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PHystorique- Les Portes du Temps
18 mars 2016

La Cité médiévale de Laon

Laon, forteresse imprenable construite par les Romains.......

Dans la guerre qui s'alluma, en 1339, entre la France et l'Angleterre, une grande partie de la Thiérache et du Laonnois fut ravagée. La position de Laon sur la principale route conduisant des bords de la Manche dans l'Est de la France, et la force de son assiette, engagèrent les Anglais à s'en emparer au plus tôt.

 

LA TRAHISON DE JEAN DE VERVINS

Au mois de mars 1347, Jean de Vervins, seigneur de Bosmont (1), issu de la maison de Coucy, s'enfuit brusquement auprès du roi d'Angleterre.

L'événement fit du bruit, Jean de Vervins étant un grand personnage.

C'était lui qui, avec le vidame de Châlons, avait été chargé, dans les premiers mois de 1340, de punir Jean de Hainaut de son alliance avec Edouard III, au début de la guerre de Cent ans.

Après avoir saccagé les environs et les faubourgs de Chimay, les Français étaient revenus sans être inquiétés à Vervins et à Aubenton. Mais, quelques jours après, Jean de Hainaut, brûlant de se venger, entra en Thiérache.

Aussitôt, les habitants d'Aubenton, très inquiets, leur ville n'étant entourée que de palissades, implorèrent le secours du bailli de Vermandois, qui leur envoya Jean de Vervins, son oncle Thomas de Vervins et le vidame de Châlons avec 300 armures. La garde de l'une des portes, celle qui regardait Chimay, fut dévolue à Jean de Vervins ; ce fut elle qu'attaqua Jean de Hainaut, avec une vigueur d'autant plus grande qu'il savait quel adversaire il avait devant lui ; si bien que finalement il s'empara de ce poste.

 Quand Jean de Vervins et son oncle virent que la partie était perdue, ils sautèrent à cheval et purent se réfugier à Vervins.

Jean de Vervins avait donc de bonnes raisons pour rester attaché au service de Philippe de Valois.

 Aussi s'expliquerait-on difficilement le parti qu'il prit, si les chroniques contemporaines ne racontaient que Jean de Vervins organisa, soit à la fin de l'année 1346, soit tout au début de l'année 1347, un complot ayant pour but de livrer Laon aux Anglais.

A dire la vérité, il paraît difficile d'admettre que cette accusation ait été sérieusement portée, et l'on ne voit pas très bien comment, au cours du siège de Calais, qui ne devait cesser que le 3 août 1347, les Anglais auraient pu, je ne dis pas se maintenir, mais même s'engager jusqu'à Laon, alors que toute la région était sillonnée de gens d'armes se rendant à l'armée convoquée par le roi de France pour dégager Calais.

La chose est d'autant moins croyable que les populations étaient exaspérées contre les Anglais (2) et que ceux-ci auraient dû, pour arriver jusqu'à Laon, traverser un pays très peuplé et où les châteaux ne manquaient pas.

Ceci dit, j'accorde volontiers que, s'il paraît douteux que la ville de Laon dût être livrée aux Anglais, du moins on peut imaginer toute autre combinaison dont le patriotisme le moins susceptible pouvait prendre ombrage; seulement, comme le peuple a besoin d'imaginer un fait précis et frappant, c'est sous cette forme que le projet lui apparut. Peut-être peut-on admettre, avec un chroniqueur, que Jean de Vervins voulait se faire livrer la ville à lui-même (3).

Quoi qu'il en soit, il fallait à Jean de Vervins des complices ; le principal d'entre eux, et il semble que ce fut le plus actif, il le trouva dans Gauvain de Bellemont (4), avocat, originaire de Laon et fixé à Metz.

 Celui-ci avait imaginé, paraît-il, de creuser un souterrain, qui, de la cave de sa maison qu'il avait conservée à Laon, aboutissait dans la campagne ; c'était par là qu'il devait introduire les ennemis. On reconnaît à ce trait une œuvre de l'imagination populaire, laquelle voit des souterrains partout.

