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PHystorique- Les Portes du Temps
17 février 2018

Ordre de Mélusine – Chevalerie d’Honneur de la Maison Lusignan

Ordre de Mélusine – Chevalerie d’Honneur de la Maison Lusignan

Ordre de Mélusine – Chevalerie d’Honneur de son Altesse Marie de Lusignan

Princesse de Chypre, de Jérusalem et d’Arménie

Baudouin IV meurt , le 16 mars 1185, et son fils Baudouin V, qui succède à l’âge de sept ans, est aussi emporté par la lèpre l’année suivante. Le sceptre passe alors dans les mains de Guy, son beau-père.

La reine Sibylle est aussitôt assiégée d’une foule de courtisans jaloux et  ambitieux qui ne peuvent voir à leur tête un chef qui n’est pas, disent-ils, de sang royal. La reine annonce son intention de se séparer de son époux et de choisir celui qu’elle croit le plus digne et le plus capable de défendre royaume. On se range à son avis, et l’on s’engage à ratifier le choix qu’elle manifestera bientôt d’une manière éclatante et inattendue sa volonté toute-puissante.

Au jour désigné, Sibylle se rend à l’église de Saint-Sépulcre, entourée des officiers et du peuple. Le patriarche Héraclius, revêtu des ornements pontificaux, prononce la sentence et remet à la reine la couronne de Jérusalem, en l’invitant à ne la confier qu’au plus digne. L’émotion est vive dans cette auguste assemblées ; le cœur de plusieurs palpita d’espérance au moment solennel. Mais Dieu veillait sur les siens. La reine prend la couronne des mains du patriarche et la dépose sur la tête de Guy, son époux, à genoux devant elle. C’est ainsi que Lusignan devint roi de Jérusalem, l’an 1186 ; il reçut aussitôt l’onction sainte et le serment de fidélité de ses sujets.

 

Afin de perpétuer le souvenir de cet événement, et pour témoigner au nouveau roi son attachement inviolable, Sibylle institua l’Ordre de Mélusine, en mémoire de la Fée Mélusine.

 

Sibylle-de-Jerusalem ordre de mélusine

 

Au XIIe siècle deux Ordres de chevalerie ont été fondés par la Maison royale des Lusignan, qui a porté les couronnes de Jérusalem, de Chypre et d’Arménie : l’Ordre de Mélusine, et l’ordre de l’Epée de l’Ordre de Mélusine, essentiellement humanitaire et scientifique, fondé en 1186 par la belle reine Sibylle, épouse de Guy, roi de Jérusalem, reçut son nom en souvenir de la fée Mélusine, la mère légendaire et le génie tutélaire de la Maison de Lusignan.

L’Ordre de L’Epée, Chevalerie de bravoure et de vaillance militaire, fut institué en 1193, par Guy de Lusignan, roi de Jérusalem, lors de sa prise de possession de l’île de Chypre, et réorganisé par le roi Pierre 1er en 1360.

L’ordre de l’Epée, dont le renom s’était rapidement répandu dans le monde entier, était un des Ordres les plus célèbres du moyen âge. La famille de Lusignan en a gardé toujours la Grande Maîtrise.

Les Chevaliers de L’Ordre de Mélusine étaient agrées par la Reine, ou, à son défaut, par une princesse de la Maison royale. Ils étaient tenus de pratiquer les vertus humanitaires, de briller par leur dévouement à la foi chrétienne et de se faire les propagateurs de la Religion, de la Charité, des Arts et des Sciences.

Bien antérieurement à ceux des Ordres royaux existait l’Ordre de Sainte- Catherine du Mont Sinaï, fondé en 1063 par Roland de Lusignan, surnommé Bras-de-Fer, avec le concours des Seigneurs Croisés.

C’était une confraternité chevaleresque, demi-religieuse, dont le but fut de défendre le tombeau du Christ et de protéger les fidèles qui se rendaient en pèlerinage aux Lieux-Saints.

princesse Marie de Lusignan

1881-12-04 LA PRINCESSE DE LUSIGNAN

Le 20 novembre dernier, Victor Hugo a donné, en l'honneur de Mme la princesse de Lusignan, un dîner auquel assistaient nombre de notabilités littéraires et d'amis du grand poète.

Nos lecteurs ne liront pas sans intérêt les détails qui suivent sur la princesse de Lusignan.

