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PHystorique- Les Portes du Temps
3 mars 2018

Monuments mégalithiques - Dolmens du Bas-Poitou (Pierre Virante- Pierre Levée)

Les Dolmens du Bas-Poitou Pierre Virante Xanton chassenon- Pierre Levée Nieul sur L'autize

A cent mètres, des rives ombreuses et poétiques de l'Autise dont les flots bleus se déroulent en capricieux méandres, entre des peupliers gigantesques, des saules à la tige tremblante et des noyers à l'austère feuillage, en face du coquet moulin de Xanton, perdu dans un îlot de verdure, s'élève un dolmen de 25 mètres de surface imposant encore sur ses primitifs piliers.

Si j'étais poète et pêcheur j'essayerais de vous raconter dans la langue des dieux, comment le maître graveur M. de Rochebrune, dans une chasse au goujon et à la truite aperçut émergeant au-dessus du sol, cette immense table sous laquelle a dormi pendant des milliers d'années peut-être, un des chefs de ces vieux Aryens partis de l'Inde, :cette antique contrée nommée jadis Lémurie, que Michelet dans son admirable livre de l’ Humanité appelle « cette source vraie des races, des idées et des langues de l'Europe moderne. »

« Cette pierre parle » s'écrierait Louis Galles, mais sa langue primordiale qui nous rapprendra ?  les savants de l'avenir peut-être !

Mais en attendant nous voulons voir, TOME III. — AVRIL, MAI, JUIN 1890.

 

Dolmen de Xanton

 

UN DOLMEN INÉDIT

Dans sa situation particulière aux rives du petit fleuve, autre chose qu'un caprice du hasard (1)

Une race qui avait placé le pays de ses rêves, son paradis futur, par de là les vagues bleues de l'Océan, ne pouvait choisir, pour un des siens, un site plus conforme à sa pensée que cette dernière halte sur le bord de ces eaux tranquilles qui devaient porter vers le pays de l'avenir l'âme du défunt.

Ainsi encore aujourd'hui, sont hantés par cette même idée du voyage vers les terres inconnues, les Indiens du bord du Gange, confiant aux calmes vagues du fleuve sacré les restes de leurs chers défunts.

Et en France, Carnac, le pays des mégalithes, cerné par l'immense rivière d'Etel, par le bras de mer de la Trinité, était la place idéale du lieu de repos de ceux qui attendaient le départ pour l'au-delà !

Mais avant d'effleurer davantage l'examen de ces redoutables problèmes qui touchent à ce que l'homme a de plus sacré, nous allons donner une description aussi exacte que possible de ce dolmen dont divers dessins, notamment une magnifique eau-forte du maître, sont ci-annexés, pour rendre plus intelligible la monographie que nous en avons entreprise.

§ 2. — Description du Dolmen.

Ce mégalithe, situé dans un terrain appartenant à M. Sabouraud propriétaire à Nieul-sur-1'Autise, à qui nous adressons ici nos plus sincères remerciements, pour la grande liberté qu'il nous a accordée de faire des fouilles, était connu dans la région sous le nom de Pierre Mouilleron ou Pierre qui vire.

(1) Un dolmen que nous avons visité, le 29 mai, au lieu dit la Pierre-Folle ou les Carns, commune de Thiré est exactement placé dans les mêmes conditions par rapport à la rivière la Smagne ?

 

Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (1)Cette pierre, d'après les bonnes gens, du pays venait chaque année se baigner dans l’Autise le matin de la Saint-Jean et lu nuit de Noël.

— Une vieille madrée nous racontait même sérieusement qu'avant « la grande Révolution » les mariés du jour venaient se frotter contre les rugosités du mégalithe pour demander au vieux celte qui repose sous la pierre des enfants digne de leur puissant aïeul.

Une autre, renchérissant encore sur le tout, voyait dans les trous de la pierre les points d'attache de navires d'une époque tout à fait préhistorique!