Bref, il arriva pour ce complot ce qui fait rarement défaut en pareil cas, un complice indiscret, qui dénonça tout au dernier moment.

Gauvain de Bellemont avait fait la connaissance à Metz d'un forgeron, Colin Thommelin, originaire, comme lui, de Laon, mais que la misère avait chassé de son pays natal et forcé à émigrer.

Par l'appât d'une royale récompense, il l'engagea à porter à Edouard III une lettre contenant toutes les indications nécessaires à la réussite du complot.

A peine Colin Thommelin eut-il la précieuse lettre entre les mains, il vit le parti qu'il pouvait en tirer pour son avenir et celui de ses enfants, et il s'empressa de la porter au roi de France.

On rechercha partout Gauvain de Bellemont, bien caché à Reims, sous l'habit du Carmel; détail curieux, il se faisait passer pour prêtre et entendait les confessions.

Malgré cet ingénieux travestissement, il fut arrêté à Reims, le 1er avril 1347, et le même jour transféré à Laon, puis remis entre les mains de l’official, qui le condamna à la prison perpétuelle.

Mais, la foule réclamant à grands cris le traître, on consentit à le lui montrer; on le mit tout enchaîné sur un chariot.

A peine avait-il franchi, en cet équipage, la cour de l'officialité, le peuple, dans un accès de fureur qui n'était peut- être pas absolument spontané, l'accabla d'une grêle de pierres ; il eut le crâne fendu et mourut après de vives souffrances.

Son fils Guyot fut condamné, comme complice, à une détention perpétuelle.

Pendant ce temps, Jean de Vervins, déjà en révolte contre l'autorité royale, trouvant avec raison que l'affaire se gâtait, jugea prudent de déguerpir, tout en laissant dans son château de Bosmont, près Marie, une garnison de soixante archers anglais qui ravageait tout le pays à trois lieues à la ronde (5).

Le bailli de Vermandois, le comte de Roucy, les gens de Laon et des environs se rassemblèrent pour détruire le repaire de ces brigands. Après un siège assez vif, la place dut se rendre ; on laissa la vie sauve à ses défenseurs (6) : mais le château fut entièrement rasé, et on éleva un gibet à sa place.

C'était là tout ce que les chroniques nous apprenaient jusqu'à la publication des extraits inédits de la Chronique de Jean de Noyai, abbé de Saint- Vincent de Laon (7). Ce nouveau texte montra pourquoi Jean de Vervins s'était jeté dans les rangs anglais ; il avait été vaincu en champ clos, à Paris, en présence du roi, par un chevalier nommé Henri du Bos ou du Bois ; cette défaite l'avait mis au désespoir, et il avait imaginé ne pouvoir mieux se venger qu'en passant à Edouard III.

C'était là, à n'en pas douter, qu'il fallait chercher la raison de sa tentative sur Laon.

Mais qu'était Henri du Bois ? (8)  Ce nom, que diverses chroniques, et Froissart tout le premier, ont cité à l'occasion de la malheureuse tentative de Geoffroy de Charny sur Calais le 1er janvier 1350, peut prêter, à cause de sa forme même, à bien des confusions. Il importe donc de bien déterminer à quelle région, à quelle famille il appartenait.

Un texte formel, que j'ai cité ailleurs (9), montre qu'il était d'origine champenoise. Or, il n'y avait en Champagne, à cette époque, en dehors de cadets de la maison de Dampierre (10), qu'une famille notable portant le nom de du Bos ou du Bois.

Quelques-uns de ses membres sont cités dans le cartulaire du comté de Rethel, et l'un même avait, dès le XIIIе siècle, le prénom caractéristique de Henri (11).

 Dans plusieurs comptes militaires du temps de Philippe le Bel ou de ses fils, on trouve des mentions de notre personnage ou de son père (12).

