pays d'Entre-deux-Mers, à quelques lieues au levant de Bordeaux, était autrefois couvert d'une grande quantité de châteaux et de forteresses : on en voit encore plusieurs ruinés par le temps et la main des révolutions.

Des coteaux plantés de bois et de vignobles, des vallées où l'oeil se repose avec plaisir sur des prairies entourées d'ormes ou de peupliers, des ruisseaux, des rochers, des cultures variées, font de ce canton une des plus agréables contrées de la Guienne : il ne lui a manqué qu'un historien et un peu de renommée pour attirer les voyageurs et lui acquérir le nom du plus joli pays de France.

A l'époque où commence cette histoire, les grandes routes étaient à peine tracées et les chemins de traverse impraticables : la seule manière de voyager était à cheval, et la lourde diligence n'avait pas encore fait résonner, sous les fers de ses six chevaux, les chaussées à la Mac-Adams.

Je me souviens même du temps, il n'est pas très-éloigné, où l'apparition d'une voiture à quatre roues, dans ces lieux à moitié sauvages, servait de sujet à la conversation pour toutes les soirées d'un hiver.

Aujourd'hui les communications sont devenues plus faciles, les jouissances du luxe et de l'aisance ont pénétré partout. Pas de village qui ne montre aux passants son cabaret, avec son enseigne mal orthographiée et son billard à tapis taché et rapiécé. Un billard, une bouteille de bière, un cigarre de la régie, du vin et du bruit, voilà le dernier terme de la civilisation et du plaisir pour un véritable lion de village.

Les progrès de cette civilisation ne s'étaient pas encore montrés dans l'Entre-deux-Mers en 1548. Les auberges étaient rares et aussi mal tenues que les vente espagnoles : on y trouvait tout ce dont on avait besoin, disait avec emphase le cabaretier gascon ; mais si vous le preniez au mot on pouvait à l'avance être sûr de sa réponse, il avait toujours fini la veille le mets qu'on lui demandait. Excepté du pain et du vin, tout le reste était du luxe.

 On voyageait aussi à moins de frais qu'à présent : le château offrait l'hospitalité au gentilhomme, la métairie au paysan, le presbytère à l'ecclésiastique, et l'hôte, toujours bien reçu (les voyageurs n'étaient pas nombreux), payait sa bienvenue par une nouvelle de Bordeaux ou de Rome, par un couplet d'un noël ou d'une ballade qui n'était point encore parvenu dans ces cantons retirés.

On rencontrait sur les chemins de joyeux colporteurs courbés sous leurs balles ; des meuniers dont les solides mulets allaient porter au moulin ou rapporter chez le métayer le froment du pays ; un moine à la longue barbe en quête pour le couvent d'un ordre mendiant, tirant après lui un âne souvent rétif et médiocrement chargé : mais pour de nobles dames suivies de leurs varlets et menant joyeuse vie, courant de châteaux en châteaux et galopant sur de blanches haquenées, on n'en voyait que dans les contes des jongleurs. Les châtelaines étaient généralement sédentaires, et telle noble demoiselle sortie à vingt ans de la maison de son père, pour se rendre au castel de son mari, ne connaissait plus d'autre chemin que celui de l'église de la paroisse.

 

La Gabelle, épisode de l'histoire de Guienne; Saint-Poncy

Les greniers Plantagenêt, l’importance capitale du sel dans la vie économique du Moyen âge .<==........==> Présentation au roi Charles VII par les délégués de Poitiers pour le détourner d’établir la GABELLE en POITOU et en SAINTONGE

....==> La gabelle est une taxe royale sur le sel ayant existé en France au Moyen Âge

 


 

Gabelle Arrêt_du_conseil_d'Etat

En 1641 M de Villemontée, intendant des provinces de Poitou, Angoumois, Saintonge et Aunis, procède à l’inauguration solennelle de la cour souveraine des salins, établies à la Rochelle par un édit 1639, et dont il avait été nommé premier président.

Revêtue de la même autorité que la cour des aides, cette nouvelle cour de justice devait avoir dans ses attributions non-seulement la juridiction souveraine et l’administration de tout ce qui concernait les marais-salants des Sables-d’Olonne, de Montaigu, de Brouage, de la Charente, de la Seudre, du gouvernement de la Rochelle et des îles voisines ; mais encore la juridiction et la police administrative du gouvernement de la Rochelle. Elle se composait de trois présidents et dix-huit conseillers, d’un procureur général, deux avocats généraux et de deux substituts. Cet établissement souleva tant de difficultés, de réclamation et de protestations de toutes sortes de la part de plusieurs parlements, sièges présidiaux amirautés, tribunaux consulaires, archevêques, évêques et hauts justiciers, qu’au mois de septembre 1643, le roi crut devoir casser, par un nouvel édit, la cour des Salins de la Rochelle, qui ne dura guère plus de deux ans.

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