La table émergeait du sol sur environ quinze mètres ; dix étaient recouverts par les terres que la charrue avait peu à peu ramenées près du mégalithe, et qui formaient autour de sa périphérie des talus fortement inclinés sur l'horizon.

Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (1)

Ce mégalithe est formé d'une roche connue en minéralogie sous le nom de poudingue; son épaisseur moyenne est d'environ 0'"70. Les molécules qui le composent sont fortement agrégées, et leur densité peut être évaluée à 2400 kilos par mètre cube, ce qui donne pour l'ensemble du bloc un poids de 42000 kilos. Il doit provenir des carrières de Chavagné situées à 8 kilomètres de distance, à la limite de la Vendée et des Deux-Sèvres.

Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (2)

Sa surface extérieure, du côté du levant, surtout, est couverte de circonférences presque tangentes, de 1m40 de diamètre, et d'entailles profondes parfaitement caractérisées, qui semblent indiquer que pendant le moyen âge des essais ont dû être faits pour détacher de cette pierre gigantesque des meules de moulin.

Plusieurs tubulures circulaires horizontales de 0m02 de diamètre, environ sur 1 m de longueur, existent à la surface extérieure de la table, ainsi 'que deux grossières empreintes de pieds humains.

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (2)

Bien que des spécimens de ces dessins se rencontrent sur certains dolmens du nord de l'Angleterre et de l'Ecosse, nous nous refusons à y voir, dans le cas actuel surtout, des signes symboliques quelconques, non plus que des rigoles à sacrifices humains, comme on l'a prétendu longtemps.

Peut-être néanmoins pout-on voir dans le dessin de deux pieds, l'usage constant, paraît-il, en Orient, d'après Prisses d'Avesnes, de marquer sur le sable ou sur la pierre le contour des pieds de celui qui était venu visiter un tombeau. « Je suis venu ici, disait le voyageur, et j'ai rendu, hommage ; et la preuve, c'est que voilà la trace de mes pas, que baiseront plus tard mes descendants à venir. »

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (3)

L'intrados ou voûte de la table est l'unique côté tangible, et le seul qui fut visible autrefois: les dolmens étant presque toujours recouverts d'un tertre ou tumulus. Cet intrados porte en creux l'empreinte grossière, mais parfaitement caractérisée de la charrue primitive, ou hoyau, qu'on voit sur les monuments égyptiens.

 Cet outil qui fournit le pain, et qu'on trouve dans sa vraie forme en Océanie, en Chine, dans l'Inde, en Afrique enfin, ne pouvait manquer d'être considéré comme saint par tous les peuples, et les Gallo-Romains en conservèrent le souvenir en inscrivant sur leurs stèles funéraires des charrues avec la formule sacrée : « Sub ascia dedicavit. » Ils en font la dédicace sous le signe de l’ascia ou de l’haschen qui veulent simplement dire charrue.

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (6)

Des fouilles exécutées 'avec précautions les 17 et 21 avril dernier en présence de MM. de Rochebrune et Valette, le distingué directeur de la Revue du Bas-Poitou, mirent à nu les anciens supports du dolmen : ceux du pourtour étaient renversés ou inclinés ; celui du centre était d'une verticalité  parfaite, mais la tablé ayant éprouvé un léger déversement vers l'ouest, par suite de l'enlèvement des surfaces dont nous avons parlé plus haut, une partie seulement de l'arête était en contact avec la paroi inférieure.

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (4)

Une énorme pierre renversée bouchait jadis la chambre sépulcrale au levant. Cette chambre renfermait des ossements humains, des défenses de sangliers, un racloir en silex, des morceaux de fer, des fragments de vases de l'époque gauloise et de l'époque gallo-romaine, des morceaux de tuiles à rebords, une tuile creuse de même date, presque intacte, placée au centre même du dolmen, et une clef avec spirale presque semblable à celle du quatrième siècle trouvée à Saint-Thomas, dans le jardin de M. Lalande, et gravée dans Poitou-Vendée.

