Dans le Ve siècle, le druidisme existait encore. En ce temps-là, par-delà la mer, un druide nommé Merlin, et au bois de Brécilien, une vierge appelée Vivihan, et ils vinrent à s’aimer. Vivihan était de haut lignage ; Merlin, fils d’une druidesse et d’un proconsul romain. Il avait gagné l’anneau d’or et la harpe aux jeux poétiques sur la montagne, au jugement des vieillards, des guerriers, du peuple, de tous les Bretons assemblés ; il avait été salué par acclamation du nom de Prince-des-Bardes et conduit en grande pompe à la cour d’Emrys, où il était venu s’asseoir sur le fauteuil d’honneur, réservé au vainqueur ; plus tard il aurait reçu le baptême ; et le roi Arthur, en montant sur le trône de la Grande-Bretagne, se le serait attaché comme Emrys, son oncle.
La fiscalité de l'Empire romain ruina les Gaules, à partir surtout des dernières années du IIIe siècle. Ces provinces épuisées se dépeuplèrent et devinrent des solitudes incultes. Notre contrée subit elle-même ce triste sort, et quand, au v° siècle, commencèrent les émigrations bretonnes, de grands bois s'élevaient sur notre sol. Formant de l'Est à l'Ouest comme une seule forêt, ces bois allaient rejoindre Brocéliande, vaste massif d'arbres couvrant tout le centre de la péninsule armoricaine.
Les forêts actuelles de Fougères, de Sévailles, de Rennes et de Chévré demeurent encore comme les jalons de cette antique forêt, qui, se poursuivant au Sud de Rennes, occupait tous les alentours de cette ville et gagnait Brocéliande au moyen des bois de Montfort. D'autres forêts s'étendaient également dans les environs d'Aleth, et pendant que saint Armel se retirait au fond des bois du pays actuel de Châteaugiron et de Janzé, saint Lunaire et saint Suliac s'enfonçaient eux-mêmes dans les broussailles des forêts couvrant les deux rives de la Rance. Aussi pendant de longs siècles le pays de Montfort fit-il partie de cette contrée demi-sauvage appelée le Poutrecoët (par contraction le Porhoët), c'est-à-dire Pays au-delà des bois, et tout le territoire au Sud de Rennes jusqu'aux limites du comté nantais fut-il appelé le Désert, nom également donné à une partie des environs de Fougères.
Un petit manuscrit daté du 30 août 1467 et écrit au château de Comper, par ordre du comte de Laval, « pour obvie à plusieurs abus et dommages », renferme des renseignements curieux sur les « usements » de la célèbre forêt de Brécilien (la Brocéliande du moyen âge). Voici le passage le plus intéressant du livre en question :
DE LA DÉCORATION DE LADICTE FOREST (DE BRÉÇILIEN) ET DES MERVOILLES ESTANS EN YCELLE.
La dicte forest est de grant et spacieuse estandue, appelée mère forest, contenant sept lieulx de long et de lex deux et plus, habitée d'abbayes, «prieurez de religieulx et dames en grant numbre, ainsi qu'est décléré cy davant au chappitre des usagiers, touz fondez de la seigneurie de Montfort et de Lohéac qui leur ont donné les droiz et privilègez dont davant est fait mencion.
Item, en la dicte forest y a quatre chasteaulx et mesons fortes, grant nombre de beaulx estangs, et des plus belles chassez que on pourrait aultre part trouvez.
Item, en la dicte forest y a deux cens brieux de boays chacun portant son nom différent de l'autre, et, ainsi que on dit autant de fontaynes, chacune portant son nom.
Item, entre aultres des brieux de la dicte forest y a ung breil nommé « le breil au seigneur » ou quel james n'abite ne ne peult habiter aucune beste venimeuse ne portante venin ne nulles mouches : et quant on y aporteroit ou dit breil aucune beste venymeuse, tantost est morte, et n'y peult avoir vie, et quand les bestes pasturantes en la dicte forest sont couvertes de mouches, et en mouchant elle peust recouvrez le dit breil, soudaynement les dictes mouches se départent et vont hors d'icelui breil.
Item, auprès du dit breil y a ung aultre breil nommé le breil de Bellenton « (Barenton) et auprès d'iceluy y a une fontayne. nommée la fontaine de Bellenton, auprès de laquelle fontayne le bon chevalier Pontus fist ses armes, ains que on peult voir par le livre que de ce fut composé.
