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PHystorique- Les Portes du Temps
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1 avril 2018

Les descendants de Rabelais partent à la chasse au Bitard, une Pantagruel légende du Poitou.

Les descendants de Rabelais partent à la chasse au Bitard, une Pantagruel légende du Poitou

Comment Pantagruel et ses compaignons estoient faschez de manger de la chair salée, et comment Carpalim alla chasser pour avoir de la venaison. Chap XXVI.

Tout ainsi qu’il se levoyt pour ce faire chevreul qui estoyt issu du fort, voyant le feu de Panurge, a mon advis. Incontinent courut apres de telle roideur qu’il sembloyt que feust ung guarrot d’arbaleste, et l’attrapa en ung moment : et en courant print de ses mains en l’aer quatre grandes otardes, sept bitars….

Ce type de chasse au Bitar Poitevin, particulièrement bien attesté au XVIII e siècle, a perduré jusqu’au XIX e siècle, On possède un exemple donné par un acte du 7 mars 1393, selon lequel, lors de l’élection du « roy de la bachellerie », à coulon, les jeunes gens offraient deux « buors que doit le roy de Coulons pour le droit de reaulté de la bachelerie ausits chevalier et escuyer en chascune feste de Trinité Notre Seigneur au changement dudit roi » Accord entre Tristan de Verrue, chevalier, et Huguet de Payré, écuyer ; Archives nationales H4 3215 ; document cité par Henri Clouzot dans Les Marais de la Sèvre niortaise et du Lay du Xe siècle à la fin du XVI e siècle.

 

 

Le Bitard  un animal fabuleux.

C'est le symbole de l'Ordre du Vénéré Bitard ou de l'Ordre du Bitard vénéré (May He be Blessed!), Une association étudiante de l'Université de Poitiers (France) créée dans les années 1920.

Les membres eux-mêmes sont également appelés Bitards et dans certaines occasions, ils portent une cape colorée en fonction de leur rang dans l'Ordre, avec une faluche, la casquette traditionnelle des étudiants français. La faluche des Bitards a la particularité d'être décorée d'un chevron et d'avoir son propre code pour la signification des insignes.

 Le folklore de l'Ordre se réfère à François Rabelais comme le mot bitard apparaît deux fois dans les résultats de la chasse à Pantagruel .

 

Chaque année, l'Ordre organise un festival d'une semaine, appelé la 69 e Semaine estudiantine . Diverses activités festives se déroulent au cours de cette semaine, y compris une procession, les événements de boire et une chasse Bitard. La chasse au Bitard a lieu en fin de semaine, dans le bois de Chanteloup.

chasseur-inconnus

Damien nous raconte cette folle histoire : « Au début, j’ai cru que mes lunettes étaient embuées… Nous étions en train de marcher le long d’une parcelle du marais mouillé, au bord d’une conche à la recherche de fritillaires pintades (saison d’éclosion pour cette plante), quand j’ai aperçu sur la berge d’en face une sorte de gros animal qui nous fixait, avec deux grandes oreilles dressés !

Il avait l’apparence d’un lièvre mais était bien plus gros ! Gros comme un sanglier je dirais. Il ne semblait pas apeuré, il se cachait derrière un frêne têtard mais il nous avait repéré depuis longtemps je pense. Lorsque nous nous sommes arrêtés, j’ai à peine eu le temps de le braquer que le bougre a déguerpi en un éclair dans le bois derrière lui.

https://www.blog-marais-poitevin.fr/bitard-photographie-premiere-fois/

 

La Première chasse au bitard

Nous avons demandé à notre ami Paul Janvier, ancien président de l'Association générale des étudiants de Poitiers, aujourd'hui dans la magistrature, ou il occupe un poste important, de nous écrire ses souvenirs de la première chasse au bitard, qu'il organisa avec nous. Il nous a fort aimablement répondu : Des souvenirs sur la première chasse au bitard ?. Mais bien volontiers. Seulement cet événement date déjà de combien? dix ou douze ans ? Excusez-moi si ces souvenirs n'ont pas tous une exactitude absolue : avec le temps, la mémoire, dépositaire infidèle ne restitue pas toujours honnêtement ce qu'elle a reçu ; mais il faut se dire que les souvenirs qui servent de base à l'Histoire (avec un grand H) ne sont pas plus solides, la plupart du temps ; c'est toujours une consolation.

Etait-ce donc en 1921, 1922 ou 23 ? en mai ou en juin ?

Je crois me rappeler qu'il faisait beau. - Nous nous étions rendus en auto sur le terrain de la chasse, un petit bois situé sur la commune de Saint-Benoît et qui avait été mis à notre disposition, je crois, par le maire de cette commune.