Tous remontaient à Hugues dit Cholet, comte de Roucy, lequel avait eu entre autres deux fils, Guichard, l'aîné, à qui passa le comté de Roucy, et Hugues ; ce dernier eut en partage, notamment, la terre du Bois, d'où son nom, et fut la tige des seigneurs du Bois, de Thosny et plus tard de Manre (13).

On voit donc que, si la parenté des Coucy rendait puissant à la cour le sire de Bosmont, le sire du Bois n'était pas moins appuyé par sa commune origine avec les comtes de Roucy.

On ne sait quelle fut la cause de l'inimitié qui divisa ces deux hommes; mais un jour, poussé par un sentiment de jalousie inexpliqué, Jean de Vervins se prit, devant le roi, d’accuser Henri du Bois, d'abord de l'avoir envoûté ou fait envoûter et, en second lieu, de s'être vanté qu'il lui suffisait de parler à une femme pour qu'elle n'eût rien à lui refuser.

J'ignore si la première et la seconde de ces imputations étaient méritées. Ce qu'il y a de certain, c'est que Henri du Bois protesta contre l'une aussi bien que contre l'autre, en ajoutant que ces propos étaient dictés à Jean de Vervins par le désir de lui nuire dans l'esprit du roi et de son fils, le duc de Normandie.

Le fait est que Philippe VI, au lieu de se borner à chasser Jean de Vervins, le fit traduire à la barre du Parlement, le 9 décembre 1343, afin que les magistrats missent l'accusateur en demeure de maintenir ses dires. Il est certain qu'il confirma ses propos; car, le 15 décembre, à Vincennes, en la présence du roi, qui présidait une réunion où figuraient le connétable et douze membres du Parlement, les deux adversaires jetèrent leur gage de bataille.

La date du combat fut fixée au 13 avril 1344 ; il devait avoir lieu à Gisors.

Henri du Bois, à qui était conservée la qualité de demandeur, remit la liste de ses « pleiges » ou les garants de sa présence à Gisors au jour fixé ; c'étaient les comtes de Blois et de Bar, Jacques de Bourbon, le seigneur de Noiers, Jean de Châtillon, Robert de Roucy et le vicomte d'Aunoy.

Jean de Vervins comptait, parmi ses garants : les comtes de Flandre, de Vendôme et de Grandpré, son oncle Thomas de Vervins, etc.

J'ignore si le combat eut lieu à Gisors à la date convenue, mais un texte presque contemporain apprend de la façon la plus positive que les deux adversaires se rencontrèrent aux conditions décidées : Henri du Bois sortit vainqueur de l'épreuve. Jean de Vervins, à qui le roi, en souvenir d'anciens services, accorda la vie, ne put prendre son parti de son humiliation et devint un traître. Il mourut très peu de temps après.

D'ailleurs, une sorte de fatalité paraît avoir pesé sur les deux ennemis ; car Henri du Bois périssait à Calais, le 1er janvier 1350, dans une embuscade préparée par les Anglais. Lui, du moins, eut une mort glorieuse.

H. MORAN VILLE.

 

 

 

1347 Comment le roy de France s'ordena à poursuir son anemi le roy d'Angleterre jusques à la ville de Hedin, et comment 1’advocat de Laon appellé Gauvain, voult trair laditte cité de Laon.

L'an de grâce mil CCC XLVII, le conte de Flandres que les Flamens, contre leur serement et leur loyauté, laquelle il avoient jurée audit conte, et la convenance qu'il li avoient faite, c'est à savoir qu'il ne contraindroient point ledit conte à prendre femme, fors à sa volenté et à la volenté du roy de France et de la mere dudit conte; toutes voies l'avoient-il contraint par menaces de mort à prendre la fille du roy d'Angleterre (14) à femme.

Mais le mardi après Pasques ; c'est à savoir le Ille jour d'avril, il s'en issi de Flandres par cautele, et s'en vint au roy de France, car il ne vouloit pas avoir la fille au roy d'Angleterre à femme (15).

Dont le roy de France et la mere dudit conte orent très grant joie, et fu receu très honnorablemenl.