On connaît ses rares qualités de cœur et d'esprit. On sait également qu'elle est artiste dans l'âme et qu'elle consacre son remarquable talent de cantatrice au soulagement des malheureux. Les soirées musicales de l'hôtel de Lusignan sont célèbres, en effet.

 La princesse a fait installer dans un de ses salons un coquet théâtre sur lequel ont été successivement représentés le Barbier de Séville, Don Pasquale, la Traviata, Lucie, Roméo et Juliette, Aïda même, au bénéfice de diverses œuvres de charité.

L'année dernière elle donna au profit des victimes de la famine en Arménie une fête splendide dont on se souvient encore. Cette année ses salons se sont ouverts de nouveau pour une représentation donnée en faveur d'un orphelinat.

La richesse et le talent sont des dons vraiment précieux lorsque ceux qui les possèdent en font un si noble usage.

Détail caractéristique, la simplicité des toilettes de la princesse est des plus grandes. « Mes bijoux, ce sont mes pauvres, » dit-elle. Sa rayonnante beauté n'a pas besoin d'ailleurs des artifices de la parure pour étonner et éblouir.

L'hôtel de Lusignan, situé avenue d'Eylau (aujourd'hui avenue Victor Hugo), est voisin de celui qu'occupe le grand poète.

 Les deux immeubles appartiennent à la famille des anciens rois de Chypre. Les jardins sont contigus, et le poète quitte souvent sa chambre, aux heures de répétitions, pour entendre la voix de sa charmante propriétaire.

Victor Hugo connaît, d'ailleurs, la princesse depuis longtemps. Il lui a adressé, le jour du cinquantenaire d'Hernani, une des plus jolies lettres qu'il ait écrites : 

« Mercredi, 25 février.

« Entre nos deux âges, madame, il y a la place d'un cinquantenaire d'Hernani. Mes quatre-vingts ans offrent leurs respects à vos trente ans, et mes vieilles lèvres baisent vos jeunes mains.

« VICTOR HUGO. »

 

 Nous terminons par cette citation du Monde artiste :

« Ce qu'a fait la princesse de Lusignan, elle seule au monde peut-être pouvait le faire, car elle possède talent, beauté, jeunesse, bonté, noblesse, fortune et enthousiasme artistique, les plus beaux fleurons de sa couronne. Le constater, c'est adresser à cette femme au grand cœur le plus beau des éloges. »

HECTOR DE RONCEVAUX.

 

 

Victor Hugo, qui est grande Croix de l'Ordre de Mélusine et locataire de la maison appartenant à la famille de Lusignan, admirait l'exquise nature de l'aimable princesse.

Voici la lettre que le poète lui adressait le jour du cinquantenaire d’Hernani :

« Entre nos deux âges, Madame, il y a la place d'un cinquantenaire d'Hernani. Mes quatre-vingts ans offrent leurs respects à vos trente ans, et mes vieilles lèvres baisent vos jeunes mains. »

La princesse Marie de Lusignan avait vu se grouper autour d'elle une foule de personnes distinguées par leurs talents et leurs vertus, professant l'amour du prochain et la religion du Beau et du Grand. Le nombre de ceux qui aspiraient à l'honneur d'appartenir à cette phalange d'élite, devenant de jour en jour plus considérable, Son Altesse, mue par une pensée pieuse et délicate, décida, de concert avec son illustre famille, de rattacher le présent au passé glorieux de sa Maison.

C'est ainsi que l'Ordre antique et célèbre de Mélusine fut ré institué le 15 août 1881 par la princesse Marie de Lusignan, qui le destina à servir l'humanité, à protéger les arts, les sciences et les lettres et à soulager les misères (1).

Au pays poitevin, une légende antique

Qu'on retrouve aujourd'hui chez de nombreux auteurs,

Mensongère dit l'un, d'après l'autre authentique,

Car tout donne, ici-bas, prise aux contradicteurs,

Raconte qu'une fée, ayant nom Mélusine,

Célèbre par son tact et sa lucidité,

Portant buste de femme, et d'un serpent l'échiné,

Des Lusignans, jadis, fonda la royauté.

On affirme en Poitou qu'un coup de sa baguette

Fit surgir un beau soir sur un riant coteau,

Un castel ayant tours, créneaux et girouette

Qui des sires devint le fief et le berceau.

L'histoire dit aussi qu'elle y fut enfermée

Durant de longues nuits, en un noir souterrain,

Jusqu'au jour où Raymond, pour l'avoir trop aimée,

La perdit pour toujours et mourut de chagrin.

