Famille de Beauvau : Généalogie, son origine au service des Rois de France
Beauvau, maison illustre et ancienne, originaire d'Anjou, dit La Chesnaye-Desbois qui fait partie du marquisat de Jarzé. La haute baronnie de BEAUVAU, anciennement Beauval, était située au pays et duché d'Anjou, à six lieues d'Angers et à trois de Baugé.
Elle avait pour chef-lieu une ville assez importante qui fut entièrement dévastée à la fin du XIVe siècle par suite des guerres entre la France et l'Angleterre.
La seigneurie de Beauvau ne relevait féodalement que du Roi, à cause de son château de Baugé, lequel avoyt touts jours estë mousvant en droicteure et sanz mitoyen de la grosse Tour du Louvre, ainsi que le prouvent un grand nombre d'actes de foi et hommage, aveux et dénombrements, qui se trouvent aux Archives de la Couronne de France.
La maison de Beauvau descend évidemment des anciens comtes d'Anjou, dont la branche aînée a fourni la race royale des Plantagenets qui ont occupé si longtemps le trône d'Angleterre. Ses membres rendaient hommage aux comtes d'Anjou, leurs souverains et leurs agnats, et qui s'observèrent dans les cérémonies de l'hommage que Raoul, seigneur de Beauvau et de Jarzé, rendit en 1025, conjointement avec Girault, son frère, au comte d'Anjou; car Raoul de Beauvau fit hommage l'épée au côté et le chapeau sur la tête, à cause de leur parenté, cum gladio et biretta propter parentagium, ainsi que porte un titre de l'abbaye de Saint-Serge d'Angers , au lieu que les autres seigneurs s'acquittoient de ce devoir à genoux, tête nue et sans épée.
On voit aussi dans les chroniques que les principaux seigneurs d'Anjou marchaient toujours sous la bannière des Sires de Beauvau, à la réserve des Sires de Craon et des Sires de Crissé du nom de Turpin, qui avaient le privilège de pouvoir militer sous leur propre bannière.
Un grand nombre d'illustrations de toute nature et les alliances les plus élevées ont donné à la maison de Beauvau un éclat qui l'a mise au niveau des maisons princières, longtemps avant que son chef eût été décoré du titre de Prince. Après s'être signalé pour le service de la maison royale de France, les Sires de Beauvau ont été d'un puissant secours aux Ducs de Lorraine, pays où quelques seigneurs de cette maison avaient suivi René, duc d'Anjou et roi de Sicile (Bon Roi René), lorsqu'il épousa Isabeau, duchesse de Lorraine, héritière et fille aînée du duc Charles II.
La maison de Beauvau tire encore un nouveau lustre du beau nom de Craon, qu'elle a droit de porter à titre d'héritière de Jeanne de Craon, femme de Pierre de Beauvau Ier du nom, comme aussi des armoiries et domaines de cette antique et puissante famille qu'on disait issue d'un Prince carlovingien.
Peu de familles ont eu des alliances aussi considérables que celle de Beauvau. En l'année 1454, Isabelle de Beauvau épousa le prince Jean de Bourbon-Vendôme, et c'est de ce mariage qu'est issue directement Ia maison royale de France, dont le roi de Navarre, Henri de Bourbon-Vendôme, était devenu le chef et l'héritier légitime à l'extinction de la branche de Valois.
La famille de Beauvau compte parmi ses membres des sénéchaux, des lieutenants généraux, des maréchaux, des dignitaires de l'ordre de Malte, des ambassadeurs, des ministres, des prélats, des écrivains, etc. Quelques généalogistes la font venir de Foulques II, dit le Bon, comte d'Anjou, qui vivait vers le milieu du Xe siècle.
Un manuscrit curieux, appartenant à la bibliothèque d'Angers et attribué à Jacques Chevillard; établit ainsi la descendance de cette famille :
Foulques le Bon; Foulques, seigneur de Briolay ; Foulques, seigneur de Beauval; René de Beauval; Jean de Beauval (1391); Pierre de Beauval, etc.
Bodin fait remarquer que tous les généalogistes conviennent que la famille de Beauvau descend de nos anciens comte d'Anjou, et que rien ne peut mieux prouver cette parenté que la manière dont Raoul (1025), Girard de Jarzé et de Beauval (1); frères, rendirent hommage à Foulques Nerra.
Ils s'acquittèrent de ce devoir debout, la barrette en tête et l'épée au côté, au lieu que les autres vassaux de ce prince remplissaient cette formalité nu-tête, à genoux, et sans armes.
C'est sans doute aussi à cause de cette parenté avec la seconde maison d’Anjou que, lorsque les comtes ne commandaient pas leurs armées en personne, la noblesse de cette province marchait sous la bannière de Beauvau, ce qui faisait présumer que les comtes d'Anjou reconnaissaient les comtes de Beauvau pour leurs parents; car ils n'eussent pas souffert que la noblesse de leurs États marchât sous une bannière étrangère.
Cette bannière avait un fond d'argent à quatre lions cantonnés de gueules, couronnés, armés et lampassés d'or, pour cimier une hure de sanglier au naturel, pour supports deux sauvages armés de massues. Le cri de guerre de cette maison était : «BEAUVAU, » et la devise composée de deux troncs d'arbres, liés l'un à l'antre par deux points de fer, avec ces mots: « SANS DÉPARTIR. »
==> Los en Croissant - Ordre de Chevalerie
(1) Cette maison tire son nom de la terre de Beauval, située à trois lieues de Beaugé, qui faisait partie du marquisat de Jarzé, en Anjou. Ce n'est que depuis quatre siècles que cette famille paraît avoir changé son nom de Beauval en Beauvau.
Les noms de famille n'existent chez la noblesse que depuis sept à huit siècles. Auparavant les nobles s'appelaient d'un nom de baptême auquel ils joignaient le nom du lieu qu'ils possédaient, ou quelque particularité physique ou morale : Hugues de Monthéri, Patri de Chources, Robert Courte-Cuisse, Guy de Rochefort, etc.
C'est dans les généalogies écrites, dit H. de Lourdoueix, qu'il faut suivre ces familles sans noms communs pendant si longtemps.
Les frères Sainte-Marthe et d'autres historiens de la maison de Beauvau remarquent qu'il y a peu d'églises, en Anjou, qui aient été fondées, dotées, augmentées ou rebâties sans que quelqu'un du nom de Beauvau ne se rencontre parmi les bienfaiteurs; de même qu'il n'y a point eu d'entreprise ni de croisade pour le recouvrement de la terre sainte , où quelqu'un de celte famille ne se soit trouvé. « Mais lors même, ajoute l'abbé d'Ormancey, que cette famille ne serait point, ainsi que cela résulte des témoignages historiques les moins contestables, une branche cadette de la première maison d'Anjou, ses parentés n'en seraient pas moins illustres, grâce à l'alliance contractée, en 1454, entre Isabeau de Beauvau et Jean de Bourbon, comte de Vendôme, trisaïeul paternel de Henri IV; alliance qui fit des seigneurs de Beauvau la souche de presque toutes les maisons royales de France...
Le nom de cette puissante famille a été invoqué par les peuples de l'Anjou dans leurs processions ; les habitants de la Provence ont révéré, à l'égal de lois, les règlements rendus par ceux de ses membres qui l'ont gouvernée, et les rois de France ont compté jusqu'à dix-huit seigneurs de Beauvau portant à la fois les armes pour leur service.
==> Histoire généalogique de la maison de Beauvau, Premières lignées. (an Mil)