En la XVe de Pasques, le roy se parti de Paris et prist congié de monseigneur saint Denis et se recommanda à lui, et se ordena à aler vers son anemi le roy d'Angleterre, et vint à une ville, laquelle est appellée Hedinc (16); et yleques, moult dolent, attendi longuement ses gens qui venoient moult lentement.

Et fu en laditte ville de Hedinc jusques en la sepmaine devant la feste de la Magdalene.

Et depuis, li et son filz, le duc de Normendie, s'en départirent et leur compaignie avec eulz, et s'en alerent droit vers Kalais encontre leurs anemis.

Mais le roy d'Angleterre et le duc de Lencastre, jadis conte Derhic, et les Anglois qui de nouvel estoient venuz à leur seigneur, avoient fermée et enclose la ville de Kalais de si grant siege, tant par terre comme par mer, que vi vres ne pooient en nulle maniere estre portez à ceulz qui estoient en laditte ville de Kalais (17), pour laquelle chose il vi voient en grant desesperance et en grant misere, jusques atant qu'il sorent la venue du roy et qu'il se vouloit combatre contre son anemi et lever le siège d'entour laditte ville.

En ce meismes an, l’advocat né de la cité de Laon, appellé Gauvain de Bellemont (19), endementres qu'il demouroit en la cité de Mès, il fu deceu par mauvais esperit, car il voult trayr la cité en laquelle il a voit esté né, et disoit que à Laon il avoit mauvaise gens.

Si ot ledit Gauvain convenances aveques aucuns traitres du royaume (20), et commença à machiner comment il pourroit acomplir ce qu'il avoit entrepris et promis à faire.

Si avint que un homme de Laon, lequel avoit à non Colin Trumelin, et estoit sueur (21), fu venu à si grant povreté que par honte il laissa la cité de Laon pour ce qu'il ne pooit paier ce qu'il devoit, et prist sa femme et ses enfans, et s'en ala à Mez, et yleques faisoit son mestier, et gaaignoit sa vie au miex qu'il pooit.

Or avint que le devant dit Gauvain cognut ycelui Colin et li commença à enquerir dont il venoit et pourquoi il s'estoit parti de Laon? lequel li respondi que povreté l'avoit chacié hors de Laon.

Quant Gauvain ot ce ov, si li dist : « Se tu te veulz acorder à ce que je te diray et garder très secretement, soies certain que je te feray riche ne dès ore en avant tu n'auras nulle souffrete. »

 Si li acorda. Adonques Gauvain si li dist : « Pren ces lettres et les portes au roy d'Angleterre, et gardes que tu soies à moy à Rains la veille de Pasques et ne te doubtes, car je y serai. »

Lors prist ledit Colin ces lettres et se parti, et commença moult à penser s'il acompliroit ce que l'en li avoit encharchié.

Et quant il ot bien pensé, si ot avis en soy qu'il porteroit au roy de France lesdittes lettres, et ainsi le fist et les présenta au roy, esquelles lettres l'ordre et la maniere de trayr la cité estoit contenue.

 Après ce, s'en retourna ledit Colin à Reins au jour que ledit Gauvain li avoit dit, et fu ledit Colin moult bien entroduit de par le roy, et trouva ledit Colin son maistre Gauvain, la veille de Pasques, si comme il Ii avoit promis; mais il estoit en habit de Premonstré, comme religieux vestu (22).

 Lors se traist ledit Colin par devers le prevost de Reins et fist prendre ledit Gauvain en son lit le jour de Pasques (23).

Si voult ledit Gauvain vestir habit seculier, mais il ne li fu pas souffert; si fu vestu en la maniere qu'il estoit entré en la cité.

Ce meismes jour, après disner, il fu mené à Laon et fu mis en la prison de l'evesque, et fu gardé diligeaument.

Mais le peuple voult veoir le traitre de eulz et de leur cité, comment et par quel maniéré il estoit condampné.