 

Ce fut en souvenir de cette vieille idylle,

Et pour récompenser, sublime mission,

Les exploits des croisés, que la belle Sibylle,

Digne épouse de Guy, dernier roi de Sion,

Créa l'Ordre royal de la chevalerie

Dont, de fournir le nom, Mélusine eut l'honneur,

Et que, de Lusignan, la princesse Marie,

Vient de faire revivre en toute sa splendeur.

Un bijou, cette croix, de grâce et de finesse,

Où l'argent, avec goût, s'entremêle à l'azur,

Et qu'entoure une grecque à l'élégante tresse,

Formant un tout parfait, du travail le plus pur.

Chypre, Jérusalem, Lusignan, Arménie,

En emblèmes divers, composent l'écusson

Dont le cadre, fermant la savante harmonie,

Supporte la couronne en brillant étançon.

 

Des actes de vertu, cet Ordre est le symbole,

Et ne doit reposer que sur les nobles cœurs

A la caisse du pauvre apportant leur obole,

Pour chasser la misère et calmer les douleurs.

Son but est, avant tout, un but humanitaire

Resserrant les liens de la fraternité,

Car sa grande-maîtresse est l'ange tutélaire

Dont l'unique plaisir se nomme Charité.

Cette résurrection d'un ordre chevaleresque en plein XIXe siècle et que chanta si bien Victor Gresset, fit sensation à Paris et ailleurs. Elle fut accueillie avec empressement et avec reconnaissance non seulement par les savants, les artistes et les humanitaires, mais encore par les têtes couronnées et par ceux qui s'intéressent aux glorieux souvenirs du passé.

L'année suivante, Marie de Lusignan travaillait à la fondation de l’Arménophile, dont les statuts, soumis aux pouvoirs publics, devaient être publiés le 12 avril.

Cette société internationale de bienfaisance avait pour but d'élever en France des jeunes Arméniennes orphelines. Leur éducation achevée, ces jeunes filles devaient retourner en Orient, en y portant les principes de la civilisation française et devenir, à leur tour, institutrices.

Cette œuvre admirable de charité chrétienne n'a pas été autorisée par la République sur la demande du gouvernement intéressé, qui la considérait, à tort, comme une pépinière destinée à répandre dans son pays, avec l'éducation française, des germes de liberté.

Une princesse russe, fort connue du monde parisien, la pria, un jour, de lui montrer ses bijoux qui, pensait-elle, devaient être magnifiques.

Après un moment de silence, l'auguste princesse Marie répondit avec le délicieux sourire qui lui était habituel : « Mes bijoux, Altesse, sont mes pauvres. »

Ces nobles paroles ont inspiré, encore ces jours-ci, à M. le chanoine Benedetto Flauti le beau sonnet suivant, publié le 30 septembre 1894 dans la Gazzettino Artistico de Florence :

Alma regal, piu grande ancora e bella

per la immensa pietfi che alberglii in petto ;

oggi il mondo ti applaude, ed inorpella

la festa tua del suo piu grato affetto.

 

Dovizie, ingegno e quanto mai t'abbella,

tutto a pro di chi langue hai tu diretto;

il povero dal cor non ti cancella,

e Dio sorride al Nome tuo diletto.

 

Lo so - vi fu chi ti grido : che fésti ?

ove son le tue gemme e la grandezza

de 1 dovizie che dal Cielo avesti ?

 

E tu, modesta ne la tua bellezza,

additandole i poveri, dicesti :

ecco le gemme mie, le mie ricchezze !

Victor Hugo était devenu l'ami des Lusignans et le respectueux admirateur de la princesse.

Dans les dîners qu'il donnait en l'honneur de Leurs Altesses Royales et auxquels des ministres et des sénateurs étaient invités, au lieu de s'asseoir en tête de la table, comme il en avait l'habitude, le poète déclinait la présidence en faveur de la princesse, pour se réserver une place à ses côtés, lui rendant ainsi les honneurs souverains.

On sait que c'était chez le poète une règle absolue de ne faire aucune visite.

L'empereur du Brésil lui en fit plusieurs ; Victor Hugo ne lui en rendit aucune. Mais un soir d'avril, le poète revêtit son manteau couleur de muraille, et, furtif, comme un assassin qui va perpétrer un crime, il se rendit vers l'habitacle princier. C'est que la princesse lui avait fait don de sa photographie.

