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PHystorique- Les Portes du Temps
7 mars 2018

Chinon, la ville de Jeanne d'Arc, hommage à la mémoire du grand johanniste que fut le R. P. Doncoeur.

Chinon, la ville de Jeanne d'Arc, hommage à la mémoire du grand johannisle que fut le R

Paul Doncœur, né à Nantes (France) le 6 septembre 1880 et décédé à Troussures, dans l'Oise, (France) le 21 avril 1961, est un prêtre jésuite et écrivain français.

Aumônier militaire décoré de la Première Guerre mondiale il est connu pour ses ouvrages historiques consacrés à Jeanne d'Arc ainsi que pour avoir été l'un des pionniers du scoutisme et organisateur de sa branche aînée : la « Route ».

 Il fonde à Troussures un centre pour le ressourcement spirituel des couples et de la jeunesse.

 

 

 

 

 

 

 

Chinon, la ville de Jeanne d'Arc, se devait de rendre un hommage particulièrement reconnaissant à la mémoire du grand johannisle que fut le R. P. Doncoeur, récemment disparu. Nous ne saurions oublier, en effet, avec quelle bonne grâce il avait répondu en 1955 à notre invitation en acceptant d'inaugurer les manifestations commémoratives du cinquième centenaire du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc par une conférence donnée à Chinon sous les auspices de notre Société, avant d'apporter, l'année suivante, aux grandes cérémonies du mois de juillet tout le concours de sa pieuse autorité et de son érudition incontestée.

Le plus bel hommage que nous puissions lui rendre et celui, sans doute, qu'il eût le mieux agréé, n'était-il pas de consacrer entièrement notre Bulletin annuel à Jeanne d'Arc, notre héroïne nationale, la sainte qu'il vénérait avec tant de ferveur, et que ses travaux ont contribué si puissamment à nous mieux faire connaitre ?

C'est ce que nous avons pensé et pour que cet hommage ne soit pas indigne de celui à qui il était adressé, nous avons fait appel à la collaboration des johannistes les plus éminents de France et de l'étranger.

Ils ont bien voulu y répondre avec un empressement et une bienveillance dont nous leur sommes infiniment reconnaissants. Leur érudition et leur talent assureront, nous l'espérons, à notre publication une audience plus étendue que celle qu'elle connaît habituellement et nous voudrions qu'en attirant l'attention sur le séjour de Jeanne d'Arc à Chinon et l'entrevue capitale qu'elle y eut avec Charles VII elle contribue à réparer une certaine injustice dont notre cité est trop souvent la victime.

Chaque fois qu'il est question de Jeanne d'Arc et de sa mission libératrice, dans tous les ouvrages consacrés à son histoire, toutes les manifestations destinées à célébrer son héroïsme et exalter son martyre, ce sont presque toujours Domremy, Orléans. Reims et Rouen que l'on cite comme les plus glorieuses étapes de sa prodigieuse carrière, tandis que Chinon est relégué au second plan comme un épisode secondaire.

la chevauchée Jeanne d'Arc de Vaucouleurs à Chinon

 

Et pourtant n'est-ce pas à Chinon que s'est accompli le véritable miracle de Jeanne d'Arc, celui qui devait décider de toute sa mission ?

Si Charles VII à Chinon s'était refusé à la recevoir et lui accorder sa confiance, ni Orléans et sa libération décisive, ni le sacre triomphal de Reims, ni le martyre de Rouen ne seraient jamais entrés dans l'histoire et Domrémy serait encore une bourgade ignorée, patrie d'une aventurière à jamais oubliée.

Or comment supposer qu'un roi désabusé, doutant de lui-même et de sa légitimité, entouré d'une cour de chefs de guerre orgueilleux et brutaux, sans cesse ballotté au gré des intrigues tortueuses de conseillers ambitieux et cupides, déciderait de confier la direction de ses armées et le sort de son royaume à une jeune fille inconnue venue des marches lointaines de Lorraine ? C'est pourtant ce qu'il fit et le cours de l'histoire en fut changé.