 Si fu mis hors de prison, et avoit en son col et en ses mains cercles de fer et anniaus de fer moult fors.

Et depuis fu mis en une charete, en laquelle il avoit une piece de boys au travers, sus laquelle il se seoit, afin qu'il fust veu de tout le peuple, et que ledit peuple sceut et cogneust qu'il estoit condampné à chartre perpetuel.

Mais si tost comme il fu mis hors de la court à l'official et qu'il estoit mené par la cité, le peuple ne pot longuement regarder leur traitre; si le lapida le peuple de pierres et ot le hanepier (24) de la teste copé, et mourut honteusement et a grant tourment.

Adonques, endementres qu'il souffroit tel tourment, il prioit la glorieuse Vierge Marie que elle le vousist garder en bon sens et en bon entendement et en vraie foy par sa sainte grâce.

 

Après, comme il fu ainsi mort et occis, il fu reporté à la court de l'official, et fu monstré son corps à touz ceulz qui le vouldrent veoir, et fu enterré après en i marois emprés la ville ; et après, son filz fu pris car il estoit participant du pechié son pere et fu condampné à chartre perpetuel.

En ce temps, le visconte de Touart et conte de Droues, endementres qu'il estoit capitaine en Bretaigne de par le roy de France, avint qu'il se garda moins diligeaument qu'il ne deust; si fu pris par monseigneur Raoul de Caourse, chevalier, par nuit, en son lit très honteusement.

En ce meismes an, le lundi après l'Ascension Nostre Seigneur (25), i citoien de Paris, lequel estoit fevre (26), fu accusé qu'il vouloit traïr la cité de Paris, et fu trouvée et provée contre lui sa traïson; pour quoy il ot les bras et les cuisses coupées, et depuis fu pendu par le col au gibet.

Item, le vendredi ensuivant (27), le chastel de Bomont (28), lequel estoit messire Jehan de Vervin, chevalier, fu pris et destruit, et des pierres dudit chastel fu levé un gibet en la place meismes où ledit chastel estoit.

En ce meismes temps (29), l'evesque de Biauvaiz, jadis frere de Engerran de Marigm, fu fait par le pape arcevesque de Roen ; et l'evesque de Baieux jadis frere de messire Robert Bertran, chevalier et mareschal de France, fu fait evesque de Biauvaiz.

 

 

Notum facimus quod auditis in presencia nostra, in nostra curia, Henrico de Bosco milite ex una parte et Johanne de Vervino milite ex altéra , dictum fuit dicto Johanni de Vervino quod ipse respondebit utrum verba que nobis dixit, dictum Henricum tangencia, manutenere et ea in veritatem ponere velit; et super hoc est sibi dies assignata coram nobis in dicta curia nostra ad diem martis proximam, ix diem mensis decembris. Actum Parisius in Parlamente nostro, v die dicti mensis, anno XLIII0.

Per cameram, domino Rege présente,

Malicorne. lecta.

(Arch, nat., X2 A *, fol. 210 r\)

 

Le lundi XV jour de décembre, en la presence du Roy, au Rois de Vicennes, en la haute chambre es lates, presens le conestable, messire P. de Guigneres, messire Jehan du Chastellier, messire Symon de Bucy, messire Jehan Haniere, messire Robert de Charni, messire Jehan de Dinteville, messire Robert Mulet, messire Jehan de Travercy, messire Jehan Richart, messire Guillaume de la Rarriere, messire Jaques le Muysi, sire Henri Guies.

Oïz monseigneur Henri du Bois, chevalier, d'une part, et monseigneur Jehan de Vervin, chevalier, d'autre, seur les paroles que lidiz messire Jehans avoit dites au Roy, c'est assavoir que lidiz messire Henris l'avoit envulté ou fait envulter, et avec ce que il li avoit dit en après audit messire que il savoit bien faire tele chose, que, se il parloit à une fame et touchoit à luy, que il en feroit toutes ses voulentez, et que ces paroles avoit dites mauvaisement, en traïson, et pour ledit Henri esloigner du Roy et dou duc et de leur court, et pour distraire de lui et de sa renommée, etc. , seur lesqueles paroles chascuns de euz se mist ou receit du Roy et geta chascuns son gaige comme défenseur, etc., et toutevoie firent leur retenue chascuns de défendre ou de poursuir à l'esgart du Roy et de sa court.