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (5)

A en juger par les dimensions du tibia et du fémur, les ossements devaient être ceux d'un homme de haute taille. Du côté de l'ouest, dans une autre chambre sépulcrale, les restes d'un repas des funérailles, la couche funèbre en pierres calcinées, des ossements humains brûlés, des charbons de bois, mêlés à de l'argile cuite, nous donnèrent la certitude que l'inhumation ordinaire et l'incinération avaient été pratiquées par nos vénérables aïeux, a une époque bien éloignée, si l'on en croit les documents irrécusables que nous croyons devoir analyser pour l'intelligence plus grande de notre travail.

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (1)

 — Antiquité des mégalithes.

Dans le monde entier, des falaises armoricaines aux rives du Pacifique, sur les monts de l'Oural et dans les plaines de la Sibérie, sur les bords du Gange et les plateaux de l'Ararat, les voyageurs rencontrent encore aujourd'hui ces monuments mégalithiques, qui n'ont aucun rapport avec la religion des Druides, et qui, depuis un demi-siècle surcoût, passionnent le monde des chercheurs.

Un certain nombre retracent le souvenir d'événements écoulés, tous excitent notre intérêt par l'antiquité qu'ils nous rappellent et les mystères qui les entourent.

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (7)

Si nous interrogeons l Iliade, (chant XVIII) et l’ Odyssée (chant VIII) nous y lisons que l'assemblée des chefs, se réunit en séance solennelle sur des sièges en pierres rangées en  cercle comme les cromlechs.

Du temps d'Homère même, quelques-uns de ces monuments étaient déjà antiques et mystérieux. Ainsi aux funérailles, de Patrocle quand Nestor indique à son fils Antilochus le chemin, pour la course des chars, il lui dit: «La route dont je te parlé est directe et tu ne peux te tromper... De chaque côté à l'endroit où le chemin se rétrécit, alors que tout ce qui l'entoure est plat, s'élèvent deux pierres blanches, placées là pour indiquer le tombeau de quelqu'un mort depuis longtemps, ou pour préserver le souvenir d'un événement accompli dans les âges écoulés (Iliade XXIII).

 

Hector frappé par la lance d'Achille est enterré sous un tertre tumulaire, composé de pierres et déterre. Son meurtrier édifie sur les restes de son ami Patrocle un tumulus de plus de 100 pieds de diamètre.

Alexandre fait élever sur les restes de son favori Héphestion un tumulus qui lui coûte 1200 talents (5.812.500) et selon les plus anciens historiens, dont les récits ont été confirmés par les recherches des archéologues, l'élévation de collines sur les tombeaux se pratiquait anciennement chez les Scythes, les Grecs, les Etrusques, les Germains et d'autres peuples.

Les Juifs eux-mêmes ont érigé des mégalithes, la Genèse nous parle de Jacob dressant une pierre comme monument,

— de Moïse élevant douze piliers de pierre sur le mont Sinaï.

— L'Exode nous montre Absalon faisant élever pour lui-même, un pilier dans la vallée du Roi. « Je n'ai pas de fils pour garder mon souvenir et perpétuer ma mémoire » s'écrie-t-il, et il donne son nom à ce pilier qui s'appelle encore aujourd'hui « le pilier d'Absalon. »

IV. — Quelques mégalithes et surtout des dolmens sont postérieurs à l'ère chrétienne.

 

La plupart des tumuli de l'Europe occidentale sont certainement préhistoriques, mais il en est quelques-uns cependant dont la date et l'origine nous sont connus.