Devant cet événement capital, difficilement concevable par la simple raison humaine, on reste confondu, et l'on comprend que le secret qui fut révélé au roi ce jour-là continue à susciter les controverses passionnées de ceux qui voudraient l'expliquer.

Chinon, qui en fut le théâtre, en tire une légitime fierté. Nous pensons qu'il mérite mieux que la brève mention dont il est généralement l'objet et nous voudrions espérer que cette publication ne sera pas inutile et qu'elle contribuera à faire accorder à noire cité la place qui lui est due au tout premier rang des villes illustrées par Jeanne d'Arc.

A. BOUCHER,

Professeur au Lycée,

Président des Amis du Vieux Chinon.

 

 

 

 

Le Père Doncoeur et Jeanne d'Arc

Le nom du Père Paul Doncoeur, entré dans l'Histoire et l'Eternité (1), ne sera-t-il pas désormais uni pour toujours au nom de Jeanne, sa « cheftaine », sa sainte de prédilection, celte « petite sœur » pour laquelle il œuvra toute sa vie avec cette ardeur infatigable et cette fougue courageuse que beaucoup d'entre nous ont connues.

C'est pourquoi nous voudrions tenter, modestement (en attendant les travaux plus importants des spécialistes et des savants), de tracer une sorte de vie parallèle de Jeanne et du Père Doncoeur.

Quand et comment le Père Doncoeur commença-t-il à s'intéresser à Jeanne ?

Mystère caché des cœurs. Secret des affinités profondes. Entre ces deux êtres de hardiesse et de fier courage on trouvera des points de ressemblance, des lieux de rencontre multiples, c'est incontestable. Mais quand commença leur amitié et leur long dialogue ininterrompu ? Il est difficile de le situer.

Né à Nantes le 6 septembre 1880, vivant au hasard des garnisons de son père officier, à Chartres, Verdun, Sedan, puis Saint-Omer, le jeune Paul Doncoeur entra, à 13 ans, au Collège des Jésuites de Reims qu'il ne quittera pas jusqu'à ses humanités terminées.

Enfant, il suit donc les offices dans la cathédrale du sacre. Assista-t-il aux préliminaires de la béatification ? De toutes façon il n'a pas pu ne pas grandir en cette ville, en ce collège, au début de ce siècle, sans être touché par l'attention que la France donne alors à Jeanne d'Arc, « sa patronne secondaire après Notre-Dame ».

Ordonné prêtre en 1912, c'est précisément en l'année anniversaire de naissance de Jeanne (1412). Le Père qui avait le culte des dates anniversaires, a dû être frappé de cette coïncidence.

C'est au début du siècle aussi que Péguy dans son « Mystère de la Charité » rendait à Jeanne toute sa taille. Or, le Père fut un des premiers fervents de Péguy. Il le lisait inlassablement pendant la guerre. Une petite édition de poche ne le quittait jamais, dans sa vie d'aumônier des tranchées.

Néanmoins il faut attendre l'année 1924 pour entendre le Père parler pour la première fois de Jeanne, du moins publiquement. Ce fut sur l'immense plateau du vieux Trocadéro, dans une soirée musicale organisée pour l'édification, à la Porte de la Chapelle, d'une basilique dédiée à Jeanne.

En 1929 paraît « La Chevauchée », sorte de chronique, jour après jour, des faits et gestes de Jeanne. 1429-1929 : c'est le Ve centenaire de l'épopée de Jeanne.

Passionnément, le Père prépare les jeunes à ces dates centenaires et offre ce carnet de route « aux fils de France qui comptent 17 ans en 1929, pour fêter les 500 ans de la chevauchée de Jeanne et ses 17 ans »..., « parce que vous, du moins, les jeunes, êtes les seuls qui, dans l'universelle félonie, n'avez pas trahi Jeanne ». Et durant cet été, il mènera ses routiers, étape par étape, sur les traces de Jeanne : en Lorraine, à Orléans, à Compiègne.