Mais en prenant congé de ses hôtes : « Je vous en supplie, fit-il, n'en dites rien à personne; il y a autour de moi des présidents de République qui en seraient jaloux. »

Les sociétés lyriques de France et d'Italie ont couronné Marie de Lusignan, qui était désignée sous le nom de Diva royale. Les artistes, les écrivains, les compositeurs lui dédiaient leurs œuvres. Le patriarche de Jérusalem lui a conféré l'Ordre du Saint-Sépulcre, comme à la très digne descendante des reines de Jérusalem; le Vénézuéla lui a offert l'Ordre du Mérite artistique et la plaque du Libérateur. Un grand nombre d'académies ont proclamé hautement ses mérites et ses bonnes œuvres. L'Ordre pontifical des Avocats de Saint-Pierre lui conféra le titre de présidente d'honneur de ses dames patronnesses; elle sut témoigner à l'institution divine de la Papauté et aux œuvres catholiques sa foi inébranlable et son inépuisable charité.

Quelle magnifique union que celle d'un prince, digne descendant d'une des plus grandes familles d'Europe, avec une femme qui mérita, par ses qualités enchanteresses, d'être appelée la Nouvelle Fée Mélusine ! Mais le bonheur, ici-bas, est de courte durée.

Marie de Lusignan fut bientôt enlevée à l'affection des siens qui l'adoraient, à l'amour des malheureux dont elle était la providence, à l'admiration des artistes dont elle se montra la généreuse protectrice.

Dieu la rappela à lui le 22 septembre 1890. Cette mort inattendue fut une perte immense, et le deuil le plus profond dans lequel était plongée la Maison royale de Lusignan, fut vivement ressenti de toute l'Arménie et du monde entier.

Les années n'ont pas diminué ce regret universel qui se manifeste sans cesse, de près comme de loin par des lettres et par de touchantes poésies.

Citons celle publiée, le 18 novembre 1894, à l'occasion de l'anniversaire de sa mort, par la revue Religione et Patria : Une Larme sur la Tombe de la Princesse de Liisignan :

UNA LAGRIMA SULLA TOMBA

Della Principessa de Lusignano

E chi detto ci avria che il cor dolente

pianger di Te dovesse, angiol diletto,

e che giovane ancor, muta, pallente,

Tu fossi stesa sul funereo lotto ?

 

Di elevati pensier piena la mente

calda, pei cari tuoi di tanto affetto ;

gentil, pietosa, pia, casta, clemente ;

d'ogni eletta virtude ornavi il petto.

 

O come afflitto ahime ; lasciasti al mondo

l'illustre sposo ch'ancor piangc e anelo

il riso chiede del tuo amor giocondo.

 

Deh ! nella notte, avvolta in roseo velo

vieni al Consorte e con desio profondo

bacialo e grida : son lassii nel cielo !

ANNETTA CREARI NEI BINI

 

De cette union, qui fut un court rayon de soleil dans la vie du prince Guy, sont nés deux enfants : Emilie - Gabrielle et Léon-Amaury-Gaston.

 

Union des deux branches de la Maison royale.

 

 

En 1869, une requête avait été présentée à Napoléon III par les princes de Lusignan ; mais la guerre franco-allemande interrompit cette négociation, entamée dans les conditions les plus favorables.

Le 2 mai 1878, le prince aîné Louis de Lusignan, en sa qualité de chef de la Maison royale, invita officiellement ses neveux à abandonner les noms d'emprunt qu'un sentiment de circonspection leur avait fait adopter.

Voici la lettre de ce prince et la déclaration officielle par laquelle il reconnaît ses neveux comme membres de la branche cadette des Lusignans :

« Mes chers neveux,

» En ma qualité de chef de la famille royale de Lusignan, je vous invite à reprendre ce nom vénéré. C'est là votre droit incontestable, et je ne veux plus désormais que vous hésitiez à en user.

» J'ai donc donné ordre au notaire des Affaires étrangères de dresser un acte formel, par lequel je vous reconnais et vous déclare pour mes neveux de la branche cadette de notre famille royale de Lusignan.

Je vous enverrai bientôt cet acte dûment légalisé, et je veux qu'il soit considéré, ainsi que la présente, comme déclaration officielle du chef de la famille royale de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie.

 Votre affectionné oncle, » Signé : Louis DE LUSIGNAN, » Prince royal de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie.

