On a souvent attribué aux Colliberts du Bas Poitou des origines sarrazines, voire même qu'ils seraient des descendants des Alains ou encore des Pictes. D'autres, comme Francisque Michel, ont plutôt pensé à des Cagots. Ce même auteur a d'ailleurs rapproché le nom Colliberts du terme latin Cumlibertus, collibertus, en ancien français culvert, qui aurait à l'origine désigné des esclaves affranchis.
Notes anthropologiques sur les colliberts, Huttiers et nioleurs des marais mouillés de la Sèvre;
PAR LE DOCTEUR LAGARDELLE , Année 1871
Le moment nous paraît venu de détruire des préjugés
1 Ces notes ont été communiquées, en 1809, à la Société d'anthropologie. M. Hamy a bien voulu se charger d'en faire les extraits et de tirer les douze observations annexées par l’auteur à son mémoire toutes les indications utiles.
LAGARDELLE. — MARAIS MOUILLÉS DE LA SEVRE. 203
historiques, des préventions erronées qui se sont perpétués à travers les siècles sur le compte des habitants des marais mouillés, relégués autrefois loin des autres hommes, pour des raisons faciles à déterminer, mais couvertes par des prétextes dégradants, et qui sont rentrés aujourd'hui dans la vie commune.
Avant d'étudier sommairement les caractères essentiels des habitants de ce magnifique pays, rempli d'enseignements éminemment profitables à l'admiration du poëte, à la curiosité du touriste, aux recherches variées du savant, jetons un coup d'œil rétrospectif et rapide sur cette contrée de la France qu'on désigne sous le nom de marais mouillés de la Sèvre.
I
Il existe deux vastes marais s'étendant jusqu'à la mer, immenses plaines autrefois incultes, inhabitables, destinées pendant plusieurs siècles à servir de refuge aux habitants de la plaine, vaincus, dépossédés ,et refoulés jusques au-delà des terres cultivées.
Le premier, qui s'étend de Bourgneuf à Saint-Gilles, où la culture est enclose par des canaux sinon par des haies, a suivi la fortune politique du Bocage placé sur un massif de granit et de schistes dont la culture est analogue à ce dernier marais et où on élève une race bovine particulière qu'on appelle choletaise ou parthenaise.
La deuxième, qui accompagne au loin les embouchures de la Sèvre et du Lay, n'a pas pris part aux dernières guerres civiles et a suivi la fortune politique de la plaine calcaire de Fontenay, où les céréales, les prairies artificielles, les troupeaux de moutons, la production des mules constituent la principale richesse du pays.
L'insurrection vendéenne n'est pas, d'ailleurs, le seul caractère distinctif de ces deux marais, quoiqu'elle indique une différence dans les populations, les mœurs, les habitudes et les tendances.
C'est surtout du second marais que nous avons à nous occuper. Cette immense plaine liquide aussi vierge que sauvage, couverte autrefois de roseaux gigantesques, de joncs et autres plantes marines, n'était probablement pas habitée avant la conquête des Romains.
Il y avait peut-être çà et là sur les points les plus accessibles quelques familles gauloises appartenant à la tribu désignée par les Romains sous le nom d’Agesinates Cambolectri.
La mer couvrait la plus grande partie de ce territoire et il semblait que dans ces vastes plaines les poissons et certains oiseaux étaient les seuls habitants qui puissent y séjourner.
Sous l'influence de causes naturelles d'abord, artificielles ensuite, la mer s'est retirée peu à peu et a fait d'un pays primitivement inculte, inhabitable, une contrée aujourd'hui admirable, d'une grande valeur territoriale. C'est surtout depuis une trentaine d'années que la main de l'homme a complètement transformé le marais, au point de vue productif surtout.
Un seul exemple donnera une idée non-seulement de l'accroissement de la propriété, mais des grandes transformations morales qui en ont été la suite. Une propriété située dans le marais pour laquelle les fermiers payaient, il y a vingt-cinq ans, en poisson et en gibier, une valeur de 1700 francs est affermée aujourd'hui 14000 francs.
Les grands travaux de canalisation exécutés depuis quelques années ont fait de ce pays autrefois presque inhabitable une immense Venise naturelle où la beauté des arbres pleins de sève répandus de tous côtés, les prairies toujours vertes entourées de cours d'eau et habitées par de magnifiques animaux pendant une partie de l'année sont autant de preuves vivantes de la richesse qui est venue remplacer en peu de temps, pour ces habitants, les conditions les plus misérables de l’existence.
(Cabane Collibert abbaye Maillezais)
On trouve dans les récits d'un grand nombre d'historiens, des relations souvent contradictoires sur une race d’hommes habitant les marais mouillés désignée autrefois sous le nom de colliberts.
Cette race de colliberts, appelée plus tard huttiers, est aujourd'hui probablement à peu près éteinte et remplacée par ce que lon appelle les cabaniers et les nioleurs. Au milieu des contradictions des auteurs sur tout ce qui a trait à cette race maudite, nous résumerons rapidement les particularités essentielles, historiques et scientifiques, qui, à travers les siècles, nous permettent d'établir sinon l'origine exacte de cette peuplade, du moins son existence morale et physique et les caractères anthropologiques destinés à démentir des erreurs grossières qui ont persisté pendant si longtemps.
Introduction du christianisme chez les pictons, période marquant la fin de l’Antiquité et le début du Moyen-âge<==.... 1 ....==> Les colliberts, Jules César, barbares
Comme dans le Marais Poitevin, les habitants du Marais nord Vendéen sont appelés " Maraichins ". Ils demeurent dans des maisons basses, couvertes en tuiles creuses (tiges de bottes) jointes à la chaux. Mais l'habitat caractéristique du marais, la maison maraichine la plus ancienne, c'est " la Bourrine ".
Au début du Xe siècle, une vaste baie marécageuse, couverte la plus grande partie de l'année par une eau saumâtre, se découpait dans le continent en face de l'île de Ré.....
Merci