Il trouve des accents extraordinaires pour parler d'Elle à ses fils.

Cette même année, il n'est pas étranger à l'initiative qui fit apposer sur les bâtiments publics des plaques commémoratives aux lieux où passa Jeanne de 1429 à 1431, et qui nous parlent aujourd'hui encore de ses marches héroïques.

(1) Le Père Doncoeur nous a quilles le 21 avril 1961,  à 80 ans, après une brève maladie.

En 1931 paraît un deuxième volume, la suite à la Chevauchée : Le Mystère de la Passion de Jeanne : « La Trahison et le Martyre », dédié « aux fils et aux filles de France qui ont 20 ans, pour qu'ils se souviennent que le salut de la France est venu d'un coeur de 20 ans. »

En 1931 également, le petit livre si suggestif, épuisé aujourd'hui, mais dont on pourrait tirer de si étonnantes citations : Qui a brûlé Jeanne d'Arc ?

Qui ? Nous tous, voyons ! Et pas seulement les Anglais ! Tous, nous avons à réparer. « Tous, nous sommes solidaires de l'infamie : le roi, les évêques, les docteurs, les moines, les soldats, la valetaille, la populace. Tous avaient péché. »

C'est en ces mêmes années que le Père composa des chants à Jeanne, d'une pureté et d'une intensité si émouvantes :

« Lorsque tu t'arrêtas, ô Jeanne, dans Auxerre

Priante et seule, en ce recueillement... »

Et :

« Sur les Routes où nous chantons

Fais-nous joyeux, ô forte Jeanne... »

Ainsi que le très populaire « Jeanne, en chantant, est partie pour la France » que tout le monde connaît.

Les feuillets d'Alouette où ont paru ces chants sont aujourd'hui épuisés, mais grâce à l'heureuse initiative de l’Alauda un beau disque de onze chansons du Père Doncoeur vient de paraître qui contiennent deux de ses hymnes à Jeanne.

1939-1944 : Pendant le long martyre de la France vaincue et captive, le Père Doncoeur, aumônier des jeunes à Lyon, Aumônier des aumôniers de jeunes, dresse sans cesse devant eux la fière silhouette de Jeanne pour qu'à son exemple ils fassent que « France vive », que « France continue ». Il échappe de justesse à la Gestapo, tant ses allusions sont claires.

Joan of Arc

En 1947 l'Amérique prépare un film à grand spectacle sur Jeanne d'Arc. Le Père est sollicité de partir pour Hollywood comme conseiller historique et spirituel du film. Avec une franchise totale, il se donne à la tâche difficile de faire comprendre aux cinéastes le « mystère » de notre Jeanne. Il réussit, à force de ténacité, à faire recommencer certaines scènes et à corriger de graves erreurs. Pas toutes malheureusement. On lui présenta, par exemple, une Jeanne qui, au cimetière de Saint-Ouen acceptait sans peine de signer que ses visions n'avaient pas existé.

Il leur montra que c'était, exténuée, et sous l'effet de la peur panique, qu'elle avait signé, rétractant les jours suivants, après s'être reprise et sous l'influence de ses voix, cette signature arrachée.

Par contre, les ecclésiastiques de Paris et le nonce, à la première projection du film, n'avaient pas réagi favorablement en voyant Jeanne aux prises avec les juges cauteleux en habits de dominicains et de prélats. Mais de ceci, le Père ne s'émut point et il ne fit rien changer au film (2).

C'est aux environs de 1950 que le Père commença le long travail d'érudition et de recherches scientifiques sur les Actes du procès de Rouen.

Ces Actes nous ont gardé les réponses admirables de Jeanne aux juges qui, durant quatre mois, la poursuivirent de leur haine. Ils sont le plus pur témoignage que Jeanne porte sur elle-même. Mais ils nous sont parvenus en latin et élaborés artificieusement après la mort de Jeanne.