Item, joignant la dicte fontayne y a une grosse pierre que on nomme " le perron de Bellenton, et toutes les foiz que le seigneur de Montfort vient à la dicte fontayne et de l'eau d'icelle arouse et moulle le dit perron, quelque challeur temps assuré de pluye, quelque part que soit le vent et que chacun pourrait dire que le temps ne serait aucunement disposé à pluye, tantost et en peu d'espace aucunes foiz plus tost que ledit seigneur ne aura peu recouporez son chasteau de Comper, aultres foiz plus tart, et que que soit ains que soit la fin d'icelui jour, pleut ou pays si habundanment que la terre et les biens estans en ycelle en sont arousez et moult leur prouffite... »
Depuis le Lancelot-Graal, la légende de Merlin veut qu'il se retire du monde à cause de son amour pour la fée Viviane. Dans une autre version de la légende, il est enfermé par Viviane dans une grotte. Le poète Auguste Creuzé de Lesser écrit en 1811 que Merlin serait enseveli dans la forêt de Brocéliande, forêt légendaire dont la localisation précise n'est pas encore réellement revendiquée.
L'histoire moderne du tombeau de Merlin commence en 1820, date à laquelle un juge et érudit de Montfort-sur-Meu, J. C. D. Poignand, publie dans la Brochure des Antiquités Historiques un article dans lequel il affirme que Merlin aurait été enterré en forêt de Paimpont, sur la commune de Saint-Malon-sur-Mel et près de l'abbaye de Talhouet. En 1825, Blanchard de la Musse associe une allée couverte du nord de la forêt de Paimpont au tombeau de Merlin. Théodore Hersart de la Villemarqué localise lui aussi le tombeau de Merlin dans ces lieux. En 1846, une gravure Romantique du Magasin pittoresque montre un cercle de pierre, inexistant en forêt de Paimpont, nommé Tombeau de Merlin et situé en forêt de Brocéliande.
A l’origine, le tombeau de Merlin est une allée couverte de 12m de long datant du Néolithique. Cependant au 19e siècle, ce site a été détruit par des chercheurs d’or. Aujourd’hui, il ne reste que 2 dalles de schiste rouge. Ce monument n’enchante pas tous les visiteurs.
Nombre d’entre eux ont du mal à croire que l’enchanteur ait pu se contenter d’un si modeste tombeau. D’ailleurs, en a-t-il réellement besoin ? Car ne dit-on pas que Merlin n’est pas mort ?
Un programme de fouilles a concerné les monuments mégalithiques de la forêt de Brocéliande et de ses environs, principalement de 1982 à 1986. Cette action a été motivée par l'intérêt nouveau pour le mégalithisme intérieur de l'Armorique, la remise en valeur d'un patrimoine que les collectivités et même les instances touristiques commencent à reconnaître comme un facteur non négligeable non seulement pour les études scientifiques mais pour la vie économique d'une région. Trois fouilles principales ont été menées. La première concerna le coffre mégalithique de l'Hotié de Viviane ou Tombeau des Druides à Paimpont, Ille-et-Vilaine ; la deuxième le caveau mégalithique du Tombeau des Géants ou Roche-à-la Vieille, commune de Campénéac, Morbihan, monument datable du Bronze ancien ; le troisième site est le tertre tumulaire néolithique du Jardin aux Moines, commune de Néant-sur- Yvel, Morbihan. Des interventions secondaires concernèrent les allées couvertes de la Ville-Bouquet à Ploërmel, Morbihan, le coffre campaniforme de la Guette à Paimpont, Ille- et-Vilaine et de nombreuses prospections sur les allées couvertes, alignements et coffres de la région. Le résultat de ces travaux a été concrétisé par un ouvrage de synthèse (J. Briard, directeur, 1989).
Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1989
Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. par l'abbé Guillotin de Corson
Légende de Montfort-la-cane, racontée par le Bon Lud. de Vaux
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tombeau_de_Merlin
http://tourisme-broceliande.bzh/le-tombeau-de-merlin
Le Tombeau de Merlin en Forêt de Brocéliande <==........==> La Fontaine de Jouvence ou "fontaine de la fée Viviane" dans la forêt de Brocéliande
....==> Théodore Hersart, vicomte de La Villemarqué En 1837, âgé de 22 ans, La Villemarqué se rend à son tour en forêt de Paimpont, et fait paraître un article dans la Revue de Paris intitulé Visite au Tombeau de Merlin