 

En 285 Lochaid, roi d'Irlande, est enterré sous un dolmen. Ossian dans son poème immortel s'écrie : « Place-moi, Fingal, sous quelque pierre mémorable qui atteste la gloire de Calma Cathula, dresse une tombe sur la colline et place sur cette tombe une pierre grise où tu écriras : « Ici repose sous ce bloc dressé, le chef de la race de Dermud, et cette pierre dira mon nom aux siècles à venir : elle parlera aux années qui s'élèvent derrière les âges. »

Les Sagas danoises nous disent aussi qu'au milieu du VIIIe siècle, Sigurd Ring ayant vaincu son oncle le roi Harald Hildeland à la bataille de Braavalla « lava le cadavre, le plaça sur le char de guerre de Harald et l'enterra dans un tumulus qu'il avait élevé dans ce but. »

Le cheval de Harald fut sacrifié et enterré avec lui, ainsi que la selle, afin que Harald put se rendre au Walhalla à cheval ou en voiture, comme il le préférerait. Puis Ring donna un grand festin après lequelil recommanda aux chefs présents de jeter leurs ornements et leurs armes dans le tumulus en l'honneur de Herald. Enfin le tumulus fut fermé avec soin.

 

En 950, le roi Gorma et la reine Tyra sont inhumés sous des tumuli à Jellinge en Danemark; et en Angleterre, d'après le savant John Lubbock, la coutume d'enterrer sous ces monuments ne fut décidément abandonnée que pendant le Xe siècle.

En France, malgré les Conciles d'Arles (452), Tours (567), Nantes (743), déclarant en substance « que les démons seuls stationnaient auprès des mégalithes » et que les adorations qu'on y faisait étaient impies au premier chef, il fallut en 789 un capitulaire de Charlemagne daté d'Aix-la-Chapelle, ordonnant « d'abolir absolument l'usage qu'avaient conservé quelques insensés d'aller allumer des chandelles et pratiquer d'autres rites odieux près des arbres, des pierres et « des fontaines antiques » pour faire cesser les inhumations sous les dolmens.

 La tradition de la pierre droite élevée en souvenir d'un mort s'est conservée bien plus tard encore.

A deux pas de Sainte-Anne d'Auray à l'endroit même où périt en 1364, Charles de Blois, compétiteur de Jean de Montfort, devant l'abbaye de la Chartreuse fondée par le vainqueur sous le nom de « collégiale de Saint-Michel-du- Champ » en souvenir de son triomphe, se voit au pied d'une croix restaurée dernièrement un lech. planté là le jour même de la bataille, à la place où l'on trouva parmi d'innombrables cadavres, le corps inanimé du prétendant.

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (8)

Au XIVe siècle, on élevait encore des menhirs en Basse-Bretagne. . Il se trouve au milieu de la forêt de Paimpont en Bretagne, un cromlech avec dolmen, fontaine sacrée et le reste, et les libations qu'on y fait encore sont tellement respectées que le clergé catholique lui-même n'a pu les abolir, et qu'en 1835, les habitants de Concoret (la vallée des fées) les accomplirent solennellement avec les cérémonies dont Robert Wace et Chrestien de Troyes nous avaient gardé la mémoire.

V. — Les Dolmens sépultures.

Les découvertes nombreuses faites depuis 25 ans dans toutes les parties du monde et en Bretagne notamment, par le distingué Louis Galles, ingénieur des ponts et chaussées, ont démontré que si quelques monuments mégalithiques ont été édifiés en commémoration de quelque événement remarquable, comme par exemple le monticule élevé par les Dix mille, quand ils aperçurent la mer pour la première fois pendant leur célèbre retraite, les dolmens surtout n'étaient autre chose que des tombeaux, de simples ossuaires dressés par les peuples primitifs à la mémoire de leurs guerriers et de leurs ancêtres.

 Dans ces dolmens on déposait souvent les objets que le défunt avait le plus aimés pendant sa vie : ses armes, ses bijoux, son cheval de bataille, et aussi les aliments nécessaires pour entreprendre le grand voyage.

Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (9)

« Quand un grand homme mourait en Scandinavie, dit « Lubboçh, déjà cité, on l'asseyait sur son siège favori, on étalait devant lui de quoi boire et de quoi manger, oh plaçait ses armes à ses côtés, on fermait sa maison et on en recouvrait l'entrée avec de la terre, pour la rouvrir cependant quelque fois quand sa femme où ses enfants allaient le rejoindre dans la terre des Esprits ».