» Saint-Pétersbourg, 2 mai 1878. »

 

Suit la signature du notaire public Guillaume King, certifiant véritable la signature du prince Louis, fils de Christodoulos.

 

Voici la déclaration officielle faite en faveur des princes Léon, Guy et Khorène de Lusignan : « Moi, soussigné, Louis de Lusignan, descendant de la branche aînée de la famille royale des Lusignans de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie, reconnais les princes Léon-Youssouf Nar Bey de Lusignan, Guy-Ambroise Nar Bey de Lusignan et Jean-Khorène Nar Bey de Lusignan, pour mes parents et cousins de la branche cadette de notre famille royale, et je déclare qu'ils ont le droit de porter les armes des Lusignans et de participer à tous les droits, privilèges et honneurs dus à notre famille royale.

» En foi de quoi, je leur ai délivré la présente déclaration en trois exemplaires originaux, contresignés de mon nom et revêtus du sceau royal des Lusignans.

» Signé : LOUIS DE LUSIGNAN, »

Prince royal de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie.

» Fait à Saint-Pétersbourg, le 26 mai de l'an du Christ 1878. »

 

Suit encore la signature de Guillaume King, du même jour, légalisant la déclaration du prince Louis, fils de Christodoulos.

Au consulat de France à Saint-Pétersbourg, le 8 juin 1878, le chancelier Théodore Mever légalisait la signature de M. King sous le n° 118.

La convention du 4 juin 1878 a imposé aux deux branches de cette illustre Maison, le devoir de s'unir étroitement pour faire valoir auprès du gouvernement anglais leurs droits sur l'île de Chypre. L'adresse que le prince Louis, de concert avec ses cousins, envoya au cabinet de Saint-James le 24 juillet

 

 

 

 

 

Notice Historique

 

Au XIIe siècle deux Ordres de chevalerie ont été fondés par la Maison royale de Lusignan, qui a porté les couronnes de Jérusalem, de Chypre et d’Arménie : l’Ordre de Mélusine, et l’Ordre de l’Epée. L’Ordre de Mélusine, essentiellement humanitaire et scientifique, fondée en 1186 par la belle reine Sibylle, épouse de Guy, roi de Jérusalem, reçut son nom en souvenir de la fée Mélusine, la mère légendaire et le génie tutélaire de la Maison de Lusignan.

L’Ordre de l’Epée, chevalerie de bravoure et de vaillance militaire, fut institué en 1193, par Guy de Lusignan, roi de Jérusalem, lors de sa prise de possession de l’Ile de Chypre, et réorganisé par le roi Pierre 1er en 1360.

 L’Ordre de l’Epée, dont le renom s’était rapidement répandu dans le monde entier, était un des Ordres les plus célèbres du moyen âge (2). La famille de Lusignan en a gardé toujours la Grande Maitrise.

 Les Chevaliers de l’Ordre de Mélusine étaient agréés par la Reine, ou, à son défaut, par une princesse de la Maison royale. Ils étaient tenus de pratiquer les vertus humanitaires, de briller par leur dévouement à la foi chrétienne et de se faire les propagateurs de la Religion, de la Charité, des Arts et des Sciences.

 Bien antérieurement à ces deux Ordres royaux existait l’Ordre de Sainte Catherine du Mont Sinaï, fondé en 1063 par Roland de Lusignan, surnommé Bras de Fer, avec le concours des Seigneurs croisés. C’était une confraternité chevaleresque, demi-religieuse, dont le but fut de défendre le tombeau du Christ et de protéger les fidèles qui se rendaient en pèlerinage aux Lieux-Saints.

 La Princesse Marie de Lusignan, épouse de Mgr le Prince Guy de Lusignan, a vu se grouper autour d’Elle une foule de personne distinguées, professant l’amour du prochain et la religion du Beau et du Grand.

 Comme le nombre des personnes de mérite qui aspiraient à l’honneur d’appartenir à cette phalange d’élite devenait de jour en jour plus considérable, Son Altesse, par une pensée pieuse et délicate, a voulu rattacher le présent au passé glorieux de sa Maison en faisant revivre en 1881 l’ORDRE DE MELUSINE comme emblème destiné a resserrer les liens qui l’unissent à ceux dont Elle veut honorer les mérites, le dévouement pour sa famille, et la coopération effective à ses bonnes œuvres.

 En s’entourant de Chevaliers et de Dames d’honneur, Elle n’a voulu leur donner d’autre mission que celle de servir l’humanité, de protéger les arts, les sciences, les lettres et de soulager les misères.

