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PHystorique- Les Portes du Temps
16 janvier 2018

Miracle de Saint Macoult à Broue (st Malo à Brouage- Portus Santonum )

Bulletin___Société_d'archéologie_et_[

Le territoire de Saint-Sornin et des iles de la côte saintongeaise furent incontestablement habités avant la conquête romaine ; le tumulus de la Mauvinière indique suffisamment que le promontoire  de Broue  l'était depuis longtemps. Mais c'est surtout lorsque les maîtres du monde eurent conquis la Gaule  que les avantages de leur civilisation se tirent sentir.

 Les iles de la Saintonge furent alors le séjour de riches Romains qui avaient coustuit leurs villas somptueuses en Oléron, en Arvert, en Saint-Just, etc ... Ausone raconte que les huîtres de ce pays étaient déjà estimées sur la table des Césars. Qu'on joigne à cette industrie celle de la pèche du poisson et l'on se représentera les nombreuses embarcations qui sillonnaient la mer au nord comme au sud de Sainl-Sornin, mêlées  aux bateaux de commerce qui allaient au portus ou en revenaient.

Commune de Saint-Sornin: Broue, sentinelle du marais

La Tour de BroueTour de Broue

Le donjon de Broue témoigne de l'ancienneté et de l'importance de l'activité saunière dans le golfe de Brouage dès le Haut Moyen-Age (rappel : l'église de Broue fait partie des donations à l'abbaye aux Dames au XI° siècle). Dominant le golfe de Brouage de 27 m (point culminant du bassin) il est le vestige d'un château fort construit au XII° siècle sur une motte artificielle protégée d'un fossé. De l'enceinte de 7 m de haut, subsistent ses bases, munies de tours carrées.
Les murs du donjon, d'une épaisseur de 2 m 75, sont raidis de contreforts plats, comme à celui de Pons, tous deux de la même époque. Le rez-de-chaussée, aveugle, servait d'entrepôt d'armes et de vivres. A l'étage, la vaste cheminée à colonnettes et les grandes baies cintrées sont les seules marques du confortable logis seigneurial.
Le village de Broue est alors d'une certaine importance. Au hameau du Talus, on extrait de l'argile et on fabrique des carreaux de terres cuites. Des détails d'ornements gothiques sont visibles sur des maisons. Il  reste encore d'anciens fours à creuset et à briques.

Il n'est pas téméraire de croire que les habitants de l’ile de Saint-Sornin et de Broue furent de bonne heure convertis par les disciples d'Eutrope à la religion chrétienne : la situation de ces deux endroit où une si petite distance du Portus Santonum ne permet guère d'en douter.

Les persécutions contre les chrétiens n'étaient pas terminées que déjà quelques confesseurs de la foi visitaient ce pays et l'arrosaient  peut-être  de leur sang.

Nous n'avons pas à discuter I'apostolicité de saint Eutrope et de l’église épiscopale  de Saintes; mais nous ferons observer, comme une sorte de preuve de la haute antiquité des paroisses de Saint-Sornin et de Broue , que sur trois églises construites à une si faible distance , deux à Broue portaient les noms de saint Pierre et saint Eutrope, et que celle de Saint-Sornin a pour patron saint Saturnin, premier évêque de Toulouse.

On connait la pénurie de documents en ce qui concerne l'histoire de la Saintonge aux dix premiers siècles de notre ère. Les invasions des Barbares et des Normands ont été pour beaucoup dans leur destruction. Une pièce nous cependant qui  nous guide le labyrinthe mystérieux de cette époque et nous donne la certitude que le territoire actuel de Saint-Sornin  était devenu tout à fait chrétien dès le VIe siècle.

C'est une vie de Saint Macoult (Machutus, Maclovius),  écrite au IXe siècle par Bili, évêque d'Aleth , et dont il existe deux copies, l'une au British Museum, l'autre à la bibliothèque de l'Université d’Oxford , en Angleterre.