Aujourd'hui encore, et c'est un fait remarquable, quelques-unes des tribus des régions montagneuses de l'Inde, notamment les Khasias, continuent à élever des dolmens pour l'inhumation de leurs chers morts, auxquels ils font, des funérailles qui par leur magnificence ont étonné les voyageurs. De temps en temps, comme aux premiers jours du boudhisme, ils invitent leurs âmes à prendre part au repas funèbre Sraddha « Lève-toi dit Baratha dans le Rig-Veda, lève-toi, pourquoi dors-tu, me voici arrivé sur ton ordre.... Pourquoi m'as-tu délaissé.... Yama permets que le trépassé descende pour jouir des libations du matin- et-du soir » (du Cleuziou.)

Et puis du reste le culte pour ceux qui ne sont plus ne remonte-t-il pas aux premiers âges de l'humanité ? « Le jour dit Ernest Feydeau dans son magnifique ouvrage intitulé : Histoire des usages funèbres, le jour où l'homme aida et secourut son semblable, il pleura sur sa dépouille mortelle et la respecta. »

Lorsque le premier homme pressa sur son sein désolé l'image de sa compagne, il refusa longtemps de croire à l'éternelle impossibilité de son retour à la vie, longtemps il conserva l'espoir de réchauffer, de ranimer ce corps inerte, mais enfin lorsque les signes expressifs de la décomposition lui apparurent, se refusant à l'idée du néant, il creusa, aidé des siens, la dernière demeure de celle qu'il avait aimée, la tapissa de la mousse sèche dû premier nid de leurs amours et y coucha celle qu'il espérait voir un jour se réveiller.

De cette idée devait naître nécessairement la croyance à une résurrection future.

Sur les monuments égytiens fait remarquer l'auteur des Premiers âges de l'humanité, le grand sphinx plantant la vie dans la mort nous indique encore que la même pensée d'immortalité surhumaine a traversé le monde, et que le génie celtique, en écrivant, au cap Finistère, au milieu des tombes, cette belle devise: Merva del veva: mourir c'est vivre, était bien le père de celui qui inspira jadis les grands penseurs de Thèbes et de Memphis.

VI. — Des objets trouvés sous les dolmens- — De leur construction.

Il est acquis aujourd'hui que beaucoup de chambres sépulcrales de dolmens ont été violées par les Gallo-Romains qui espéraient y trouver des objets précieux, bien que certains de ces tombeaux ne continssent aucune espèce d'objets, soit en pierre soit en métal : beaucoup ne renfermaient que des vases à aliments.

On peut affirmer aussi que ces tumuli qui nécessitaient pour leur construction beaucoup de travail et de dépenses, n'étaient élevés qu'en l'honneur des riches et des grands, quoiqu'ils aient pu servir, et qu'ils aient sans doute servi de tombeaux pour les pauvres.

Ces tumuli nous apprennent également que ces peuples inconnus avaient des chefs très obéis, dont la volonté despotique pouvait mettre en mouvement des milliers de bras pour leur bâtir ces tombeaux qu'ils entendaient habiter un jour.

La coutume d'inhumer sous de vieux dolmens, coutume qui s'est perpétuée ainsi que nous l'avons dit, jusqu'au X" siècle, a produit quelque confusion, parce que des objets de dates très différentes se sont rencontrés dans le même tombeau.

 Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (10)

Il a dû en être ainsi selon toute probabilité pour celui de Xanton, où se sont trouvés réunis des objets appartenant aux périodes comprises entre l'époque moustérienne, caractérisée par le racloir en silex, et l'époque gallo-romaine avec sa clef, ses tuiles à rebords et ses vases.