 La Chevalerie de Mélusine symbolise et récompense ce qu’il y a de plus héroïque dans le courage, de plus désintéressé dans le dévouement et de plus élevé dans les créations du génie humain.

Défendre les faibles et la vertu, se passionner pour la cause des malheureux, vouer sa vie à l’humanité, à l’art et aux sciences, tel est le véritable caractère de cette Chevalerie, à laquelle la Princesse Marie de Lusignan a consacré toute sa sollicitude.

 La Chevalerie de Mélusine n’a pas été créée dans le but de satisfaire de petites ambitions personnelles, mais elle est destinée à servir de récompense et d’encouragement aux mérites et aux vertus, à donner une puissante impulsion au progrès intellectuel, au développement d’une bienfaisance éclairée, et à contribuer ainsi à la solution des grands problèmes sociaux qui agitent l’humanité.

 

 

STATUS DE L’ORDRE DE MELUSINE

Titre premier, organisation de l’Ordre

 

Ie L’Ordre de Mélusine, Chevalerie d’honneur de la Princesse Marie de Lusignan, est consacré à récompenser les Lettres, les Arts, les Sciences, l’Industrie, les Vertus humanitaires et le dévouement à la Maison de Lusignan. Il est entièrement étranger à toute considération politique ou religieuse.

 2° La Grande Maitrise appartient à la Princesse Marie de Lusignan ; c’est Elle qui confère les grades, juge les requêtes d’admission, signe les diplômes de nomination et dispose des dons charitables, offerts par les membres de sa Chevalerie d’honneur en faveur des bonnes œuvres et des institutions de bienfaisance auxquelles Elle accorde son patronage.

 3° La Grande Maitresse est assisté par le Conseil de l’Ordre, composé des Princes majeurs de sa Maison, de six Chevaliers et de trois Dames d’honneur résidant à Paris, de l’Aumônier et du Chancelier de l’Ordre.

 4° Le budget annuel des bonnes œuvres de l’Ordre et l’état nominatif des donations charitables, offertes par les Chevaliers et les Dames d’honneur, sont communiqués au Conseil et conservés dans les Archives de l’Ordre.

 5° La Chevalerie de Mélusine se compose de cinq Classes de Chevaliers et de Dames d’honneur :

Première classe. Grand Croix. Grand Chevalier ou Grande Dame d’honneur.-insigne : la Plaque portée à gauche et la Croix, grand module, attachée à la cocarde du Grand Cordon porté en écharpe de droite à gauche.

 Deuxième classe.- Grand Officier. Grand Chevalier ou Grande Dame d’honneur.-Insigne : la Plaque portée à gauche sur la poitrine et la Croix, grand module, portée au cou.

Troisième classe.- commandeur. Chevalier ou Dame d’honneur.- insigne : la Croix, grand module, portée au cou.

 Quatrième classe- Officier. Chevalier ou Dame d’honneur.- Insigne : la Croix, petit module, montée en or, portée à gauche avec la rosette à la boutonnière.

 Cinquième classe.- Chevalier ou Dame d’honneur.- Insigne : la Croix, petit module, montée en argent, portée à gauche avec le ruban à la boutonnière.

 6.- Le Collier Royale n’est conféré qu’aux Souverains et aux Chefs d’Etat.

 7.- Les nominations ainsi que les promotions de grade se font par l’initiative de la Grande Maitresse, ou, exceptionnellement, à la suite des requêtes d’admission présentées par les postulants des deux sexes, justifiant de leur mérite.

 8.- Tout dignitaire, à moins de mérites exceptionnels, doit débuter dans l’Ordre par le grade de Chevalier ou Dame d’honneur de cinquième Classe, sans égard aux grades plus élevés qu’il pourrait avoir dans d’autres Ordres.

 9.- Des promotions de grade ne pourront être sollicitées qu’après un stage de quatre ans dans la classe inférieure. Elles doivent être motivées par de de nouveaux actes de dévouement, de belles actions, ou de travaux remarquables scientifique, artistiques, littéraires ou industriels, opérés durant ces quatre années.

 10.- les grades sont conférés à titre entièrement gracieux, sans aucune considération que le mérite du Dignitaire et sans aucune redevance soit pour le diplôme, soit pour droit de chancellerie.