Règle du jeu : le « bitard » ayant été caché dans une région déterminée, il s'agissait : pour les chasseurs, de le découvrir et de le rapporter aux membres du jury ; pour le garde-champêtre (car il y avait un garde-champêtre, en bicorne et en blouse bleue ; en l'espèce, l'étudiant Artaut) pour le garde-champêtre donc, de découvrir l'heureux chasseur et de procéder à son arrestation. Si le chasseur parvenait à remettre sa proie au jury, celui-ci lui octroyait 200 francs ; mais si le garde-champêtre avait réussi à l'arrêter, le représentant de la loi et son prisonnier se partageaient la prime, offerte par le Comité des fêtes de la ville de Poitiers.

Ils n'étaient pas 80 chasseurs, comme dans la chanson ; mais ils étaient bien une trentaine, et parmi eux, sauf erreur, quelques gracieuses chasseresses !

Or, le bitard ayant été, par nos soins dissimulé au sein d'un épais fourré, nos bouillants Nemrods et nos gentes Dianes se mirent à battre les buissons. et la campagne (littéralement parlant !) Pendant ce temps, le jury, présidé par M. Château, président du Comité des fêtes, attendait, dans une ferme voisine, le moment de la curée !

C'est un étudiant, Brissaud, qui découvrit le bitard au gîte. Mais le garde-champêtre veillait. Et le jury vit venir à lui simultanément, le garde, le chasseur et le bitard, le premier devant le second qui portait le troisième, à la tête d'un joyeux cortège de camarades bredouilles, mais contents.

Le garde-champêtre donna alors lecture du procè-verbal de la capture. Je n'ai malheureusement pas conservé la mémoire de la teneur totale de ce document, dû à la verve de notre camarade Bigot, mon successeur au fauteuil de l'A. Mais en voici, en tous cas, quelques échantillons.

Nous, Artaut Joseph, garde-champêtre par intérim de la commune de Saint-Benoît.

Etant en tournée au lieu-dit., avons aperçu un individu qui se dissimulait le long d'un mur.

Nous étant approché et l'ayant interpellé, nous lui avons demandé ses noms, prénoms et qualité.

L'individu nous a alors répondu en ces termes : Je me nomme Brissaud.

- Profession ?

- Etudiant.

Considérant que cette profession n'en est pas une, puisqu'elle n'a jamais suffi à nourrir son homme.

Avons indiqué au sieur Brissaud que nous le déclarions en état de vagabondage.

Nous nous sommes alors aperçu que ledit sieur Brissaud dissimulait sous sa veste un objet volumineux, et l'avons interrogé sur la nature dudit objet. Il nous) a répondu que c'était un bitard.

Considérant surtout qu'il y avait 100 francs pour moi si je procédais à l'arrestation du sieur Brissaud : Avons alors déclaré au sieur Brissaud que nous lui dressions procès-verbal et que nous le mettions en état d'arrestation au nom de la loi pour 1° vagabondage ; 2° chasse en temps prohibé.

Par application des articles 27 du 14 Gyraldose an III et 44 du 19 Urodonal an VII, etc.

Je crois d'ailleurs que le texte de ce procès-verbal a été publié, en même temps que la relation de la chasse, dans les journaux locaux et régionaux.

Puis un goûter frugal, mais excellent, composé de fromage, de fruits et de vin blanc, consacra la victoire de Brissaud et du garde Artaud.

Et, M. le Président Château donnant l'exemple, l'appétit et la gaîté ne firent point défaut !

Puis ce fut le retour à Poitiers ; la traversée de l'Exposition à Blossac, avec une deuxième lecture du procès-verbal au grand bassin.

Et les exposants firent fête au bitard et à ses chasseurs.

Voici le compte rendu, aussi fidèle que mes souvenirs le permettent, de cette première chasse au bitard, dont vous avez été, cher M. Jozereau, l'instigateur et l'organisateur, et dont le Comité des fêtes avait bien voulu adopter l'idée et la corser en la dotant de prix et en offrant aux amateurs de la chasse un excellent goûter.

Un après-midi de grand air, un jeu amusant, un petit balthazar, que demander de plus ?

La tradition s'est-elle maintenue ? Si oui, tant mieux : on ne peut que s'en féliciter.

En vous remerciant du plaisir que j'ai éprouvé à me remémorer ces vieux souvenirs, je vous prie de croire, etc.

Paul Janvier. CHASSEURS

 

 

LES FÊTES du Bitard

La journée suivante, le jeudi, était réservée aux fêtes traditionnelles du Bitard, perpétuées chaque année par les Etudiants Pictons selon les mêmes rites depuis Rabelais.

Après déjeuner, un monôme quittait la Maison des Etudiants en direction de la place d'Armes, où l'attendait une rame spéciale de tramways.

Tout le monde en voiture -- ou dessus - et le convoi s'ébranle en direction des Trois-Bourdons, point terminus. Reprise du monôme, la châsse du Bitard en tête, portée par quatre Grands Prêtres : elle est vide,  car l'auguste protecteur s'est enfui cette nuit, comme tous les ans cette même nuit, dans les bois de Croutelle, où les Etudiants Pictons doivent l'aller reprendre.