En conseil et deliberation, dit a esté et juigé que il y a gaige et que lidiz messire Henris du Bois est demandeur et poursuira comme demandeur. Et à faire ledit gaige leur fu jours assignez à Gisors, au mardi pruchien après les octaves de Pasques proucheinement venant.

Et fu mise la main en eulz du commandement le Roy et du conestable de France et défendu qu’il ne se partissent de court sens congé.

Et après ce donnèrent ploiges et promirent de estre audit jour et lieu se il n'avoient essoigne loial, touz maugeux hors, pour faire leur devoirs, seur poine ďestre convaincuz et atainz se il en defailloient ou cil qui en defaudroit et seur poine de corps et d'avoir.

Premièrement, lidiz messire Henris donna ses ploiges en la main du conestable, de messire Pierre de Guigneres et J. du Chastellier : le conte de Bloys, le conte de Bar, Jaque de Bourbon, le seigneur de Noiers, messire Jehan de Chastillon, monseigneur Robert de Roucy et le viconte d'Aunoy, liquil s'establirent ploige touz ensemble et chascuns pour le tout seur paine de corps et d'avoir, de le avoir audit jour, en la manière que dit est, et il les en a promis à garentir et garder de domaiche.

Item, lidiz messire Jehan de Vervin donna ploiges : le conte de Flandres, le conte de Vandosme, le conte de Grantpré, Loys de Namur, messire Thomas de Vervin, oncle d'icelui messire Jehan, messire Thiebaut de Moreul, messire Mahiu de Loques, messire Mahiu d'Espaigni, monseigneur Jehan de Lyny et Gilequin de Rodemach, lesquels s'establirent ploige touz ensemble et chascuns par soy et pour le tout, de le avoir audit jour comme dessus et seur poine de corps et d'avoir, etc., et il les en promist à garentir et garder de domaiche.

(Arch. nat., X2A, fol. 211 r°.)

 

 

 

 

 

 


 

(1). Bosmont, Aisne, arrondissement de Laon, canton de Marie. Ce n'est que dans son édition des Fragments inédits de la Chronique de Jean de Noyai que M. A. MoJinier a donné au nom de la seigneurie de Jean de Vervins sa forme correcte ; dans la Chronique normande (p. 278, n. 5), les éditeurs avaient adopté la leçon fautive Beaumont. — Outre Froissart et la Chronique normande, on a consulté pour la rédaction de cette note les Fragments inédits de la Chronique de Jean de Noyai, la Chronographia regum Francorum, les Anciennes chroniques de Flandre, les Grandes Chroniques, Gilles li Muisis.

(2). On se rappelle les cris des milices communales avant la bataille de Crécy : « A la mort, ces traitours Englois ! Jamais pies n'en retournera en Engleterre » (Froissart, éd. Luce, t. III, p. 415).

(3). Gilles li Muisis, apud Corpus Chronicorum Flandrix, t. II, p. 266.

(4). Gilles li Muisis l'appelle Berlenmont.

(5). Gilles li Muisis, p. 267 et 268.

(6). 11 mai 1347.

(7). Par M. A. Molinier, Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, année 1883, p. 253.

(8). Les éditeurs de la Chronique normande ont lu Henry du Bost (p. 91). Froissart (éd. Luce, t. IV, p. 80) écrit très correctement Henris dou Bos. Personne, à ma connaissance, n'a identifié ce personnage.

(9). Chronographia regum Francorum, t. II, ad annum 1349-1350.

(10). A. de Barthélémy, le Comté d'Astenois et les comtes de Dampierre-le- Château, p. 37 (extrait de la Revue de Champagne et de Brie, 1891).