Quoi qu'il en soit, et en admettant que la présence du silex indiquât une sorte de déférence pour d'anciennes coutumes, il est certain pour nous que le signe de l'ascia gravé grossièrement sous la paroi du dolmen est un sûr indice certain d'une très haute antiquité qu'il est impossible de déterminer même approximativement, non plus que le motif pour lequel a été construit ce monument. Mais il est hors de doute que les populations qui ont érigé cet édifice étaient animées d'un désir d'immortaliser leur mémoire comparable à celui des Egyptiens.

Le transport de ce mégalithe, comme celui de ses congénères, a dû coûter beaucoup de peines et de dépenses, et ces preuves de puissance sont constantes, de quelque temps qu'on veuille les supposer.

Quelques auteurs ont nié la participation des Gaulois et des Celtes à l'érection des monuments mégalithiques. Or les Gaulois et les Celtes n'étaient que les successeurs directs des Aryas, premiers architectes de ces monuments, et cette race tout entière mérite d'être appelée le peuple des dolmens.

L'ère des dolmens a duré des siècles, puisqu'en Bretagne et dans l'Aveyron, certains d'entre eux sont sûrement contemporains de l'âge de bronze et de la première apparition du fer, qui, d'après M. Bertrand, aurait été connu et utilisé d'ans le monde hellénique, 1400 ans avant notre ère: C'est ce qui explique qu'en plein âge de bronze on peut trouver accidentellement du fer dans quelques tombeaux, puisque d'aucuns prétendent aujourd'hui qu'en Orient l'art de travailler le fer est aussi ancien que l'art de travailler le bronze. Néanmoins en Scandinavie, et par suite de certains préjugés, les habitants se sont obstinés à exclure le fer de toutes leurs îles jusqu'après l'ère chrétienne, et les Egyptiens ne s'en sont jamais servi qu'à regret.

Malgré tout, nous sommes encore à l'enfance de l'art, en fait d'études archéologiques sur les dolmens et leur mode de construction. Ce n'est guère qu'à l'aide des peintures et des dessins tracés sur les monuments de l'antique Egypte, notamment à Berscheh, qu'on a pu, par hypothèse, reconstituer le système employé par les Aryens pour l'érection de ces monuments gigantesques à une époque où manquaient, sans doute, les voies de communication faciles et les engins puissants dont dispose l'industrie moderne.Bas Poitou Monument mégalithique de Pierre-Virante à Xanton-Chassenon (11)

Nous pensons être agréable au lecteur de la Revue du Bas-Poitou, en annexant à notre travail une autographie en petit d'un tableau de du Cleuziou intitulé : Construction d'un dolmen.

Nous espérons aussi que notre modeste étude aidera à préserver d'un vandalisme sans nom les monuments mégalithiques qui restent encore dans notre pays, et à faire aimer davantage notre chère Vendée qui, pour nous servir d'une expression du grand duc de Toscane « n'est encore pour beaucoup de Vendéens qu'une belle inconnue. »

Fontenay-le-Comte, le 1 juin 1800.

Louis BROCHET.


 

 

Dolmen de Pierre-Levée à Nieul-sur-1'Autize (Vendée) - Persée

Bulletin de la Société préhistorique française, tome 73, 197fi, Etudes et Travaux Dolmen de Pierre-Levée à Nieul-sur-lfAutize (Vendée) par Roger Joussaume (*) Dans la pente de terrain qui borde la rivière l'Autize, face au village de Xanton-Oiassenon que nous connaissions bien pour y avoir fouillé en 1970 et 1971 le mégalithe de Pierre-Virante (L'Anthropologie, à paraître), émergeait une grosse dalle de poudingue, table d'un dolmen depuis longtemps connu sous le nom de Pierre- qui-vire, Pierre-Levée ou encore Pierre-Mouille- ron (fig.

http://www.persee.fr

 

Rabelais et la Foire de la Pierre Levée de Poitiers
Pierre-Levée de Poitiers, située au-dessus du faubourg Saint-Saturnin; a donné son nom à une rue de ce faubourg et à un cimetière. La...

 

1349 la bataille de Lunalonge - Dolmen dit La Pierre Pèse 

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