(2) Avec les plus belles images de ce film. le Père a composé un album avec un texte établi par lui et fait des plus authentiques paroles de Jeanne. Epuisé, on peut en trouver encore quelques exemplaires aux Cahiers, 23, rue Oudinot, Paris (7e).

 

A force de patientes recherches, le Père est arrivé à reconstituer les Interrogatoires, les minutes, prises en français par les greffiers, en mettant en oeuvre les manuscrits d'Urfé, d'Orléans et un manuscrit original.

Ce sont les plus beaux textes de la langue française. Le Père les a reproduits dans toute leur vérité.

Nous ne possédons de Jeanne aucune relique. Son corps brûlé, les cendres ont été jetées à la Seine. Mais nous avons là sa voix et son coeur tout vivant. Rassemblés par son ami le meilleur, le plus sûr.

C'est La Minute française des Interrogatoires de Jeanne, parue en 1952.

En 1954 : L'Instrument des Sentences portées par Pierre Cauchon et Jean Le Maître contre Jeanne la Pucelle.

En 1956 : La Réhabilitation de Jeanne ta Pucelle. L'enquête ordonnée par Charles VII et le Codicille de Guillaume Bouille.

En 1958 : La Réhabilitation de Jeanne la Pucelle. L'enquête du Cardinal d'Estouleville en 1452.

Toute bibliothèque johannique sera désormais incomplète qui ne contiendra pas ces documents majeurs.

Ce que souhaitait le Père par-dessus tout, c'est de retrouver le manuscrit de « Poitiers ». Perdu ? Brûlé ? Détruit ?

 Il alla passer deux mois à Rome, à l'automne 1959, dans l'espoir de découvrir quelque indication dans les Archives du Vatican sur ce document précieux.

En 1960 il édita, chez Pion et à sa demande, Les Paroles et Lettres de Jeanne la Pucelle. Ce n'est pas un travail scientifique, mais un livre de vulgarisation, établi cependant avec le souci d'une rigoureuse fidélité.

Et c'est à la veille de sa mort, alors qu'il était déjà atteint du mal dont il ne se relèverait pas, que paraissait son dernier ouvrage dédié à Jeanne : La Réhabilitation de Jeanne la Pucelle. La Rédaction épiscopale du Procès de 1455-1456.

C'est le Tome V de cette série de travaux qu'il avait intitulée : « Documents et Recherches relatifs à Jeanne la Pucelle ».

Ne se contentant pas d'éditer ces ouvrages tant de vulgarisation que d'érudition, le Père Doncoeur sillonnait la France partout où on le demandait, présentant des miniatures, documents, textes, qui faisaient connaître avec ferveur le visage le plus authentique de Jeanne.

Ceux qui étaient à Chinon, en 1956, lors des célébrations du demi-millénaire du procès de réhabilitation, ont gardé le souvenir inoubliable de sa parole de feu.

Le 18 mars de cette année, Mgr Wright, archevêque de Pittsburg, a consacré solennellement en sa basilique, une chapelle à Jeanne d'Arc.

Une amitié unissait Mgr Wright et le Père Doncoeur à travers Jeanne. Signe du rayonnement de Jeanne. Signe des liens qu'elle consacre entre deux pays.

Les Cahiers Sainte Jeanne, revue spirituelle, que le Père Doncoeur fil paraître trente ans durant et qu'il avait placée sous le patronage de Jeanne, ont fait paraître récemment des souvenirs divers et des études sur le Père Doncoeur. Tous ceux que ses travaux sur Jeanne intéressent peuvent encore se procurer ce Cahier où ils trouveront un supplément d'information (3).

G. LE BOURGEOIS,  Professeur de Philosophie.

Directrice des « Cahiers Sainte Jeanne ».

(3) Le Père Doncteur et le Sens du Passé. Cahiers Sainte Jeanne, 23. rue Oudinot. Paris (7e).

Société d'histoire de Chinon Vienne & Loire. Auteur du texte 1961

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