(11). L. Delisle, Notice sur le cartulaire du comté de Rethel, p. 48, n° 155, mai 1259.

(12). Bibl. nat., franc. 23256, fol. 30 r° et 31, et Cabinet des titres, vol. reliés, n- 684, fol. 125 r, 130 r°, etc.

(13). Un ancien armoriai, publié avec des incorrections par Douët d'Arcq (Cabinet historique, 1859, t. V) et conservé à la Bibliothèque nationale, sous le n" 14356 du fonds français, donne à la page 67, parmi les chevaliers de Champagne : « M. Henry des Bos, de gueules à i chu d'or. » Ailleurs, on lit : « Messire Hue « du Bos, de gueles à l'arbre d'or » (Bibl. nat., Cabinet des titres, vol. reliés, n° 927, p. 66, et fonds français 5232, fol. 23 r°). C'est tout à fait le même blason où l'on a pu lire quelquefois aussi un créquier. (Voir à la Bibl. nat., Cabinet des titres, Pièces originales, vol. 2556, dossier 57112, pièces 16 et 17, un sceau qui représente quelque chose comme un créquier.) M. A . de Barthélémy, qui a bien voulu faire vérifier le sceau de notre personnage, appendu à un acte de 1332 et conservé aux archives municipales de Reims, m'a communiqué obligeamment une note de M. Demaison, montrant que le sceau de Henri du Bois figure une sorte d'arbre à cinq branches, lequel peut donner l'idée d'un créquier.

(14). Isabelle, qui, plus tard, épousa Enguerrand VII, sire de Coucy (Chronique de Jean de Noyai, éd. A. Molinier, dans Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1883, p. 253. Cf. P. Anselme, t. VIII, p. 545).

(15). Sur cet épisode, voir Jean le Bel, t. II, p. 135 à 139; Gilles le Muisit, éd. H. Lemaître, p. 170; Chronique normande, p. 84 à 86 et 276, note 7; Continuation de Guillaume de Nangis, t. II, p. 208 à 210. Cf. Jules Viard, Le siège de Calais, dans le Moyen âge, 2e série, t. XXX (1929), p. 160-161.

(16). Hesdin, Pas-de-Calais, arr. de Montreuil, ch.-l. de cant. Philippe VI, qui était encore à Paris le 18 mars 1347, alla d'abord au Moncel-lez-Pont-Sainte-Maxence où il séjourna du 19 mars au 15 avril, puis à Montdidier, à Amiens, à Arras où il fut depuis le milieu du mois de mai jusqu'au 19 juin et enfin à Hesdin où on le trouve du 23 juin au 17 juillet (J. Viard, Le siège de Calais, p. 169-170 et 177).

(17). Pour les travaux effectués par les Anglais autour de Calais afin de l'affamer, voir J. Viard, Le siège de Calais, p. 164165.

(18). Cf. Chronique et annales de Gilles le Muisit, éd. H. Lemaître, p. 172-173, et Chronique normande, p. 86-87 et 278, note 5.

(19). Gilles le Muisit l'appelle « de Berlenmont ».

(20). Un de ces traîtres était Jean de Vervins, seigneur de Bosmont; cf. H. Moranvillé, La trahison de Jean de Vervins, dans Bibl. Ec. des chartes, t. LUI (1892), p. 604 à 611.

(21). Sueur, cordonnier.

(22). Gilles le Muisit dit : « et assumpsit Remis in ordine karraelitarum habitum regularem, dicens se esse sacerdotem, qui non erat, audiebatque confessiones ».

(23). 1er avril 1347.

(24). Hanepier ou henepier, crâne.

(25). 14 mai 1347.

(26). « Aurifaber » (Chronique de Richard Lescot, p. 82, § 185).

(27). 18 mai.

(28). Bosmont, Aisne, arr. de Laon, cant. de Marie.

(29). Ce fut le 14 mai 1347 que Jean de Marigny, évêque de Beauvais, fut transféré à l'archevêché de Rouen.

 

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