 11.- LA Grande Maitrise ne délivre pas d’Insignes (3)

 

 

TITRE II

MODE ET CONDITIONS D’ADMISSION

 

12.- Pour être admis dans la Chevalerie de Mélusine, il faut avoir rendu des services marquants à l’humanité, aux Arts, aux Lettres, aux Sciences, à l’industrie, à la nation Arménienne, à la Maison de Lusignan, ou  se signaler par une coopération effective aux bonnes œuvres et aux institutions charitables patronnées par la Grande Maitresse.

 13.- Tout postulant ou postulante doit adresser à la Grande Maitresse une requête d’admission, accompagnée d’une notice biographique, de sa photographie et de l’engagement de contribuer aux bonnes œuvres de la Chevalerie de Mélusine, par une offrande à verser à la Caisse de l’Ordre. Le montant de cette offrande de charité, est fixé par les postulants dans la limite de leurs moyens.

 14.- la notice biographique doit rigoureusement contenir les données suivantes : Nom, Prénom, Lieu et Date de naissance, Domicile, Profession, Mérites, Services rendus à la Maison de Lusignan, à la Nation Arménienne ou aux bonnes œuvres de la Grande Maitresse, Distinctions honorifiques, avec pièces à l’appui.

 15.- Toute requête est l’objet d’une enquête sérieuse faite par le Conseil de l’Ordre sur la personnalité du candidat et sur ses mérites. Il n’est pas donné suite aux requêtes qui ne sont pas conformes aux dispositions ci-dessus, ou dont les titres sont jugés insuffisants. Les requêtes non agréées ne sont pas rendus aux postulants.

 16.- Chaque nomination ou promotion de grade est consacrée par un Diplôme revêtu de la signature de la Grande Maitresse, de son sceau d’armes et contresigné par le Chancelier de l’Ordre.

 

TITRE III

DEVOIRS ET OBLIGATIONS DES MEMBRES

 

17.- immédiatement après avoir reçu le Diplômes consacrant sa nomination le nouveau Chevalier ou Dame d’honneur devra adresser à la Grande Maitresse une lettre d’engagement de rester fidèles aux devoirs incombant aux Dignitaires de l’Ordre et remplir les obligations formulées dans sa requête d’admission.

 18.- les Chevaliers et les Dames d’honneur doivent scrupuleusement se conformer à l’antique devise des Lusignan :

 

Pour Loyauté Maintenir

 

Et s’efforcer non seulement de se montrer toujours dignes de la distinction honorifique obtenue, mais encore de mériter d’être promus à des grades supérieurs dans la Chevalerie de Mélusine par des nouveaux actes de dévouement et de charité ou de nouveaux mérites.

 19.- Tour dignitaire de l’Ordre contracte l’obligation de coopérer, selon sa position, aux institutions humanitaires patronnées par la Grande Maitresse, notamment à celles qui ont pour but de contribuer, en dehors de toute question politique ou religieuse, à la régénération morale et intellectuelles du peuple arménien par l’instruction gratuite de la jeunesse des deux sexes.

 

 

TITRE IV

INSIGNES DE L’ORDRE

 

20.- Les Insignes se composent de la Croix grand module, de la Plaque et de la Croix petit module. Les Croix, de grandeur différente, se composent, dans un arrangement identique, des emblèmes suivants : sur une croix à la forme de celle de Jérusalem, émaillée d’azur et entre les bras de laquelle se trouvent quatre croisettes de la même forme, émaillées de blanc, est placé l’écusson émaillé de la Maison royale de Lusignan, surmonté de la couronne royale.

 Les quatre champs de cet écusson montrent les armes de Lusignan, de Jérusalem, de Chypre et d’Arménie.

 A la couronne royale surmontant la croix est fixée la bellière ou l’anneau de suspension. Les décorations sont montées en or, à l’exception de la croix de Ve Classe, qui est montée en argent.

 21.- La Plaque de Grand Croix et de Grand Officier porte la Croix de l’Ordre, grand module, placée sur une étoile diamantée à hui rayons, conforme au dessin ci-après :

 22.- Le dessin ci-dessous reproduit la forme identique des croix des différentes classes :

 Croix de Chevalier ou de Dame d’honneur de IVe et Ve Classes.

 23.- Le Ruban de l’Ordre est bleu d’azur liseré de blanc.

 

 

TITRE V

COSTUMES DES DIGNITAIRES DE L’ORDRE

 

24.- Habit en drap bleu foncé boutonnant droit sur la poitrine au moyen de neuf gros boutons en cuivre doré mat, broderies d’or au collet et aux parements suivant le grade, boutons à la taille et au bas des basques tombants droit jusqu’au pli du jarret.