Saint Macoult ou saint Malo était né en Angleterre et devint évêque dAleth (depuis Saint-Malo, du nom de son évêque), de 570 à 580. Persécuté après la mort de Juthaël , roi d’Armorique, vers 600, il vint à Saintes, près de l’évêque saint Léonce: et y demeura sept années, de 612 à 619. Rappelé en Bretagne, il y revint durant quelques mois, puis retourna à Saintes où il mourut le 15 novembre 627 ( Arch. histor.) voir la vie de Saint Malo (Saint Macoult, Machutus, Maclovius)

Un jour qu’il accompagnait l’évêque de  Saintes dans ses tournées apostoliques, il signala ses mérites par un éclatant prodige dans un bourg nommé Brea (Broa, Broue). Un jeune domestique de l’évêque voulant tirer de l’eau d’un puits, y tomba et se noya. Léonce fit porter le corps dans l’église, ou les parents passèrent la nuit en pleurs. Le Saint évêque d’Aleth, déferlant aux désirs de l’évêque de Saintes,  employa ses ferventes prières en faveur du défunt et obtint sa résurrection. Mais il n'attribua ce prodige qu’aux seuls mérites de saint Léonce. L'évêque de saintes ne se laissant pas vaincre en humilité et saisi d'admiration à la vue de  l’éclatant éclatant miracle, donna à Macoult l'une des deux églises de Brea.

On voit encore les traces des deux églises de Broue près du donjon en ruines, dernier  témoin de l'antique importance de ce lieu abandonné. Le miracle, d’après la tradition, se serait opéré dans l’église de Saint -Eu trope qui fui donnée à saint Macoult.  Longtemps on a conservé un puits dans l'enceinte même du château. Ne serait-ce pas le puits mentionné dans l'histoire du miracle de Droue? Il n'y a crue quelques années qu'il est comblé.

La légende du Bréviaire de La Rochelle donne ce miracle à la date du 22 mars, fête de saint Léonce : « hac fraternitate gaudens Leontius sanctum hospitem in visitanda sua dioecesi comitem habere voluit, et ad insigne miraculum in vico Brea patrandum impulit, quod quidem postea humilis Machutus precibus leontii tribuit. « 

D’après ce qui précède, il y avait deux églises ou paroisses à Broue , au commencement du VIIe siècle. on trouve le terme de parochia  employé pour la première fois clans une épitre du pape saint Urbain 1er (222-230). L'institution des paroisses a cependant une origine moins ancienne, et, suivant la doctrine le plus généralement admise, les paroisses rurales ne commencèrent à exister que vers la fin du V1° siècle. Si l'on considère la difficulté qu'il y avait à fonder une paroisse en ce temps où elles commençaient à s’établir, on peut juger combien grande étaitla nécéssité d’en avoir deux à Broue.

Cela démontre l’importance de la ville de Broue à la fin du Vie siècle.  Rien ne reste maintenant de ces deux anciennes églises et du culte de saint Macoult. Ne serait-il pas nécessaire qu'un monument religieux consacrât sur les lieux le souvenir de la touchante légende de ce saint et rappelât à notre siècle incrédule l'exemple de cette foi qui soulève les montagnes ? Puissent saint Pierre, saint Eutrope, saint Léonce et saint Macoult, quatre noms inséparables de cette terre désolée de Broue, protéger les deux autres églises  sœurs héritières de leurs aïeules, Saint-Saturnin de Saint-Sornin- et Notre-Dame de Nieulle !

Si l'importance de Droue au temps de saint Léonce et de saint Macoult ne semble pas douteuse, rien n’indique, au contraire, que le nombre des habitants de l’ile de Saint-Sornin fùt encore considérable lorsque  la féodalité s'implanta sur les ruines de l’empire de Charlemagne et que les Normands s'abattirent sur les côtes de la Saintonge. Mais les invasions de, barbares terminées, le commerce put reprendre son essor. L'Industrie des salines, en particulier, qui n’était pas nouvelle,  prit alors une telle importance que les seigneurs eux-mêmes se mirent à vendre du sel.

De cette dernière époque date pour la paroisse de Saint-Sornin et pour le pays de Marennes une ère de prospérité qui dura plusieurs siècles.

Alors fut construite l’église de Saint-Sornin, monument de la première moitié du XIe siècle, dont les dimensions et les richesses sculpturales sont le plus sûr indice du nombre et de l'aisance des habitants qui l’élevèrent.

(La tour de Broue existait-elle alors ? – Assez de dissertations savantes, dit Denys d’Aussy, ont agité sans la résoudre la question de son origine et de sa destination primitive : était-ce là un castrum gallo-romain ? le phare indiquant aux navires l’entrée du problématique port des Santons ? ou bien tout simplement le château bâti par quelques seigneur du XIe siècle pour la défense et la sécurité de ses domaines ?

 

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