Dès l'arrivée sur les lieux de chasse, les Bitardiers, entendez chasseurs et chasseresses, se mettent en quête pour retrouver le royal fugitif. Et la forêt retentit bientôt des grands airs de chasse connus de tous :

« Taïaut! Taïaut! oh! oh! oh!

oh!. » .et d'autres cris aussi.

Pendant ce temps, les Grands Prêtres sont allés quérir, avec un char dignement décoré, urne barrique d'un vin fameux qui permettra, grâce à l'aimable générosité d'un vieil ami des Estudiants Pictons, de remettre les vaillants chasseurs de leurs émotions.

En effet, une grande clameur retentit : « Le Bitard est retrouvé ». Avec d'infinies précautions, les Grands Prêtres vont le chercher. Il reprend solennellement place sous sa châsse, et conduit les Bitardiers en monôme à la Fontaine Caballine, où se déroule la cérémonie de la Purification.

De là, il mène le monôme en pèlerinage au Trou de Saint-Fesser, où chacun se tape le derrière par terre, en implorant le Grand Saint de lui faire durcir et resserrer le sphincter anal, en vue d'affronter avec plus d'assurance les prochains examens.

Puis il revient présider l'es libations que va ouvrir le Grand Bitardier nouvellement promu, consacrant le baptême des Bitardiers. Ceux-ci forment un 4 grand cercle, assis dans le pré à l'ombre des grands bois. Au centre, sur un autel improvisé, les quatre Grands Prêtres mettent la futaille en perce. Puis, emplissant quatre verres, ils vont verser à boire jusqu'à épuisement, à tour de rôle et par série de quatre, à tous les Bitardiers.

La cérémonie se déroule au chant de la Pomponnette : Les Grands Prêtres à quatre Bitardiers :

« Aimes-tu mieux boire et dégueuler, »

 Que de ne pas boire et t'embêter? »

Les quatre Bitardiers :

 Oui, j'aime mieux boire et dégueuler,  Que de ne pas boire et m'embêter. »

Les Grands Prêtres versent à boire pendant que tous les Bitardiers chantent en chœur :

 « Qu'on verse à boire à ce cochon-là :  On verra bien s'il dégueulera.

 Pendant qu'il dégueulera, Que son voisin s'apprête; Pendant qu'il s'apprêtera, Chantons la Pomponnette,  La Pomponnette, la Pomponnette, Qui fi-i-i-i-lera. »

Et d'un cul-sec, les quatre Bitardiers vident leurs verres.

Fameux ce vin blanc sec traîtreusement additionné de quelques litres d'alcool rectifié.

Le choeur :

« Ce cochon-là a bien filé, » A son voisin de recommencer. »

Et l'on recommence avec les quatre Bitardiers suivants; et ainsi de suite. Quand la futaille lâche sa dernière goutte, il ne reste plus en place que quelques vieux durs, durs. Quant aux Grands Prêtres, il a fallu les remplacer neuf fois.

Les invalides les, moins atteints se dévouent alors pour aller jusqu'au village voisin, téléphoner à la station des taxis de Poitiers, et une demi-heure plus tard les chauffeurs de taxis mobilisés embarquent un nombre respectable de cadavres qu'ils déposeront dans un instant dans le parc de la Maison des Etudiants.

Et à 21 heures, après élimination de la dive liqueur — qui par voie descendante, qui par voie ascendante -- tous Les Bitardiers prennent place autour d'une table immense où va leur être servi le puissant banquet de l'A. G.

Et la journée s'est terminée personne n'a jamais su comment.

 

Botaurus_stellaris_1876

Le BUTOR. Ardea stellaris

Nom vulgaire : Bitar, dans les marais.

Le Butor est un peu plus petit que le Héron commun ; il a la tête non huppée, le dessus du corps couleur terre cuite, marqué de taches transversales brunes, le dessous du corps d’une couleur plus pâle, à taches oblongues et brunes, le bec brun, les plumes de la tête, et surtout du haut du cou, longues, épaisses et touffues, mais moins dans la femelle ; le sommet de  la tête noir, le corps panaché de couleurs plus obscures sur la femelle que sur le mâle, les pieds verdâtres, et les ongles longs et grèles . Cet oiseau est d’un naturel indolent et paresseux. Il se nourrit de rats, de grenouilles et d’autres amphibies, ainsi que de poissons qu’il avale entiers.

On voit des Hérons sur les étangs de Juigny, commune de Mauzé ; de l’étang-vieux, commune de Genéton, de Montmusson, même commune ; des Châteliers, de Pois-Pouvreau, et sur plusieurs autre petits étangs des premier et deuxième arrondissements ; on en voit encore sur les marais de Coulon, d’Arçais, de Saint-Hilaire-la-Palud, de Sansay, d’Amuré, de Saint-Georges-de-Rex, du Bas-Longé, de Lezay, de Tourtenay, d’Oiron, etc… et près des forêts de Chizé, de l’Absie, de Chantemerle et d’argenton-Château.

Essai sur l'histoire naturelle des oiseaux du département des Deux-Sévres Par J.-L.-M. Guillemeau

 

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