Le dessin des broderies se compose de croix de Jérusalem, de feuilles de lierre et de lis ; le bouton porte le chiffre ML (Marie de Lusignan) surmonté de la couronne royale.

 Gilet blanc (drap ou piqué) à 6 petits boutons dorés.

Pantalon bleu avec bande en or de 45mm de large.

Epaulettes d’or aux armes de Lusignan.

Epée dorée.

Dragonne d’or.

Chapeau à plumes bleues et ganse bordées en or.

Eperons dorés.

Ceinturon d’or à bélières, plaque aux armes de Lusignan, ou porte-épée de drap bleu foncé.

 

25.- Les grades se distinguent de la manière suivante :

Grand Croix ou Grand Cordon.- Borderies de 5 branches au collet et aux parements de l’habit ;

Epaulettes à grandes torsades de 52mm.- Dragonne olive.

Grand Officier.- Broderies de 4 branches au collet et aux parements de l’habit ;

Epaulettes à grosses torsades de 50 mm.- Dragonne olive.

Commandeur.- Broderies de 3 branches au collet et aux parements de l’habit ;

Epaulettes à grosses torsades de 48mm.

Officier.- Broderies de 2 branches au collet et aux parements de l’habit ;

Epaulettes à petites torsades de 95mm.

Chevalier.- Broderies à une seule branche au collet et aux parements de l’habit ;

Epaulettes à petites torsades de 90mmm.

 

26.- Pour tous les grades, le chapeau, l’épée les bandes du pantalon et la dragonne restent les mêmes. Le même habit peut servir pour tous les grades, la branche de broderie correspondant à un nouveau grade pouvant toujours s’ajouter aux précédentes.

 

27.- Pour les Dames, l’Insigne du grade est une Echarpe en satin bleu d’azur ornée de broderies d’or sur l’épaule et de branches à la partie inférieure ; le nombre des branches de broderies sur l’épaule et les torades de la partie inférieure correspondent aux dessins de l’uniforme des différents grades.

Les Dames décorées de la Grand-Croix ne portent pas l’Echarpe, qui est remplacée par le Grand-Cordon. (4)

 

TITRE VI

LIVRE D’OR, ALBUM ET ARCHIVES

 

28.- Les noms des Chevaliers et des Dames d’honneur sont inscrits au Livre d’or de l’Ordre, avec la mention de mérites et des services qu’ils ont rendus aux œuvres pies de la Chevalerie de Mélusine.

 

29.- Leurs portraits sont réunis dans un Album spécial.

30.- Toutes les requêtes et lettres de remerciements, ainsi que la comptabilité des Œuvres charitables de la Chevalerie de Mélusine sont gardées dans les Archives de l’Ordre.

 

 

Fait à Paris, à l’Hôtel de Lusignan

Le 15 aout 1885

 

MARIE DE LUSIGNAN

Princesse de Chypre, de Jérusalem et d’Arménie.

 

MARIE DE LUSIGNAN Princesse de Chypre, de Jérusalem et d’Arménie

 

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Le 27 février 1881, plus de 600 000 personnes défilent sous les fenêtres de Victor Hugo pour célébrer son entrée dans sa 80e année. Quelques mois plus tard, l'avenue est rebaptisée à son nom, l'hôtel prend alors le n° 50.

"La Princesse de Lusignan" fut détruite en 1907 pour être remplacée par un immeuble haussmannien, son ­emplacement correspondrait au n° 120.

 

 

Histoire de la maison royale de Lusignan / par le chanoine Pascal,...


Beaumarchais : journal satirique, littéraire et financier / directeur-gérant : Louis Jeannin

 

 


(1) Il devint comme un emblème destiné à resserrer les liens qui l'unissaient à ceux dont elle voulait honorer les mérites, le dévouement pour sa famille et la coopération effective à ses bonnes œuvres.

 (2)   Histoire des Religions ou Ordres militaires de l’Eglise et des Ordres de Chevalerie, par Hermant. Rouen, 1698.

 (3)   Les Dignitaires trouveront les insignes chez les principaux fabricants de décorations de Paris et de l’étranger.

 (4)   Les broderies et les divers accessoires se trouvent chez M. J. Maria, passementier-brodeur, 14 rue du Quatre-Septembre, Paris.

 

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